[ToursTaVille] Manif actions occupations


C’est la rentrée ! Ah bon ?!

La rentrée c’est ce perpétuel rituel pourtant plein  de nouveautés.

Partout dans l’hexagone on se demande bien ou est la nouveauté, en
revanche on bien compris l’aspect répétitif et immuable de « LA RENTREE ».
Comme d’habitude, après moult discours et promesses au niveau national
concernant le logement et l’hébergement d’urgence, aucune avancée
concrète:
on expulse les squats de Toulouse à Tours( merci Marisol), le 115 est aux
abonnés absents, les gens crèvent dehors ou brûlent devant la CAF.
Quant à la politique xénophobe concernant l’immigration, les Obligation de
Quitter le Territoire Français sont envoyées à la pelle, les arrestations,
les expulsions et l’enfermement sont on ne peut plus d’actualité.

LOCALEMENT? c’est un Festival!

De multiples convocations pièges et arrestations des migrantes, OQTF en
veux tu en voilà, expulsions locatives à tout va, le 115 ne répond
plus…le local de chrétiens migrants, au bord de l’explosion, annonce 30
à 40 personnes à le rue tous les soirs et la gare de Tours est devenue un
centre d’hébergement.
L’année commence comme elle s’est terminée, des squats s’ouvrent et des
campements s’installent mais la mairie socialiste les font expulser
rejetant les précaires toujours un peu plus loin du centre ville, faisant
en sorte qu’aucune solidarité, ni organisation ne puisse exister.
Tout est bleu toujours, quand l’isolement se rompt : le collectif des
travailleurs sans papiers subit une répression accrue.

Constater cette situation n’est pas l’accepter. Ce constat ne peut que
nous révolter.
Des collectifs persistent à résister et à lutter d’une façon ou d’une
autre. La mairie, le Conseil Général et la préfecture instances
responsables de cette situation n’ont pas fini d’être emmerdés.

Des actions, manifestations, occupations se mettent en place.
Assiégeons et bloquons cette ville
Plus de papiers du tout – Des logements pour toutEs.

tourstaville@yahoo.fr

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installation et l’ouverture du nouveau Centre Social Autogéré, 22 rue Demouilles à Toulouse


Communiqué de la campagne de réquisition, d’entraide et d’autogestion.

Toulouse, le 7 septembre 2012

Le 28 aout 2012, l’Etat a expulsé le centre social autogéré et ses 40
habitants du 70 allée des Demoiselles qui ont dû se débrouiller par
elles et eux-mêmes.
Toute l’année les propriétaires, la préfecture et la mairie ont mené ou
mènent encore des procédures d’expulsion contre des personnes, des
projets collectifs ou des maisons d’habitation, occupées ou pour
impayés, des campements et des réquisitions. Nous sommes de plus en plus
nombreuses à la rue, dans l’impossibilité de payer des loyers, ou
simplement en galère, alors qu’il y a de plus en plus de logements et de
bâtiments laissés vides pour la spéculation.
Le capitalisme et l’Etat ne nous laissent pas le choix, il faut
s’organiser par nous-mêmes.

Dans le cadre de la campagne de réquisition, et en toute logique,
depuis plus de 48h nous occupons un bâtiment public, laissé vide depuis
6 ans. Nous mettons toutes les preuves à disposition. Des habitants de
quatre maisons expulsables ou expulsées, des familles et des femmes en
galère laissées sans solutions par le 115, des travailleurs sociaux en
lutte, des étudiants et des précaires, des personnes investies dans les
activités du Centre Social Autogéré, différents collectifs culturels,
artistiques et politiques concernés par les expulsions et tous les
soutiens de la Campagne de réquisition ont le plaisir de vous annoncer
leur installation et l’ouverture du nouveau Centre Social Autogéré, 22
rue Demouilles à Toulouse.

Nous avons déjà posé les bases de toutes sortes de nouveaux projets et
ateliers : cours d’alphabétisation, soutien scolaire, cours de lecture,
bibliothèque autogérée, infokiosk, espace internet, salle de répétition,
crèche collective, boxe, capoeira, friperie, zone de gratuité, atelier
mécanique, réparation auto, salle projection, sérigraphie, atelier
couture et tricot, activités variées pour les enfants, cantine
populaire, bien entendu toujours libre et gratuit pour toutes et tous.

Nous avons besoin de soutien immédiat, rencontrons-nous,
organisons-nous !

TOUT POUR TOUTES
POUVOIR AU PEUPLE !

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Défendre l’élevage, un choix politique


http://nantes.indymedia.org/article/26075

jocelyne porcher publie dans la revue contre temps un article en copyleft
dont je vous recommande vivement la lecture…

Défendre l’élevage, un choix politique

En Europe et plus largement dans les pays occidentaux, nous sommes
aujourd’hui dans une surprenante conjoncture du point de vue de nos
relations aux animaux. Alors que la situation sociale est plus calamiteuse
que jamais, que le nombre de chômeurs et de personnes en grande pauvreté
explose, que le droit du travail est défait, que les services publics et
ex-services publics sont en implosion, que la gouvernance remplace le
gouvernement, que le nombre de riches et leurs richesses augmentent à un
rythme soutenu, en bref que les rapports de classe montrent à nouveau leur
vrai visage, l’une des questions qui occupe le plus souvent les magazines
et de nombreux intellectuels est celle de « la question animale » voire
celle de la « cause animale ». Il s’agit de laisser penser que la condition
animale –notamment celle des animaux domestiques- est un objet neutre et
qu’elle peut être traitée indépendamment des autres questions sociales. Or,
ce que je voudrais montrer ici, c’est que la condition animale, c’est la
nôtre. C’est donc notre vie et celle des animaux ensemble que nous devons
changer.

Haro sur le baudet
L’élevage est accusé, notamment depuis la publication d’un rapport de la
FAO en 2006, Livestock’s long shadow 1, largement repris par différents
auteurs, d’être une cause essentielle de dégradation de l’environnement. Il
contribuerait à l’effet de serre, à la réduction de la biodiversité, à la
pollution des eaux… Il serait cause par ailleurs de souffrances animales et
de dangerosité des produits animaux.

Haro sur le baudet donc, ce pelé, ce galeux d’où vient tout notre mal.

Afin de rompre avec cette calamité environnementale, sanitaire et animale
que constituerait l’élevage, deux types de solutions sont proposées. 1°
Industrialiser plus et mieux. C’est-à-dire délocaliser les productions des
zones saturées vers des zones propres, techniciser la production,
intensifier écologiquement. C’est ce que propose la FAO. 2° Devenir
végétarien, comme nous y sommes lourdement conviés par les philosophes et
les défenseurs de la « cause animale ».

Je vais développer ces deux points. Le premier en mettant en évidence les
différences entre Elevage et Productions animales, le second en montrant
que la promotion du végétarisme dit éthique par les mouvements de
libération animale fait singulièrement cause commune avec les
biotechnologies et le capitalisme industriel et financier qui visent à
consacrer la rupture entre les animaux et nous.

Elevage et productions animales
Quel est le problème du diagnostic de la FAO qui conduit, en soutenant le
processus d’industrialisation, à aggraver la situation en prétendant
l’améliorer ? C’est de faire comme si l’élevage, c’était le rapport de
travail avec les animaux qui consiste à produire de la matière animale à
partir des animaux, activité que je désigne sous le terme de « productions
animales ». Quand la FAO écrit que l’élevage contribue à détruire
l’environnement, c’est faux. L’élevage ne détruit pas l’environnement, au
contraire il participe à créer un environnement viable pour des humains et
pour des animaux. Ce qui détruit l’environnement, ce sont les systèmes
industriels et intensifiés. Ce sont les immenses systèmes de production de
bovins aux US, ce sont les porcheries et les bâtiments avicoles
industriels, ce sont les systèmes industriels de production laitière. Mais
qu’est-ce que ces systèmes ont à voir avec l’élevage ? Rien.

Car qu’est-ce que l’élevage ? C’est un rapport de travail multimillénaire
avec les animaux. Depuis dix mille ans, et peut-être plus, nous vivons et
nous travaillons avec des animaux. C’est-à-dire que, pour pouvoir vivre,
nous transformons la nature et le monde, et cela avec les animaux. C’est
avec les animaux que nous avons construit les sociétés humaines. Quand nous
disons la société, notre société, nous devrions garder à l’esprit que cette
société est composée aussi de millions d’animaux, reconnus dans le lien
social comme les chiens, ou exclus de la société comme les vaches ou les
cochons des productions animales. L’élevage a pour première rationalité de
vivre avec les animaux, la rationalité économique, productive, étant au
service de cette rationalité première. C’est pour pouvoir vivre avec les
animaux que nous devons tirer un revenu de notre relation. Et si le revenu
n’est plus possible, la relation est rendue difficile, voire impossible.
Ainsi par exemple des cornacs avec leurs éléphants en Thaïlande. Les
éléphants ne trouvent plus d’emploi dans la traction parce qu’ils sont
remplacés par des machines. Si les cornacs, et plus largement les
Thaïlandais, veulent continuer à vivre avec les éléphants, ils doivent leur
trouver et se trouver un autre métier, dans le tourisme par exemple en
promenant des touristes sur le dos de l’éléphant. Ce qui pour l’éléphant et
pour son cornac exige d’ailleurs d’autres compétences que la traction du
bois.

L’élevage n’est pas un rapport figé aux animaux. Je ne défends pas une
position passéiste qui renverrait à un âge d’or de l’élevage qui à mon sens
n’a jamais existé. L’élevage s’inscrit dans la dynamique de transformations
de nos sociétés et de l’évolution de nos sensibilités. Si notre histoire
est toute faite de violence, celle des animaux domestiques l’est
inévitablement aussi parce que leur histoire, c’est notre histoire commune,
celle qui a enrôlé les animaux dans les mines, les usines et les tranchées.
Car l’élevage est un rapport social avec les animaux qui a une
particularité étonnante, il passe par le travail.

Qu’est-ce que les productions animales ? Ce type d’activité que la FAO
comme bien d’autres confond, volontairement ou non, avec l’élevage. C’est
le rapport de travail avec les animaux d’élevage conceptualisé et mis en
place à partir du 19ème siècle par la zootechnie et les zootechniciens puis
par leurs héritiers, biologistes, comportementalistes, économistes
notamment. La zootechnie naît au milieu du 19ème siècle et se décrit comme
la « science de l’exploitation des machines animales ». Il s’agit, au nom
du progrès scientifique et social, de valoriser le potentiel économique des
animaux jusqu’alors malencontreusement laissé aux mains des paysans. La
zootechnie du 19ème siècle inscrit le rapport des paysans à leurs animaux
dans le capitalisme industriel en imposant une nouvelle vision du travail
orientée vers la spécialisation –des humains et des animaux –, la
performance et le profit. C’est dans cette même orientation que nous sommes
toujours engagés. Des rationalités multiples qui construisent l’élevage, à
commencer par la rationalité relationnelle et le désir de vivre en
compagnie des animaux, la zootechnie n’en conserve qu’une : la rationalité
économique. Il s’agit de produire et de faire des profits. Les productions
animales, telles qu’elles ont été conceptualisées à cette époque et telles
qu’elles existent aujourd’hui, c’est l’activité industrielle qui consiste à
produire de la matière animale à partir du corps des animaux. C’est une
opération d’extraction, tout comme l’extraction du charbon. Tout comme le
végétal, l’animal est une ressource naturelle à exploiter de la façon la
plus rentable possible.

L’industrialisation de la relation de travail avec les animaux d’élevage
repose sur un déni, celui de l’existence des animaux. Pour l’organisation
industrielle du travail, les animaux sont des objets. Et une chaîne de
traitement des poussins, comme on peut la voir par exemple dans le film «
Notre pain quotidien », est tout à fait semblable à une chaîne de
traitement de tout autre objet industriel. C’est pourquoi la production de
matière animale s’accompagne logiquement de sa destruction si la
rationalité économique l’impose : celle des poussins mâles des races de
poules pondeuses jetés tout vif dans la broyeuse, celle des porcelets
chétifs assommés sur le ciment -, celles des vaches « folles », celles des
volailles supposées porteuses de la grippe aviaire, celles des milliers
d’animaux éventuellement vivants, jetés dans d’immenses fosses durant
l’épisode récent de fièvre aphteuse en Corée du Sud–plus précisément il
s’agit de 3 millions d’animaux … Le statut industriel des animaux d’élevage
génère d’immenses opérations de destructions le plus souvent pour des
raisons économiques bien davantage que sanitaires. A propos des abattages
massifs d’animaux en Corée, notons que l’une des raisons qui a mis au jour
publiquement ces éliminations et ces charniers est le fait que
l’enfouissement de milliers de cadavres d’animaux dans quelques 4500 sites
a inquiété du point de vue de la pollution des nappes phréatiques. Et c’est
au nom de la protection de l’environnement et de la santé humaine, bien
plus qu’au nom de nos relations aux animaux que le scandale, tout à fait
relatif d’ailleurs car cela n’a pas fait la une du JT, est arrivé.

Ce rapport mortifère aux animaux a des conséquences graves pour les
personnes qui travaillent dans ces systèmes. Tout d’abord parce que la
souffrance des animaux est cause d’une souffrance éthique chez les
travailleurs, c’est-à-dire celle qu’on éprouve à faire souffrir, et mes
enquêtes ont montré combien les femmes notamment étaient touchées par cette
souffrance. Ensuite parce que contre la souffrance, les personnes se
blindent, et ainsi consentent à faire le travail qui est attendu d’eux 2.
Se blinder contre la souffrance permet de tenir la souffrance, et la
pensée, à distance, et de réduire le travail à une rationalité
instrumentale : c’est-à-dire comme l’expriment de nombreux salariés de «
produire à tout prix et à n’importe quel prix ».

Mais si pour l’organisation industrielle du travail, les animaux ne sont
rien, pour les travailleurs par contre ils restent, envers et contre tout,
des animaux, et cela en dépit de décennies de pression de l’encadrement des
éleveurs et des salariés pour détruire le lien ou, plus récemment, lui
donner la forme d’une tâche, une tâche parmi toutes les autres, sans plus
de conséquences, comme elle est apparue depuis quelques années dans le
management du « bien-être animal ».

Je m’arrête ici sur la question du « bien-être animal ». La problématique
du « bien-être animal » a émergé en France dans les années 1970-1980. C’est
alors le plein boum du développement industriel des productions animales. «
Le modèle dominant », sous-entendu légitimement dominant, s’impose, contre
« l’archaïsme » des systèmes d’élevage paysan, comme l’incontournable outil
de la modernisation des productions animales. Dans le même temps, un livre
comme le Grand Massacre 3, paru en 1981, témoigne d’une résistance civile
au traitement industriel des animaux 4. Un ouvrage, comme celui des
biologistes Robert Dantzer et Pierre Mormède, paru en 1979, sur « le stress
des animaux en élevage intensif » montre par ailleurs que
l’industrialisation de l’élevage pose des problèmes de développement
interne du système lui-même. Ce dont témoignent également à la même époque
des travaux d’économistes (François Colson) alors que des travaux de
psycho-sociologues mettent en évidence les souffrances induites chez les
agriculteurs par le processus de modernisation (Michèle Salmona). Cette
critique transdisciplinaire va rapidement se dissoudre en une problématique
centrée sur le « bien-être animal » qui comme son nom l’indique ne concerne
que l’animal et se retrouve donc dans les mains des biologistes et des
comportementalistes. Exit la souffrance au travail, la question des
conditions de travail et la critique politique de l’industrialisation de
l’élevage. Je renvoie le lecteur, pour ce qui concerne la filière porcine
par exemple, au film « Cochon qui s’en dédit » de Jean Louis Le Tacon qui
date de 1974 et qui met en scène l’enrôlement des éleveurs dans le
processus d’industrialisation et les difficultés psychiques générées par le
système industriel 5. Comme en écho aujourd’hui, je renvoie également au
film récent de Manuela Frésil « Entrée du personnel 6 » sur la
déstructuration physique et psychique des salariés qu’entraîne le travail
en abattoirs industriels.

Le « bien-être animal » se construit donc progressivement comme
problématique de l’adaptation des animaux d’élevage aux conditions
industrielles. Nous ne sommes pas sortis de cette orientation en dépit des
déclarations d’intention. Mais quelque chose a changé ces dernières années,
le retour de l’humain dans la problématique du « bien-être animal » et par
une voie logique, celle du management. Car il est nécessaire d’adapter les
animaux aux systèmes industriels mais également les travailleurs.

Notons que le « bien-être animal » place les travailleurs dans une
situation paradoxale. Ainsi que le proclame la réglementation européenne
sur le « bien-être animal », les animaux sont des êtres sensibles qu’il
faut prendre en compte et respecter. Mais ils sont aussi et en même temps
des choses, comme le met en évidence l’organisation industrielle du
travail. Les travailleurs doivent à la fois traiter les animaux comme des
choses, avec toute la violence inhérente à ce statut – le ramassage des
volailles par aspirateur par exemple ou le tri des improductifs- mais aussi
comme des êtres sensibles. Cette position est évidemment impossible à
tenir. C’est pourquoi ces héritiers de la zootechnie du 19ème siècle que
sont les comportementalistes du « bien-être animal » sont à la recherche
d’un management capable de mettre au jour ce travailleur idéal, sensible et
insensible à la fois. Peut-être bientôt un genre de robot mi-homme,
mi-machine, du genre de ceux mis au point par l’armée américaine.

La problématique du « bien-être animal » a été prise en main par les
biologistes et par les comportementalistes dans les années 1980, mais elle
l’a été également par des philosophes et par des juristes, et cela dans la
lignée des travaux de Peter Singer dans les années 1970. La critique du
traitement industriel des animaux a en effet conduit à la naissance d’un
mouvement, celui de la libération animale, qui vise comme son nom l’indique
à libérer les animaux. Ce mouvement s’est progressivement scindé en deux
grandes orientations. Une orientation plutôt réformiste dans laquelle le «
bien-être animal » a une place positive, et une orientation radicale, ou
supposée telle. Mais défenseurs réformistes ou défenseurs radicaux sont à
mon sens des soutiens précieux aux nouvelles productions animales qui sont
en train de naître, celles qui vont réussir à se passer des animaux.

La libération animale
Les courants de la libération animale rattachés au mouvement initié par
Peter Singer sont essentiellement utilitaristes. Il s’agit d’être rationnel
et pragmatique. C’est pourquoi ces courants prônent le végétarisme ou à
défaut les systèmes améliorant les conditions de vie immédiate et dans le
court terme des animaux. Il s’agit, non pas de promouvoir et de soutenir
l’agriculture paysanne, mais de soutenir les systèmes industriels qui
améliorent les conditions de vie des animaux.

C’est ainsi que Peter Singer soutient McDonalds, que des associations comme
PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) aux US ou comme le CIWF
(Compassion In World Farming) en Grande-Bretagne cautionnent de grandes
entreprises industrielles ou que le philosophe Bernard Rollin contribue au
management biotechnologique des animaux dans les systèmes industriels.

Je reprends brièvement ces trois exemples.

L’idée qui justifie le soutien de Peter Singer à McDonalds, après qu’il ait
d’ailleurs longtemps défendu le végétarisme contre cette entreprise, est
que, posant qu’on ne peut pas faire disparaître les systèmes industriels du
jour au lendemain, d’une part du fait de leur puissance mais aussi de leurs
capacités à nourrir le monde et à fournir les hamburgers que les gens sont
supposés vouloir manger et sont en mesure d’acheter, le mieux pour tout le
monde est que ces systèmes soient moins pires. Agrandir les cages est donc
considéré comme une avancée. C’est également le point de vue de Temple
Grandin, reconnue pour ses travaux sur le traitement des animaux dans les
abattoirs et qui est, elle de plus, membre du Conseil pour le bien-être
animal chez McDonalds. McDonalds en effet s’inquiète du traitement des
animaux et a ainsi annoncé récemment qu’il n’achèterait plus de cochons
dans des systèmes où les truies sont en gestation en cage. Ce qui est la
tendance de la réglementation européenne, toutes choses égales par
ailleurs. C’est-à-dire que l’on remet les truies en groupe – dans des box
en béton sur caillebotis dans des bâtiments clos – au lieu de les mettre en
cage, sans rien changer à l’objectif premier du travail qui est de produire
un maximum de tonnage de viandes en un minimum de temps.

Le point de vue de CIWF, qui milite contre les systèmes industriels, est
approximativement le même. Et c’est celui qui guide par exemple la
distribution des « welfare awards », la remise de prix « bien-être animal »
aux entreprises prenant des initiatives dans le sens du « bien-être animal
». Pour le CIWF, le nombre d’animaux concernés compte, et plus l’entreprise
est grande, plus le nombre d’animaux concernés par une amélioration
éventuelle est important. C’est pourquoi le CIWF décerne des récompenses à
des entreprises comme Ben and Jerry’s, Starbucks, Lidl ou IKEA. Mais ces
entreprises peuvent-elles être dures pour les salariés et tendres pour les
animaux ?

Un autre exemple de cet arrangement entre « bien-être animal », productions
animales et capitalisme industriel, est celui du professeur Bernard Rollin,
éminent philosophe de l’éthique animale. Il se trouve que ce professeur est
aussi co-fondateur de la société Optibrand, qui développe un procédé de
reconnaissance rétinienne des animaux destiné à faciliter la gestion des
animaux dans les productions animales. Pour Rollin, l’argument est d’éviter
la souffrance du tatouage. Dans les faits, une telle innovation augmentera
surtout la productivité du travail dans les productions animales. Notons
que cette innovation n’est utile que dans les productions animales ; les
éleveurs ne manifestent aucunement le besoin de ce genre d’innovation.
Rollin tient donc un discours, celui de l’éthique animale, mais dans les
faits, il apporte une aide concrète aux productions animales.

C’est également le cas du professeur d’éthique Paul Thompson. Considérant
que la demande mondiale en viandes et notamment en viandes de poulet
s’accroît et va s’accroître, et qu’il sera donc indispensable d’intensifier
la production, pourquoi ne pas envisager d’améliorer le sort des animaux en
leur enlevant ce qui est cause de souffrance, la vue par exemple 7. Ainsi
ils souffriraient moins de l’entassement et de la claustration, et vu
qu’ils seraient nés ainsi… C’est de cette proposition que s’est saisi un
étudiant en architecture en proposant un système de production de poulets
décérébrés insérés dans une structure verticale 8. Un genre d’hybrides de
machines et de poulets. Amputer les animaux en vue de poursuivre la
production industrielle tout en évitant la souffrance est une voie
réellement explorée par des biologistes. Cela fait suite tout à fait
logiquement aux mutilations des animaux en vue de leur maintien en
claustration : débecquage des poulets, taille des canines des porcelets,
caudectomie…

Ce soutien des défenseurs du « bien-être animal » et de l’éthique animale
aux productions industrielles est aussi celui d’une association comme PETA.
Pour le bien des animaux, celle-ci soutient en effet, et très concrètement
puisqu’elle a fait des offres financières en ce sens, le procédé de
production de viandes in-vitro 9. Or qu’est-ce que la viande in-vitro ? Le
rêve des marchands de hamburgers. Enfin de la viande pure, hygiénique, sans
déchets et garanti sans souffrance animale vu qu’elle sera produite sans
animaux. Or ce substrat, issu d’une cellule animale, n’est pas de la
viande. Il est du registre du mort-vivant. Du vivant biologique mais du
mort subjectif. De l’inerte qui n’aura jamais été vivant. Justement pas
mort, car, comme l’écrit Jankelévitch, il faut être vivant pour mourir.
Vivant et pas du vivant. Il est probable que les concepteurs et les agences
de com sauront trouver un nom soft à ce substrat, adapté à la consommation
de masse à laquelle il est à terme destiné. Au nom des animaux donc, PETA
prépare, avec McDonalds, KFC et l’industrie des biotechnologies, un monde
sans animaux d’élevage et prétend détruire le vecteur essentiel du lien
entre les animaux et nous qu’est le travail.

Car, et c’est le risque majeur de ces orientations du point de vue de nos
relations aux animaux, elle s’opère sur le postulat que l’élevage, c’est
les productions animales, et qu’au fond que l’élevage n’existe pas. En
rompant avec les productions animales, il s’agit donc de rompre également
avec l’élevage et de se débarrasser enfin de cet encombrant et
inconfortable archaïsme comportemental qu’est l’alimentation carnée.
L’alimentation carnée n’a pas un sens anthropologique profond inscrit dans
l’histoire des hommes et des animaux, elle n’est qu’idéologie,
représentations, croyances et comportements erronées. La critique de
l’alimentation carnée ne fait pas de différence entre la consommation d’un
cochon industriel et celle d’un cochon cul noir Limousin. Elle se pose
contre la production et la consommation industrielle de viandes en faisant
l’impasse complète sur les différences entre élevage et productions
animales. Ainsi peut-on lire dans un texte pro libération animale : «
L’élevage et la pêche comptent parmi les activités humaines les plus
génératrices de malheur, dévastant l’existence de myriades d’êtres
sentients dans un cycle sans fin ». Que l’élevage, -le terme employé est
bien élevage, et non pas productions animales, ou même l’oxymore « élevage
industriel »-, soit décrit comme générateur de malheur alors qu’il
participe du bonheur réciproque et collectif qu’a permise notre vie avec
les animaux est pour le moins consternant. Surtout quand cela est énoncé,
comme c’est souvent le cas, par des personnes vivant avec des animaux de
compagnie, lesquels sont des animaux d’élevage comme les autres. La
différence entre un chien et une vache, dans notre société, n’est pas que
l’on mange l’une et pas l’autre, mais que l’on vit avec l’une en préservant
sa vie sociale en troupeau et son monde propre, alors que l’on impose au
chien, par exemple, une présence quasi exclusive avec l’homme.

Contre l’idéologie et le pouvoir de l’industrie de la viande –qui est réel,
et j’ai suffisamment travaillé et écrit dans et sur l’industrie porcine
pour le savoir 10 –, et alors qu’aujourd’hui l’alimentation carnée apparaît
à de nombreux philosophes comme le dilemme moral de l’époque, la solution
biotechnologique se lève à l’horizon des éthiciens et des libérateurs des
animaux qui prônait, à leur grand regret, le végétarisme en pure perte.

Le végétarisme éthique pour les uns, les purs, et la viande in vitro pour
les autres, les masses populaires. Ou comment avoir les mains propres tout
en les trempant dans le lisier.

Un mot sur le végétarisme. Je le précise car cela m’est reproché
systématiquement, je n’ai rien contre une personne qui choisit d’être
végétarienne et qui est consciente que son choix ne change rien à la
condition des animaux. Par contre, j’adresse des critiques aux groupes et
associations qui prônent le végétarisme comme une vertu. Les végétariens
n’ont pas les mains plus propres que les autres. Ils ne mangent pas de
viande, mais la plupart consomment des produits laitiers et des œufs. Or,
produire du lait ou des œufs, c’est indirectement et nécessairement
produire de la viande. Derrière le lait, il y a le veau et la vache de
réforme. Derrière l’œuf, il y a la poule. Et si les végétariens peuvent
consommer du lait et des œufs sans consommer de viandes, c’est parce que
d’autres la consomment. Ils délèguent simplement la responsabilité de la
mort des animaux à d’autres. Ainsi, contrairement à ce que pensent
certains, actuellement, l’omelette au fromage n’est pas plus vertueuse que
le steack. L’omelette au fromage en effet implique la mort de poussins, de
poules, de veaux, de vaches… Pas d’omelettes donc sans mangeurs de viandes !

Voilà donc où nous en sommes dans cette histoire de « bien-être animal » et
de « libération animale ». Du bizness, des biotechnologies, des gros sous,
fort peu de morale en vérité. Et surtout où sont les animaux dans cette
histoire ? Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?

Nous en sommes là parce que toute cette affaire s’est construite depuis 30
ans sans référence à la question du travail. Et de facto, sans faire la
différence entre la relation de travail qui unit un éleveur et ses animaux
et l’exploitation forcenée des animaux et d’eux-mêmes à laquelle sont
contraints les éleveurs et les salariés. C’est parce que ces éthiciens et
philosophes ne savent absolument ce qu’est un animal d’élevage, ni ce que
cela veut dire travailler et vivre avec des animaux que nous arrivons à ce
point d’absurdité et de cruauté –industriel et pseudo éthique- croissante.

Pourquoi la question du travail a-t-elle été évacuée, et cela depuis les
années 1960 de la question du traitement des animaux dans les productions
animales ? Pourquoi est-elle évacuée du discours des libérateurs des
animaux ? Tout simplement parce que c’est une question politique. Parce que
s’interroger sur le sort des animaux au travail dans les systèmes
industriels, c’est s’interroger sur le sort des travailleurs. Dans les
porcheries, il y a des cochons, et il y a des gens. Ils vivent dans les
mêmes bâtiments, ils respirent les mêmes poussières et travaillent au même
rythme. Ils subissent une seule et même violence.

S’intéresser au travail, c’est d’abord reconsidérer la place des animaux
dans le travail. Et pour cela il faut je pense commencer par reconsidérer
nos façons de penser les processus de domestication. Les processus
domesticatoires sont en effet majoritairement analysés comme des processus
d’appropriation et d’exploitation des animaux. La domestication comme
l’écrit Sloderdijk serait l’histoire d’une « monstrueuse cohabitation 11.
Domestiquer, ce serait asservir ; vaches, cochons, chiens, chats, chevaux…
ne seraient rien d’autres que des esclaves. La domestication des animaux
serait à l’image de la domestication des hommes.

Notons que cette proposition est assez insultante pour les animaux car elle
suppose qu’ils sont des idiots qui se sont laissé asservir bêtement, si je
puis dire. D’autre part, elle suppose également que notre relation aux
animaux serait fondée sur l’intérêt et sur la violence et qu’au fond nous
serions fondamentalement des brutes. L’histoire des humains et des animaux
se résumerait donc à un rapport violent entre des idiots et des brutes.

Or, ce qui apparaît, et cela dès les premières peintures rupestres, c’est
bien plus une merveilleuse histoire qu’une monstrueuse histoire. Ce qui
apparaît, ce sont les liens d’admiration et d’affection envers les animaux
inscrits dans les rapports sociaux, qui eux sont portés par des rapports de
force des humains entre eux et par la violence. L’histoire des hommes est
une histoire effectivement violente où les uns essaient de se libérer de la
domination des autres, des esclaves contre les maîtres, des serfs contre
les seigneurs, des moujiks et des paysans contre des propriétaires, des
ouvriers contre des patrons, des pays contre d’autres pays… Les animaux
depuis toujours sont bien sûr pris dans notre histoire conflictuelle et,
parce qu’ils vivent avec nous, ils subissent comme nous la violence. Ainsi
des animaux impliqués dans les guerres, les chevaux, les éléphants, les
chiens…, mais aussi des animaux qui subissent la violence de l’organisation
du travail, dans les mines et les usines… Bref, les animaux sont engagés
comme nous dans le travail et dans les rapports de domination et ils en
subissent comme nous la violence. Les animaux sont partie prenante de la
lutte des classes. Non pas parce qu’ils constitueraient, comme l’écrivent
certains sociologues américains pro libération animale, une classe en soi,
des exploités animaux face à des exploiteurs humains, mais parce qu’ils
sont exploités, avec des humains, dans les champs, dans les mines, dans les
usines, et qu’il importe qu’ils ne le soient plus et que nous nous le
soyons plus. Nous sommes prisonniers ensemble, nous pouvons être libre
ensemble. L’objectif n’est pas de libérer les animaux, car cette
proposition est en vérité purement virtuelle, mais de nous libérer du
travail aliéné et de donner au travail avec les animaux et au travail des
animaux une visée émancipatrice.

Qu’il s’agisse de faire la guerre, de tirer des chariots ou des calèches,
mais aussi d’aider les aveugles, de participer à relier les enfants
autistes au monde, de participer à des spectacles, de tenir compagnie, mais
aussi, et là la question du travail est plus difficile à appréhender, qu’il
s’agisse de produire du lait ou de brouter dans les alpages, ce qui
caractérise le lien entre nous et les animaux domestiques, c’est en effet
le travail. Ou plutôt à mon sens, c’est le travail avec les animaux qui
caractérise le lien de domestication et nos relations actuelles avec les
animaux.

Pourquoi vivre avec des animaux ? Pourquoi vivre et travailler avec eux
plutôt que sans eux ? Dans quelle société ? Je pense que les vraies
questions sont celles-là. Y répondre suppose de considérer les animaux
autrement, de rendre justice à leur intelligence et à leurs compétences, et
de penser notre relation de travail et la place de la mort des animaux dans
cette relation. Je fais l’hypothèse que les animaux sont des acteurs et non
seulement des objets du travail. Précisément parce qu’ils ont des
compétences et qu’ils vivent en partie dans notre monde comme nous vivons
dans le leur.

Dans ce cadre, la mort des animaux n’est pas le but du travail avec eux,
elle en est le bout. L’alimentation carnée –en dehors de l’histoire de
l’industrie de la viande inscrite dans le capitalisme industriel- est un
effet dérivé du travail avec les animaux et non le but du travail, et je
rappelle que la consommation de viande est liée aux systèmes de production.
Autres systèmes, autres modes de consommation.

Il ne s’agit donc pas de libérer les animaux, de devenir végétarien ou de
promouvoir une journée sans viande, il s’agit de cesser de consommer des
produits animaux industriels, et pas une journée par semaine mais tous les
jours. Il s’agit de soutenir d’autres systèmes d’élevage, de se sentir
responsables avec les éleveurs des animaux domestiques.

Pérenniser l’élevage et soutenir sa dimension émancipatrice est de mon
point de vue un enjeu écologique et politique de premier plan. Parce que
cela engage à lutter contre la domination de systèmes destructeurs qui nous
mènent droit dans le mur, mais aussi parce que cela permet de rappeler
combien vivre avec les animaux est une aventure fragile. Nous sommes
actuellement à un point de rupture dans l’histoire de nos relations aux
animaux et il me semble que collectivement nous ne mesurons l’ampleur ni de
la richesse que nous apporte les animaux ni de la perte que nous sommes en
train de préparer. Vivre avec les animaux semble à beaucoup d’entre nous
une évidence, mais pour certains, elle a cessé d’en être une. Pour une
fraction minoritaire de nos concitoyens qui attendent la réalisation
d’Isaïe et espèrent que prochainement l’agneau dormira dans les pattes du
loup, mais surtout pour les industriels des nouvelles technologies qui eux,
contrairement aux acteurs de l’industrie lourde des productions animales,
n’ont que faire des animaux.

D’un point de vue plus anthropologique, je pense que la rupture avec les
animaux prépare un monde humain complètement désenchanté et désaffecté. Car
qui sait quelle part de notre humanité a été construite par notre lien aux
animaux ? A mon sens, la formule lapidaire « ce qu’il y a de meilleur en
l’homme, c’est le chien » a quelque chose de vrai. Car nous nous sommes
construits en complète symbiose avec les animaux et nous sommes en train de
nous amputer de quelque chose dont nous ignorons la portée dans la
construction collective de notre identité. En tout état de cause, que nous
voulions collectivement rompre ou non avec les animaux, il reste que nous
avons une dette envers les animaux domestiques. Se laver les mains de cette
dette, comme le proposent les libérateurs des animaux, est tout simplement
indigne et témoignerait –je renvoie ici à la théorie du don maussien–
combien nous ne sommes pas à la hauteur des animaux, combien nous avons
déchu. C’est pourquoi, en attendant le meilleur des mondes
biotechnologiques, soutenir l’élevage, le ré-inventer en l’intégrant dans
nos espérances de changement social radical me paraît urgent et nécessaire.
La condition des animaux domestiques n’est pas un sujet mineur réservé aux
amis des animaux, bien au contraire, elle nous concerne, nous qui voulons
construire un monde intelligent, sensible et solidaire. Les animaux sont
des alliés précieux car je ne doute pas qu’eux aussi sont en attente d’un
autre monde à partager avec nous.

Jocelyne Porcher (INRA-SAD Montpellier) a notamment publié: Vivre avec les
animaux, une utopie pour le 21ème siècle, Paris, éd. La Découverte, 2011;
Une vie de cochon, Paris, éd. La découverte, 2010.

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fins non commerciales, à la condition de ne pas la modifier et de
mentionner auteur·e(s) et URL d’origine activée.

1. http://www.fao.org/docrep/010/a0701e/a0701e00.HTM
2. Cf. les travaux de Christophe Dejours.
3. Alfred Kastler, Michel Damien, Jean-Claude Nouet, 1981. Le grand
massacre. Editions Fayard.
4. Remarquons que les premières associations de protection des animaux
naissent au milieu du 19ème siècle en même temps que se met en place le
processus d’industrialisation de l’élevage porté par la zootechnie. La
protection animale toutefois ne se construit pas comme critique sociale
mais comme remède à la violence faite aux animaux par les classes
populaires. C’est la violence des individus contre les animaux qui est
condamnée et non pas celle de l’organisation sociale capitaliste et
industrielle. Le mineur est pourtant au fond avec son cheval et c’est une
même violence qu’ils subissent. Le volet management de la problématique du
« bien-être animal » est aujourd’hui dans la même ligne puisqu’il vise à
corriger les « erreurs » des éleveurs et des salariés sans prendre en
compte la communauté de destin des humains et des animaux dans les
productions animales.
5. Jean Louis Le Tacon, 1978. Cochon qui s’en dédit. 37 mn. Editions
Montparnasse.
6. Manuela Frésil, 2011. Entrée du personnel. 59 mn. Grand prix de la
compétition française du Festival International du Cinéma de Marseille.
7. Notons que mettre aux poulets des lunettes noires a été une des
solutions techniques proposées contre le picage dans les années 80.
8. http://naturoids.org/category/andre-ford
9. PETA propose une prime d’un million de dollars aux chercheurs qui
parviendront à mettre au point un procédé de fabrication de viandes de
poulet in vitro. Le challenge est que la « viande » obtenue ne doit pas
pouvoir être distinguée de la viande d’un « vrai » poulet. Un « vrai »
poulet issu des systèmes industriels et produit en 40 jours ? Qu’est-ce
qu’un « vrai » poulet pour PETA ? Notons que la date limite de proposition
de l’innovation était fixée au 30 juin 2012.
10. Porcher Jocelyne, 2008. Une vie de cochon. Editions La Découverte ;
2010. Cochons d’or. Editions Quae.
11. Peter Sloterdijk, 2000, Règles pour le parc humain. Mille et une nuits.
p. 34.
date: 14/07/2012 – 10:43

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Contester le Spectacle

En finir avec le spectacle de la contestation, commencer à contester le
spectacle

Il y a 16 ans à paris,  l’église saint-bernard occupée par des sans
papiers était évacuée par les chiens de gardes de l’état, qui défonçaient
la porte à coup de hache. Aujourd’hui on entend un peu partout « le
changement c’est maintenant », le PS est au pouvoir et la révolution est
proche… Pourtant on enferme toujours dans les Centres de Rétention
Administrative, et ce sont les mêmes qui y sont tabassés par les flics et
les matons, qui tentent de se suicider pour échapper aux expulsions, qui
sont ligotés, drogués puis chargés de force dans des avions en vue de les
renvoyer dans leur pays. La condition des sans papiers ne s’est pas
améliorée. Il n’y a que les bureaucrates hypocrites et les naïfs pour s’en
étonner.

L’état qu’il soit de droite ou de gauche a toujours pour mission de
maintenir l’ordre et de défendre les intérêts des capitalistes. Quand il
s’agit de faire travailler des « français » ou des « étrangers »  la
nationalité n’a pas d’importance, ce qui compte c’est de réduire le coût
de production des marchandises pour augmenter les bénéfices. Les
travailleurs sans papiers de ce point de vue ont tout les avantages, ils
acceptent de travailler dans des conditions pourries, et pour des salaires
de misère ; et s’il leur venait l’idée d’aller protester auprès du patron
ce dernier peut toujours dans un élan citoyen composer le numéro de la
police pour dénoncer un dangereux clandestin qui séjourne illégalement sur
le territoire français.

Tout ce que l’on peut attendre de l’état c’est qu’il crève sous nos coups,
il n’y a rien à négocier avec lui. Ce que l’on obtient de lui, on le lui
arrache par une lutte âpre et sans compromis.

Les syndicats dans leur jeu apparent d’opposition avec l’état et le
capital, ne sont en fait que leur complice. Ils évitent que les luttes se
radicalisent, signent des accords avec l’état ou les patrons là où ceux
qui sont concernés par ces accords les refuseraient.  Il ne cherchent qu’a
maintenir leur maigres privilèges et leur petit pouvoir, et soutiennent de
fait les intérêts de la classe dominante.

Dans le cadre de la lutte des sans papiers pour leur régularisation, ils
se chargent de séparer ceux qui bossent et les autres, ceux qui peuvent
être productifs et ceux qui ne servent à rien. On a même vu la CGT à paris
envoyer ses nervis pour déloger des sans papiers qui occupaient la bourse
du travail, avec une brutalité qui n’a rien envier aux plus belles
opérations policières.

Ainsi ce n’est pas parce qu’elle a un travail qu’une personne mérite plus
qu’une autre des papiers. Et opérer la distinction entre les travailleurs
sans papiers et les autres, revient à recréer des hiérarchies chez ceux
qui ont peu. Ce genre de manipulation policière vise à instaurer une
compétition pour l’obtention des papiers entre les sans papiers, tout en
brisant la possibilité d’une lutte unitaire pour la régularisation de tout
les sans papiers.

C’est pour cela que nous appelons les sans papiers à s’organiser de
manière autonome en dehors de toute médiation de classe, et à mettre en
œuvre les moyens de luttes à même d’instaurer un rapport de force
conséquent avec l’état. Le blocage, l’occupation, le sabotage et l’action
directe sont considérés par les lois comme illégaux ; car ils ouvrent la
porte à des conflits durs et permettent d’infliger des dégâts concrets à
l’adversaire. La seule lutte qui paye c’est celle que l’on mène sans rien
lâcher.

Pour un société sans classes ni autorité
 Solidarité avec tout les sans papiers
Guerre à l’état et aux frontières  / Feu aux CRA , Feu aux comicos

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[Nanomonde] Pilotage des masses et des individus


Bonjour,

Voici l’éditorial et le sommaire du numéro 17 d’Aujourd¹hui le nanomonde²,
en ligne sur
http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=381

Merci de faire circuler,
Pièces et main d’oeuvre

***
Le présent a-t-il besoin de nous ?
En avril 2000, voici des âges de cela, le chercheur Bill Joy, co-fondateur
de Sun Microsystems, publiait dans Wired, mensuel américain le plus
technolâtre du monde, une mise en garde intitulée « Why the future doesn¹t
need us ». Il pointait les risques d¹emballement et d¹autoréplication en
particulier dans les bio et nanotechnologies, mais aussi l¹évincement
accéléré de l¹homme par un système d¹automatisation générale, dit de
« planète intelligente ».

Ce futur est déjà notre présent et nous sommes ici à l¹endroit idéal, dans
la technopole, pour l¹exposer. Outre leurs multiples applications
industrielles, les technologies convergentes (Nano-Bio-Info-Cogno) rendent
possible le pilotage cybernétique du monde, des masses et des individus,
grâce aux puces RFID. L¹asservissement se conjugue avec l¹évincement. La
société de contrainte s¹implante dans les cerveaux grâce aux nano-électrodes
de Clinatec. L¹industrie solaire prend son essor grâce aux capteurs
nanostructurés de Soitec et du CEA-Léti. La biologie de synthèse, la
fabrique du « vivant artificiel », est soutenue par Geneviève Fioraso,
ministre de la Recherche et de l¹enseignement supérieur, celle-là même qui
depuis vingt ans, avec ses partenaires de l¹écosystème local, a propulsé
Minatec et tous les projets techno-industriels grenoblois. Ces projets,
célébrés dans les rapports de Jean-Louis Beffa, grand patron du CAC40, et de
Christian Blanc, préfet et grand patron d¹entreprises publiques, ont suscité
la création des « pôles de compétitivité » et la politique de recherche et
développement depuis deux ou trois lustres. Jean-Louis Beffa étant
aujourd¹hui, selon Le Monde, l¹un de ces patrons « qui parlent à l¹oreille
de François Hollande ».

Il n¹a échappé à personne, durant les dernières campagnes électorales, que
« la réindustrialisation de la France » était la grande affaire du moment.
Celle-ci passe par « l¹innovation », c¹est-à-dire par cette accélération
technologique évoquée plus haut. Cette accélération a un prétexte : la
création d¹emplois, qu¹elle détruit par ailleurs. Elle a ses partisans : la
classe technocratique, la caste politico-médiatique, y compris les
progressistes du Front de Gauche et du Monde diplomatique, dont on lira ici
le sinistre plaidoyer en faveur des nécrotechnologies.

Elle a aussi ses opposants, dont les activistes radicaux, libertaires et
luddites, ne sont que la pointe émergée. Le grand nombre subit avec un
abattement et un désespoir croissants le progrès de la tyrannie
technologique. Les plus enthousiastes dans la soumission frénétique se
réveillent un jour, épuisés et dégoûtés. À nous de donner et de nommer les
raisons de cette opposition afin de la rendre consciente d¹elle-même.

Sommaire
p. 2 ­ Nano news
p. 3-6 ­ Actualités de la Planète intelligente
p. 7-8 ­ Intox nano et nano-toxicité
p. 9-10 ­ Nouvelles de Clinatec
p. 11-14 ­ Actualités de l¹acceptabilité
p.15 ­ Rubrique luddique
p. 16 – Librairie

***
A lire aussi, aux Editions l¹Echappée, Collection Négatif :

* Le téléphone portable, gadget de destruction massive, Pièces et main
d¹oeuvre (2008)
* Terreur et possession. Enquête sur la police des populations à l¹ère
technologique, Pièces et main d¹oeuvre (2008)
* RFID : la police totale ­ Puces intelligentes et mouchardage électronique,
Pièces et main d¹oeuvre (2008 ­ Nouvelle édition 2011)
* Aujourd¹hui le nanomonde ­ Nanotechnologies : un projet de société
totalitaire, Pièces et main d¹oeuvre (2008)
* Un siècle de progrès sans merci ­ Histoire, physique et XXe siècle, Jean
Druon (2009)
* A la recherche du nouvel ennemi ­ 2001-2025 : rudiments d¹histoire
contemporaine, Pièces et main d¹oeuvre (2009)
* Techno, le son de la technopole, Pièces et main d¹oeuvre (2011)
* Les Esperados ­ Une histoire des années 1970, suivi de Le troupeau par les
cornes, Yannick Blanc (2011)
* L¹industrie de la contrainte, Frédéric Gaillard & Pièces et main d¹oeuvre
(2011)
* Le soleil en face – Rapport sur les calamités de l’industrie solaire et
des prétendues énergies alternatives, Frédéric Gaillard (2012)

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Circulaire du 26.08″évacuations » des camps de Rroms

 »
Ministère de l’éducation nationale
Ministère des affaires sociales et de la santé
Ministère de l’égalité des territoires et du logement
Ministère de l’intérieur
Ministère du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du
dialogue social
CABINET
Le Ministre de l’éducation nationale
La Ministre des affaires sociales et de la santé
La Ministre de l’égalité des territoires et du logement
Le Ministre de l’intérieur
Le Ministre du travail, de l’emploi, de la formation
professionnelle et du dialogue social
La Ministre déléguée à la réussite éducative
La Ministre déléguée aux personnes handicapées et à
la lutte contre l’exclusion
à Messieurs les Préfets de région
Mesdames et messieurs les Préfets
CIRCULAIRE INTERMINISTERIELLE NOR INTK1233053C du 26/08/2012 relative à
l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des
campements illicites.

Date d’application : immédiate
Catégorie :

Résumé : La présente circulaire précise le cadre de l’action de l’Etat
dans le cas d’évacuations de
campements illicites, ainsi que le dispositif de coordination des
acteurs locaux à mettre en œuvre autour du Préfet.
L’action de l’Etat relative aux campements illicites s’inscrit dans le
respect des principes fondateurs de la République.
En premier lieu le respect des décisions de justice ne saurait être mis
en question. Il revient au préfet d’exécuter celles-ci, lorsqu’il est ordonné
par le juge qu’il soit mis fin, au besoin avec le concours de la
force publique, aux occupations illicites de terrains. Lorsque la
sécurité des personnes est mise en cause,
cette action doit être immédiate. Dans les deux situations, au-delà de
la responsabilité de l’État, il en va
des fondements même du contrat social dans notre Nation.
Il convient également, au regard de ces principes, d’assurer un
traitement égal et digne de toute personne
en situation de détresse sociale. Il vous incombe donc, en initiant le
travail le plus en amont de la décision
de justice qu’il est possible, de proposer des solutions
d’accompagnement en mobilisant prioritairement
les moyens de droit commun de chacun des partenaires. Cela suppose, dans
une logique d’anticipation et
d’individualisation, l’établissement, chaque fois que possible, d’un
diagnostic et la recherche de solutions
d’accompagnement, dans les différents domaines concourant à l’insertion
des personnes (scolarisation,
santé, emploi, logement/mise à l’abri…).
Vous pouvez être amenés à intervenir dans des situations d’installations
de personnes, réalisées sans droit
ni titre, sur des propriétés publiques ou privées, pour y constituer des
campements illégaux. La présente
circulaire, qui sera votre cadre de référence, a pour objectif de guider
votre action. Les dispositions qu’elle
recense constituent votre guide de référence. Votre responsabilité est
d’apprécier les situations locales pour
mettre en œuvre les principes de dignité et d’humanité en les partageant
avec les partenaires.
Il est rappelé au préalable que, dans certains cas, la situation au
regard de la sécurité des personnes, y
compris d’un point de vue sanitaire, peut imposer une action immédiate.
Plus fréquemment, lorsque le
propriétaire a obtenu une décision de justice prononçant l’expulsion des
occupants sans titre, il vous
appartient, lorsque cela est nécessaire, d’accorder le concours de la
force publique en vue de l’exécution de
cette décision juridictionnelle. De même, s’il apparaît à l’occasion de
ces opérations que certaines
personnes ne se trouvent pas dans une situation régulière au regard des
règles régissant le droit de séjour en
France, il vous appartient d’en tirer toutes les conséquences, selon le
droit commun. Enfin, le présent cadre
de référence ne peut en aucune manière être interprété comme faisant
obstacle à l’application de la loi
pénale.
Il appartient à l’ensemble des pouvoirs publics, et en particulier à
l’Etat, de se mobiliser de manière ciblée
et efficace pour que la réponse la plus adaptée soit apportée aux
situations humaines souvent très difficiles
qui se retrouvent dans ces campements.
Les différents services placés sous votre autorité doivent pour cela
anticiper les éventuelles évacuations et
mobiliser l’ensemble de leurs partenaires, collectivités territoriales
et associations. Les difficultés sociales,
sanitaires, scolaires, ou liées au logement doivent être
systématiquement examinées le plus en amont
possible et des solutions, temporaires ou durables, doivent être
recherchées, selon les modalités explicitées »

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[Le coup de vice c’est Maintenant] Déclaration des travailleurs sans papier

 1er septembre 2012

Nous tenons à remercier tous les participants à cette manifestation
demandant la
régularisation de tous les membres du Collectif TSP 37 .

Malgré le changement de gouvernement, notre situation n’a pas changé.

C’est même pire : rien qu’au cours de ce mois d’août, 5 d’entre nous ont
reçu des OQTF.

Une délégation du Collectif a été brièvement reçue par le député socialiste
Jean-Marie BEFFARA, que nous sommes allés voir pour qu’il nous précise,
comme les autres élus PS, la nature exacte du soutien du PS 37 au Collectif.

Sa réponse a été claire : les socialistes ne soutiennent pas le Collectif dans son
ensemble, mais ilsveilleront à ce que, dans le cadre de la future circulaire

du ministre, et uniquement dans ce cadre-là, les dossiers des membres du

Collectif soient réexaminés au cas par cas.

Le soutien du PS, c’est de veiller à l’application de la circulaire, rien
d’autre !
On se demande bien pourquoi le PS 37 et Jean-Patrick Gille, ont tenu à
faire partie de notre Comité de soutien !

Comme nous le disons dans notre Lettre Ouverte, nous sommes à la limite de
nos capacités de survie. Nous ne pouvons plus attendre.

Continuons la lutte ! On ne lâche rien de nos droits !

http://www.flickr.com/photos/jpgille/6898816310/
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Expulsion du CREA à Toulouse : 2 jours sous haute tension !


Mardi 28 août, 6h00 : plus de 200 agent-e-s des forces de l’ordre
puisé-es dans les différents corps de sécurité de l’Etat (Police,
Gendarmerie, CRS, CRS de Montagne, GIPN…) forcent l’entrée du centre
social autogéré. Quatre habitants se réfugient sur les toits pour faire
face à l’expulsion. Seul l’un d’entre eux est attaché mais au bout d’une
poutre à 22 mètres du sol.
Trois heures plus tard, après avoir été violentés (l’un tazé 5 fois)
ils se font descendre, tête la première, arrêter puis emmener en garde à
vue pour : outrage, rebellion et violence sur Agent de la Force
Publique.
Un an et demi après son ouverture, le bâtiment est saccagé, puis muré
jusqu’à nouvel ordre.
Les soutiens rassemblés à l’extérieur tentent de ralentir la fermeture
mais se font disperser à grand coup de matraques (plusieur-e-s
blessé-e-s légers).
Trois des camarades postés sur le toit sont maintenus en Garde à Vue
jusqu’en début de soirée, et finalement relâchés avec risque de
poursuites judiciaires.

La préfecture, sortant de son mutisme habituel, déclare dans un élan
mensonger sa volonté de prendre en compte les situations personnelles et
d’établir un dialogue avec les habitant-e-s du Centre Social Autogéré.
Tout au long de la journée, des actions sont menées en protestation et
en soutien, dans le centre-ville de Toulouse.
Le soir même, une assemblée d’urgence réunit plus de 200 personnes pour
organiser la suite du mouvement. Une manifestation de nuit s’organise
qui dénonce toutes les politiques d’expulsions (locatives, campements
stigmatisés Roms, déplacement des quartiers populaires mais aussi
d’étranger-e-s…). Au cours de la marche, le cortège prend de
l’ampleur. Les forces de l’ordre réagissent et tentent de mettre fin à
la manifestation en harcelant les participant-e-s, ils cherchent à
interpeller certaines personnes. Malgré la crainte de la violence
policière, le cortège continue et ne se dispersera que plus tard.
Profitant de ce moment, les forces de l’ordre frappent, fouillent et
contrôlent à tour de bras sans arriver à mettre la main sur les
personnes recherchées.

Le lendemain, toujours en réaction à cette expulsion mais aussi aux
déclarations mensongères de la Préfecture, le mouvement (pour la
Réquisition, l’Entraide et l’Autogestion) et ses soutiens décident
d’occuper l’antenne locale du Ministère des Affaires Sociales et de la
Santé, propriétaire du bâtiment expulsé : la Direction Régionale de la
Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale. Cette occupation a pour
but de faire remonter les revendications suivantes aux responsables de
la situation : la réouverture immédiate du CSA, la reconnaissance de
l’utilité des centre sociaux et du caractère mensonger du communiqué de
la Préfecture ainsi que l’arrêt de toute forme d’expulsion.
Le bâtiment est donc occupé par une soixantaine de personnes. La
directrice adjointe prétend accepter une rencontre tout en appelant le
cabinet du préfet. Alors que la délégation est reçue, les forces de
l’ordre se déploient et délogent le reste du rassemblement qui se
retrouve à l’extérieur. Le préfet donne l’ordre d’interrompre la réunion
tandis que des policiers « raccompagnent » la délégation. Bilan : deux
personnes blessées (7 points de suture au visage et une côte fêlée, sans
compter les nombreuses ecchymoses), cinq interpellations et aucune
solution proposée.
Quatre des personnes interpellées sont relâchées dans la soirée, dont
une avec une date de procès en poche, la cinquième sortira après 22h de
garde à vue.

Sans aucun doute, l’Etat ne lésine pas sur les moyens employés pour
remettre les gens à la rue, les réprimer, lorsqu’ils ou elles contestent
sa légitimité, et tente d’enfermer celleux qui pensent qu’il est une
partie du problème et non pas la solution. Confonté-e-s à la férocité
policière, que certain-e-s vivent quotidiennement, nous ne nous faisons
toujours aucune illusion sur les changements promis : coups de matraque,
arrestations, inculpations imaginaires, misères et injustices sociales.
Face à ces réalités, nous continuons de penser que quels que soient les
partis au pouvoir, les intérêts défendus sont ceux des riches et des
dominants. Nous les combattons en tant que tels. Seule-s l’organisation
collective, l’autogestion, l’entraide et le vivre ensemble nous
permettent de trouver les moyens de nous émanciper de la servitude du
travail, des rapports marchands et de toutes les formes d’emprisonnement
(prisons, sexisme, racisme, domination de classe…).

Nous exigeons dès à présent :

La réouverture du centre social autogéré

L’arrêt de toutes les expulsions (expulsions de squats, locatives,
des étrangers…)

L’arrêt immédiat des poursuites engagées contre des habitants du CSA
et des membres de la Campagne « Zéro personne à la rue »

La reconnaissance de l’utilité des centres sociaux autogérés

Le démenti officiel par la préfecture de la Haute-Garonne, les
ministère des Affaires Sociales et du Logement des mensonges relayés à
l’égard du CREA.

cp 28 et 29 ao__t contre l’expulsion du csa

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[De Toulouse à Tours] Des pizzas, du tofu et plus d’Etat du tout


Toulouse: Et même quand les keufs sont contre toi on reste vénèr’ et pas
tranquilles !
septembre 1st, 2012
Toulouse, août 2012

«Ah non ! Pas un énième communiqué, ça va on en a assez entendu sur le
CREA !». D’accord, le net et la presse abondent de fresh news sur cette
agitation toulousaine ces derniers jours. On avait quand même envie de
faire sortir quelques réactions et analyses, quelques ressentis et
opinions. De là où on est, sans trop de prétentions. On ne souhaite pas
représenter la voix de cette campagne de réquisitions, ni même une partie
de celle-ci. On est juste quelques potes qui se bougent depuis un p’tit
temps sur cette lutte, pas forcément depuis le début, pas forcément de
manière continue, et qu’ont envie de partager ces trucs là, provoquer des
discussions partout là où des situations similaires se sont produites… En
gros exprimer notre subjectivité radicale quoi !

Mardi 28 août au petit matin. Dispositif policier installé, une
quarantaine de personnes se regroupe petit à petit au plus près du lieu.
De là, on voit une partie du toit, où quatre personnes se sont déjà
réfugiées pour compliquer l’expulsion. Quand les soutiens débarquent, les
poulets sont déjà à l’intérieur. Le dispositif est conséquent, une grosse
partie du quartier est bouclée et grouille de condés, les bus sont
déroutés pour la journée, et un nombre hallucinant de corps de flics sont
représentés. Des camions de CRS, des gendarmes, dont des Mobiles qui
tiennent le périmètre, une brigade de montagne pour aller cueillir les
camarades perchés, des stups (??), des spécialistes des cambriolages
(???), la SDIG (anciennement Renseignements Généraux), des nationaux
lambda, les BACeux, les pompiers (quand ils collaborent aussi fort, on
appelle ça des kisdés aussi), et on en oublie sûrement…

Pendant deux heures environ, ça gueule, ça insulte les keufs, ça
embrouille les ouvriers qui viennent murer, ça tape sur les palissades, ça
chante Sexion d’Assaut, ça gueule contre la flicaille et les expulsions.
Le petit nombre ne permet pas aux soutiens d’avoir une grosse marge de
manoeuvre pour saper un peu l’énergie des bleus. Puis les camarades sur
leur toit sont rejoints par les decks spécialistes de la montagne. Au
début, ça négocie, puis d’un coup ça devient tendu, on voit le premier
occupant se faire interpeller, plaquer, et on entend ses cris quand il se
prend cinq coups de taser successifs. Deux autres se font encore choper,
«sans aucun souci pour leur sécurité» : personne n’est assuré sur le toit,
et les keufs en question se privent pas d’avoir des mouvements brusques.

Alors en bas, la rage monte d’un coup, et les soutiens se regroupent sur
le pont derrière eux, pour bloquer la circulation. Forcément, à trente sur
un pont, ça tient pas long et les CRS tardent pas à se ramener pour
débloquer la situation : aucune arrestation, mais ils se gênent pas pour
taper dans le tas d’une manière désordonnée : coups de latte, de bouclier
et de tonfas. Hématomes multiples et poignet cassé en conséquences.
Échauffourée rapide, et le groupe des soutiens se retrouve vite coupé en
deux ; le premier rejoint alors le centre-ville pour se disperser, en
laissant quelques traces sur son passage (poubelles renversées, tags :
«CREA expulsé bordel partout», «Inssurection»…). Mais la plupart des
soutiens retournent devant le CREA et restent encore un moment pour voir
le dernier occupant délogé. Lui ne sera pas arrêté, mais les trois autres,
en plus de se prendre des coups pendant leur descente des escaliers, sont
embarqués au poste fissa. Les trois sont accusés d’outrage et rébellion,
ainsi que de refus de signalisation (empreintes et ADN), deux d�entre eux,
ceux qui en ont bien sûr le plus pris plein la gueule sont aussi accusés
de violences sur deux decks qui ont trouvé un médecin pour leur prescrire
cinq jours d’ITT. Normal. Malgré la démonstration musclée et cette volonté
de mettre le rapport de force en leur faveur, la rage ne retombe pas
pendant le reste de la journée, et une dynamique spontanée de riposte
s’installe.

Face à cette expulsion , on avait pas envie de s’indigner, de retourner
tranquillement nous coucher, de déprimer toute la journée sur un canap’ en
soufflant, comme d’hab. C’est viscéral, pas moyen que ça passe sous
silence ,on voulait mettre la zone, que tout le monde le sache ! On a
commencé par se rejoindre dans l’hyper-centre bourge de la ville (Jean
Jaurès). Y’avait l’idée de bloquer plusieurs carrefours, alors on est
restés une demi-heure à faire chier les automobilistes avec nos tracts et
nos slogans, puis on est parti en direction d’Arnaud-Bernard en cortège en
bloquant la circulation, aucun keuf, il est midi, y’a un bouchon énorme
qui nous suit, on est contents. On reste pas longtemps sur le deuxième
rond-point, en voyant la BAC arriver. Après ça, ça a continué à tracter
toute l’après-m’. Le soir même on se réunit à 200 pour parler de ce matin,
embrasser les potes sortis du comico, se filer la patate pour la suite,
proposer, échanger… Mais vu qu’on est pas assez rassasiés de bordel, on
décide de partir en manif sauvage direct, on est un peu moins de 400 000,
genre 50 mais on est déter’ ! On commence par s’arrêter à un concert de
hippies sur Arnaud-Bernard, on leur taxe le micro, ça lit le communiqué du
jour, les gens sont attentifs et y’en a plusieurs qui nous rejoignent pour
continuer notre parcours freestyle. Ça gueule «Créa expulsé, guerre
sociale déclarée» ou encore «Ils expulsionnent, on réquisitionne», «PS,
UMP, la guerre aux pauvres c’est toute l’année», on a la rage, on se lâche
un peu comme on veut, on est là la nuit à empiéter sur leur territoire
hostile de bourges, plein centre, les gens en terrasse de luxe hallucinent
un peu on dirait. On est plutôt 70 maintenant et toujours pas de keufs. Ça
tague tout le long, «Squat ta ville» ; «Ici c’est vide» ; «Mort aux
bourgeois», «Nik la Bac» «La France tu l’aimes ou tu la brûles» «Flic
suicidé, à moitié pardonné» ; «Mairie collabo», «Anarchie toupar», etc. On
se marre bien quoi. Des DAB et leurs caméras sont aussi recouverts de
peinture. Des motards keufs et une caisse commencent à nous suivre, ils
ont le signalement de plusieurs personnes à choper, ça s’accélère, on
cherche un endroit pour se disperser, on revient sur nos pas avec l’envie
de pas ramener les porcs sur Arnaud-Benz, ils passent déjà assez de temps
à contrôler, arrêter, harceler les gens là-bas. On se disperse avant la
place en courant avec les keufs derrière. La balade aura duré une bonne
heure, personne ne s’est fait arrêter à part quelques contrôles avec
fouilles. On s’endort avec les gyrophares qui tournent dans la ville. Et
ça toute la night !

On décide le lendemain matin de mettre un peu d’agitation dans les locaux
de la Dauberie Régionale des Creuvards Sociaux et de la Jeunesse Suicidée
(DRJSCS), dépendance à Lousetou du proprio. L’idée étant de les embêter un
peu et d’obtenir un coup de tél’ au ministère depuis ce lieu VIP. Ça se
balade dans tous les étages, on visite avec la même euphorie douce que
lorsqu’on rentre la nuit dans un bat’ ou comme des gosses dans une fête
foraine. Au bout d’une demi heure on arrive à savoir qui a la sale tache
d’être au top de la hiérarchie et on décroche une réunion avec elle, où
dix personnes sont autorisées à ouvrir leur bouche. Ça traînaille, la
directrice adjointe nous balade, reçoit des milliards de coup de fil. On
saura plus tard qu’elle était en direct avec la pref’. Ggrrrr ! Pendant ce
temps là les kisdés se ramènent, SDIG et commissaire divisionnaire
commencent à venir nous faire leur blabla et nous imposer de faire comme
eux ils veulent. Rapidement ça devient un peu confus, des decks se massent
de plus en plus à l’extérieur et nous on est de moins en moins à
l’intérieur. On se donne la pêche en scandant des slogans à la hauteur du
sérieux de cette journée : «Des pizzas, du tofu et plus d’Etat du tout»,
«Des chatons, des minous et plus d’Etat du tout» ou encore «Non aux
expulsions».

Au final, des coups, des crânes ouverts, une personne embarquée sur
l’instant et nous de se disperser un peu maladroitement dans les abords de
cet immeuble immonde. Quelques minutes plus tard, c’est des BACeux qui
interpellent un des participants sur la route, télescopique à la main, ils
nous ordonnent de rester au loin et de ne surtout pas désarrêter. Dans un
autre coin, toujours au même moment, c’est trois clowns partis vers la
préf’ qui se verront interpellés et embarqués pour quelques heures au
frais sous les néons.

On garde un goût amer de cette matinée et comme une piqûre de rappel. Nous
rappeler que ces interlocuteurs, les institutions, nous la mettront
toujours à l’envers, sous de belles paroles galvaudées. Que quand bien
même on met les formes, on se place sur leur terrain, on utilise leurs
codes, on se fait bouffer parce que c’est comme ça qu’ils ont appris à se
relationner avec nous. Parce que c’est nos ennemis point barre ! Pendant
toute la durée du bras de fer institutionnel biaisé pré-expulsion, on a
tenté, de diverses façons de leur foutre la pression, d’obtenir des
réponses et des engagements. Toute cette énergie ne nous a rapporté que de
la fatigue, de la haine et de l’expérience en girouettomanie. Goût amer
aussi de se rendre compte une fois de plus des tactiques policières de
vouloir taper sur les têtes qui dépassent un tant soit peu, de tenter,
encore, de nous faire peur. La veille, au point de sortir les tasers sur
le toit. Ce jour, en usant de la matraque à tout-va. Les kisdés avaient en
vue des têtes bien précises (dont celles du soir précédent), et ont voulu
coûte que coûte embarquer et calmer. On sent que la préf’ perçoit un
rapport de force s’installer, et nous aussi, et elle tentera par tous les
moyens de maintenir sa position toute puissante. Mais blessures,
expulsions, hématomes et poursuites judiciaires ne sont que plus de
prétextes pour tout niquer, elle et ses potes n’ont pas fini d’en baver.

Ces actions immédiates et collectives montrent non seulement de nombreuses
volontés de réponses face à l’expulsion du CREA, mais surtout sont
révélatrices des dynamiques que le bâtiment abritait : activités diverses,
cours d’alphabétisation, mouvement de réquisitions, organisation de
rencontres et de festivals, campagne zéro personne à la rue, soirées de
soutien, etc. L’expulsion du CREA dépasse alors le simple fait qu’une
quarantaine de personnes se retrouvent sans logement, elle marque aussi la
fin d’un lieu autonome et autogestionnaire et où s’échangeaient des
pratiques et des savoirs. Le fait qu’autant de personnes se sentent
concernées et décident d’agir ensemble montre qu’en 16 mois le CREA a
permis la mise en place d’un socle commun offensif entre de nombreuses
personnes venant de nombreux horizons. Et c’est pour ça que l’Etat et ses
chiens de garde ont décidé de l’expulser : ne pas laisser les
indésirables, qu’illes soient pauvres, sans papiers, militants ou
marginaux, s’organiser entre elleux, sans son intervention, ne pas laisser
un rapport de force s’installer. Malgré tout, il semble, en vue des
réactions immédiates et nombreuses, que ce socle existe bien, et qu’il est
parti pour durer. Alors quoi, c’est bien d’écrire des communiqués de
soutien (dédicace à EELV, qui réussissent à mimer la colère, bien calés au
ministère), de s’indigner, de revendiquer. On trouverait quand même plus
intéressant que chacun puise dans ces évènements la force de mener des
actions collectives enragées, directes là où ille lutte, et que cette rage
qu’on peine à contenir chaque jour explose sous plein de formes, partout,
pour les faire trembler et s’essayer à respirer.

Tout pour toutes, pouvoir aux peuples, nique les dogmes.

[Publié le samedi 1er septembre 2012 sur Indymedia-Paris.]

Publié dans Liberté de circulation, Logement / Squat | Commentaires fermés sur [De Toulouse à Tours] Des pizzas, du tofu et plus d’Etat du tout

LETTRE OUVERTE A LA NOUVELLE MAJORITE ET AU GOUVERNEMENT « DU CHANGEMENT »


Par le Collectif des Travailleurs Sans Papiers d’Indre-et-Loire
(Collectif TSP 37)

Nous sommes étrangers, et, comme on dit « sans papiers », deux raisons qui
nous excluent du droit de vote. Mais c’est pourtant avec une grande
satisfaction que nous avons accueilli les résultats électoraux du 6 mai et
du 17 juin dernier. Le  sarkozysme était balayé, et du même coup la
politique d’hostilité systématique à l’égard des immigrés, avec ses
implications concrètes destructrices : refus de renouvellement de nos
titres de séjour et de nos autorisations de travail, mesures d’Obligations
de quitter le territoire (OQTF), arrestations, enfermement dans des «
centres de rétention », angoisse permanente de l’expulsion forcée, perte
de toute ressources, condamnation à la misère…

Notre Collectif s’est constitué le 12 juillet 2011. Son objectif est
simple : recouvrer nos titres de séjour et nos autorisations de travail.
Immédiatement s’est constitué un Comité de soutien, composé de 15
organisations (syndicats, associations de défense des droits humains et
partis politiques), qui partage notre objectif et
accompagne nos luttes. La liste de ces soutiens apparaît dans chacun de
nos tracts, et chacun a donc pu y lire le nom du Parti Socialiste
d’Indre-et-Loire, et celui du député socialiste Jean-Patrick Gille.

Aujourd’hui, le Président de la République est socialiste ; le
gouvernement de Jean-Marc Ayrault est socialiste ; le Ministre de
l’Intérieur est socialiste ; les élus socialistes sont en majorité au
Sénat et à l’Assemblée nationale…

ET POUR NOUS RIEN N’A CHANGÉ !

C’est même pire : rien qu’en août 2012, de nouvelles OQTF viennent d’être
délivrées à 5 d’entre nous ! Nous sommes à l’extrême limite de nos
capacités de survie. Les discours gouvernementaux continuent à fustiger le
« travail clandestin », alors qu’il est la conséquence d’une politique
hypocrite et perverse. Qu’on ne vienne pas nous dire que nos malheurs
prendront fin avec un changement de Préfet ! Ce que nous dénonçons se
retrouve dans tous les départements. Gouvernement et Ministre de
l’Intérieur entretiennent une inquiétude de plus en plus grande sur le
sort qui nous attend et les soi-disant « régularisations » par voie de
circulaire ministérielle.

C’est ici et maintenant qu’il faut que ça change ! C’est ici et maintenant
que nous avons besoin de savoir si le soutien affiché des socialistes
d’Indre-et-Loire à la régularisation des membres du Collectif TSP 37 peut
devenir effectif  ou non !

Le Collectif TSP 37
28 août 2012
Contact : 06 49 18 94 35

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