[Ce qui brule] Homosexualité, transsexualité : nous sommes partout

TRAVESTI

L’homosexualité est un sniper silencieux qui colle une balle dans le cœur des enfants des cours de récréation, il vise sans chercher à savoir s’ils sont gosses de bobos, d’agnostiques ou de catholiques intégristes. Sa main ne tremble pas, ni dans les collèges du VIe arrondissement, ni dans les zones d’éducation prioritaires. Il tire avec la même précision dans les rues de Chicago, les villages d’Italie ou les banlieues de Johannesburg. L’homosexualité est un sniper aveugle comme l’amour, éclatant comme un rire et aussi tendre qu’un chien. Et s’il se lasse de prendre des enfants pour cible, il tire une rafale de balles perdues qui vont se loger dans le cœur d’une agricultrice, d’un chauffeur de taxi, d’un chanteur hip-hop, d’une factrice pendant sa tournée… la dernière balle a atteint une femme de 80 ans pendant son sommeil.
La transsexualité est un sniper silencieux qui colle une balle dans la poitrine d’enfants plantés devant un miroir ou qui comptent leurs pas sur le chemin de l’école. Il ne se préoccupe pas de savoir s’ils sont nés d’une insémination artificielle ou d’un coït catholique. Il ne se demande pas s’ils viennent de familles monoparentales ou si papa portait du bleu et maman s’habillait de rose. Il ne tremble ni du froid de Sotchi ni de la chaleur de Carthagène. Il ouvre le feu aussi bien sur Israël que sur la Palestine. La transsexualité est un sniper aveugle comme le rire, éclatant comme l’amour, aussi tendre et tolérant que le sont les chiennes. De temps en temps, il tire, sur une professeure en province ou sur un père de famille, et boum.
Pour ceux qui ont le courage de regarder la blessure en face, la balle devient la clé d’un monde dont ils n’avaient jamais rien vu auparavant. Les rideaux s’ouvrent, la matrice se décompose. Mais parmi ceux qui portent la balle dans la poitrine, quelques-uns décident de vivre comme s’ils ne sentaient rien.
D’autres compensent le poids de la balle en faisant de grands gestes de Don Juan ou de princesse. Des médecins et des Églises promettent d’extirper la balle. On dit qu’en Équateur une nouvelle clinique évangéliste ouvre chaque jour, pour ré éduquer les homosexuels et les transsexuels. Les foudres de la foi deviennent des décharges électriques. Mais nul n’a jamais su comment extirper la balle. Ni les mormons ni les castristes. On peut l’enfouir plus profondément dans sa poitrine, mais on ne peut jamais l’extirper. Ta balle est un ange gardien : elle sera toujours à tes côtés.
J’avais 3 ans quand pour la première fois j’ai senti le poids de la balle. J’ai su que je la portais en entendant mon père traiter de sales gouines dégueulasses deux filles étrangères qui marchaient en se donnant la main dans la rue. Ma poitrine s’est mise à brûler. Cette nuit-là, sans savoir pourquoi, j’ai imaginé pour la première fois que je m’échappais de ma ville et que je partais dans un autre pays. Les jours qui suivirent furent des jours de peur, et de honte.
Il n’est pas difficile d’imaginer que parmi les adultes qui participent aux manifestations de la colère certains portent, enkystés dans leur plexus, une balle ardente. Par simple déduction statistique, et connaissant la virtuosité des snipers, je sais que certains de leurs enfants portent déjà la balle au cœur. J’ignore combien ils sont, quel est leur âge, mais je sais que certains d’entre eux ont la poitrine qui brûle.
Ils portent des banderoles qu’on a mises entre les mains, qui disent «ne touchez pas à nos stéréotypes». Mais ils savent qu’ils ne pourront jamais être à la hauteur de ces stéréotypes. Leurs parents hurlent que les groupes LGBT ne doivent jamais entrer dans les collèges, mais ces enfants savent que ce sont eux, les porteurs de la balle LGBT. La nuit, comme quand j’étais enfant, ils vont au lit avec la honte d’être les seuls à savoir qu’ils sont la déconvenue de leurs parents, ils vont se coucher avec la peur de ce que leurs parents les abandonnent s’ils apprennent, ou préfèrent encore qu’ils meurent. Et ils rêvent peut-être, comme moi avant eux, qu’ils s’enfuient dans un pays étranger, dans lequel les enfants qui portent la balle sont les bienvenus. Et je voudrais dire à ces enfants : la vie est merveilleuse, nous vous attendons, ici, nous sommes nombreux, nous sommes tous tombés sous la rafale, nous sommes les amants aux poitrines ouvertes. Vous n’êtes pas seuls.
Beatriz Preciado
Homosexualité, transsexualité: nous sommes partout / 14 février 2014
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[Notre-Dame-des-Landes] A Nantes, la stratégie du Black Bloc

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Hystérie médiatique. Elucubrations gouvernementales. Hauteur de l’événement. Le «Black Bloc» n’est pas une organisation, mais une stratégie d’action dans la rue, une stratégie puissante, parce que diffuse. Tous ceux qui prennent le «Black Bloc» pour un groupe sont contre le Black Bloc. Il semble que la France et le monde entier soient mûrs pour une diffusion toujours plus large de cette stratégie, et toujours plus débordante. Cette stratégie et la vision politique qui la sous-tendent et l’animent demeurent incomprises bien au-delà des seuls canaux officiels.
L’erreur serait de vouloir justifier la destruction, de dire : «Nous cassons du flic et des vitrines, pour ceci ou cela, parce que ceci ou cela.» Ainsi s’exprime l’espoir, tenace, de nous ramener dans la grande famille de la gauche, comme ses brebis galeuses sans doute. Nous ne sommes pas de la famille, c’est tout. Il s’agit plutôt de donner le sens de la destruction même. Quand on l’envisage dans son entier, la destruction est toujours double : écarter un obstacle et faire de la place. Dans la destruction, celle qui nous intéresse, il y a toujours quelque chose en train de naître. Ce qui naît là n’a pas de place dans le monde, se fait de la place, mais n’en cherche aucune. Un élan vital, irréductible, irrécupérable, n’attend qu’à faire irruption. Le 22 février à Nantes , c’est une telle poussée que nous avons ressentie. Nous avons des frères que nous ne connaissons pas. Nous avons des frères que nous n’avons jamais vus que masqués. C’est la chance et la grandeur de la ZAD que, dans toutes les composantes du mouvement, on y partage une même détermination : pas question de lâcher, pas de négociation possible, on ira jusqu’au bout.
Ensuite, il faut l’avouer, ça se complique un peu. Quand chaque lutte semble recommencer à zéro. La perte de l’expérience, le manque de transmission entre les générations, c’est aussi cela. Et pourtant. Il est à la portée du premier venu de parvenir à une perception assez juste de la situation. On lutte contre ce projet. On voit qu’il s’inscrit dans l’aménagement du territoire. Et on s’aperçoit rapidement que l’époque qu’on est en train de traverser, pointe extrême de modernité démocratique, coïncide avec la dévastation de toute chose, qui recouvre elle-même la valorisation de toute chose. Il n’est besoin que de se promener pour s’en faire une idée. La plaie globale suinte localement, sous ton nez. Le territoire d’une lutte franchit toute assignation à résidence. Naturellement, les barricades de Nantes prolongent celles de la ZAD. D’accord pour aller jusqu’au bout, pourquoi s’arrêter en chemin ? Ceux qui ne comprennent pas ne veulent pas comprendre.
Ou alors, ils se méprennent sur ce que c’est que de prendre parti. Ils attendent un spécialiste, un savant, un beau parleur, un chef, pour être sûrs de ce dont ils sont sûrs. Et pourtant. En 2014,les deux pieds dans la catastrophe, il suffit de ne pas détourner les yeux, d’un peu de confiance en soi et de quelques amis, pour devenir révolutionnaire. On nous pardonnera de ne pas fantasmer sur le Larzac. La victoire d’un mouvement, c’est de construire, pas à pas, l’insurrection, pas d’obtenir son os suite à un tour de prestidigitation électorale, ou à quelque changement de cabinet. Or, on ne construit pas un mouvement révolutionnaire sans multiplier les émeutes, sans propager le sens et le goût de la destruction, sans s’aguerrir et se trouver chemin faisant.
«Casser du flic», soit dit en passant, cela ne signifie pas vouloir concurrencer la police sur le plan militaire, mais simplement qu’il est naturel de faire la preuve, en acte que, parmi toutes les possibilités existentielles, certaines sont intolérables. Il faut donc, pavé en main, en tenir informés les premiers concernés. Ce n’est pas parce qu’il appartient à l’espèce humaine qu’un flic mérite de vivre en paix. Accepter cette fonction est une infamie complète. Le gardiende Lager n’est pas moins immonde parce qu’il continue à fêter Noël en famille, et à aimer ses enfants. Et puisqu’ils nous liront avec attention : «Ohé ! Coucou ! Désertez, tant qu’il en est encore temps.» D’un point de vue tactique, nous sommes en faveur de la plus grande multiplicité et plasticité possibles. Qu’une de ses formes devienne hégémonique et la lutte s’en trouverait immanquablement affaiblie et appauvrie. Quand certains parlent de notre «trahison» à propos de ce 22 février historique, qui aura d’autres suites que judiciaires, il suffit de leur redire qu’il n’y a pas qu’une seule façon de lutter et, qu’au fond, il y en avait pour tous les goûts ce jour-là. Vous allez rire. Nous pensons qu’il est non seulement souhaitable, mais possible et nécessaire de se passer de la société, de l’Etat, de l’économie. Souhaitable, possible et nécessaire de faire autrement. Ici, dès maintenant. Nous savons aussi que ça a déjà commencé. Parce que c’est un chemin infini, une soif inaltérable et toujours à l’œuvre dans l’histoire, ou contre elle. En définitive, la question politique tient tout entière dans celle de l’ordre des choses. Les cases, les catégories, le réel comme quadrillage. Le nombre des couleurs. Tout cela se déplace et se modifie, selon les moments et les lieux. «Changer le monde» est un slogan inepte. L’ordre des choses ne cesse de changer. Ce qui ne change pas, c’est qu’il y en ait un. La question est donc : «Comment veut-on s’y mouvoir ?» Deux attitudes fondamentales, deux idées de l’existence, deux tensions, traversent le temps.
1) Il y a l’attitude conservatrice ou réactionnaire. Que les choses restent à leur place, ou qu’elles la «retrouvent». Boucler les choses en elles-mêmes, les administrer. Maintenir l’Ordre, le socialiser, en construire un Nouveau. Veiller à toutes les séparations, telle celle du haut et du bas. Démocratie, religion, fascisme.
2) Il y a l’attitude révolutionnaire. Vivre par-delà les compartiments, entre les choses. Passer outre. Tisser des liens et non fonctionner. Tout pour l’amitié, le partage, l’élaboration infinie, infinitésimale, d’une sensibilité. Les choses sont des portes et non plus des murs. La norme n’est que l’indice de notre faiblesse. Ce qui n’est rien est puissant dès qu’il se sait commun. Cette attitude est incompatible avec la civilisation. C’est ce qui la rend susceptible, accessoirement, de lui survivre. Wanted Communism, Alive. A tous ceux qui sont nés le 22.
Par des activistes luttant contre le projet d’aéroport
de Notre-Dame-des-Landes

http://zad.nadir.org/

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Festival de cinéma

Chéries-chéris-Tom

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Histoire de vinaigrette

Nous célébrons le vingt-cinquième anniversaire de l’Anthologie de la subversion carabinée de notre cher Noël Godin. Pendant vingt-cinq semaines, des auteurs choisis au hasard dans le sommaire du livre sont ici proposés, avec un ou deux extraits pris au hasard dans le chapitre à chacun consacré. L’exercice est gratuit, paresseux et purement incitatif. Pour le reste, démerdez-vous. Réimprimée plusieurs fois, l’Anthologie est encore en vente libre (éditions de l’Âge d’homme), grâce à elle c’est Noël tous les matins. Achetez-la, volez-la, donnez-la ou partagez-la, mais lisez-la.

Aujourd’hui : Alphonse Allais (1854-1905)

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La salade à la dynamite (1892)

« À propos de dynamite, laissez-moi vous donner un conseil (…). Quand vous ferez de la salade, assurez-vous que votre huile est bien de l’huile et votre vinaigre du réel vinaigre. Sans quoi, voici ce qui pourrait arriver: vos domestiques, si vous n’êtes pas bien avec eux, remplaceraient, dans votre huilier, l’huile par de la glycérine un peu teintée en jaune, et le vinaigre par de l’acide azotique. Or, vous savez, ou si vous ne le savez pas je vous l’apprends, le mélange brusque de l’acide nitrique avec la glycérine produit une réaction terrible, une élévation de la température, et finalement l’explosion de la nitroglycérine ainsi formée. Mon ami Allais m’a affirmé qu’il existe un syndicat de domestiques anarchistes décidés à supprimer le patronat de cette façon un peu sommaire. »[Chronique de M. Francisque Sarcey]

http://susauvieuxmonde.canalblog.com/archives/2013/07/23/26770194.html

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Aux gars, par un gars : ce que la non-mixité femmes a changé pour moi

1305316080      Constat : c’est chiant.

C’est chiant qu’à chaque fois qu’il y a des meufs qui s’organisent
entre elles, y’a plein de gars qui tirent à boulet rouge dessus, en
particulier sur Rebellyon.
Les gars, vous êtes fatigants. Chaque fois c’est la même, depuis des
années.

Réponse au débat ayant eu lieu en forum de l’article : Halte aux violences sexistes
! Dénonçons la domination masculine !

Voir aussi l’article Attention, danger : Masculinisme !

Si vous emmer­dez les luttes fémi­nis­tes, alors vous êtes des enne­mis poli­ti­ques, dites-le
clai­re­ment. Dans ce cas-là, merci de lais­ser ce site inter­net aux
per­son­nes qui se bat­tent pour leur libé­ra­tion, et écrivez ailleurs.

Si les luttes fémi­nis­tes vous emmer­dent, alors fermez-la et ne vous battez pas
contre elles.

Si vous croyez faire partie des luttes fémi­nis­tes, ça montre une
cer­taine bien­veillance et on pourra peut-être dis­cu­ter, mais alors il
va fal­loir être sin­cè­res, vrai­ment. Pas passer par 4 che­mins et se
cher­cher des excu­ses, ni se vic­ti­mi­ser. Surtout écouter, écouter,
écouter…

On va com­men­cer par le début : j’suis un gars aussi, hétéro, et
pen­dant long­temps j’ai pensé être fémi­niste, connaî­tre cette lutte.
Juste parce qu’être de gauche c’est lutter contre la domi­na­tion
mas­cu­line. Maintenant, on va faire la part des choses.

C’est pas moi qui me fait sif­fler dans la rue.

C’est pas moi qui me fait violer ; si ça arrive, y’a très peu de chan­ces que ce
soit une meuf qui passe à l’acte sur mon corps.

C’est pas à moi qu’on coupe la parole, ou alors ce sont des gars.

C’est pas moi qu’on ignore quand je parle.

C’est pas moi qui lave les chiot­tes (aujourd’hui, der­nier exem­ple en date).

C’est pas moi qu’on aborde en disant « tu me fais bander », « t’es belle », « t’es
bonne », « t’es moche »…

C’est pas moi qui flippe de ren­trer seul, régu­liè­re­ment depuis de nom­breu­ses
années.

C’est pas moi qui prends la pilule.

C’est pas moi qui vais chez un méde­cin (homme le plus sou­vent) 1 ou 2 fois par an
faire un frot­tis.

C’est pas à moi qu’on a appris à me taire et à répri­mer ma colère…

Y’en a plein d’autres comme ça.

La domi­na­tion mas­cu­line, ce n’est pas moi qui la subis au quo­ti­dien
depuis que j’ai quel­ques mois, ou quel­ques jours seu­le­ment. Je n’en
ai pris cons­cience qu’après avoir lon­gue­ment dis­cuté avec les
copi­nes, lu aussi, et pour la grande majo­rité des choses c’était tout
récem­ment.

En revan­che,

C’est moi qui ai long­temps pensé que la maison n’est pas si sale.

C’est moi qui ai violé plu­sieurs copi­nes dans le cadre de rela­tions de couple.

C’est moi qui ai lancé et par­ti­cipé à de nom­breu­ses et vio­len­tes joutes
ver­ba­les.

C’est moi qui cher­che le regard des filles dans la rue, à défaut de mater les
seins.

C’est moi qui ne fais pas trop gaffe quand je mets une capote (et
quand elle craque, c’est « ma » copine qui court à la phar­ma­cie
chop­per une pilule qui lui retourne le ventre).

C’est moi qu’on écoute quand je parle en réu­nion, et encore plus en AG.

C’est moi qui suis muet dès qu’il s’agit de parler de mes rela­tions affec­ti­ves…

Y’en a plein d’autres comme ça.

Tout ça, je ne m’en suis pas rendu compte tout seul… ou quand je
m’en suis rendu compte, je ne l’ai pas admis, accepté, comme fai­sant
partie de mes com­por­te­ments. Y’a des copi­nes qui me l’ont dit, qui
me l’ont répété, qui se sont énervées contre moi ou devant moi, sur des
com­por­te­ments sexis­tes. Alors j’les ai écoutées, obser­vées, et je
me suis rendu compte qu’elles me confron­taient grâce aux moments
non-mixtes qu’elles par­ta­geaient entre elles.
C’est grâce à la force qu’elles avaient que je me suis vrai­ment remis
en ques­tion. Alors, de voir des gars qui cri­ti­quent, condam­nent la
non-mixité femmes (ou goui­nes, ou trans, ou pédés, ou per­son­nes
racia­li­sées, ou…) ça m’énerve.

Ça m’a fait aussi com­pren­dre une chose : des fois, je suis inu­tile. Pire, je suis
nui­si­ble :
je ne fais pas partie de la com­mu­nauté de vécus des copi­nes. Je n’ai
pas cette expé­rience. Je suis celui qui leur a fait vivre ça. Pas tout
ça, indi­vi­duel­le­ment à cha­cune d’entre elles, mais j’en ai fait
vivre assez, à un assez grand nombre, pour que je fasse partie de la
classe des oppres­seurs. Et avec un agres­seur dans la salle, ce n’est
plus pos­si­ble de par­ta­ger une com­mu­nauté de vécus en tant que
domi­nées (et si ça l’est pour cer­tai­nes femmes, dans cer­tai­nes
situa­tions ou toute la vie, ça n’enlève pas que pour de nom­breu­ses
copi­nes ça marche pas).
Quand j’étais à la fac, je ne vou­lais pas de profs ou de pré­si­dent.e
d’uni­ver­sité dans les grèves et les AG ; et tout le monde était
d’accord, au moins pour limi­ter for­te­ment leur pré­sence…

Les per­son­nes qui se bat­tent contre leur propre oppres­sion ont
besoin d’espa­ces d’où les gens qui les oppres­sent sont exclues. Ce
rai­son­ne­ment fonc­tionne par­tout, alors ces­sons de le remet­tre en
cause pour la lutte fémi­niste.

Je n’ai aucun conseil à
donner aux luttes fémi­nis­tes, les femmes n’ont pas besoin de moi pour
se battre pour leur libé­ra­tion.

Du coup, en tant que gars bio, hétéro, je ne serai jamais fémi­niste.
Parce que je ne serai jamais atta­qué en tant qu’homme. Je le serai en
tant que pédé, péque­not (de la cam­pa­gne), pauvre, étranger,
non-uni­ver­si­taire blabla, ouvrier, racia­lisé… Plein de trucs qui
sont aussi sociaux, mais qui por­tent des noms (ou pas) :
hété­ro­sexisme, racisme, capi­ta­lisme, xéno­pho­bie, … Mais une chose
est sûre, ce n’est pas la domi­na­tion mas­cu­line, ce n’est pas le
patriar­cat. Parce que j’en suis une cause, parce que je l’exerce, parce
que je fais partie du pro­blème. (Même si je veux chan­ger et je fais plein
d’efforts sur moi.)

La seule chose que je peux faire, c’est me remet­tre en ques­tion, et
remet­tre en ques­tion les gars qui m’entou­rent. Ça com­mence par
écouter ce que les fémi­nis­tes ont à dire aux gars en géné­ral, et à
moi per­son­nel­le­ment sur la merde que je fais. Ça conti­nue par
accep­ter que les fémi­nis­tes ont besoin d’espa­ces non-mixtes pour
com­bat­tre l’oppres­sion que j’exerce et que je sym­bo­lise.

Accepter qu’il existe des espaces où
je ne suis pas le bienvenu ; que je ne m’exprime pas sur tout, en
toutes circonstances ; que je ne suis pas légitime partout.
Et aussi, des fois c’est vrai­ment dur d’être un gars… Pitchoune.
Il faut être fort, parler bien, bander 24h/24, se la jouer devant les
copains, répri­mer ses émotions et dra­guer les filles. Bon, c’est
coller à des atten­tes de la société, c’est adop­ter un rôle, celui
qu’on a appris depuis tout petit. Là ça se com­pli­que un peu, mais rien
n’est simple. Ce rôle de gars, c’est celui qui permet d’entrer dans la classe
domi­nante.
Le sys­tème qui m’impose ce rôle-là, c’est le genre, un sys­tème de
pou­voirs qui dit qu’il y a 2 sexes et que l’un est supé­rieur à
l’autre. Pas du tout une raison de se vic­ti­mi­ser ou de mono­po­li­ser
l’atten­tion une fois de plus. Contre le genre, en tant que gars, on
peut faire un truc : Déserter, arrê­ter d’être un homme.
Parler de nos émotions aux copains ; consi­dé­rer les femmes comme
d’autres êtres humains et non comme des proies sexuel­les ; écouter
quand quelqu’un.e parle ; s’habiller avec des vête­ments non
mas­cu­lins ; essayer de mater des gars dans la rue ; écouter les
« non » dans nos rela­tions sexuel­les et affec­ti­ves en géné­ral ;
occu­per moins d’espace… on peut en trou­ver plein, c’est à chaque
ins­tant de la vie.

Et j’pense faut aussi épargner aux copi­nes nos cha­grins de mec en
décons­truc­tion, c’est lourd :

Par exem­ple, c’est moi qui ne parle qu’à des copi­nes de mon flippe
depuis que je me suis fait cra­cher dessus (une fois) parce que je suis
en jupe dans la rue.

Ramener les copi­nes à leur rôle de femme-confi­dente-qui-ras­sure-les-gars, ça fait
partie de la domi­na­tion mas­cu­line.

Quelques ressources sur la non-mixité :

Les émissions de Lilith, Martine et les
autres, http://blogs.radiocanut.org/lilithmartineetlesautres/
 radio non-mixte fémi­niste sur Radio Canut (essaie de te rap­pe­ler de
la der­nière fois dont tu as parlé de ces thèmes avec tes potes gars, ou
que des copi­nes les ont abordé sim­ple­ment et en toute liberté devant
toi).
Les émissions de On n’est pas des cadeaux,
http://blogs.radiocanut.org/onestpasdescadeaux/ radio non-mixte trans, goui­nes,
pédés sur Radio Canut.
Christine Delphy sur la non-mixité : « La non-mixité : une néces­sité poli­ti­que ».
(http://lmsi.net/La-non-mixite-une-necessite)
Christine Delphy sur les hommes qui se pen­sent fémi­nis­tes : « Nos amis et nous.
Fondements cachés de quel­ques dis­cours pseudo-fémi­nis­tes »
http://lmsi.net/Nos-amis-et-nous

Non-mixité femmes, recueil de textes, RéSISTE ! ÉDITIONS 2003 (bro­chure, à
déni­cher dans les info­kios­ques qui traî­nent…)

http://rebellyon.info/Aux-gars-par-un-gars-ce-que-la-non.html

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Courage

Masperook

Sans courage, aucune révolte n’est possible. La révolte exige qu’on
franchisse un seuil, et on sait d’avance que le pouvoir n’appréciera guère
un tel pas. Pour franchir ce seuil, il faut non seulement ressentir
l’injustice et l’oppression, non seulement être dégoûté de toutes les
mesquineries qui traversent cette société de fric et de pouvoir, mais il
faut aussi oser.

 

 

Ici, je ne parle pas du courage comme on l’entend souvent, le courage de
celui qui frappe en premier, de celui qui montre ses muscles. Je parle du
courage de se regarder avec lucidité dans un miroir, l’audace d’avoir des
idées à soi et de les assumer. Le courage est facile quand on va dans le
même sens que la masse amorphe, de la société ou de la morale dominante.
Mais ce n’est pas le véritable courage : ça, c’est le « courage » du soldat
qui exécute des ordres, celui du mouton qui bêle avec le troupeau. C’est
exceller dans l’obéissance. Ce que j’entends, moi, par « courage », c’est
oser aller à contre-courant, avoir le courage de ses propres idées et ne
pas reculer devant les conséquences logiques de ces mêmes idées. Si, par
exemple, on est contre l’oppression, tout en sachant que cette oppression
dérive notamment de l’État (peu importe qu’il se nomme démocratique,
dictatorial, populaire, islamique, socialiste ou catholique, car tout État
enferme, punit, réprime, contrôle, impose, extorque, torture, exploite), on
peut alors faire deux choses. Soit se dire qu’on ne peut pas affronter un
monstre de la taille d’un État, et donc se résigner puis enfouir ses idées
quelque part ; soit se dire franchement : si je suis contre l’oppression,
je dois faire tout ce que je peux pour le détruire. Et pour ce faire, il
faut avoir le courage de persévérer dans cette idée, dans cette conviction,
malgré l’éventuelle répression, prison, exclusion sociale ou
incompréhension de son propre entourage.

Le courage, ce n’est donc pas avoir de grosses couilles et appuyer sur une
gâchette. Cela, n’importe qui peut le faire, et en premier lieu le si
détestable policier. Le courage, c’est de suivre son propre chemin en
affrontant, avec audace, les obstacles qui se présentent devant nous. C’est
faire ce que tu penses juste, correct, cohérent, alors que tout le monde te
le déconseille ; c’est ouvrir sa bouche quand tout le monde la ferme ;
c’est attaquer ce qui nous rend esclave (le travail, la prison, l’école, la
consommation), même quand les autres esclaves sombrent sans broncher dans
leur soumission.

C’est pour cela que la révolte n’est pas possible sans ce courage dont je
parle, qui n’est pas non plus celui du martyr qui se sacrifie, mais celui
de l’individu qui prend sa vie en main. Ce courage, je le découvre chez
d’autres individus quand ils ne trimbalent pas mille excuses pour ne rien
faire, quand ils n’invoquent pas la toute puissance du patron, du
politicien, du flic pour légitimer la passivité ambiante, quand ils osent
se mettre en jeu pour lutter pour la liberté, la leur et celle de tout le
monde. Il est rare, ce courage, mais il n’est pas hors de portée, il n’est
pas inné. En empruntant le difficile chemin de réfléchir, de discuter, de
s’efforcer d’identifier les sources de l’exploitation et de l’oppression,
en s’inspirant de la révolte d’autres individus, et en palpant la
solidarité qui défie les lois, ce courage pourra même enflammer nos cœurs.

* Extrait de Hors Service n°38 http://journalhorsservice.blogspot.fr/search/label/Num%C3%A9ro%2038

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[Tout fout le camp!] Une seule solution: la revolution (homo)sexuelle partie 2

Partie 2:

Partie 2
parite 3:

Capture d'écran - 11072013 - 13_16_28
/Royal Opera de Lionel soukaz avec G. Hocquenghem /( partie 2 et 3 )
« A un moment où à un autre, une force politique française, quelle que soit sa
couleur, demande la fermeté contre les infiltrations. (…) Cette plaie-là que la
France porte depuis longtemps à son flanc, elle ne la sent plus. La France n’a
jamais consciemment intégré aucune minorité « étrangère » : elle s’est faite sur leur
reconduction aux frontières (naturelles). L’expulsionisme français n’est donc pas
marginal, ne se limite pas à une réaction provisoire. Les peuples qu’il vise
changent, mais certainement pas le principe. Nous expulsons constitutionnellement,
si j’ose dire, et aussi discrètement qu’on chie. »

Guy Hocquenghem: la Beauté du métis/ 1977

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[feux aux prisons]Maton au balcon, révolte en prison

 

flicsp
Ca pète dans la taule à nancy, c’est tant mieux. Les seules sources d’info
c’est la presse bourgeoise donc on relaie leurs articles puants faute de mieux.à prendre avec des pincettes.Après faut lire entre les lignes, les pauvres matons qui se posent en victime, ils on les clefs, la matraque, et
l’autorité. Quand ça leur revient dans la gueule c’est bien fait. De tout de manière des types qu’acceptent d’enfermer et de surveiller des gens pour
un peu de thune ne méritent pas mieux. Quand ils disent qu’ils ont renvoyé
les détenus un par un en cellule avec les ERIS ( des matons cagoulé en
tenue anti-émeute, spécialisé dans le matage des révoltes en prison ), on
peu supposer que leurs victimes ont eu leur lot de bastonnades, « sans ble
ssés » comme le dit la presse. Et que les sanctions vont pleuvoir dans les jours
à venir. L’AP est rancunière. Faut malgré tout faire tourner l’info les
révoltes collectives comme ça en prison c’est de plus en plus compliqué et
donc de plus en plus rare, c’est le minimum pour pas les laisser isolés.

Solidarité avec les prisonniers en lutte

Feu aux prisons

Liberté pour tous

Quarante-deux détenus ont refusé hier de regagner leurs cellules Rébellion
de masse à la prison de Nancy-Maxéville Rébellion de masse à la prison de
Nancy-Maxéville

Nancy. – L’incident était sans précédent. Dans l’histoire encore jeune du
centre de détention de Nancy-Maxéville, de mémoire de surveillant on
n’avait encore jamais assisté à un mouvement d’humeur de cette ampleur.
Hier, vers 17 h 30, alors que la promenade touchait à sa fin, une
quarantaine de détenus ont en effet refusé de regagner leurs cellules.
Motif invoqué : il semblerait qu’un des leurs ait subi un refus de droit de
sortie. Par solidarité avec lui, quarante-deux condamnés ont donc décidé de
rester dans la cour de promenade et ce contre toutes les incitations
entreprises par le personnel de surveillance.

Ce geste de rébellion a enclenché l’alerte, et le recours à l’équipe
régionale d’intervention et de sécurité (ERIS) qui se rendait sur place
hier vers 20 h 30, alors que le statu quo était maintenu. L’équipe de nuit
a rejoint l’équipe de jour, restée du coup en renfort.

Cet incident s’est produit alors que le centre, ouvert en juin 2009,
connaît un contexte de tension assez fort en ce début d’été. D’après le
syndicat FO, qui s’insurge depuis le début contre le manque d’effectifs et
une conception des locaux « défaillante » pour la sécurité du personnel
pénitentiaire, l’établissement accuserait actuellement un déficit d’une
trentaine de surveillants. Ce qui engendrerait la multiplication des heures
supplémentaires. Au point que le centre fonctionnerait actuellement en «
mode dégradé ». En outre, 794 détenus à ce jour occupent ces lieux prévus
normalement pour 690 personnes.

Hier néanmoins, à 21 h 55, l’ensemble des détenus insurgés a fini par
regagner les cellules. Et ce notamment grâce au personnel du centre, équipé
avant l’arrivée des agents ERIS. C’est ensemble qu’ils ont réintégré un par
un les fauteurs de troubles et l’incident n’a pas fait de blessé.

http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/07/10/rebellion-de-masse-a-la-prison-de-nancy-maxeville

Des incidents à la prison de Nancy-Maxéville : les détenus se rebellent La
soirée de mardi a été émaillée d’incidents à la prison de Nancy-Maxéville.
43 détenus ont refusé de rejoindre leur cellule après une promenade aux
alentours de 17h30, ils protestaient contre le refus du permis de sortir
qu’a essuyé l’un d’entre eux, en disant « *On fait la grève, c’est nous le
syndicat de détenus* ».
Lors de cette rébellion, ils auraient jeté des canettes, et projeté de
l’eau de javel. Le calme a été rétabli en soirée. Selon le syndicat Force
Ouvrière, ces incidents témoignent du manque de personnel au sein de
l’établissement.

http://www.magnumlaradio.com/les-infos/infos-diverses/fil-d-actualite/item/3944-des-incidents-%C3%A0-la-prison-de-nancy-max%C3%A9ville-les-d%C3%A9tenus-se-rebellent.html

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[RESISTONS ENSEMBLE]Le « fascisme », un arbre qui peut cacher une forêt / Résistons Ensemble 121 / juillet 2013

_journal_51931_27juin
Bonjour,
Voici en pdf, le No 121, JUILLET 2013, du petit journal mobile recto-verso
A4″RESISTONS ENSEMBLE » du réseau contre les violences policières et
sécuritaires.Il est destiné à être photocopié et à être diffusé localement, si le journal vous plaît. Vous êtes invitEes à participer à son élaboration, à sa
rédaction,à se joindre à l’équipe de rédaction. Nous attendons vos contributions,propositions, critiques …

à bientôt.
L’équipe de réaction

Pour télécharger ce bulletin mis en page au format pdf :
http://resistons.lautre.net/spip.php?article528 http://resistons.lautre.net/spip.php?article528>

sommaire
‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘
– Le « fascisme », un arbre qui peut cacher une forêt

– [ S U R L E V I F ]
La police rafle à Barbès
Un adolescent de 15 ans ressort de GAV avec le coude cassé

– [ C H R O N I Q U E D E L’A R B I T R A I R E ]
Police islamophobe
Manuel Valls désavoué par la justice
Sans relâche, la machine à expulser et ses complices
Qui saute un tourniquet…
Weld 15 is free !
6 ans déjà que Lamine Dieng…
Dammarie-les-Lys, commémoration de la mort de Youssef Mahdi
Dorsaf et Walid condamnés
Le procès de Villiers-le-Bel : le grand théâtre de l’ombre
À Lille, rencontre autour de la répression policière dans les quartiers
populaires
Mutilations policières : ça continue

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[Tout fout le camp!] Une seule solution: la revolution (homo)sexuelle

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Royal Opera de Lionel soukaz
« Nous disons simplement : pourquoi ne supportez-vous pas de retrouver chez un
homme les attitudes, les désirs et les comportements que vous exigez d’une femme?
Ne serait-ce pas que le désir de dominer les femmes et la condamnation de
l’homosexualité ne font qu’un ? Nous sommes tous mutilés dans un domaine que nous
savons essentiel à nos vies, celui qu’on appelle le désir sexuel ou l’amour.
Certes, le Pakistan ou les usines, c’est plus important. Mais à poser les
priorités, on diffère toujours d’aborder les problèmes sur lesquels on peut agir
immédiatement. Alors, on peut commencer par essayer de dévoiler ces désirs que tout
nous oblige à cacher, car personne ne peut le faire à notre place. »

 Guy Hocquenghem: la Dérive homosexuelle / 1972

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