[Guerre Sociale en cours] Négociations et radicalisme


« Malgré de nombreuses tentatives pour dialoguer avec le ministère… »
jeudi 13 septembre 2012

Quelques réflexions sur le 260 rue des Pyrénées et le CREA

Dans ces quelques réflexions, nous aimerions discuter du 260 rue des
Pyrénées à Paris et du CREA à Toulouse, et à travers eux, des nouvelles
formes de lutte dans lesquelles certaines tendances du mouvement radical
s’engouffrent tête bêche, à travers la négociation avec l’ennemi
irréconciliable qu’est l’Etat, et la collaboration avec les partis,
organisations politiques et syndicats. Nous ne reviendrons pas en détail
ici sur la genèse et l’histoire de ces deux luttes, ni sur toutes les
manoeuvres politiciennes puisqu’un autre texte, dont nous partageons le
fond, s’est déjà chargé de le faire, un texte dont nous vous proposons de
lire la compilation avant de continuer ces quelques réflexions :
Toulouse/Paris : radicalisme de la misère, misère du radicalisme.

« Nous sommes déterminés à devenir le cauchemar du pouvoir tant que nous
n’aurons pas eu gain de cause. »

Ce ton menaçant, que l’on croirait tout droit sortir du marasme vindicatif
d’une foule en pleine effervescence insurrectionnelle, n’est en fait que
l’extrait d’un communiqué des habitants du 260 rue des Pyrénées.

Nous pourrions en citer tant d’autres que cela ne changerait rien à
l’affaire, la lutte autour de ce squat est quelque peu devenue
emblématique de ce double langage que l’on voit fleurir de façon de plus
en plus décomplexée sur les lèvres de la nouvelle gauche
extra-parlementaire, sorte de recyclage début-de-siècle de feu le
mouvement autonome. Une façon de s’exprimer en adéquation totale avec son
époque, dans laquelle les mots se détachent toujours plus de leur
signification et les idées de leurs implications pratiques concrètes.

Une époque exigeante pour les révolutionnaires, qui se retrouvent à devoir
départager dans les différents actes de révolte (en apparence du moins) le
spectacle des mots et des images de la véritable volonté de foutre en
l’air ce monde ; à devoir questionner les contenus là-même où des formes
rassurantes offrent des possibilités faciles de solidarisation rapide et
souvent virtuelle, mais toujours confortable. Une époque étourdissante où
même les pires syndicats de cogestion du capitalisme ferment les yeux sur
des saccages de préfectures et autres petites poussées de radicalité
purement formelle. Des formes qui de premier abord, semblent incompatibles
avec la volonté de conservation du statu quo social pour laquelle ils ont
toujours combattus les révoltes qui portaient en elles les germes d’une
quelconque remise en question de ce monde de domination, des luddites à
nos jours.

Mais la séparation du discours et de la pratique, véritable mode-de-vie du
politicien moyen (et on peut très bien faire de la politique avec des
moyens violents), ne pose pas uniquement la question de notre cohérence ou
de notre crédibilité (nous ne parlerons même pas de sincérité), elle
achève également la perte de sens généralisée qui caractérise le petit
milieux identitaire décomposé qui la véhicule depuis quelques années, à
l’image du monde qui le produit. Et si nous risquons désormais de tout
devoir recommencer à zéro, il serait temps de redonner un sens aux mots,
parce que c’est à travers eux que nous formulons nos hypothèses
révolutionnaires.

Le consortium de collectifs regroupés autour du 260, affirme : « Nous
avons trouvé une porte et posé nos bagages pour nous installer, créer un
lieu de vie, d’organisation et de lutte pour obtenir directement ce dont
nous avons besoin et pourrir ceux qui pourrissent notre vie au quotidien.
» (c’est nous qui soulignons). S’il y a des mots qui doivent encore avoir
une véritable signification dans nos bouches, alors directement en fait
bel et bien partie. Directement, c’est à dire sans la médiation de
quiconque, par soi-même. Le contraire absolu du principe d’autorité qui
voudrait tous nous voir soumis à ses règles. Qui voudrait nous forcer à
passer par des politiciens pour gérer notre environnement, des patrons
pour assurer notre subsistance, des syndicats et des flics ou des juges
pour medier nos conflits, des chefs pour nous dire que faire et des
directeurs de conscience pour penser. Seulement, le parcours de lutte du
260 n’apprend à ses participants que le contraire, il leur apprend que ce
que nous désirons peut s’obtenir auprès de l’Etat, et à travers la
négociation. Il leur apprend à réprimer leur désir de transformation
sociale profonde au profit de petits aménagements et déménagements, de
quelques miettes que l’Etat voudra bien offrir en échange de la paix
sociale et de l’ordre.

Soyons clairs, si le discours des habitants du 260 est en apparence tout
ce qu’il y a de plus radical et menaçant, les pratiques, elles, sont
celles du DAL et de toutes les organisations politiques citoyennistes :
Sollicitation d’élus de gauche, lobbying, fronts unis avec toutes les
crapules possibles du coté gauche de l’hémicycle, recherche de solutions
humanitaires, incapacité à relier les questions spécifiques à une
perspective subversive, fonctionnement interne autoritaire, nomination de
délégués et de porte-paroles, légalisme, tentatives de rapport de force
avec l’ennemi à travers ses outils intimes comme les médias, etc. Il ne
reste plus grand chose alors pour séparer ces ex-autonomes des partis,
organisations et des syndicats qu’ils combattaient auparavant, puisqu’ils
en reproduisent exactement toutes les méthodes ou presque. Errance à
laquelle on peut ajouter l’inconscience de penser que l’on peut battre les
politiciens en étant plus politiciens qu’eux. Pardonnez-nous donc
l’emphase, mais l’heure nous semble grave.

Qu’une poignée non-négligeable de bureaucrates habitués de ce genre de
manœuvres soient à l’origine de ces initiatives et au cœur du pouvoir à
l’intérieur de cette lutte, ne nous amène pas cependant, en tout cas pas
automatiquement, à remettre en cause la sincérité de tous les camarades
qui font le choix de cautionner ces méthodes en participant à la gestion
comme à l’agitation pacificatrice dans et autour de ce lieu. Probablement
que les nouveaux standards de l’époque doivent pousser chacun à réviser
son seuil de patience et de tolérance à l’égard de la recherche de
soi-même, malgré le mépris affiché pour tous les bilans de plus d’une
centaine d’années de gauchisme. Des bilans, des réflexions et une histoire
jetés dans la boue.

Le CREA, initiative équivalente à Toulouse qui ne ce cesse d’ailleurs de
renvoyer les clins deuils mutuels du 260, n’échappe absolument pas à cette
confusion marécageuse et à la perte générale de sens. Le discours est tout
aussi radical dans ses formes, mais tout aussi conservateur et réformiste
dans ses contenus. Et toutes les formes de gauchisme les plus autoritaires
et politiciennes y sont reproduites de façon anachronique. Du maoïsme sans
Mao à une resucée du Black Panther Party (la radicalité des pratiques en
moins et la collaboration avec l’Etat en plus). Anecdotiquement, mais pour
souligner la perte de sens dont nous parlions plus tôt, on revoit fleurir
des slogans effarants comme « pouvoir aux peuples », et qui plus est, pas
même un « peuple » uni et indivisible sous la bannière de la lutte des
classes comme le prolétariat des marxistes, mais des peuples au pluriel
dans une région où les nationalistes occitans de l’extrême-gauche à
l’extrême-droite répandent leur nausée identitaire. Nous savions bien
qu’avec la progression de nouvelles forme de misère et de pauvreté
viendrait la progression du populisme, sous les apparats du fascisme ou du
gauchisme (avec par exemple Melanchon et sa fascination pour les
dictatures sud-américaines), mais imaginer que la mouvance radicale
produirait elle-même son propre avatar du populisme ne manque pas de nous
surprendre, et surtout de nous inquiéter.

Et, si au fur et à mesure que se décompose le mouvement radical, les
solutions tactiques rapides sont préférées au nom de l’efficacité et en
dépit de toute la critique séculaire du réformisme et du gradualisme
social-démocrate, mais aussi du militantisme des partis et des syndicats,
nous osons espérer que cette évolution n’est pas achevée. Qu’il s’agit là
des tentatives désespérées de politiciens aguerris du mouvement que nous
ne connaissons que trop bien, et non pas de la nouvelle méthodologie dudit
mouvement. Car si c’était bien le cas, nous devrions alors affirmer notre
rupture avec ce mouvement, exactement comme nous avions affirmé (tous
ensembles cette fois) notre rupture avec la gauche du pouvoir, ses partis
et ses syndicats. Car si même les marxistes les plus idéologiques du
mouvement se mettent à violer les principes fondateurs de la lutte des
classes en collaborant ouvertement avec l’ennemi de classe, alors il ne
restera plus rien à sauver de tout ça, ce basculement étant intolérable
pour tout révolutionnaire qui se respecte un minimum. Dont acte.

Paris, le 12 septembre,

Quelques compagnons antipolitiques

http://www.non-fides.fr/?Malgre-de-nombreuses-tentatives

Publié dans Liberté de circulation, Logement / Squat | Commentaires fermés sur [Guerre Sociale en cours] Négociations et radicalisme

[Are you experienced] Lieu éducatif expérimental région centre


Nul n’aime tourner à vide, agir en robot, c’est-à-dire faire des actes,
se plier à des pensées qui sont inscrites dans des mécaniques auxquelles il
ne participe pas » (Célestin Freinet)*

On voudrait tous une société fondée sur les principes d’Egalité, d’Entraide
et de Liberté. Seulement, ces principes ne se décrètent pas le jour de nos
18 ans, ils s’apprennent, s’expérimentent, se pratiquent. Cette société ne
peut donc se faire sans accompagner les enfants dans leurs apprentissages,
leurs expérimentations, leurs pratiques. L’Enfance doit être prise en
compte aussi comme un âge de la vie à part entière, à vivre en tant que tel.

C’est dans cette idée que nous avons décidé de constituer le Groupe
d’Action Pour une Enfance en Liberté. Le G.A.P.E.L. se veut complémentaire
d’autres associations et organisations du mouvement d’Education Nouvelle
qui, aussi diversifiées soient-elles sur les plans théoriques et pratiques,
nous semblent travailler de manière constructive dans le même sens.

Nous considérons que le moyen le plus pertinent pour épauler les enfants
dans leur construction est de leur donner la possibilité de se retrouver
dans un lieu où ils pourraient vivre concrètement l’Egalité, l’Entraide et
la Liberté. Le choix de notre association est d’agir pour la mise en place
d’un lieu éducatif expérimental en région Centre. Ce lieu, qui prendra la
forme d’une structure de loisirs, fonctionnera ouvertement selon les
principes des pédagogies actives : participation active des enfants dans la
gestion de la structure, éducation centrée sur l’action et le tâtonnement
de l’enfant, bien-être et épanouissement de chacun.

Ce projet, en cours d’élaboration, a besoin de soutien ! Nous faisons le
choix aujourd’hui de ne pas demander de subvention, en effet nous voulons
croire en un financement solidaire. D’autres ont certainement tenté des
expériences du même type ailleurs, nous acceptons donc les conseils sans
modération. N’hésitez pas à nous contacter, même un petit mot
d’encouragement fait toujours plaisir !

gapel.asso@gmail.com

http://gapel.asso-web.com

Lisa Ledoux et Guillaume Rey

Le 13-09-2012


*G.A.P.E.L.*
12 Hameau de Faitin
18 110 Vignoux sous les Aix
gapel.asso@gmail.com

Publié dans Education, Environnement | Commentaires fermés sur [Are you experienced] Lieu éducatif expérimental région centre

[Bons Baisers du Maroc] Mail d’Abdeslam


Bonjour,

On vient d’apprendre hier que 6 jeunes du mouvement du 20 février ont
été condamnés à des peines de prisons fermes allant de 10 mois à 8mois. Je
ne peux exprimer ici l’étendue de mon dégoût face à ses simulacres de
procès, qui sont des procès politiques fait contre des militants
politiques réclamant de la dignité, de la liberté et de la justice
sociale. Il leur est reproché la participation à une manifestation
pacifique se déroulant dans le quartier populaire de Bernoussi à
Casablanca.

Un des détenus, Samir Bradley, est entré en gréve de la faim, avec refus de
rencontrer qui que ce soit tant que l’on aurait pas revu son jugement,
refusé de
rencontrer qui que ce soit revient à s’infliger une mort lente. Ce détenu
a témoigné
de sévices corporelles de tortures, celle tristement célèbre de la
bouteille dans
l’anus. Oui oui au Maroc existe encore ces pratiques.

Voila un article d’un blogueur marocain ayant suivie toute l’affaire:
http://www.larbi.org/post/2012/09/J-ai-vu-Condamner-des-innocents

Voici l’article du monde:
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2012/09/12/peines-de-prison-ferme-pour-des-militants-du-mouvement-du-20-fevrier-au-maroc_1759248_3212.html

Une campagne commence pour exiger leur libération, alors s’il vous plait
je vous
demande de prendre 5 minutes pour transmettre ses informations à vos
connaissances,
aux différents réseaux auxquels vous adhérez etc etc. Notre seul arme est de
communiquer sur ce sujet.

Merci d’avoir lu jusqu’au bout.

Abdeslam

Ziou Ziou Abdeslam  « Et ceux qui dansaient furent considérés comme fous
par ceux qui
ne pouvaient entendre la musique » F. Nietzsche

Publié dans Procès, Répression | Commentaires fermés sur [Bons Baisers du Maroc] Mail d’Abdeslam

La victoire est à nous

Retour sur l’ouverture et l’expulsion au 28-30 place de la victoire , du squat de la Victoire le 9 juin 2008

Ouverture le 9 juin 2008, par des gens et des associations

 

Cela faisait des années que les bâtiments étaient abandonnés, il n’aura fallut que quelques minutes pour le réhabiter

 

Extrait du journal créé pour l’occasion: Les Echos de la Victoire

 » 2000 logements vides, 2000 victoires possibles !

Sur Tours, la lutte pour le droit au logement est récurrente : bien que la mairie se targue d’avoir 35% de logements sociaux, des gens dorment à la rue. Depuis 2006, des militants du DAL et du CSDASP 37 (collectif de soutien aux Demandeurs d’Asile et Sans Papiers) menèrent une lutte pour demander la réquisition des logements vides : il y en aurait 2000 au dire même du Maire ! À de nombreuses reprises une tente rouge a été installée devant des bâtiments vides… Puis en octobre 2007, ils réquisitionnent un local au 244 rue Chevalier, où une 10aine de personnes sont hébergées. Ce lieu tient, en partie parce qu’il est éloigné de la ville (cachez ces pauvres que je ne saurais voir !) mais la place commence à manquer. Alors cet été la lutte s’est intensifiée et radicalisée, en voici un historique, tout à fait personnel.

Le 9 juin 2008 des sans logis accompagnés de militants du DAL ouvrent un lieu situé sur une place en plein centre ville de Tours : le 28/30 place de la Victoire (re)naît. Le bâtiment vide depuis au moins de 5 ans comporte, aux étages, des appartements avec salles de bains où il est possible de loger une dizaine de personnes, une grande pièce commune en rez de chaussée, et un ancien pressing en vitrine qui sera vite transformé en salle collective, acceuillant assos, collectifs et aussi expos et infokiosks. L’eau n’est pas coupée et avec quelques fusibles, l’électricité fonctinne !
Rapidement le lieu s’organise au sein du collectif de la Victoire, regroupant habitant-e-s & soutiens (collectif La rue meurt, Collectif de soutien aux Demandeurs d’Asile et Sans Papiers, Comité anti répression, Groupe sans voix sans visage de la Fédération anarchiste et des individus sans étiquette)  et lutte pour réclamer des logements pour tous, la réquisition des logements vides, le droit de vivre ici et maintenant sans barrières sociales ni culturelles. Désireux de s’organiser collectivement, de se prendre en main, sans hiérarchie ni aucune autre forme d’autorité, le Collectif de la Victoire a vite fait d’évincer le « responsable juridique du DAL de Tours » comme il aime tant à se nommer… Sans chef, la fête est plus folle !

La Victoire est à nous

Des activités se mettent en place dans le local, en plus des réunions des différents collectifs, des ateliers guitare, écriture hip hop, danse indienne, théâtre magique… voient le jour mais aussi des ateliers confection de banderolles, écriture de tracts et du journal Les Echos de la Victoire, préparation d’actions à l’extérieur (comme par exemple l’attaque du petit train par les pirates de la Victoire, il nous narguait aussi à défiler sur la place, promenant ses touristes !).
La situation géographique du lieu, hyper centre, nous est propice : beaucoup de monde passe aux permanences pour s’informer et pour apporter son soutien : des meubles (c’est l’époque des déménagements), des fringues, des sous, des adresses de locaux vides près de chez eux, de la bouffe, des histoires de vie… Le travail fait par rapport au voisinage est positif, les bars & resots prennent nos affiches, les commerçants sont en majorité peu hostiles à notre présence, et ceux qui le sont ne se manifesteront que le jour de l’expulsion ! Tous les weeks ends, il y a une brocante sur la place de la Victoire et les vendeurs nous donnent trop de trucs, au bout de 3 semaines, on dirait qu’on est installés depuis 3 ans !
Le WE avant l’expulsion, ils nous donneront même consciemment des planches, et autres choses improbables pour agrémenter notre barricade !
Sur cette place, on trouve aussi d’autres personnages, bien moins sympathiques, les flics, ils rôdent en permanence, ils attendent un faux pas de notre part, ne pouvant pas nous virer avant la décision de justice et ça les démange ! Ils sont présents à chacune de nos sorties, en nombre, bien supérieur au notre, nous tournent autour dès que nous nous installons notre camp convivial avec tables et canapés sur la place, mais il y a trop de monde et trop de visibilité pour une bavure! »

Deux bâtiments et une salle commune, qui permettaient d’héberger une dizaine de personnes, mais aussi un espace stratégique au coeur du Vieux Tours où se côtoyé les riverains, les sdf, les artistes, les associations  ou organisations politiques et les curieux.

La salle de réunion, de création, d’exposition et surtout de rencontre

 

Emission A Bout de Souffle, diffusé à la même époque : rencontre.

Reportage collectif de la victoire I

Tout au long de cette aventure des actions ont été menées contre la Mairie ( PS)

Reportage collectif de la victoire II

 

 

Extrait des Echos de la Victoire

« Justice de classe !

Nous serons restés 1 mois et demi dans ce lieu mais il nous a été difficile de nous organiser sur le long terme : la Justice de classe nous a perturbé la vie toutes les semaines, le jeudi, avec ses procès.
Au 1er procès du 4 juillet, nos contradicteurs, la S.A. La Tourangelle office d’HLM qui détient le 28/30 place de la Victoire, ont omis de verser certaines pièces au dossier : des actes de vente du lieu… Un début de soupçons s’installe, notre avocate demande un report.
Au 10 juillet, une nouvelle pièce est versée au dossier : un courriel d’un policier adressé à la présidente du tribunal jugeant l’occupation « illicite » et lui demandant de traiter l’affaire en priorité « pour que les services de police puissent plus efficacement gérer » les manifestations à suivre. Belle ingérence policière, non ? Au cours de l’audience, il apparaît : que l’adjointe au Maire, chargée de la question du logement est aussi vice-présidente de la société La Tourangelle : ça s’appelle être juge et partie ! Que La Tourangelle ne peut pas justifier de sa propriété sur le 28 : peux-t-on expulser quelqu’un d’un local dont on est pas propriétaire ? Et que La Tourangelle a acheté 2 fois le n°30, en 196 puis rebelote en 2003 : à qui profite ces transactions ? Le délibéré est attendu pour la semaine d’après.
Nos visites à la Mairie et à La Tourangelle se sont toutes faites accueillir à coup de vigiles ou de policiers, les différents partis de la majorité municipale n’ont pas répondu à nos demandes de prise de positions de leur part, et aucun des médias locaux ne s’est mouillé dans cette affaire manifeste de magouilles. Et la justice bourgeoise donne son verdict le 17 juillet : dehors les pauvres

Aux barricades :

Les derniers jours dans le lieu sont consacrés à l’installation des barricades, dedans et dehors, et au chahutage final de la mairie et de La Tourangelle, à coup d’envahissement de leurs locaux avec drapeaux noirs et pétards (ceux qui restent du 14 juillet bien sûr…). Les flics trépignent et rôdent de plus en plus souvent, tous leurs passages sont accompagnés d’un « A bas l’Etat, les flics et les patrons et les propriétaires ! » qui vient de loin !
Le 22 juillet à 9h du mat, n’en pouvant plus d’attendre de virer ces pirates, et prétextant donc un vol de matériel urbain (barrières de chantier et grilles héras, poubelles et plots : on ne fait pas de barricades avec du papier mâché non plus !), la BIVP défonce la vitrine et scie le rideau de fer intérieur, un quart d’heure avant l’arrivée de l’huissier annonçant l’expulsion « officielle ». une vingtaine de policiers nationaux et municipaux sont présents et jubilent, interdisant aux quelques soutiens présents de s’approcher (la place de la Victoire n’est plus une place publique pendant une opération de police), embarquant une camarade qui faisait des photos (elle aura droit à 1 baffe tout en étant menottée et 2h de garde à vue pour contrôle d’identité). Les 3 squatteurs sortent menottés également , l’un d’entre eux fait durer le plaisir en s’installant quelques temps sur le toit, puis ils sont emmenés au commissariat. Ils en sortiront au bout de 10h avec une peine de « rappel à la loi ». Pendant ce temps là, le lieu est vidé, nettoyé au kärcher et muré, en à peine 2h.

Squatt toujours !

Mais tous les squatteurs n’étaient pas en-barricadés au 28/30 Place de la Victoire, où sont-ils donc ? C’est ce qu’aimerait bien savoir les flics, qui mettent la pression en arrêtant à plusieurs reprises des camarades de la rue : de simples contrôles d’identités se finissent au poste en interrogatoires. Un flop ! Ils mettront une bonne semaine à nous retrouver (il faut donc arrêter de paranoïer en pensant qu’ils savent tout, qu’ils entendent tout, blabla…), alors que depuis la veille de l’expulsion, un autre lieu est investi : une maison de 2 étages avec une cour, parfaite pour accueillir les sans logis et le Collectif de la Victoire ! Le propriétaire est apparemment parti aux Etats-Unis depuis 10 ans, les voisins ont l’air sympathique, l’électricité a été remise, on s’attache à y remettre l’eau, les murs commencent à prendre des cours (rouge et noir), à nouveau la vie et la résistance s’installent. »

La Victoire, après un procès douteux sera expulsée le 21 juillet, mais l’aventure ne s’arretera pas là, car le jour même un autre squat sera ouvert: le Pied de Biche

reportage ministère des sans III

 

Après une mois et demi, les 28-30 place de la Victoire, se sont de nouveau vidés, menacés de destruction , il reste toujours dans le paysage de Vieux Tours.

La Victoire aujourd’hui

La Victoire rêve général

 

Publié dans Liberté de circulation, Logement / Squat | 2 commentaires

La perlouze de la semaine, par françois bluteau


Une grande perle de la presse locale ce matin, avec un article « cas
d’école », y’a tout ce qui faut dedans hein, qui reproduit des
amalgames (hé François Bluteau tu sais quoi? on peut être Rrom ET
Kossovard!!), qui fait la part belle au discours puant du pouvoir, ici
représenté par notre Arlette Bosch internationale, reine de
l’expulsion des squats et de la magouille immobilière en mode « oh, non
nous les Rroms on les a aidé, ça coûte cher d’ailleurs, trop,  mais on
peu avoir bonne conscience ».
Cette bonne conscience qui pue a douze bornes. Et qui permet de faire
des charters d’expulséEs. A gerber.
Une des familles qui vivaient au Pont Aux Oies, s’est faite expulser
aujourd’hui même, ce matin du 10 septembre à 9h30, de son logement à
Tours Nord.
Comme si ça intéressait les élus Pourris socialistes de Tours, et les
reporters locaux « ce que sont devenus les Rroms du Pont Aux Oies ».
Ras le cul de voir la presse locale, main dans la main avec cette
mairie de merde.

Valls est un pourri, Arlette Bosch aussi!
Redorer les blasons de toute cette petite clique de chienNEs galeux,
voilà le boulot de Bluteau.
François t’as jamais discuté de ta vie avec les Rroms du Pont aux
oies. Bouffe le ton article minable et laisse nous des psylos.
Un vénèr du bocal

http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/Economie-social/n/Contenus/Articles/2012/09/10/Que-sont-devenus-les-Roms-du-Pont-aux-Oies

Publié dans Liberté de circulation, Logement / Squat, Répression | Commentaires fermés sur La perlouze de la semaine, par françois bluteau

[Résistons Ensemble] Contre les violences policières,n°111

 

Bonjour,
Voici dans le texte le No 111, SEPTEMBRE 2012, du petit journal mobile
recto-verso A4
« RESISTONS ENSEMBLE » du réseau contre les violences policières et
sécuritaires.
Il est destiné à être photocopié et à être diffusé localement, si le journal
vous plaît. Vous êtes invitEes à participer à son élaboration, à sa
rédaction,
à se joindre à l’équipe de rédaction. Nous attendons vos contributions,
propositions, critiques …

à bientôt.
L’équipe de réaction

Pour télécharger ce bulletin mis en page au format pdf :
http://resistons.lautre.net/spip.php?article504

sommaire
‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘ ‘

– « La République vous rattrapera »

– [ R I P O S T E dans les quartiers populaires ]
Millau — Paris – Neuilly sur Marne — Grigny — Rouen
À Amiens, un contrôle routier très agressif

– [ C H R O N I Q U E D E L ‘A R B I T R A I R E ]
Chasse aux Rroms, Hollande dans les bottes de Sarkozy
« La frontière tue »
Un bébé «sans-papier» meurt à Mayotte
Triste bilan de l’été : 3 personnes mortes d’avoir croisé la police

– [ L A P R I S O N T U E ]
Y a pas qu’a la plage que ça chauffe !

– [ S U R L E V I F ]
Lyon : abus de pouvoir d’un policier et garde-à-vue abusive

– [ A G I R ]
Procès Sonja et Christian
Lyon sous surveillance
La campagne du CREA continue

RESISTONS ENSEMBLE / bulletin numéro 111 / Septembre 2012

**

Publié dans Journal/ Bulletin d'infos, Répression | Commentaires fermés sur [Résistons Ensemble] Contre les violences policières,n°111

[Bons Baisers d’Italie] Entends tu?

 

Entends-tu ?

Il n’existe pas d’échappatoire à la réalité. Cette réalité totale qui se
prétend définitive, et qui tente d’empêcher tout écart et toute déviation
du sens unique imposé par le pouvoir politique et économique. Cette
réalité qui ramène toute perspective aux tristes paraboles de
l’augmentation des budgets ou des sondages d’opinion. Cette réalité qui a
infesté chaque recoin de la vie avec des checkpoints et des caméras de
vidéosurveillance, des sirènes d’alarme et des limites de sécurité. Mais
ce monde misérable dont on ne peut s’évader est en train de se décomposer
sous nos yeux. Et quand l’air se remplit de tensions, il suffit d’une
petite étincelle pour provoquer une explosion. Voilà pourquoi l’Etat se
voit aujourd’hui contraint de réprimer quiconque vient à le contester, et
même parfois jusqu’à ceux qui osent à grand peine lui reprocher sa
mauvaise administration. Parce que chaque contestation, même la plus
banale, est une allumette qui s’enflamme.
Et aucun gouvernement, aucun parti n’est en mesure de contrôler le vent.

Si des ouvriers licenciés, des victimes de tremblement de terre déçues ou
des bergers affamés sont bastonnés, alors à quoi peuvent bien s’attendre
les ennemis de toute autorité, celles et ceux qui sont persuadés qu’il
existe un autre jeu au-delà de celui de la bourse, un autre regard au-delà
de celui policier, une autre vie au-delà de cette survie où chaque
individu annule sa propre singularité dans la valeur d’échange ? Et plus
encore, tous ceux qui ne pensent pouvoir savourer la vie qu’à travers la
destruction de ce monde scélérat ?

La réponse de l’Etat a été donnée une fois de plus le 13 juillet dernier,
avec l’opération Ardire, et par la suite avec de nouvelles enquêtes : des
dizaines d’anarchistes incarcérés, mis en examen et perquisitionnés. Un
avertissement pour tous, parce que les têtes doivent rester baissées, les
bouches bâillonnées et les yeux fermés. Mais c’est un avertissement que
nous suivrons jamais. Au milieu des prisonniers de ce monde, nous tirons
notre force de la non-participation, de la désertion, de l’abstention face
à toutes les obligations qu’ils nous invitent à respecter, et du conflit
permanent avec les institutions. Et nous continuerons à défendre que, si
on ne peut pas s’échapper de cette réalité, on peut cependant l’attaquer à
travers ses innombrables rides d’expression. Seuls ou en bonne compagnie,
de jour comme de nuit, par les faits et par les mots.
Vous entendez ? C’est le vent qui est en train de se lever…

“En vérité, il n’est pas indispensable de se sentir anarchiste pour être
séduit par l’ensemble des prochaines démolitions. Tous ceux que la société
flagelle dans l’intimité de leur être veulent d’instinct les revanches
aiguës. Mille institutions du vieux monde sont marquées d’un signe fatal.”
Pas besoin d’espérer de lointains jours meilleurs, nous connaissons un
mode sûr pour cueillir la joie dès maintenant : DETRUIRE PASSIONNEMENT !

[Traduit de l’italien, affiche qui tourne en Italie depuis mi-août 2012]

Publié dans Control | Commentaires fermés sur [Bons Baisers d’Italie] Entends tu?

[P Comme Pourris] Le cause toujours tourangeau

Bonjour,

Voici notre nouveau communiqué :
=====
La démocratie tourangelle du « Cause toujours ».
L’organisation syndicale CFDT du personnel de la mairie de Tours déplore
les « pratiques d’absence d’information, de dialogue, de transparence et
de concertation ». Il y a deux ans, nous regrettions les mêmes pratiques
quand la mairie avait décidé d’abattre des centaines d’arbres que le
tramway pouvait épargner, quand un pont aggravait les risques
d’inondation sur le quartier des Deux-Lions, quand il était encore
possible de corriger certains défauts du tramway. Il y a un an, nous
regrettions les mêmes pratiques qui ont amené la mairie à refuser
d’écouter l’opposition de la population à la sur-densification de la
ville et à la construction de tour près de la gare (dans l’enquête
publique sur le Plan Local d’Urbanisme). Cette année, nous regrettons
les mêmes pratiques de refus d’entendre des habitants se plaindre (au
Conseil de la Vie Locale Est) de l’insécurité consécutive à la mise en
double sens cycliste des rues Jolivet et de la Fuye. Et c’est
pareillement mal engagé pour la Passerelle Fournier. A chaque fois la
mairie s’entête et impose sa volonté. Nous ne sommes certes pas dans une
dictature locale, nous pouvons nous exprimer, mais le résultat est le
même dans cette démocratie du « Cause toujours ».
Liens :
– 2003 à 2012, historique du tramway sur notre site :
http://gareauxtours.fr/histo.html
– 2011, les tours de la gare et les risque d’inondation aux Deux Lions,
sur notre site : http://gareauxtours.fr
– 2011-2012, le site du Collectif Citoyen de la passerelle Fournier :
http://pressibus.orf/passerelle
– 29 août 2012, insécurité cycliste rues Jolivet et de la Fuye sur le
site d’Alain Beyrand : http://pressibus.org/blogcvl/velos/index.html
– 4 septembre 2012, article de La Nouvelle République sur le syndicat
CFDT de la mairie :
http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2012/09/04/Reorganisation-a-la-mairie-la-CFDT-reagit

=====

Le collectif Gare aux Tours
http://gareauxtours.fr

Publié dans Environnement, Gentrification | Commentaires fermés sur [P Comme Pourris] Le cause toujours tourangeau

Animaleries: l’envers du décor, une interview

Les animaleries prétendent mettre à la disposition des « animaux de
compagnie » dans des conditions dignes. En réalité, les animaux n’y sont
 que des marchandises, dont les « surplus » sont « détruits ».
Boycotter les animaleries est ainsi un acte relevant de la dignité la plus
fondamentale.
Voici, à titre d’illustration, quelques questions posées à une
personne qui a connu l’envers du décor. Elle a travaillé, il y a trois
ans de cela, pendant deux mois au sein de la chaîne T. Une chaîne très
connue, se voulant sérieuse, et pourtant même là les conditions sont
terribles. Cela en dit long sur la situation générale, qu’il ne s’agit
pas simplement de prétendre « améliorer » : c’est l’exploitation animale
 qu’il faut abolir.
Voici l’interview.
Quelle a été ta première impression lorsque tu as découvert ta condition de vendeuse
dans une animalerie ?
Les horreurs que j’ai vues là bas, additionnées à celles que l’on m’a
racontées sont d’une barbarie indescriptible. Lorsque j’ai ouvert les
yeux, au bout de quelques jours de travail, je me suis mise en tête de
collecter des preuves pour attaquer le magasin par la suite mais la
chaleur et ma tenue ne me permettaient pas de dissimuler appareil photo
ou micro.
Je me suis par la suite rendue dans un centre des droits des animaux à
Paris pour déposer mon témoignage et savoir si il y avait une démarche
possible mais bien entendu un témoignage sans preuve a bien peu de
valeur (sans compter que je suis tombée sur un welfariste qui utilisait
des mots comme « sensiblerie »).
Peux-tu nous expliquer quelles ont été les premières horreurs que tu as découvertes ?
Quelques exemples pour vous donner une idée : en premier lieu toutes
les « euthanasies-maison » ou meurtres sur les animaux invendables : un
oiseau au plumage abîmé s’est fait « dévisser » la tête, une souris
malade a été mise dans un sac plastique puis projetée contre les murs
(c’était la méthode appliquée aux petits rongeurs en général), tous les
matins les poissons morts (ça se compte en dizaines) devaient être
placés dans un congélateur pour des mesures d’hygiène, mais tous les
poissons malades ou avec des malformations y passaient vivants.
Voilà une petite description de ce qu’est T, mais il reste beaucoup à
dire. A plusieurs reprises j’ai adopté des poissons pour leur épargner
l’euthanasie, et j’ai trouvé des amis pour quelques rongeurs, mais la
quantité d’animaux tués par semaine est exorbitante, malgré la bonne
volonté de quelques vendeurs, tout le business était dirigé par des
sadiques.
En pratique, une animalerie est
 là pour se faire du bénéfice. Comment est-ce que cela marche pour la
mise en place des « marchandises » ?
Mon rôle pour la « mise en rayons » se limitait aux poissons mais en
gros les animaux sont livrés comme n’importe quelle marchandise : dans
des cartons.
Pour les poissons je sais qu’ils voyageaient des heures dans ces
boites, car ils venaient d’un énorme élevage industriel européen. Les
poissons tropicaux étaient dans du polystyrène expansé pour conserver la
chaleur, les autres simplement à même les cartons, dans des sacs.
Le plus hallucinant, c’est la concentration d’animaux par sacs et la
toute petite taille des sacs. Dès lors qu’un poisson est résistant, et
peu coûteux (comme le poisson rouge ), on le trouve dans des sacs de 30 à
50 poissons. Pour d’autres, comme les combattants, c’est une toute
petite boite par poisson, avec juste ce qu’il faut d’air pour survivre,
ni plus, ni moins.
Le même principe est appliqué aux petits rongeurs.
Les animaux ont-ils accès à un vétérinaire ? Les animaux très malades sont-ils
soignés ?
Un vétérinaire passe régulièrement, mais je vais vous raconter ce qui
me fait douter de l’intérêt de la démarche, et en profiter pour vous
demander de ne JAMAIS rapporter un animal à l’animalerie si vous n’en
voulez plus, mieux vaut encore le mettre au refuge.
Là ou je travaillais (je suppose que c’est pareil partout) pour des
raisons sanitaires, il était interdit de reprendre un animal. Dans les
cas ou quelqu’un venait rendre son animal, ce dernier était euthanasié.
Un matin nous avons eu un retour d’un lapin nain acheté la veille.
Une des vendeuse, consciente du sort réservé à l’animal s’est proposée
de l’adopter. Je suis partie déjeuner avec elle et à notre retour, la
vétérinaire était passée et avait piqué le lapin. J’étais choquée. A mon
sens un vétérinaire capable d’euthanasier un animal jeune et en pleine
santé a tout intérêt à se reconvertir dans la charcuterie.
Sinon de manière générale, les animaux de valeur sont soignés :
chiens, chats, lapins, furets, perroquets, certains poissons. Mais on
m’a clairement fait comprendre que pour les poissons à 1 euro, le
traitement coûte plus cher que la perte du poisson, il en va de même
pour les rongeurs peu coûteux comme rats et souris.
Parfois derrière les vitrines,
il y a des animaux visiblement malades et il y a des gens pour les
acheter ou monnayer de les récupérer, afin de les soigner. En cas
d’achat, cela revient à soutenir l’animalerie, aussi c’est très critiqué
 sur les forums pour animaux. C’est une vieille problématique, très
connue. As-tu été confronté à ce genre de situations, de la part de gens
 qui seraient venus te voir ?
Je n’ai pas été confrontée à la situation en tant que vendeuse mais
en tant qu’acheteuse. Je suis bien entendu pour un boycott total des
animaleries mais j’y ai trouvé il y a un an une petite rate à l’œil
blessé.
Ayant déjà été dans l’envers du décor je savais bien qu’elle était
condamnée. Je l’ai achetée (avec un prix bradé), soignée, et
honnêtement, malgré toute la contradiction que cela implique, quand je
la vois, pleine de vie et de santé, je ne regrette pas.
La nuit, y a-t-il des personnes
 pour surveiller si tout se passe bien, ou bien les animaux sont-ils en
quelque sorte livrés à eux-mêmes ?
De la fermeture à l’ouverture de l’animalerie, les animaux sont
livrés à eux même. On part le soir en sachant que la première chose à
faire le lendemain matin sera de collecter les morts, de les congeler,
de noter leur nombre.
Sur certains forums animaliers,
 il est fortement conseillé de ne pas acheter d’animaux en animalerie,
car ceux-ci sont en mauvaise santé physique et psychologique. Que
penses-tu de ces personnes qui prônent ainsi l’achat d’animaux « sains »
 chez des éleveurs « sérieux » ?
Je ne vois pas comment le principe même d’élevage pourrait être
éthique, une chienne, une lapine, une rate, n’importe laquelle de ces
mammifères ne devrait pas a avoir à consacrer sa vie en gestation pour
produire des portées. Tant qu’il y aura des animaux dans les refuges,
c’est là qu’il faudra adopter en priorité.
Quelle est ton impression sur
les bénéfices qu’amènent l’exploitation animale aux animaleries ?
S’agit-il pour toi d’un petit artisanat, comme cela en donne
l’impression, avec l’éleveur « sérieux » en apparence, etc., ou bien
d’une véritable industrie ?
Non, comme j’ai pu vous le décrire avec la livraison des poissons, il
s’agit d’une monumentale industrie, tournée vers l’hyper rentabilité,
avec un fournisseur unique, et si profitable qu’elle peut se permettre
des pertes impressionnantes plutôt que d’améliorer les soins des
animaux.
Imaginons que nous soyons
« welfaristes » et qu’on prône une « amélioration » des conditions de
« vente » des « marchandises. » Est-ce possible ou bien une totale
absurdité ?
Dans une animalerie comme dans un élevage, le paradoxe est le même.
Il y a énormément de choses qui pourraient améliorer la vie si misérable
de ces animaux. Mais plus leurs conditions de vies sembleront
acceptables, plus il sera difficile d’argumenter pour une fin de
l’exploitation.
Sans tenir compte de ce paradoxe, des choses toutes simples comme de
cesser de vendre des bocaux, véritables objets de torture (interdit dans
plusieurs pays d’Europe), fournir au minimum filtrage et chauffage pour
les poissons d’eau chaude, ne pas mettre ensemble des animaux
solitaires comme les hamsters russes (qui s’entre tuent littéralement
dans leurs cages). La listes de ce qui pourrait être mieux fait
tiendrait sur plusieurs pages.
Une personne végane ne peut
logiquement pas travailler en animalerie. Dans quelle mesure les gens
travaillant dans un autre rayon, comme la jardinerie, sont-ils au
courant de ce qui se passe ? Peut-on accepter de travailler pour
l’enseigne ou objectivement ce serait de l’hypocrisie ?
Honnêtement j’ai moi même appris beaucoup de chose de la bouche de
mes collègues, et dans une si grande surface, avec de la clientèle tout
le temps, on voit peu ce qui se passe à côté. Il est probable que les
employés de la jardinerie n’aient pas la moindre idée de ce qui se passe
en animalerie, si personne ne leur en parle.
D’autre part, pour l’avoir vécu, l’omniprésence de la mort dans les
animaleries est si choquante qu’elle peut sans doute rendre insensible,
j’ai moi même mis beaucoup de temps à vraiment réaliser l’énormité de ce
que j’avais vu, j’en ai véritablement déprimé un mois après, me
reprochant de ne pas avoir démissionné dès la première semaine. Il
faudrait d’une manière ou d’une autre faire un appel à ouvrir les yeux
pour les employés de ces magasins.
Ce qui s’y passe n’est ni « normal », ni légal.
A ton avis, pourquoi est-ce que des gens viennent acheter en animalerie, au lieu
d’adopter ?
L’animal « de compagnie » est devenu un objet de consommation comme
un autre, qui subit lui aussi la règle du « tout, tout de suite ».
La clientèle veut un animal jeune, elle veut pouvoir le choisir au
milieu des autres, et je crois aussi qu’il y a l’envie d’un animal
« neuf », qui n’a encore jamais été « utilisé » par personne, dont on
choisit le nom. Évidemment tout ça fait froid dans le dos.
Selon toi, les gens qui viennent acheter ont-ils conscience de l’envers du décor ?
Non, je ne pense pas. La seule chose qui soit soignée dans les
animaleries, ce sont les vitrines, c’est très bien fait, on ne vous
laisse voir que les animaux sains, dans des environnements qui
paraissent propres.
Même quand on est engagé pour la libération animale et qu’on sait
comment est cette industrie, on ne peut pas imaginer la barbarie de ce
que j’ai vu, c’est pour ça que je tenais à vous écrire sur le sujet.
Comme tu l’as constaté, il est
pratiquement impossible d’attaquer juridiquement une animalerie, et
encore plus si c’est une chaîne.
Normalement, il faut un témoignage écrit et signé remis à la Directions
Départementales des Services Vétérinaires du département. Mais
évidemment rien n’est fait, et dans le meilleur des cas la DDSV
intervient pour assassiner les animaux.
Même avec des
photographies ou des enregistrements vidéos, il n’y a rien à faire… à
part en appeler à l’opinion publique, pour la soulever. A ton avis,
est-ce faisable ?
Il y a sans doute quelque chose à faire, être végan, c’est aussi vouloir agir et
répandre les informations.
Cela mériterait bien une campagne de sensibilisation, portée par des
témoignages comme le mien (il doit y en avoir beaucoup d’autres), ça
serait l’occasion aussi de mettre en avant les refuges. Une fois qu’on a
compris qu’acheter en animalerie, c’est alimenter un réseau
d’exploitation meurtrier, alors qu’adopter, c’est sauver une vie et
soutenir des associations qui vivent pour les animaux, comment choisir
l’un au lieu de l’autre ?
http://laterredabord.fr/

Publié dans Libération animale | Commentaires fermés sur Animaleries: l’envers du décor, une interview

Pour que l’antispécisme soit porteur de sens !

http://pantheresenragees.org/page/3/

Notre lutte est porteuse de sens pour l’ensemble de la société, elle n’est
pas simplement la modification d’un régime alimentaire. C’est ainsi
qu’elle est révolutionnaire, s’attaquant à la société toute entière.

Penser notre rapport aux animaux apporte du sens dans notre rapport à
l’autre, à celui qui est différent, et pourtant nous éclaire de sa
différence sur qui nous sommes. La base de la société spéciste est
d’exclure pour se définir : Nous sommes humains, c’est à dire que « nous
ne sommes pas des animaux ». Nous avons le pouvoir donc nous sommes !
L’homme se définit ensuite par rapport à la femme, à l’étranger, aux
pauvres etc.
Le pouvoir est au centre de la définition de l’humanité, le
capitalisme dans toute son horreur n’est qu’une modalité de son
expression, sans véritable révolution toute alternative tournera
toujours autour ce rapport de pouvoir et d’exclusion.
La lutte antispéciste, si elle se veut révolutionnaire, va et doit
troubler. Remettre en cause notre rapport aux animaux, c’est remettre en
cause une longue chaine d’exploitation.
Si l’on considère l’animal alors on doit considérer toutes les
différences. On ne doit plus exclure au nom de la normalité :
Folie, homosexualité, cultures  …
Toute lutte révolutionnaire trouble notre conception du monde et
reformule les questions : Comment doit se définir l’humanité si ce n’est
plus autour des questions de pouvoir et d’exclusion ?
Selon nous, l’être humain ne doit plus se concevoir comme le maitre
de la planète, il doit abandonner son fantasme de toute puissance pour
se réinscrire dans son état, celui d’un animal vivant sur terre, sans
plus de droit que les autres animaux. Mais sa colonisation du monde
l’oblige à réparer son impact désastreux.
L’espèce humaine ne doit plus se donner droit de vie et de mort sur
les animaux, elle n’a aucun droit à les utiliser comme des objets et le
devoir de les considérer à leur juste mesure.
L’être humain doit s’émanciper par rapport au monde absurde qu’il a
construit, il doit redonner du sens à sa place sur terre par rapport aux
animaux (non humains) et à son rôle social vis à vis de ses congénères.
L’antispécisme révolutionnaire libère l’humain de la religion de
l’humanité, il lui demande de s’inscrire et de donner du sens à son
existence. L’homme blanc hétérosexuel a fait son temps. L’humanité doit
se donner la liberté de créer !
Et rendre la liberté à ces animaux non-humains libres que l’homme, se
voyant comme un dieu, a voulu enchaîner, torturer, et tuer. Il les a
voulus à son image.

Publié dans Libération animale | Commentaires fermés sur Pour que l’antispécisme soit porteur de sens !