Vous pensiez en avoir fini avec les JO? Et bah, non…

Bonjour,
ça faisait un petit moment qu’on s’était
pas vus vouzémoi… et pendant ce temps il s’est passé quoi? Les JO. Les
JO qu’est-ce que ça fout chez les gros-ses? ça fout les boules !
C’est fatiguant, cette admiration
planétaire pour les gens sveltes, élancés qui maîtrisent leurs corps.
Cet espèce d’illusion de la santé au pays du dopage, des records
toujours battus, les sportif-ves transformés en étendards y compris dans ce qu’il y
a de pire.
Le sport au nom de la compétition, au nom du nationalisme. On s’excite
sur des sports qui ne font bander personne d’habitude (le kayak cette
année par exemple) tant qu’il peuvent nous fournir un peu d’assise
mondiale, un peu de pouvoir, la grande démonstration de force… Qui
remportera le plus de médailles? Quel pays sera le meilleur? C’est
l’heure du grand chauvinisme. La beauté du sport.
Entendre ces commentateurs sportifs
couiner, crier, parler tellement vite qu’on est juste noyé par un bruit
strident nous faisant bien comprendre que c’est un moment de tension,
c’est éreintant. C’est le matin quand tu te lèves avec ton réveil
branché sur France Inter, quand tu rentres le soir et que ton mec écoute
France Info, quand tu regardes le zapping, les infos, quand tu te
balade dans la rue, parce qu’il y a des écrans géants aux terrasses des
bars. C’est partout; c’est bruyant, c’est abrutissant de cadence verbale
et de vacuité du propos.
Un peu de sexisme quand même… Les
commentatrices sportives sont clairement minoritaires elles sont
présentes là où les femmes sont reconnues (natation) ou dans les sports
de femelles (grs, natation synchronisée,…) ceux qui n’intéressent pas
les commentateurs beuglants… Les jeux c’est aussi des plans sur les
seins ou les fesses des sportives féminines, des petites remarques
modérément subtiles des commentateurs. Le fameux beach volley et son maillot de bain
réglementé à 7 cm de largeur. Les jeux, c’est les joueuses de badminton qui se
battent pour ne pas avoir à porter des jupes
pour le plaisir des yeux des spectateurs comme le réclame leur
fédération. Les remarques racistes sur les sportives qui veulent porter
le voile, la polémique qui enfle, elles n’ont quasiment pas la parole.
Comme d’habitude, on parle pour elle leur enlevant tout libre arbitre et
libre choix au non du méchant patriarcat d’outre occident qui opprime
les femmes (ce sexisme là n’existe pas chez nous, élites éclairées du
monde… Qu’entends-je? il y aurait des gros porcs à l’assemblé nationale?
inepties). Et puis ça retombe, tant de bruit pour ça? le commentateur a
le souffle court, il ne sait que dire, il reste coi et passe à autre
chose, tout prêt à hurler qu’il était.  Les jeux c’est aussi l’image du
progrès, les avancés, les records battus, pas de place ici pour les
cultures jugées d’un autre âge. En revanche, ça, ça ne fait hurler personne à
l’intégrisme.
On évite quand même bien soigneusement d’évoquer le léger héritage fasciste des
jeux, jusqu’au dérapage du salut nazi dans le public,
allez on lui laisse le bénéfice du doute à papy, on va quand même pas
se pourrir l’évènement avec des débats politiques, des clivages qui
pourraient désunir la grande union mondiale dans la beauté de l’effort.
Mais il faut qu’ “on” ramène plus de médailles que les autres… Et
pendant ce temps la Syrie qui crève peut aller se rhabiller, les
gouvernements ont la voie libre pour leurs désormais traditionnelles
mesures fourbes de l’été, le monde s’arrête de tourner. Au moins pour
nous le cul posés sur nos canapés et les infos ne crachant rien d’autre
que du JO et de la fierté nationale, le reste du monde peut bien
attendre un peu.
Et à mon gras ça lui fait quoi les JO? Ça
lui rappelle les cours de sport. Ça lui rappelle François Ageron (allez
googleise toi François qu’on rigole un peu) prof de sport en primaire
quand j’étais petite, ça le terrifie mon gras, il tremblotte. Ce prof,
tu galérais un peu sur la roulade arrière, il te poussait à coup de
pied, il avait un petit penchant pour les winners et l’humiliation des
autres… un chouette type. A l’heure où le sport à l’école doit plus être
courir derrière un ballon pour te dépenser un peu que la course à la
victoire et la perspective de peut-être maigrir un peu pour y arriver
aussi bien que les autres, lui il en avait rien à foutre c’était
compétition à tous les étages et hiérarchisation de classe en plus (il
nous a fait acheter des rollers, ceux qui pouvaient pas acheter des
rollers? bah ils faisaient autre chose…)
Les JO pour mes bourrelets et moi, c’est
le supplice de rester coincée au deuxième nœud de la corde pas moyen
d’aller plus haut, on saura jamais si c’est le manque de force,
l’incapacité à porter son poids, le regard des autres, le complexe face
au type à côté sur la corde lisse qui est déjà tout en haut, ou
simplement que comme le prof en a tellement rien à foutre de ta pomme et
te pense déjà perdue qu’il ne prend pas la peine de t’expliquer comment
faire.
Peut-être que t’es juste convaincue que tu ne peux pas y arriver… tu as 9 ans.
“Manger, bouger” qu’ils nous disent les
gens de l’état qui en ont marre de payer des services sociaux pour les
obèses qui crèvent de maladies cardiaques, pour les vieux qui mettent
trop de temps à mourir, pour les non valides qui ne font vraiment aucun
effort, pour ces gros-ses qui ne trouvent pas de boulot parce que discriminés
à croire qu’illes ne veulent pas bosser. Bon passons sur le raccourci
selon lequel si tu manges un bigmac mais que tu vas courir 3/4 d’heure
après c’est comme si t’avais bu un verre d’eau finalement (trop chouette
et ça marche aussi pour éliminer la coke?) Le problème c’est la manière
dont est considéré le sport, il n’est pas pour soi, mais par rapport
aux autres. Dans la comparaison permanente. Pour moi les JO, c’est juste
pile ce que ne devrait pas être le sport.
Le sport des JO c’est pas l’effort qui te
fait te sentir à l’aise dans tes pompes, la fatigue saine d’après
l’effort, celui que tu fais pour toi, pour te sentir bien. Le sport des
JO c’est qui sera le meilleur, c’est la concurrence, c’est la maîtrise
totale du corps. C’est les gagnants et les perdants. On ne se pose pas
la question du plaisir ou de la contrainte des sportifs, on ne se
demande pas à quoi ressemblent leurs corps après de tels traitements
pendant des années, le sport des JO n’est pas une activité saine, c’est
de la performance en barre pour le grand Spectacle.
Pour moi, le sport des JO, c’est la
culpabilité devant un modèle dont on sait pertinemment qu’il n’est pas
meilleur pour notre santé. Un peu comme la pointe d’envie devant la
copine qui ne se nourrit que de potions miracles hyperprotéinées pour
maigrir et qui y arrive, comme la tentation du bypass quand on regarde
de la junkTV. C’est le moment où l’on nous rappelle à l’impératif de
normalisation et de performance que nous impose ce monde. C’est le
moment où le corps maîtrisé prend toute sa place, où on peut nous dire ”
tu vois si lui il peut faire ça à la télé, pourquoi toi tu peux pas
courir 20 min par jour?”, c’est le moment où la sacro sainte volonté
permet de battre des records (et certainement pas grâce l’air injecté
dans le rectum des nageurs ouest-allemands dans les années 80 pour
améliorer leur flottabilité), laissant croire à une maîtrise de soi
totale. L’objectif inatteignable qui nous rend à la fois dociles et
effrénés de consommation de produits miracles.
Et surtout,  c’est ça aussi, c’est le
moment de se foutre de la gueule des mous du genou, des empotés, des non
performants et dans les non performants qui c’est qui ramasse le plus
souvent? Allez… quand on parle de sport, on se fout de la gueule de qui?
Des gros! EDF l’a bien compris, cette petite entreprise française qui
vous matraque par facture interposée à chaque trimestre, vous savez?
Bah, ils ont éclairé les jeux à grand coup de nucléaire français,
fierté, et un petit cococrico en passant.
Si tout le monde est ridicule, le plus
ridicule restera le gros. Quand bien même tout le monde se sent un peu
con, le meilleur moyen de faire oublier sa propre connerie est de taper
sur celui d’à côté en le faisant passer pour le plus con selon un
critère arbitraire. EDF s’en charge très bien.

Au début on pourrait croire que c’est
David et Golum hein? que le petit gros allait gagner un truc à la fin,
une peluche mickey, une glace (héhé) ou juste qu’il allait arriver à
faire un truc avec classe. Mais non, que diable, le sport des JO c’est
le sport où chacun reste à sa place, où les losers restent des losers.
Oh yeah… vive EDF! Et comme dirait Gérard Holtz : “Vive le sport. Sur
France Télévision”.
A bientôt
.L.
https://grosses.wordpress.com/

A propos mediatours

Blog d'informations sur la ville de Tours et ses environs
Ce contenu a été publié dans Environnement. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.