[Bons Baisers de Tunis] Dégage ! Dégage!

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[ Thanks for the future] Sursis pour Thanks For The Future

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Depuis septembre dernier, la Mairie de Tours par le biais de la Sémivit a décidé de mettre le lieu collectif « Thanks For the Future » en procédure d’expulsion.

Trois procès ont finalement abouti à la décision fin janvier, d’une
expulsion quasi-immédiate (sous délai d’une semaine). Nous
étions préparés et organisés à l’arrivée imminente des forces de
l’ordre, mais un sursis nous a été octroyé le temps de re-juger
l’affaire en appel.  

Ce lieu de vie, d’habitat et de lutte, autonome et ouvert sur la ville, s’inscrit
dans une histoire de plusieurs squats ouverts à Tours. La mairie rêve de se débarrasser de toutes ces formes de vie et de lutte incompatibles avec son projet d’une ville
aseptisée. La  friche industrielle que nous occupons et partageons
également avec le Projet244, est destinée à être rayée de la carte pour laisser place à
un « mégaprojet » immobilier.
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Les différents lieux que nous avons ouverts jusque là, ont tous été
saccagés par la mairie. En nous interdisant toute positivité, toute
possibilité de lutter contre les loyers trop chers, de vivre comme
nous l’entendons, le pouvoir cherche à nous isoler et à contenir
toutes formes de solidarité qui lui échappent. Expulser,
enfermer, réprimer sont les seules réponses que le pouvoir peut nous
apporter…

La résistance s’organise ! Les habitants de la Maison invitent à venir
prendre part à cette lutte : Solidarité matérielle, technique,
poétique, politique,… à venir s’installer, barricader, proposer
des activités, des actions…

Parcequ’ils s’invitent chez nous, et qu’ils viennent pour tout
détruire…
Nous allonsnous inviter à notre tour, dans leurs espaces…

L’ordre d’expulsion est pour l’instant suspendu jusqu’au 19 février,
mais nous ne comptons pas nous laisser faire.
 
Samedi 16 février Concert : « Du son contre les expulsions ! »
à 21h  au244 rue Auguste Chevallier, Tours

thanksforthefuture@yahoo.fr
mediatours.noblogs.org

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[Thanks for the future] Retour en images et sons

 

Alors que le tribunal d’instance de Tours avait statué l’expulsion sous 7 jours du Squat Thanks for the Future, la cours d’appel d’Orléans suspend  l’expulsion jusqu’au délibéré qui aura lieu le 19 Février….

 

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Retour sur la manifestation contre les expulsions de Mercredi

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2013-02-06 19.19.21

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[La ZAD est partout!] Notre Dame des Landes…encore!

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C’est où, ce bled là ? C’est pas dans le Loir-et-Cher. C’est loin, à
350 km du pré où nous broutons.
C’est pas aussi loin que le Mali qui , du temps des colonies, s’appelait
Soudan, sauf la capitale qui n’a pas changé de nom.
Avez-vous entendu parler de la ligne TGV Lyon-Turin qui ne
dessert pas le Loir-et-Cher ? La construction de l’EPR et d’ ITER, ça
vous dit quelque chose ? Pas plus que le projet d’une deuxième sortie
d’autoroute pour Blois, avec bétonnage de terres agricoles en perspective.
Et ces fous qui réclament un aéroport international dans le Loir-et-Cher
à Chambord, pour lequel ils ont même trouvé un nom : Aéroport
François I (ou I I , en pensant à not’ bon président)

C’est beau, le productivisme et le redressement économique et politique de
ce beau pays, qui porte haut au travers de l’Afrique « notre » drapeau
tricolore.
‘ Et si quelqu’un venait à y toucher,à y toucher nous serions là pour
mourir à ses pieds, et à ses pieds ‘… Des armes, du béton et des chansons
: nous vous l’avions bien dit que c’était une bonne guerre qu’ i l nous
faut !

Et NDDL (Notre-Dame-Des-Landes) ? Est- ce juste une question d’aéroport
inutile de plus, un sac de magouilles entre le bétonneur Vinci et le PS ?
Comme à la joyeuse époque du financement du PS par les bureaux d’études
bidon type ‘Urba ‘ , pendant que les valises de billets envahissaient la
mairie de Paris avec Chirac.

C’est quand même beau, la corruption et le productivisme, avec tous ces
ronds-points sur nos routes, jackpot des entreprises du BTP, financés par
les politiques, de droite comme de gauche.

La corruption et les travaux nuisibles ne sont pas une fatalité et à ce
titre, NDDL est en première ligne. Ceux de la ZAD (Zone à Défendre) ont
fait le choix de vivre sur l’emplacement choisi par les politiques pour
construire un aéroport international sur 1 650 ha (*) de terres agricoles.
Ils ont clairement exprimé leur détermination. Les habitants de la
ZAD (Zadistes) ont déjà payé un lourd tribu face à la répression militaire
et policière : plus d’une centaine de blessés et des militants en prison
avec des dizaines de procès sur le gaz.

Ne nous y trompons pas : si quelques centaines de Zadistes n’avaient pas
fait le choix de résister physiquement aux opérations militaires de la
gendarmerie, plus personne ne parlerait de NDDL et de son aéroport.
L’enjeu dépasse largement le simple cas de ce projet nuisible et
pharaonique. Les Zadistes se battent, pour nous autant que pour eux.

C’est, à notre connaissance, la première fois que s’exprime aussi
clairement et aussi massivement le refus de cette société productiviste
et de son monde.

Nous ne nous faisons pas d’ illusion sur les partis politiques et les
syndicats globalement silencieux sur ce qui se déroule près de Nantes. I ls
ont tous approuvé le projet de bétonner plus de 1 000 ha (*) de
terres agricoles. Il faut bien qu’ ils assument la répression policière et
son cortège de blessés et d’embastillés.

Jusqu’au premier mort ? Cette bataille de NDDL peut être le prélude
à une autre façon de vivre ensemble si elle aboutit à un retrait définitif
de ce projet nuisible.

Dans le cas contraire, si les forces coalisées du productivisme imposaient
par la violence et l’arbitraire cet aéroport, les perspectives de
résister, même sur de petits sujets, deviendraient vite très difficiles.
C’est ce qui se joue à NDDL !

Personne n’a décrété que cette bataille était plus importante que
toutes les autres. C’est le pouvoir, en mobilisant plus de 3000 gendarmes
et policiers, en utilisant des hélicoptères et des armes de guerre
comme les grenades de désencerclement, qui en a fait une
ligne de front.

Les déclarations du Premier Sinistre, ancien maire de Nantes, et de son
Sinistre de l’ Intérieur, confirment que c’est là que va se jouer la
crédibilité de ce gouvernement ; et après la phase enfumage d’une énième
commission- bidon, nous allons voir revenir en
force les grenades lacrymogènes et le bruit des bottes de l’armée des
gendarmes-militaires.

Qu’on le veuille ou non, ce qui se déroule sur ces 2000 ha (*) de terres
humides agricoles dépasse, de loin, l’enjeu d’un aéroport de plus ou en
moins.

Nous ne lâcherons rien jusqu’au retrait définitif de ce projet !

LES AMIS DE L’ÉGALITÉ

( *) C’est fou ce que les chiffres
peuvent être élastiques !

www.lesamisdelegalite.org lesamisdelegalite@free.fr

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[Scientifreaks] Rencontre Cédric Biagini

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La librairie Le livre vous invite  le vendredi 15 février à 20 heures
à une rencontre avec Cédric Biagini à l’occasion de la parution aux éditions de L’échappée de L’emprise numérique Comment internet et les nouvelles technologies ont colonisé nos vies

Cartable électronique, cloud, e-book, Twitter, tablette tactile, Facebook,
Smartphone, big data… Le déferlement technologique bouleverse notre
rapport au monde, aux autres et à nous-mêmes. Les nouvelles technologies
donnent l’illusion de la toute-puissance : transparence, accès
immédiat à une infinité de connaissances et de produits culturels,
démultiplication des contacts et des échanges, accélération, etc.

Multinationales du high-tech, start-ups ou hacktivistes, tous prétendent
construire un monde sans conflit dans lequel les humains communieraient
ensemble grâce à leurs machines magiques, affranchis de toutes contraintes
et limites (temporelles, spatiales, relationnelles, corporelles), dans une
société fondée sur la fluidité et l’instantanéité des échanges, organisée
sur le modèle du réseau informatique : une forme de marché idéal.
L’utopie libérale se réalise grâce à la révolution numérique en cours.

Les nouvelles technologies recomposent le monde selon leur propre logique,
celle de la performance et de l’efficacité. Elles renforcent le règne de
la compétition et l’exigence d’aller toujours plus vite, de se mobiliser
intégralement pour son entreprise et sur les « réseaux
sociaux », d’être capable de s’adapter à toutes les évolutions
technoculturelles, sous peine d’être exclu. L’homme numérique croit avoir
trouvé l’autonomie en se débarrassant des pesanteurs du vieux monde
matériel. « Enfin libre ! », dit-il, alors qu’au
contraire, il dépend de plus en plus de dispositifs technoscientifiques.
Pour rester dans la course et tenter de maîtriser un réel qui lui échappe,
il multiplie les machines. Mais ce sont elles qui désormais le possèdent.

Cédric Biagini anime les éditions de l’échappée. Il écrit dans les
journaux La décroissance et Offensive. Il est coauteur de la Tyrannie
technologique Critique de la société numérique. (L’échappée, 2007)

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[TouristActiviste] Tourangeau : le poireau fait gresiller la flamme

La Touristactiviste a agité le poireaux dans les rues de Tours.

clowns
À la Surprise générale, et de la brigade elle même, une bande de clowns a
exhibé son poireau dans les rues de Tours dans la nuit de ce samedi 26
Janvier  2013.

Une bande constituant une risible brigade de clowns a déferlé de la rue
Colbert, jusqu’à la place Plumereau, arborant fièrement, le soit-disant
poireau Tourangeau. Illes ont scandé de mystérieux slogans  :  » Le
Poireau, Tourangeau, c’est vraiment le, plus beau !  »  ou encore ;  »
FierEs d’être FierEs,, du Poireau Tourangeau !  »  (Il paraît même qu’il y
eut quelques dissidentEs dans le rang pour revendiquer la fierté du
poivrot tourangeau !).

La foule mi-compatissante mi-hilare mi-interrogative mi-complice,
accueillit par des applaudissements et des sourires, ces braves clowns
bariolés tentant de trouver une cadence au pas martial et burlesque. Car,
c’est bien la bravoure qui permit à ces braves clowns de s’épanouir dans
la vénération du poireau tourangeau !

Parallèlement à cette action de grande classe, en ce Samedi 26 Janvier
2013, des identitaires Tourangeaux, fraichement issu de Vox Populi,
étaient aussi de sortie ce même soir. Eux aussi tenaient à être fiers, et
avaient arboré un peu plus tôt de fiers flambeaux tourangeaux.
Malheureusement, l’engouement clownesque pour le poireau tourangeau ne fût
pas du goût des adorateurs de la flamme.
Pour les piliers fachos du bar « L’épée Royale », l’enlisement comique et
obstiné de la Toursistactiviste sur la place de la consommation (place
Plumereau), perturba leur serénité.

Manifestement déboutés de leurs aisances, une bonne quinzaine de
supporters d’un éventuel troisième conflit mondial, se ruèrent sur la
brochette de clowns. Plusieurs d’entre eux confondirent les clowns avec
des « pédés » et suggéraient qu’il valaient mieux pour eux qu’ils
« circulent » (prestement). D’après eux ces clowneries étaient avilissantes
à leur endroit. L’un de ces fachos, voulu établir un contact plus physique
avec l’un des mâles clowns de la brigade, bien que celui-ci se défendit de
tant d’égard.

Seule, une femme sortit d’un commerce voisin pour s’interposer, prenant la
défense de la brigade ! Les fachos encensèrent bruyamment son courage et
sa prise de position par des paroles reflétant leur conception de la gente
féminine : de gros « sale Pute ! » à « Va te faire engrosser par les Italiens
! ».

Dans la foulée, les fachos frétillants tentèrent d’engager une rixe avec
les clowns de sexe masculin. Tant d’agitations violentes engendra une
relative zizanie parmi les clowns, perdant pour partie leur rire du coeur
; mais les provocations furent vaines. À défaut les fachos hurlèrent :
« Fierté ! Identité ! « . Les clowns repartirent ne comprenant pas tant de
haine de la part de gens qui scandaient les mêmes slogans que les leurs.

Ils décidèrent un peu plus loin d’accorder un répit bien mérité à leurs
poireaux défraichis par tant d’émotions, satisfaits d’avoir défendu
l’origine guère contrôlée du légume tourangeau.

Cette sortie clownesque est prometteuse de farces futures ! D’ailleurs dès
le lendemain, la brigade refaite s’en est allée recruter dans les rues de
Tours des volontaires pour la seule armée pacifique du monde, l’armée des
clowns !

L’armée recrute ? voyez avec la Touristactiviste !

Contact : rionsdetours@hotmail.fr

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[SolidaritéS] Avec les Artistes de Thanks for the future !

 

Contre l’expulsion de la maison Thanks For the Future et la collaboration des artistes officiels;

Si l’art est dans la rue…

merci pour le futur2-1

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[Thanks for the futur]Sur les ondes

vers 4 minutes 50:
http://official.fm/tracks/IoC6

Thanks to XR

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THANKS FOR THE FUTURE EXPULSé LES LUTTES CONTINUENT

La justice a tranché sans surprise. Elle ordonne l’expulsion du squat THANKS FOR THE FUTURE. C’est toujours le même fondement qui est invoqué : le droit de propriété. Nos camarades sont des « occupant sans titre ». Ainsi, l’Etat peut les jeter à la rue et faire appel aux  »forces de l’ordre » pour exécuter cette décision.

Encore une fois, le droit de propriété a prévalu sur la vie humaine. Cela sous couvert de l’Etat de droit. Celui-ci est à géométrie variable. D’un côté, il défend le droit de propriété et de l’autre, il laisse des milliers de personnes à la rue ou les héberge bien souvent dans des conditions effroyables. Or ce même Etat est juridiquement obligé d’héberger dans des conditions décentes lesdites personnes. Il peut réquisitionner des logements lorsque des gens n’ont pas de toit. Tout cela, il ne le fait pas, faute d’argent nous dit-il, pour éviter « l’appel d’air », argumente-t-il.

En tout cas, il démontre, s’il en était encore besoin, qu’il a toujours des moyens pour réprimer, condamner, expulser ; par contre, il ne s’en donne pas – ou très peu – lorsqu’il s’agit de faire respecter les droits sociaux des plus démunies.

Mais les squatteurs du THANKS FOR THE FUTURE ont commis une seconde faute : ils luttent, s’expriment politiquement et imaginent d’autres formes d’organisation sociale. C’est sans doute ça qui est le plus inacceptable pour les tenants du pouvoir. Des squats, il y en a plusieurs à Tours comme dans beaucoup de villes. Bon nombre relèvent du système D. Leurs occupants ne font pas de bruit, ne revendiquent rien. De fait, ils sont tolérés tant que les voisins ne se plaignent pas. Ils le sont d’autant plus que ces « occupations illégales » permettent d’alléger la pression que connaissent les services sociaux en matière d’hébergement.

Le droit de propriété est donc instrumentalisé par les élus, la justice et l’ensemble de l’appareil d’Etat pour faire taire toute contestation, toute opposition, toute forme de vie alternative : l’être humain revient au centre de l’organisation sociale afin d’en finir avec cette société qui n’a d’autre finalité que la course sans fin de profits de plus en plus juteux. Il y a quelques mois, on aurait pu espérer que cette tendance allait sinon s’inverser, du moins s’infléchir. La ministre du logement, suite aux mobilisations pour faire valoir le droit au logement, a lâché le mot qui fâche : réquisition. Certes, elle n’envisageait pas de réquisitionner des logements vides pour les donner aux mal-logés et sans-logis. Sa conception de l’écologie politique ne va pas jusqu’à remettre en cause ce fameux droit de propriété. Mais elle affirmait qu’elle allait faire procéder à des réquisitions de bâtiments afin de créer de nouvelles places d’hébergement.

Force est de constater que les faits n’ont pas suivi les mots (comme d’habitude!). A ce jour, il n’ y a rien de réquisitionné. Si cette  »décision » voit le jour, elle ne sera appliquée que dans quelques villes, où la situation est pire que dans les autres, selon cette ministre.

Ainsi, si on survit dans une commune où l’Etat estimera que la situation n’est pas assez dure, les gens resteront à la rue. En outre, il y a tout lieu de penser que l’activité de la ministre est essentiellement médiatique, comme toute la politique spectacle mise en œuvre par le gouvernement et les collectivités territoriales. Il y aura quelques locaux transformés en foyer qui seront vite engorgés. Pour résoudre la question du logement, il n’y a pas d’autre solution que de réquisitionner les dizaines de milliers qui sont vides.

Dans l’immédiat, il est toujours surprenant de constater le ravin qu’il existe entre le discours et les pratiques. Pendant que la ministre d’un gouvernement socialiste et vert parle de réquisition, les élus socialistes et verts de la mairie de Tours expulsent des gens à la rue parce qu’ils squattent en militant pour construire dès maintenant un autre monde.

Pas d’expulsion, que des ouvertures!
Manifestation mercredi 6 février, Rendez vous 18h30 place du Monstre à Tours.


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Présentation du n°29 de Réfractions « Voies sexuelles, voix désirantes »

video : Procés de « L’invasion de la sexualité dans la vie quotidienne » 1971

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Quant aux sexualités… alors qu’on en parle tant, il faudrait croire qu’il n’y a
rien à en dire. Tout du moins rien de sérieux, rien de déterminant (ou alors d’une
manière strictement individuelle), rien de politique. La porte des cham­bres à
cou­cher, des backrooms, voire des don­jons (les­quels, quoi­que for­mel­le­ment
dis­tincts, recou­vri­raient une même fonc­tion), clô­tu­re­rait un uni­vers
propre. Tout ce qui serait vécu dans ce monde à part serait comme séparé des autres
sphè­res d’exis­tence. Hors de ces espa­ces clos, on ne pour­rait plus rien en
dire, sinon sur le mode de la confes­sion, dans des contex­tes plus ou moins
ins­ti­tu­tion­na­li­sés (confes­sion­nal, cabi­net…) ou sau­va­ges (entre
ami-es).

Ce qui a trait au « domaine de la sexua­lité » serait de l’ordre du privé. Et il
serait non seu­le­ment déplacé, mais dan­ge­reux qu’il pénè­tre l’espace public.
Une épaisse cein­ture de chas­teté se charge de pro­té­ger la poli­ti­que ! La
plu­part des mou­ve­ments défi­nis comme tels s’en satis­font d’ailleurs. Ils se
dis­tin­guent sim­ple­ment les uns des autres selon le degré de contrôle moral et
médi­cal qu’ils pré­co­ni­sent, sur une échelle qui va de l’ordre moral et de la
patho­lo­gi­sa­tion (l’idée que l’homo­sexua­lité n’est pas une « ano­ma­lie
men­tale » a été accep­tée à grand-peine et d’aucuns s’y oppo­sent encore) à
l’éthique mini­male d’un libé­ra­lisme absolu de mœurs.

Il arrive tou­te­fois que l’ensem­ble des dis­po­si­tifs fil­trants, per­met­tant
la dis­tinc­tion radi­cale entre public et privé, man­quent à leur fonc­tion. La
toni­truante affaire DSK en fut un récent exem­ple. L’effon­dre­ment évident de la
famille tra­di­tion­nelle, depuis la remise en cause (ou tout sim­ple­ment avec
l’impra­ti­ca­bi­lité) du modèle offi­ciel et domi­nant — bipa­ren­tal et
hété­ro­sexuel — jusqu’à l’appa­ri­tion de nou­vel­les formes d’orga­ni­sa­tion de
la vie sexuelle, affec­tive et sociale en est un autre.

L’économie capi­ta­liste a d’ailleurs bien com­pris tout le profit qu’elle
pour­rait tirer de ces trans­for­ma­tions. La vente de sex toys, de vidéos pornos,
de pos­si­bi­li­tés de ren­contres s’est lar­ge­ment mas­si­fiée au cours des
quinze der­niè­res années. Les sexua­li­tés dis­si­den­tes à
l’hété­ro­nor­ma­ti­vité ne font pas excep­tion. La plu­part du temps, elles
cons­ti­tuent elles aussi un marché, fût-il de niche. La 6e édition de Fierté
Montréal adop­tait l’été der­nier un étonnant logo : un code-barre arc-en-ciel…

*Une Histoire de la sexualité en anarchie :*
Mais les anar­chis­tes ne cons­ti­tuent pas davan­tage un monde à part, où les
ques­tions poli­ti­ques enga­gées par les sexua­li­tés seraient d’avance réso­lues
et où les idées reçues n’auraient plus court. En 1900, Emma Goldman renonça ainsi à
par­ti­ci­per au congrès inter­na­tio­nal anar­chiste de Paris après que toute
dis­cus­sion rela­tive à la sexua­lité et au contrôle des nais­san­ces en eut été
exclue. On ne sau­rait tou­te­fois nier que, dans son ensem­ble, le mou­ve­ment
liber­taire n’a cessé de com­bat­tre les tenants d’un ordre moral mor­ti­fère.
Mieux même : il a tou­jours été un vivier pro­pice aux expé­ri­men­ta­tions et aux
théo­ri­sa­tions nova­tri­ces liées aux sexua­li­tés. Dès l’ori­gine, William
Godwin dénon­çait en 1792, dans l’Enquête sur la Justice Politique, le mariage
comme étant un « mono­pole de la pire espèce », ce qui sou­leva l’indi­gna­tion de
ses contem­po­rains.

C’est d’abord de la conti­nuité de cette tra­di­tion de réflexion et
d’expé­ri­men­ta­tion que ce numéro de Réfractions tente de rendre compte, au
tra­vers d’un regard rétros­pec­tif sur plus d’un siècle de « sexua­li­tés en
anar­chie ». Les pre­miè­res expé­rien­ces com­mu­nau­tai­res du début du XXe
siècle (qui furent des formes de pro­pa­gande par le fait aussi en matière
sexuelle), la manière dont les fémi­nis­mes et ce que l’on a appelé la «
révo­lu­tion sexuelle » ont réa­gencé les termes du débat sur les sexua­li­tés dans
les années 1970, et enfin les réflexions déve­lop­pées dans le milieu liber­taire
actuel sur ce que signi­fie appré­hen­der en anar­chiste ses pro­pres désirs, tout
cela mani­feste le fait que nulle part ailleurs, sans doute, les pra­ti­ques
sexuel­les n’ont été envi­sa­gées ainsi comme por­teu­ses d’enjeux d’émancipation
et, à ce titre, de poli­ti­que.

 *Psychanalyse et libération sexuelle :*
La sexua­lité a certes pu être consi­dé­rée comme un domaine rele­vant d’un
dis­cours spé­cia­lisé. Depuis plu­sieurs décen­nies, c’est à la psy­cha­na­lyse
qu’est reconnue la mis­sion offi­cielle de parler du sexe. Certaines ten­ta­ti­ves
émancipatrices, visant la sexua­lité, se dirent même dans son voca­bu­laire. Ce
numéro a attri­bué une place à des expres­sions qui, à partir d’un enga­ge­ment
psy­cha­na­ly­ti­que et poli­ti­que, mani­fes­tent l’impos­si­bi­lité d’un
dis­cours spé­cia­lisé, clos sur lui-même.

* »Expression de voies sexuelles » :*
Mais pré­ci­sé­ment parce qu’il nous sem­blait peu per­ti­nent de pro­po­ser une
col­lec­tion de pos­tu­res idéo­lo­gi­ques sur la sexua­lité, ce sont
essen­tiel­le­ment d’autres voix qu’il nous impor­tait ici de donner à enten­dre.
Des voix qui n’adop­tent pas la pos­ture du « dis­cours sur la sexua­lité », mais
qui sont l’expres­sion de voies sexuel­les. Des voix dési­ran­tes qui disent leurs
pro­pres expé­rien­ces et leurs pro­pres luttes. Des voix qui, si mino­ri­tai­res
soient-elles, ne lais­sent pas de nous parler. Le les­bia­nisme n’est-il qu’une
option sexuelle où peut-il revê­tir une dimen­sion poli­ti­que propre ? Comment la
por­no­gra­phie peut-elle être un lieu de contes­ta­tion des repré­sen­ta­tions
domi­nan­tes, d’expres­sion d’autres désirs et d’expé­ri­men­ta­tion ? Que peu­vent
nous ins­pi­rer les luttes des tra­vailleu­ses du sexe ?
Deux textes en contexte concluent ce dos­sier. Ils s’ins­cri­vent dans le
mou­ve­ment de mobi­li­sa­tion sociale initié, au Québec, par la pro­tes­ta­tion
étudiante contre l’aug­men­ta­tion dras­ti­que des frais d’ins­crip­tion
uni­ver­si­taire. Ils don­nent à voir com­ment les ques­tions rela­ti­ves à la
sexua­lité s’ins­cri­vent dans une dyna­mi­que de contes­ta­tion géné­ra­li­sée,
mais aussi com­ment elles ne sont pas seu­le­ment des ques­tions posées, mais,
encore une fois, des expé­rien­ces vécues.
Tous les textes pré­sen­tés dans ce numéro par­ti­ci­pent, malgré leurs
diver­gen­ces théo­ri­ques, d’un même geste : ouvrir des pos­si­bles. En aucun cas
les débats où ces dif­fé­ren­tes pers­pec­ti­ves se ren­contrent ne sau­raient
abou­tir à quel­que point final que vien­drait poser on ne sait quelle théo­rie «
anar­chiste » de la sexua­lité. Il s’agit encore moins de dire com­ment les
anar­chis­tes doi­vent baiser ! Les mul­ti­ples pra­ti­ques expo­sées ici ne sont
que des exem­ples et pas des (nou­vel­les) normes. Elles dési­gnent des sites
cri­ti­ques d’où peu­vent surgir des poli­ti­ques mutan­tes. Parce qu’il recou­vre
un mou­ve­ment émancipateur qui se pense sur la tota­lité des choses, et pas
seu­le­ment dans l’action poli­ti­que consi­dé­rée d’une façon res­tric­tive,
l’anar­chisme infuse les sexua­li­tés. Et ces der­niè­res ne man­quent pas de lui
ren­voyer la pareille.
Et si, pour finir, les sexua­li­tés étaient un prisme à tra­vers lequel les
rap­ports entre spon­ta­néité pra­ti­que et réflexion théo­ri­que, tels qu’ils
pour­raient être conçus par les anar­chis­tes, se don­naient à voir ? Et s’il était
aussi absurde de parler d’une concep­tion anar­chiste de la sexua­lité que d’une
concep­tion anar­chiste de la société ou de la com­mu­nauté, parce qu’il n’y
aurait, malgré un hori­zon révo­lu­tion­naire commun à cons­truire, que des
pra­ti­ques d’émancipation diver­ses à expri­mer ?
Lien de la revue Réfractions : http://refractions.plusloin.org/
P.-S.
——

* Table des matières : Sexualités en Anarchie*
De la liberté en amour au début du XXe siècle, Luce Turquier.
« Libération sexuelle », féminisme et anarchie, Daniel Colson.
Désir : portes à enfoncer, Marie Pierre
Psychanalyse et libération sexuelle
Réflexions partielles et partiales sur la vision lacanienne de la sexualité, Alain
Thévenet
Sexe et politique, Jacques Lesage de La Haye
Les sexualités : terrains de luttes et d’expérimentations
Le lesbianisme politique, entretien avec Natacha Chetcuti
Inspirations des luttes xxx : cinq fabulations révolutionnaires, Amandine Guilbert
et Rémi Eliçabe.
Une aventure post-porno, Post-op.
En contexte Ce que le désir fait à la politique, discussion libre avec des membres
de la mouvance queer montréalaise…
Mille rencontres : de la nudité au masque, Andréann C.
TRANSVERSALE
hAcktivisme numérique ?, Ippolita
ANARCHIVE
De la bêtise et du vote, Gustav Landauer

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