[De Tours à Toulouse] Lettre du CREA

Mardi 28 août 2012, à la demande des ministères concernés, le préfet de
la Haute Garonne a fait procéder à 6h du matin à l’expulsion du bâtiment
appartenant à l’Etat (AFPA) occupé par le CREA depuis avril 2011. Ce
bâtiment accueillait de nombreuses familles en attente de solutions
d’hébergement ou de logement.

Dès 6h du matin, une centaine de gendarmes et policiers ont bloqué le
quartier pour pénétrer dans le bâtiment afin d’en chasser ses habitants,
dont certains s’étaient réfugiés sur le toit. Arrestations violentes,
coups de tazer (5 fois sur une même personne!), destruction de
l’intérieur du bâtiment, ils n’ont pas chômé !

Trois des résidents ont été emmenés en garde à vue, inculpés d’outrage
et rébellion, refus d’empreinte et violence sur agents, quand la
violence était clairement du fait de la police. Les personnes venues en
soutient ont été matraquées, plusieurs d’entre elles blessées.

Les 40 personnes, dont une quinzaine d’enfants, qui vivaient depuis plus
d’un an au CREA ont été remises à la rue par l’État. Elles ont trouvé
une solution temporaire d’hébergement auprès des militants mobilisés.
Ces personnes vivaient encore au CREA jusqu’au matin de l’expulsion,
même si celles-ci ont pu s’échapper à temps et ainsi protéger les
enfants de la violence policière et psychologique.

La préfecture a justifié l’expulsion d’un lieu de vie reconnu, par
divers arguments fallacieux. Ces derniers ayant été repris dans une
dépêche AFP puis par de nombreux médias, nous exerçons ce jour notre
droit de réponse.

L’état expulse 40 personnes qui avaient trouvé un lieu de vie pérenne.
Pour donner le change, il annonce vouloir créer un centre d’hébergement,
impersonnel, à horaires limités, exclusivement pour la période
hivernale, et ce dès cet hiver. Les demandes répétées du CREA et de
plusieurs médias n’ont reçues aucune réponse et aucun élément n’a été
fourni par la préfecture pour justifier de la réalité du projet : aucun
appel d’offre public et aucune information transmise aux
professionnel-les concerné-es par l’hébergement d’urgence. Nous ne
sommes pas dupes, on ne rénove pas un bâtiment, qui plus est ravagé par
la police, en seulement 3 mois.

Contrairement aux affirmations de la préfecture, les habitant-es n’ont
non seulement pas refusé « les propositions de contact » mais ils et
elles ont à travers de très nombreux courriers et appels téléphoniques
contacté la préfecture, le ministère des affaires sociales et le
ministère du logement afin de trouver des solutions viables et concrètes
pour les familles.

Il semble nécessaire de préciser que chaque famille présente sur ce lieu
de vie a toujours bénéficié « d’un suivi social qualifié » assuré par
des professionnels, lors des permanences hebdomadaires au CREA et
régulièrement par divers services sociaux.

Partout en France, nous constatons que l’Etat ne respecte pas la loi
MOLLE qui lui impose d’héberger de manière inconditionnelle tous les
sans-abris qui le demandent. Prétendre que « le suivi par des
travailleurs sociaux aurait également pu permettre le relogement de
chacune des personnes » est donc une manipulation mensongère et cynique,
alors que l’Etat préfère investir dans la surveillance, la « sécurité »,
etc.

La préfecture se gargarise de l’offre de places disponibles tout au long
de l’année pour les sans abris et des moyens financiers débloqués par
l’Etat, mais la réalité est toute autre. En effet, 80% des demandes
d’hébergement sur le 115 obtiennent une réponse négative et aucun des
foyers fermés sous l’ancien gouvernement n’a été ouvert depuis. Bon
nombre de demandes DAHO et DALO n’aboutissent pas. La préfecture
reconnaît clairement que, ne pouvant assumer sa mission d’hébergement en
période hivernale, elle doit compter sur l’aide de la Mairie qui
réquisitionne chaque hiver des gymnases ouverts seulement de 20h à 7h.

Par l’entraide et l’autogestion, sans aucune subvention, le CREA a
accueilli 40 personnes sur une période d’un an et demi. Pour
l’équivalent, l’Etat aurait fait dépenser 750 000 euros à la collectivité.

D’un bâtiment vide, le CREA avait su faire un bâtiment vivant, un centre
social autogéré avec des activités, des ateliers, une piscine, un lieu
de rencontres, de concerts, un lieu d’organisation, de solidarité et
d’entraide. Dans cet espace libéré, on s’amusait, on se cultivait, bref
on vivait.

Dès l’expulsion du créa de nombreuses manifestations de soutien et de
protestation ont eu lieu spontanément (rassemblement dans l’après-midi,
blocage du trafic, manif nocturne, tags).

Elles continueront.

Réquisition, entraide, autogestion !

Tout pour tou-te-s, Pouvoir au peuple !

Non à toutes les expulsions : sans-papiers, campements Roms, expulsions
locatives, squats, rénovation urbaine.

Le CREA et des membres de la campagne Zéro personne à la rue

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Lettre au directeur de la conciergerie

 

http://www.non-fides.fr/?Lettre-au-directeur-de-la

Par Emile Henry (27 février 1894)

Monsieur le Directeur,

Au cour de la visite que vous m’avez faite dans ma cellule le dimanche 18
courant, vous avez eu avec moi une discussion, d’ailleurs tout amicale, sur
les idées anarchistes.

Vous avez été fort étonné, m’avez-vous dit, de connaître nos théories sous
un aspect nouveau pour vous, et vous m’avez demandé de vous résumer par
écrit notre conversation, afin de bien connaître ce que veulent les
compagnons anarchistes.

Il vous sera facile de comprendre, Monsieur, que ce n’est pas en quelques
pages que l’on peut développer une théorie qui analyse toutes les
manifestations de la vie sociale actuelle, les étudie comme un docteur
ausculte un corps malade, les condamne parce qu’elles sont contraire au
bonheur de l’humanité et, en leurs lieu et place, échafaude une vie toute
nouvelle, basée sur des principes entièrement antagoniste de ceux sur
lesquels est bâtie la vieille société.

D’ailleurs, d’autres que moi ont déjà fait ce que vous me demandez de
faire. Les Kropotkine, les Reclus, les Sébastien Faure [ont exposé] leurs
idées, et ont poussé leur développement aussi loin que possible.

Lisez Évolution et Révolution de Reclus ; La Morale Anarchiste, Les Paroles
d’un Révolté, La Conquête du Pain de Pierre Kropotkine ; Autorité et
Liberté, Le Machinisme et ses conséquences de Sébastien Faure ; La Société
mourante et l’Anarchie de Grave ; Entre Paysans (*Fra contadini*) de
Malatesta ; lisez encore ces nombreuses brochures, ces innombrables
manifestes qui, depuis quinze ans, ont paru tour à tour, chacune ou chacun
développant des idées nouvelles, suivant que l’étude ou les circonstances
les suggéraient à leurs auteurs.

Lisez tout cela, et alors vous pourrez vous former un jugement à peu près
fondé sur l’Anarchie.

Et cependant, gardez-vous bien de croire que l’Anarchie est un dogme, une
doctrine inattaquable, indiscutable, vénérée par ses adeptes à l’égal du
Coran par les musulmans.

Non ; la liberté absolue, que nous revendiquons, développe sans cesse nos
idées, les élève vers des horizons nouveaux (au gré des cerveaux des divers
individus) et les rejette hors des cadres étroits de toute réglementation
et de toute codification.

Nous ne sommes pas des « croyants », nous ne nous inclinons ni devant Reclus,
ni devant Kropotkine, nous discutons leurs idées, nous les acceptons quand
elles développent dans nos cerveaux des impressions sympathiques, mais nous
les repoussons quand elles ne font rien vibrer en nous.

Nous sommes loin de posséder l’aveugle foi des collectivistes, qui croient
en une chose, parce que Guesde a dit qu’il fallait y croire, et qui ont un
catéchisme dont ce serait sacrilège de discuter les paragraphes.

Ceci bien établi, je vais essayer de vous développer, brièvement et
rapidement, ce que j’entends, moi, par l’Anarchie, sans pour cela engager
d’autres compagnons qui, par certains points, peuvent avoir des vues
différentes des miennes.

Vous ne discuterez pas qu’aujourd’hui le système social est mauvais, et la
preuve, c’est que chacun en souffre. Depuis le malheureux errant, sans pain
et sans gîte, qui connaît la faim à l’état constant, jusqu’au milliardaire,
qui craint toujours une révolte des meurt-de-faim venant troubler sa
digestion, toute l’humanité éprouve des angoisses.

Eh bien ! sur quelles bases repose la société bourgeoise ? Abstraction
faite des principes de famille, de patrie et de religion, qui n’en sont que
des corollaires, nous pouvons affirmer que les deux pierres de voûte, les
deux principes fondamentaux de l’état actuel sont l’autorité et la
propriété.

Je ne veux pas m’étendre davantage sur ce sujet. Il me serait facile de
démontrer que tous les maux dont nous souffrons découlent de la propriété
et de l’autorité.

La misère, le vol, le crime, la prostitution, les guerres, les révolutions
ne sont que des résultantes de ces deux principes.

Donc, les deux bases de la société étant mauvaises, il n’y a donc pas à
hésiter. Il ne faut pas essayer d’un tas de palliatifs (voir socialisme)
qui ne servent qu’à déplacer le mal ; il faut détruire les deux germes
vicieux, et les extirper de la vie sociale.

C’est pourquoi, anarchistes, nous voulons remplacer la propriété
individuelle par le Communisme, et l’autorité par la liberté.

Donc, plus de titres de possession ni de titres de domination : égalité
absolue.

Quand nous disons égalité absolue, nous ne prétendons pas que tous les
hommes auront un même cerveau, une même organisation physique ; nous savons
fort bien que toujours il y aura la plus grande diversité entre les
aptitudes, cérébrales et corporelles. C’est justement cette variété de
capacités qui réalisera la production de tout ce qui est nécessaire à
l’humanité, et sur elle aussi nous comptons pour entretenir l’émulation
dans une société anarchiste.

Il y aura des ingénieurs et des terrassiers, cela est évident, mais sans
que l’un ait aucune supériorité sur l’autre ; car le travail de l’ingénieur
ne servirait de rien sans le concours du terrassier, et vice versa.

Chacun étant libre de choisir le métier qu’il exercera, il n’y aura plus
que des êtres obéissant sans contrainte aux penchants que la nature a
placés en eux (garantie de bonne production).

Ici une question se pose. Et les paresseux ? Chacun voudra-t-il travailler ?

Nous répondons : oui, chacun voudra travailler, et voici pourquoi :

Aujourd’hui, la moyenne de la journée de travail est de 10 heures*.

Beaucoup d’ouvriers sont occupés à des travaux absolument inutiles à la
société, en particulier aux armements militaires de terre et de mer.
Beaucoup aussi sont frappés par le chômage** . Ajoutez à cela qu’un nombre
considérable d’hommes valides ne produisent rien : soldats, prêtres,
policiers, magistrats, fonctionnaires, etc.

On peut donc affirmer, sans être taxé d’exagération, que sur 100 individus
capables de produire un travail quelconque, 50 seulement fournissent un
effort vraiment utile à la société. Ce sont ces cinquante qui produisent
toute la richesse sociale.

D’où la déduction que, si tout le monde travaillait, la journée de travail,
au lieu d’être de 10 heures, descendrait à 5 heures seulement.

Considérons, en outre que, dans l’état actuel, le total des produits
manufacturés est quatre fois plus considérable, et le total des produits
agricoles trois fois plus considérable que la somme nécessaire aux besoins
de l’humanité ; c’est-à-dire qu’une humanité trois fois plus nombreuse
serait vêtue, logée, chauffée, nourrie, en un mot aurait la satisfaction de
tous ses besoins, si le gaspillage et d’autres multiples causes ne venait
détruire cette surproduction.

(Vous trouverez cette statistique des produits dans la petite brochure :
Les produits de la Terre et les produits de l’Industrie).

De ce qui précède, nous pouvons donc tirer la conclusion suivante :

Une société où chacun collaborerait au travail commun, et qui se
contenterait d’une production ne dépassant pas énormément sa consommation
(l’excès de la première sur la seconde devant constituer une petite
réserve), n’aurait à demander à chacun de ses membres valides qu’un effort
de deux à trois heures, peut-être moins.

Qui donc alors refuserait de donner une si petite quantité de travail ? Qui
voudrait vivre avec cette honte d’être méprisé de tous et considéré comme
un parasite ?

(…) La propriété et l’autorité marchant toujours de pair, se soutenant
l’une l’autre, pour tenir l’humanité esclave !

Qu’est-ce que le droit de propriété ? Est-ce un droit naturel ? Est-il
légitime que l’un mange tandis que l’autre jeûne ? Non, la Nature, en nous
créant, nous fit des organismes similaires, et un estomac de manoeuvre
exige les mêmes satisfactions qu’un estomac de financier.

Et cependant, aujourd’hui, une classe a tout accaparé, volant à l’autre
classe non seulement le pain du corps, mais encore le pain de l’esprit.

Oui, dans un siècle que l’on appelle de progrès et de science, n’est-il pas
douloureux de penser que des millions d’intelligences, avides de savoir, se
trouvent dans l’impossibilité de s’épanouir ? Que d’enfants du peuple, qui
seraient peut-être devenus des hommes de haute valeur, utile à l’humanité,
ne sauront jamais autre chose que les quelques notions indispensables que
leur inculque l’école primaire !

La propriété, voilà l’ennemi du bonheur humain, car elle crée l’inégalité
et, par suite, la haine, l’envie, la révolte sanglante.

L’autorité, elle, n’est que la sanction de la propriété. Elle vient mettre
la force au service de la spoliation.

Eh bien ! le travail étant un besoin naturel, convenez avec moi, Monsieur,
que nul ne se dérobera à la demande d’un effort aussi minimum que celui
dont nous avons parlé plus haut.

(Le travail est un besoin si naturel que l’Histoire nous montre des hommes
d’État s’arrachant avec bonheur aux soucis de la politique pour travailler
comme de simples ouvriers. Pour n’en citer que deux exemples bien connus :
Louis XVI faisait de serrurerie ; de nos jours, Gladstone, « the great old
man », profite de ses vacances pour abattre lui-même quelques uns des chênes
de ses forêts, comme un vulgaire bûcheron.)

Vous voyez donc bien, Monsieur, qu’il ne vous sera nécessaire de recourir à
aucune loi pour éviter les paresseux.

Si, par extraordinaire, quelqu’un voulait cependant refuser son concours à
ses frères, il serait toujours moins coûteux de nourrir ce malheureux, qui
ne peut être qu’un malade, que d’entretenir des législateurs, des
magistrats, des policiers et des gardes-chiourmes pour le mater.

Beaucoup d’autres questions se posent, mais elles sont d’un ordre
secondaire ; l’important était d’établir que la suppression de la
propriété, la prise au tas, n’amènerait pas un arrêt de la production par
suite du développement de la paresse, et que la société anarchiste saurait
se nourrir et se satisfaire en tous ses besoins.

Toutes les autres objections qu’on pourrait soulever seront facilement
réfutées en s’inspirant de cette idée qu’un milieu anarchiste développera
dans chacun de ses membres la solidarité et l’amour de ses semblables, car
l’homme saura qu’en travaillant pour les autres il travaillera en même
temps pour lui.

Une objection qui paraîtra plus fondée est celle-ci :

Si aucune autorité n’existe plus, s’il n’y a pas la peur du gendarme pour
arrêter le bras des criminels, ne risquons-nous pas de voir les délits et
les crimes se multiplier dans une proportion effrayante ?

La réponse est facile :

Nous pouvons classer les crimes commis aujourd’hui en deux catégories
principales : les crimes d’intérêts et les crimes passionnels.

Les premiers disparaîtront d’eux-mêmes, car il n’y aura plus matière à ces
délits, atteintes à la propriété, dans un milieu qui a supprimé la
propriété.

Quant aux seconds, aucune législation ne peut les empêcher. Bien loin de
là, la loi actuelle, qui acquitte le mari assassinant la femme adultère, ne
fait que favoriser la fréquence de ces crimes.

Au contraire, un milieu anarchiste élèvera le niveau moral de l’humanité.
L’homme comprendra qu’il n’a aucun droit sur une femme se donnant à un
autre que lui, puisque cette femme ne fait qu’obéir à sa nature.

Par conséquent les crimes, dans la future société, deviendront de plus en
plus rares, jusqu’à ce qu’ils disparaissent complètement.

Je vais vous résumer, Monsieur, mon idéal d’une société anarchiste.

Plus d’autorité, bien plus contraire au bonheur de l’humanité que les
quelques excès qui pourraient se produire aux débuts d’une société libre.

Au lieu de l’organisation autoritaire actuelle, groupement des individus
par sympathies et affinités, sans lois et sans chefs.

Plus de propriété individuelle ; mise en commun des produits ; travail de
chacun selon ses besoins, consommation de chacun selon ses besoins,
c’est-à-dire à son gré.

Plus de famille, égoïste et bourgeoise, faisant de l’homme la propriété de
la femme, et de la femme la propriété de l’homme ; exigeant de deux êtres
qui se sont aimés un moment d’être liés l’un à l’autre jusqu’à la fin de
leurs jours.

La nature est capricieuse, elle demande toujours de nouvelles sensations.
Elle veut l’amour libre. C’est pourquoi nous voulons l’union libre.

Plus de patries, plus de haines entre frères, jetant les uns contre les
autres des hommes qui ne se sont même jamais vus.

Remplacement de l’attachement étroit et mesquin du chauvin à sa patrie, par
l’amour large et fécond de l’humanité tout entière, sans distinctions de
races ni de couleurs.

Plus de religions, forgées par des prêtres pour abâtardir les masses et
leur donner l’espoir d’une vie meilleure alors qu’eux-mêmes jouiront de la
vie terrestre.

Au contraire, développement continu des sciences, mises à la portée de
chaque être qui se sentira attiré vers leur étude amenant peu à peu tous
les hommes à la conscience du matérialisme.

Étude particulière des phénomènes hypnotiques que la science commence
aujourd’hui à constater, afin de démasquer les charlatans qui présentent
aux ignorants, sous un jour merveilleux et surnaturel, des faits d’ordre
purement physique.

En un mot, plus d’entrave aucune au libre développement de la nature
humaine.

Libre éclosion de toutes les facultés physiques, cérébrales et mentales.

Qu’une société ayant de telles bases arrive du premier jour à l’harmonie
parfaite, je ne suis pas assez optimiste pour l’espérer. Mais j’ai la
profonde conviction que deux ou trois générations suffiront pour arracher
l’homme à l’influence de la civilisation artificielle qu’il subit
aujourd’hui, et pour le ramener à l’état de nature, qui est l’état de bonté
et d’amour.

Mais pour faire triompher cet idéal, pour asseoir une société anarchiste
sur des bases solides, il faut commencer par le travail de destruction. Il
faut jeter bas le vieil édifice vermoulu.

C’est ce que nous faisons.

La bourgeoisie prétend que nous n’arriverons jamais à notre but.

L’avenir, un avenir bien proche, le lui apprendra.

Vive l’Anarchie !

*Émile Henry* <http://www.non-fides.fr/spip.php?auteur410>.
27 février 1894.

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Lettre ouverte (ou bleue) par celle-eux qui assuraient les activités au CREA, suite à son expulsion


Vous trouverez ci-joint la lettre ouverte de celles et ceux qui assuraient les activités au centre social autogéré du CREA adressée au Préfet de Haute-Garonne et à celles et ceux qui ne se satisfont des déclarations officielles et des violences policières.

lettre ouverte 29 a__ut 2012 (fichier PDF)

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[Ainsi Squat-Il] Récit Toulouse


Six heures vingt du matin. Texto : l’expulsion du CREA est en cours. Je
suis réveillée.

[Parenthèse avant que je me laisse emporter par le feu de l’action :
c’est quoi, le CREA ?

Depuis un an et quelques mois, à Toulouse, c’est le Collectif pour la
Réquisition, l’Entraide et l’Autogestion, installé dans les locaux
abandonnés et réquisitionnés de l’AFPA pour y construire un centre
social autogéré (le CSA, qu’on appelle simplement le CREA par
commodité). Dans ce centre habitent neuf familles, soit une quarantaine
de personne dont quinze enfants. La majorité de ces familles est en
situation extrêmement précaire (immigrants, sans-papiers, etc).

Le CREA, depuis un an, c’est donc un lieu d’habitation. Il vient du
constat fait par plusieurs personnes que les structures de l’Etat qui
sont censées aider les précaires, personnes à la rue, etc, ne sont pas
efficaces. Il y a peu de place en hébergement, 95% des appels au 115
sont rejetés par manque de place en centres d’hébergement ou de moyens
pour payer les nuitées d’hôtel.

Le CREA a donc été créé comme un lieu de vie stable pour que ces
familles puissent trouver un endroit où vivre tranquillement sans être
transbahutés d’un service social à l’autre à la recherche d’une
solution. Et ça marche : pendant un an, le lieu a fonctionné en
autogestion (assemblées générales régulières des habitants du lieu,
décisions communes, etc) et sans argent. Tout se fait à partir de
récup’, de solidarité, de dons. Les enfants sont tous scolarisés, le
CREA devient un véritable lieu de vie ; on y trouve diverses activités
pour les enfants et pour les adultes (activités artistiques, cours de
langues, sport, échange de compétences…) et une stabilité dans la vie
en commun qui fonctionne au cours du temps, permettant au CREA de créer
du lien social, des solidarités, de l’entraide.

Le CREA n’a jamais demandé un centime de subventions.

Le bâtiment, au 70 allées des Demoiselles, appartient au Ministère du
Logement.et des Solidarités Sociales (ha, ha). Le ministère décide
d’engager une procédure d’expulsion contre le collectif, lance un
procès. La raison de cette volonté d’expulsion ? Il veut construire un
centre d’aide aux personnes précaires dans ces locaux (ha, ha).

Au cours de l’année, diverses personnes (policiers et autres)
s’introduisent dans le CREA pour en examiner la “sécurité”, pinailler
parce que le toit est vert de mousse et que cela mettrait en danger la
vie des habitants, en faisant un logement insalubre, tester le taux
d’amiante, vérifier que les portes anti-incendie s’ouvrent bien, casser
les autres portes de façon parfaitement illégale, et généralement
embêter les habitants.

À la suite du rendu de la décision du juge, le CREA est expulsable
depuis mi-août. Depuis avant la tenue du procès, les habitants du CREA
tentent de contacter la mairie, la secrétaire d’État au Logement, la
ministre, la préfecture, etc, tout cela sans réponse. Ce matin, la
préfecture publie un communiqué de presse dans lequel on peut lire ceci
: “les occupants ont toujours refusé les propositions de contact
formulées par les services de l’État”. ]

Il est six heures trente et je suis sur la route du CREA. Je me retrouve
devant un cordon de police qui m’empêche de passer. Je fais le tour pour
retrouver les autres personnes qui sont sur le pont des Demoiselles.

La situation ? À six heures du matin, les flics défoncent les fenêtres
du premier étage et font irruption dans l’immeuble. Les familles
arrivent à se mettre en sécurité ailleurs, restent quatre personnes qui
décident de monter sur le toit pour attendre.

Nous observons tout ça d’en bas. Quatre types sur le toit glissant (il
pleut), dont un assis à califourchon sur une poutre en métal qui
dépasse. Les pompiers se ramènent… pour prêter leur nacelle aux flics
qui veulent cueillir les mecs sur le toit. Ils montent la nacelle pour
voir et redescendent.

Pendant ce temps, les ouvriers arrivent. Leur travail est de murer le
bâtiment le plus rapidement possible pour que plus personne ne puisse y
rentrer.

Nous sommes toujours devant un cordon de flics, à crier des
encouragements à nos oiseaux perchés.

La compagnie qualifiée pour intervenir est normalement le GIPN, mais
aujourd’hui, innovation : ce sont des CRS alpins. Ils essaient de mettre
un crochet dans la gouttière à partir du 5ème étage pour monter surle
toit, mais ils n’arrivent pas à monter à l’échelle de corde. Pendant ce
temps, les types du toit enlèvent leurs cordes de sécurité, je suppose
que c’est pour obliger les flics à être un minimum prudents dans leur
gestes. Les flics font des gestes brutaux alors que les mecs du toit
risquent leur vie au moindre mouvement.

La nacelle remonte. Un flic arrive sur le toit par la lucarne, c’est le
négociateur. Y a-t-il négociation ? Non. Les trois mecs du toit ne
veulent pas se laisser embarquer, ils ne sont toujours pas attachés.
Celui de la poutre reste sur sa poutre.

Que font les flics pour embarquer les types qui ne veulent pas se
laisser embarquer ? Je vous le donne en mille : ils sortent un täser.

Ils täsent une personne sur le toit glissant, à une vingtaine de mètres
de hauteur, sans sécurité. Où le täsent-ils ? Au visage. Combien defois
? Cinq. (Dans la loi, l’utilisation du taser doit se faire « à
l’encontre des « personnes violentes et dangereuses», doit «rester
strictement nécessaire et proportionné », et seulement dans le cas de
légitime défense (article L. 122-5 du code pénal), l’état de nécessité
(article 122-7 du code pénal), ou en cas de crime/délit pour arrêter les
auteurs du délit.) Où est la personne violente et dangereuse dans un mec
assis sur un toit ? Où est la proportion dans le fait de répéter cinq
fois la décharge de täser ?

Les flics chopent ensuite ce gars et le font descendre pendu par les
pieds, tête la première, dans la lucarne, pour l’embarquer. Les deux
autres mecs du toit ont aussi résisté, on les emmène de façon musclée
(coups, étranglement) et on les fait descendre également tête en bas
pour les emmener au poste.

Pour protester contre cette violence inutile, les personnes qui étaient
là en soutien derrière le cordon de police décident de bloquer le pont.
Après environ une minute de blocage de pont (nous empêchons les voitures
de passer), les CRS, qui devaient s’ennuyer, depuis tout ce temps,
chargent sans sommation. Matraque au vent, flashball sortis. Nous sommes
trente, ils sont le double au moins. Nous résistons et tentons
d’encaisser la charge. Gros choc. Une dizaine de personnes se font
matraquer à tout va, ça tape dans les bras et dans les cuisses. Nous
courons pour nous enfuir. Je me retourne pour voir une copine entourée
de quatre flics qui la frappent avec leurs matraques sur les bras et les
jambes. Finalement nous nous enfuyons tous en courant pour souffler un
peu, prendre du recul et soigner les bobos. Beaucoup de bleus, quelques
bosses, pas d’arrestations.

Je publie cet article parce qu’aucun média n’a parlé de la violence
policière ni de la disproportion de toute cette affaire. Cinq ou six
médias différents étaient présents pendant tous ces évènements.La
majorité de ces médias se sont contentés de citer le communiqué de
presse de la préfecture et le point de vue de la police.

Je publie cet article pour livrer ma version des faits. Je tiens ce blog
seule, je n’obéis pas à la pression d’un rédac-chef ou à la
hiérarchisation des sujets selon le revenu publicitaire qu’ils doivent
apporter.

Au-delà de la révolte que cette violence suscite en chacun de ceux qui
la subissent, il importe de s’interroger.

Nous étions tout au plus quarante. Ils étaient deux cents

Une opération de ce genre coûte plusieurs dizaines de milliers d’euros à
l’État.

L’État ferme chaque année des places en hébergement de SDF par “manque
de moyens.

Les trois mecs du toit sont restés une douzaine d’heures au poste. Chefs
d’accusation : outrage et rébellion. Ils ont : refusé d’obtempérer aux
ordres des CRS, et se sont accrochés à la cheminée pour ne pas
descendre. Ils n’ont pas eu de geste agressif envers les flics.

Les CRS qui sont intervenus sur le toit ont demandé cinq jours
d’interruption temporaire de travail à l’hôpital. Quand les CRS
demandent des ITT, on leur donne une prime (ça fait partie des risques
du métier de se blesser en frappant des gens, hein.). Il n’y a de toute
évidence pas de blessure qui justifierait cette ITT.

L’État expulse le CREA parce que le CREA sort de la logique qui veut que
nous ayons besoin de chefs et d�argent pour vivre. Le CREA montre de
façon éclatante que l’organisation et la solidarité sont possibles entre
nous et créent des espaces de vie que l’on n’aurait jamais imaginés
autrement.

Pour qu’il y ait un tel empressement à l’expulsion et des mensonges
aussi gros à propos du supposé “projet” pour le bâtiment, c’estbien que
le CREA dérange. Que les pauvres qui s’organisent entre eux dérangent.
Il faut donc les dégager à coup de matraque.

Merci, gouvernement socialiste.

(S’il vous plaît, faites tourner ce texte.)

Pour les médias de merde, vous savez utiliser un moteur de recherche
aussi bien que moi.

https://sharedwanderlust.wordpress.com/2012/08/28/sale-temps-pour-les-pauvres/

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[Vive la Choure] Quelques conseils de solidarité à celui qui a chouré les plans de 9000 bâtiments


services publics/privés

Texte à diffuser, coller, envoyer au Parisien et aux petit-e-s et
grand-e-s voyou-te-s…

le Parisien 21.08.2012, 17h29
http://www.leparisien.fr/lyon-69000/des-plans-de-l-elysee-de-l-interieur-et-de-la-pp-voles-a-paris-21-08-2012-2132400.php

« Des disques durs et clefs USB contenant des plans de 9.000 bâtiments
publics et privés dont ceux de l’Elysée, du ministère de l’Intérieur et de
la préfecture de police, ont été volés dimanche dans la voiture d’un
technicien de fibre optique, a-t-on appris mardi de sources policières.
« Il s’agit de plans masses de ces édifices gouvernementaux et de police »,
a-t-on précisé de mêmes sources, confirmant une information du Parisien.

Au total, ces disques durs et clés USB concernent quelque 9.000 immeubles,
abritant des bâtiments publics ou privés, dont plusieurs agences
bancaires, mais aussi des commerces, selon des sources policières.

Dans un communiqué, le ministère de l’Intérieur a précisé que la sacoche
volée près de la gare de Lyon dimanche, contenait « plusieurs supports
numériques, notamment des clefs USB et des disques durs (contenant) des
plans de masse de l’Elysée, du ministère de l’Intérieur et de plusieurs
grandes entreprises ».

“La sacoche, volée en même temps que des effets personnels, a été
retrouvée gare de Lyon, mais sans les documents numériques. »

D’abord on veut exprimer notre solidarité avec tou-te-s les voyou-te-s qui
grignotent en chourant des entreprises comme celle qui installe la
vidéosurveillance pour la préfecture de paris ou le palais de l’élysée.

Après on peut se dire que potentiellement la personne qui a chouré la
sacoche en question se trouve un peu dépassée par la situation et que
potentiellement elle ne se trouve pas préparée à se faire chasser par la
direction de la police judiciaire. Pour cela on veut quand même donner
quelques conseils.
Sécurité d’abord

Le but principal quand on a commis un délit ou crime sera de ne pas se
faire prendre. Il est important de savoir qu’en tant que petit-e voyou-te
on ne possède pas de pouvoir pour négocier avec l’état. On obtiendra pas
de grace si on rend les documents. Il faut bien comprendre qu’une fois
qu’on est identifié-e, l’état n’hésitera pas à nous écraser et à nous
juger durement pour ce genre de vol. Voir l’histoire de Serge Humpich pour
un exemple.

Comment se construit une enquête policière ?

Dans un premier temps en principe, beaucoup d’éléments différents
pourraient servir à la police pour résoudre une enquête. En pratique par
contre les méthodologies sont plutôt standardisées, ce qui nous permet
d’évaluer quelques risques. L’enquête se basera principalement sur les
éléments suivants :

1. Trouver et entendre des témoin-e-s du vol

2. Analyser les images des caméras de vidéosurveillance du quartier,
potentiellement aussi celles des commerces, qui d’habitude contribuent
avec plaisir aux enquêtes policières.

3. Analyser les traces de téléphones portables sur l’endroit du vol gardé
par les fournisseurs, qui peuvent dire à quel antenne relais on était
connecté. (ces pistes peuvent être nombreuses dans une gare à Paris)

4. relever puis analyser d’ éventuelles empreintes digitales et génétiques
sur la bagnole et la sacoche

5. (relever et analyser d’eventuels usages de cartes banquaires dans les
alentours du vol)

Il faut savoir que cette liste n’est pas dûe au hasard et que les méthodes
de1 à 4 mènent très souvent a des condamnations. La méthode 5 est
mentionné parce qu’ il est facile pour la police d’obtenir ces infos, ce
qui fait qu’ ils peuvent s’en servir plus souvent que d’autres infos des
fois plus utiles, mais moins faciles à obtenir.

Tous ces points sont des éléments sur lesquels on a pas de prise après les
faits, mais ils peuvent servir à évaluer le nombre de traces qu’on a
laissées, pour la prochaine fois, ou pour d’autres gens. Ça peut nous
rappeler aussi que l’ADN même si ils ne l’ont pas pour le moment, ils
pourront l’avoir dans le futur et que tant que les délits ne sont pas
périmés, ils nous peuvent encore retomber dessus dans plusieurs années.

Si ca se trouve par contre notre petite sacoche qui a été retrouvée a
visité les toilettes à la gare de Lyon et a choppé sur sa route un nombre
d’ADN complètement inutiles à l’enquête. (remarquons qu’il existe des
techniques pour distinguer les sources et les âges des traces ADN, mais
que ceci ne fonctionne pas toujours très bien).

L’ affaire actuelle nous apprend l’utilité de prendre plus de précautions
qu’on estime nécessaire parce que non-seulement ça permet de pratiquer
avec de la marge, mais aussi on ne sait jamais d’avance quelle ampleur une
affaire peut prendre. Ce principe s’appelle défense en profondeur

https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9fense_en_profondeur
Que faire quand on est potentiellement suspect ?

Dans un deuxième temps, une enquête policière qui, avec les points décrits
dessus, aurait identifié des suspects, voudra trouver plus de preuves.
Ceci d’habitude se fait ainsi :

A) Mettre des suspects en GAV pour les cuisiner et les faire parler (pas
seulement des aveux, plein d’infos différentes peuvent aider a faire
avancer l’enquête) ; pour essayer d’obtenir leurs profil ADN ou empreintes
digitales. B) Faire des perquisitions pour trouver des éléments (au
domicile du suspect [mais pas que], pour trouver les choses volées [mais
pas que])

La bonne nouvelle là, c’est que pour cette liste on peut prendre des
précautions avant les faits mais aussi après.

A) parle des informations que la police peut obtenir de nous, nos proches
etc en nous mettant la pression pour parler. La première chose à remarquer
est qu’ici on ne peut pas obtenir des informations sans notre
consentement, et qu’on peut tout bonnement refuser de parler, et en plus
être couvert par la loi, car le droit de se taire est inscrit dans la loi.
C’est bien de réaliser que même quand on se sent grillé, on est pris en
flagrant délit, qu’on peut bien laisser la place aux keufs de faires des
fautes, et donc ça peut servir de ne pas filer d’ infos, même quand on
croit qu’ils les ont déja. Pour une excellent brochure sur les
interrogatoires, voir Manuel de survie en garde à vue

http://rebellyon.info/Manuel-de-survie-en-garde-a-vue.html.

Remarquons aussi que ça vaut le coup de refuser les prises d’ADN et
empreintes, mais ça peut arriver qu’ils le prennent par la force, ou
qu’ils se servent des mégots, les gobelets ou autres objets utilisés
pendant notre GAV pour l’obtenir. Le refus en soi est un délit et on peut
se faire poursuivre.

B) parle des traces qui peuvent être trouvées et nous lier à un délit. Il
faut pas garder des choses chez soi, même si on veut les garder. Ça marche
d’enterrer ces choses dans un bocal bien fermé, potentiellement stérilisé.
Si non, si on a des gens de confiance on peut leur demander de garder
certaines choses pour nous. Dans le cas présent, il faut insister sur le
fait qu’il y a pas de temps à perdre pour éviter que les keufs trouvent
des choses incriminantes quand ils défoncent la porte.

Les ordinateurs gardent des traces de tout ce qu’on y fait. Par exemple
tous les systèmes d’exploitation actuels gardent les numéros de série des
clés et disques dur USB qu’on branche. Alors, après avoir viré les
matériaux incriminants, bien nettoyer les ordinateurs sur lesquels on a
branché les clés en question. Plus d’infos sur comment ne pas laisser des
traces sur les ordinateurs et comment les virer sont à lire dans le
bouquin guide d’autodéfense numérique.

https://guide.boum.org/

Et après tout ca, se n’est quand même pas pour rien…

Après tout ce stress de se demander comment pas se faire chopper, on peut
peut être aussi se demander ce qu’il y a de bien dans un vol. Beh, les
choses volées évidemment. Dans une société ou la chasse au pauvres devient
le sport national et ou on se trouve de plus en plus enfermé et surveillé,
on peut se dire que des plans de 9.000 bâtiments publics et privés
(grosses entreprises et banques, …), c’est quand même un petit trésor qui
pourrait aider à garder des options ouvertes pour celleux qui voudraient
agir contre l’état.

On veut notamment rappeler qu’il est possible de balancer des infos sur
internet de façon anonyme et qu’il y a des sites internet spécialement
dédié au but. (wikileaks.org) Qu’il y a d’autres sites comme indymedia.org
avec des systèmes de publication ouverte permettant de poster des
documents de manière anonyme (tails.boum.org/tor-project.org
&#8594;attention ! pas sans un logiciel anonymisant, par préférence d’un
système live, et pour du surplus : pas de chez soi [défense en profondeur]
).

Ces documents ne perdront pas leur valeur dans 6 mois ou 1 an, les
planquer laissera le temps de voir à quoi a abouti l’enquête.

Notre petit voyou-te lisant-e tous ces articles de presse sur l’affaire ne
comprend pas forcement que les keufs font des grosses campagnes
médiatiques quand justement leurs dossiers sont vides. Prenant peur
quand-même, il/elle nettoie l’ADN et les empreintes digitales des affaires
(avec de l’eau de javel, éthanol, acétone. Sur les métaux (partie d’une
clé usb ou autre) l’acide de la sueur peut graver les empreintes digitales
d’une manière qui exige de les effacer avec du papier ponce) et décide de
s’en débarrasser en les jetant dans un parc. Si les fichiers apparaissent
sur internet au bout d’un moment, aucun moyen de prouver que notre petit-e
voleu-r-se a quoi que ce soit à voir avec ça.

Des fois on se trouve obligé-e de bosser pour un patron à la con, pour
cette société qui nous fait chier, et des fois on ne se rend pas compte
qu’on a accès à plein d’informations qui pourraient servir a quelqu’un. On
se rend pas toujours compte qu’on pourrait mettre un petit bâton dans les
roues de l’état et faire un cadeau à ceux qui bougent contre un tel
institut, une telle entreprise, contre tel huissier qui nous a arnaque,
contre les keufs ou les matons qui nous on latté-e, contre le/la proc qui
est vraiment à gerber, contre l’état qui protège tout ça…

En publiant des données, il vaut mieux éviter de les accompagner d’écrits
qui marquent un style personnel, que si besoin on pourra toujours utiliser
un logiciel de traduction pour traduire ce qu’on a écrit en une autre
langue et de retour pour masquer notre identité.

Publié dans Anti-carcérale, Journal/ Bulletin d'infos | Commentaires fermés sur [Vive la Choure] Quelques conseils de solidarité à celui qui a chouré les plans de 9000 bâtiments

[AntiNucléaire] Critique de la caravane à vélo des indignés du nucléaireindignés du nucléaire

 

2012_08_24_empilement_et_demarches   (fichier PDF)

2012_08_24_Yves-Lenoir_de-70-a-50  (fichier PDF)

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Les jeux vidéos ont ils une couleur politique ???

Question d’autant plus pertinente qu’aujourd’hui le jeu vidéo est un média
de plus en plus répendu, et de plus en plus influents culturellement.
Quelques débuts de réponse, et quelques problèmes à méditer.

 

 

 

 

 

 

 

 

Clic sur l’image pour voir la vidéo

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URGENT !!! expulsion du Créa en cours au 70 allée des demoiselles besoin de monde


C’est quoi ce raffut ?

C’est le bruit des bottes qui viennent écraser les espaces de liberté
qui suffoquaient déjà. C’est l’expulsion maintenant et manu militari par
la justice et son bras armé, la police, du CREA-CSA au 70 allée des
demoiselles. Pour 40 personnes, dont 15 gamins, c’est : « plus de
maison, plus de toit, ce soir démerde toi ! ».

Depuis avril 2011, on avait fait d’un bâtiment vide, un bâtiment
vivant. Le 70 allée des demoiselles c’était un vrai lieu de vie, un
centre social autogéré avec des activités, des ateliers, une piscine, un
lieu de rencontres, de concerts, un lieu d’organisation, de solidarité
et d’entraide. Dans cet espace libéré, on s’amusait, on se cultivait,
bref on vivait bien sans que ça coûte walou à personne. Sauf que lorsque
l’autogestion fonctionne et coûte que dalle, pour le grand capital,
c’est mal! Et ses ardents défenseurs, les pouvoirs publics, sortent
l’artillerie lourde pour nous dégager.

Pour nous, pas question de se laisser faire, notre maison on la
défend ! En barricadant notre bâtiment et en se rassemblant certes, mais
aussi en interpellant la mairie, la préfecture, le ministère des
affaires sociales, notre cher propriétaire, et le ministère du logement.
Leurs réponses : l’expulsion. Ou l’expression du mépris le plus profond
pour toute une partie de la population. Réprimer la pensée et punir
l’acte, c’est la symphonie du moment.

Pour les pouvoirs publics, mieux vaut virer tout le monde ! C’est
qu’ils sont pressés d’ouvrir un hypothétique centre d’hébergement pour
SDF. Coût de l’opération : 500 000 euros de fonctionnement à l’année et
quelques millions d’euros de travaux. Centre d’hébergement mystère dont
personne n’a entendu parlé et surtout pas les principaux intéressés…
Alors, un projet top secret ? Ou une pigeonnade de plus de la part d’un
État qui ferme les centres d’hébergement d’urgence à tour de bras faute
de budget ? On vous laisse seul⋅e juge de cette pantalonnade, en
attendant, nous on en rit… jaune.

Parce que se faire expulser de sa maison sous des prétextes
fallacieux, ce n’est pas une blague. La violence de l’État qui remet les
gens à la rue et s’en lave les mains après, ce n’est pas une blague non
plus. Le cynisme d’un projet d’un centre d’hébergement ici, où l’État se
vante de panser la misère qu’il engendre ne nous fait pas rire du tout.

On défend notre maison, notre lieu de vie, nos choix de vie aussi face
à des forces armées qui veulent nous écraser et nous faire taire. Ce
bâtiment qu’on a libéré de la spéculation, dont on a rendu l’usage à
toutes et tous, l’État, sa justice et ses keufs veulent nous en virer et
ça te concerne aussi !

ILS NE NOUS FERONT PAS TAIRE, ON CONTINUE ! LA FORCE EST AVEC NOUS !
TOUT POUR TOU⋅TE⋅S, POUVOIR AU PEUPLE !

Assemblée générale ce soir à 19h à la Chapelle, 36 rue Daniel Casanova,
métro Compans  ou Canal du Midi.

Le CREA et des membres de la campagne Zéro personne à la rue

creatoulouse.squat.net // creatoulouse@squat.net

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Vous pensiez en avoir fini avec les JO? Et bah, non…

Bonjour,
ça faisait un petit moment qu’on s’était
pas vus vouzémoi… et pendant ce temps il s’est passé quoi? Les JO. Les
JO qu’est-ce que ça fout chez les gros-ses? ça fout les boules !
C’est fatiguant, cette admiration
planétaire pour les gens sveltes, élancés qui maîtrisent leurs corps.
Cet espèce d’illusion de la santé au pays du dopage, des records
toujours battus, les sportif-ves transformés en étendards y compris dans ce qu’il y
a de pire.
Le sport au nom de la compétition, au nom du nationalisme. On s’excite
sur des sports qui ne font bander personne d’habitude (le kayak cette
année par exemple) tant qu’il peuvent nous fournir un peu d’assise
mondiale, un peu de pouvoir, la grande démonstration de force… Qui
remportera le plus de médailles? Quel pays sera le meilleur? C’est
l’heure du grand chauvinisme. La beauté du sport.
Entendre ces commentateurs sportifs
couiner, crier, parler tellement vite qu’on est juste noyé par un bruit
strident nous faisant bien comprendre que c’est un moment de tension,
c’est éreintant. C’est le matin quand tu te lèves avec ton réveil
branché sur France Inter, quand tu rentres le soir et que ton mec écoute
France Info, quand tu regardes le zapping, les infos, quand tu te
balade dans la rue, parce qu’il y a des écrans géants aux terrasses des
bars. C’est partout; c’est bruyant, c’est abrutissant de cadence verbale
et de vacuité du propos.
Un peu de sexisme quand même… Les
commentatrices sportives sont clairement minoritaires elles sont
présentes là où les femmes sont reconnues (natation) ou dans les sports
de femelles (grs, natation synchronisée,…) ceux qui n’intéressent pas
les commentateurs beuglants… Les jeux c’est aussi des plans sur les
seins ou les fesses des sportives féminines, des petites remarques
modérément subtiles des commentateurs. Le fameux beach volley et son maillot de bain
réglementé à 7 cm de largeur. Les jeux, c’est les joueuses de badminton qui se
battent pour ne pas avoir à porter des jupes
pour le plaisir des yeux des spectateurs comme le réclame leur
fédération. Les remarques racistes sur les sportives qui veulent porter
le voile, la polémique qui enfle, elles n’ont quasiment pas la parole.
Comme d’habitude, on parle pour elle leur enlevant tout libre arbitre et
libre choix au non du méchant patriarcat d’outre occident qui opprime
les femmes (ce sexisme là n’existe pas chez nous, élites éclairées du
monde… Qu’entends-je? il y aurait des gros porcs à l’assemblé nationale?
inepties). Et puis ça retombe, tant de bruit pour ça? le commentateur a
le souffle court, il ne sait que dire, il reste coi et passe à autre
chose, tout prêt à hurler qu’il était.  Les jeux c’est aussi l’image du
progrès, les avancés, les records battus, pas de place ici pour les
cultures jugées d’un autre âge. En revanche, ça, ça ne fait hurler personne à
l’intégrisme.
On évite quand même bien soigneusement d’évoquer le léger héritage fasciste des
jeux, jusqu’au dérapage du salut nazi dans le public,
allez on lui laisse le bénéfice du doute à papy, on va quand même pas
se pourrir l’évènement avec des débats politiques, des clivages qui
pourraient désunir la grande union mondiale dans la beauté de l’effort.
Mais il faut qu’ “on” ramène plus de médailles que les autres… Et
pendant ce temps la Syrie qui crève peut aller se rhabiller, les
gouvernements ont la voie libre pour leurs désormais traditionnelles
mesures fourbes de l’été, le monde s’arrête de tourner. Au moins pour
nous le cul posés sur nos canapés et les infos ne crachant rien d’autre
que du JO et de la fierté nationale, le reste du monde peut bien
attendre un peu.
Et à mon gras ça lui fait quoi les JO? Ça
lui rappelle les cours de sport. Ça lui rappelle François Ageron (allez
googleise toi François qu’on rigole un peu) prof de sport en primaire
quand j’étais petite, ça le terrifie mon gras, il tremblotte. Ce prof,
tu galérais un peu sur la roulade arrière, il te poussait à coup de
pied, il avait un petit penchant pour les winners et l’humiliation des
autres… un chouette type. A l’heure où le sport à l’école doit plus être
courir derrière un ballon pour te dépenser un peu que la course à la
victoire et la perspective de peut-être maigrir un peu pour y arriver
aussi bien que les autres, lui il en avait rien à foutre c’était
compétition à tous les étages et hiérarchisation de classe en plus (il
nous a fait acheter des rollers, ceux qui pouvaient pas acheter des
rollers? bah ils faisaient autre chose…)
Les JO pour mes bourrelets et moi, c’est
le supplice de rester coincée au deuxième nœud de la corde pas moyen
d’aller plus haut, on saura jamais si c’est le manque de force,
l’incapacité à porter son poids, le regard des autres, le complexe face
au type à côté sur la corde lisse qui est déjà tout en haut, ou
simplement que comme le prof en a tellement rien à foutre de ta pomme et
te pense déjà perdue qu’il ne prend pas la peine de t’expliquer comment
faire.
Peut-être que t’es juste convaincue que tu ne peux pas y arriver… tu as 9 ans.
“Manger, bouger” qu’ils nous disent les
gens de l’état qui en ont marre de payer des services sociaux pour les
obèses qui crèvent de maladies cardiaques, pour les vieux qui mettent
trop de temps à mourir, pour les non valides qui ne font vraiment aucun
effort, pour ces gros-ses qui ne trouvent pas de boulot parce que discriminés
à croire qu’illes ne veulent pas bosser. Bon passons sur le raccourci
selon lequel si tu manges un bigmac mais que tu vas courir 3/4 d’heure
après c’est comme si t’avais bu un verre d’eau finalement (trop chouette
et ça marche aussi pour éliminer la coke?) Le problème c’est la manière
dont est considéré le sport, il n’est pas pour soi, mais par rapport
aux autres. Dans la comparaison permanente. Pour moi les JO, c’est juste
pile ce que ne devrait pas être le sport.
Le sport des JO c’est pas l’effort qui te
fait te sentir à l’aise dans tes pompes, la fatigue saine d’après
l’effort, celui que tu fais pour toi, pour te sentir bien. Le sport des
JO c’est qui sera le meilleur, c’est la concurrence, c’est la maîtrise
totale du corps. C’est les gagnants et les perdants. On ne se pose pas
la question du plaisir ou de la contrainte des sportifs, on ne se
demande pas à quoi ressemblent leurs corps après de tels traitements
pendant des années, le sport des JO n’est pas une activité saine, c’est
de la performance en barre pour le grand Spectacle.
Pour moi, le sport des JO, c’est la
culpabilité devant un modèle dont on sait pertinemment qu’il n’est pas
meilleur pour notre santé. Un peu comme la pointe d’envie devant la
copine qui ne se nourrit que de potions miracles hyperprotéinées pour
maigrir et qui y arrive, comme la tentation du bypass quand on regarde
de la junkTV. C’est le moment où l’on nous rappelle à l’impératif de
normalisation et de performance que nous impose ce monde. C’est le
moment où le corps maîtrisé prend toute sa place, où on peut nous dire ”
tu vois si lui il peut faire ça à la télé, pourquoi toi tu peux pas
courir 20 min par jour?”, c’est le moment où la sacro sainte volonté
permet de battre des records (et certainement pas grâce l’air injecté
dans le rectum des nageurs ouest-allemands dans les années 80 pour
améliorer leur flottabilité), laissant croire à une maîtrise de soi
totale. L’objectif inatteignable qui nous rend à la fois dociles et
effrénés de consommation de produits miracles.
Et surtout,  c’est ça aussi, c’est le
moment de se foutre de la gueule des mous du genou, des empotés, des non
performants et dans les non performants qui c’est qui ramasse le plus
souvent? Allez… quand on parle de sport, on se fout de la gueule de qui?
Des gros! EDF l’a bien compris, cette petite entreprise française qui
vous matraque par facture interposée à chaque trimestre, vous savez?
Bah, ils ont éclairé les jeux à grand coup de nucléaire français,
fierté, et un petit cococrico en passant.
Si tout le monde est ridicule, le plus
ridicule restera le gros. Quand bien même tout le monde se sent un peu
con, le meilleur moyen de faire oublier sa propre connerie est de taper
sur celui d’à côté en le faisant passer pour le plus con selon un
critère arbitraire. EDF s’en charge très bien.

Au début on pourrait croire que c’est
David et Golum hein? que le petit gros allait gagner un truc à la fin,
une peluche mickey, une glace (héhé) ou juste qu’il allait arriver à
faire un truc avec classe. Mais non, que diable, le sport des JO c’est
le sport où chacun reste à sa place, où les losers restent des losers.
Oh yeah… vive EDF! Et comme dirait Gérard Holtz : “Vive le sport. Sur
France Télévision”.
A bientôt
.L.
https://grosses.wordpress.com/

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Hétérosexisme et homophobie


L’homophobie ? Si l’on en croit
le nombre de gens qui commencent une phrase par « Je ne suis pas
homophobe », presque personne n’est homophobe. Hélas, le mot suivant est
souvent : mais. « Je ne suis pas homophobe, mais… » Mais là c’est ma
fille. Mais c’est pas naturel. Mais qu’ils/elles élèvent des enfants, non.
Mais je comprends celleux qui le sont. Mais je dis pédé quand j’en ai
envie.

Si je suis en colère contre vous et que je vous traite de trader ou
de préfet, j’affiche en même temps l’opinion selon laquelle il est
déshonorant de l’être. L’homophobie, ce n’est pas seulement quand on
traite un’ homosexuel’ de pédé, c’est aussi quand on traite Sarkozy de
pédé. Ou quand on se récrie « Ch’suis pas un pédé ! ». L’usage tend à
remplacer pédé (trop ouvertement homophobe ?) par enculé, et tout en le
niant associe les deux mots.

Et là vous m’expliquez que oui mais non, vous quand vous dites ça,
c’est de l’humour. L’adolescent’ qui est passé’ à portée d’oreille quand
vous le disiez apprécie sans doute l’humour, mais ce qu’il/elle a entendu,
pour la quinzième fois de la journée, c’est quelqu’un’ qui considère
infamant d’être homosexuel’ et le clame. Le suicide est particulièrement
fréquent chez les adolescent-e-s ; il l’est trois à sept fois plus chez
les adolescent-e-s homosexuel-e-s ou transgressant le genre. Cela ne fait
pas de vous un’ meurtrier’, vous lui avez juste mis une claque de plus.

L’homophobie, c’est le rejet et l’agressivité envers les
homosexuel-e-s, soit directement, soit à travers des mots qu’on emploie
parfois sans y penser. C’est des préjugés sur leur caractère ou leurs
capacités, comme le sexisme qui commence par supposer les femmes
faibles, bavardes, etc, et finit par en tirer des conclusions pratiques
comme la condescendance galante ou l’habitude de leur couper
spontanément la parole.

Et l’hétérosexisme ? C’est toute idée ou attitude fondée sur la
primauté de l’ordre hétérosexuel et sexiste : ce qui est normal, c’est
d’être un hétérosexuel. (Les femmes sont normales mais le masculin étant
l’universel, elles viennent en second. Leur orientation sexuelle n’est
pas importante, puisqu’elles sont d’abord objets d’une attirance
hétérosexuelle.) Outre l’homophobie et le sexisme, l’hétérosexisme,
c’est cette violence symbolique de supposer « en toute innocence »
l’hétérosexualité partout où l’homosexualité n’est pas affichée. C’est
faire de la réalité biologique de la conception plus qu’un détail
technique et parler de « complémentarité des sexes ».

L’hétéronormativité ? C’est le fait de trouver partout la norme
hétérosexiste, sans y prendre garde quand justement on est « normal’ « ,
et avec exaspération quand on ne l’est pas : il faut alors expliquer
« son cas », se justifier, et finalement, vivre en permanence son écart à
la norme comme un handicap. C’est cette normativité qui nous confronte à
des formulaires où « notre » case n’existe pas ; quand la fiche de
l’école part du principe qu’un’ enfant a « un papa et une maman », les
autres n’ont qu’à raturer, écrire dans les marges… et entendre qu’iels
sont autres, hors-norme, c’est à dire anormaux.

L’hétéronormativité, c’est aussi le couple. Il est courant de
demander à une jeune femme « si elle a un copain » ou à un jeune homme « si
il a une copine », comme si il/elle était nécessairement hétérosexuel’ et ne
pouvait avoir qu’une relation de type couple. Le célibat étant pris en
compte à titre d’accident de parcours et le libertinage, le polyamour ou
une liaison purement sexuelle constituant des suppositions infamantes,
surtout pour les femmes.

Admettez-le : vous êtes hétéronormé-e et la plupart de vos
comportements sont hétéronormatifs. Depuis le temps que j’essaie, je ne
prétends pas m’être débarrassé du quart de mon hétéronormativité. Ce
n’est pas un reproche, seulement une invitation à vous en soucier.
http://lenrage.blog.free.fr/

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