Refusez le contrôle magnétique, ne devenez pas complice des flics

Personne n’a pu ne pas le remarquer, puisque la proclamation de la mise en service d’un lecteur de cartes pour réguler les entrées dans le bâtiment de musicologie s’affiche en grosses lettres sur l’unique entrée restante. Nombreux sont aussi ceux qui ne se posent pas de questions quand à la présence de cet appareil. Pourquoi le ferais-je d’ailleurs, tant qu’il ne se manifeste pas dans mon quotidien autrement que par la présence d’une petite excroissance de plastique à coté de la porte d’entrée. En plus passer sa carte d’étudiant dans le lecteur pour rentrer dans la fac le soir, ce n’est pas la fin du monde. Pourtant la banalisation de l’installation de dispositifs de contrôle dans notre environnement n’est pas quelque-chose de neutre, et ne doit pas devenir quelque-chose d’anodin. Fermer les yeux ou ne pas se poser de questions, c’est déjà accepter cela comme un état de fait, et accepter d’être contrôlé, fliqué par quelqu’un d’autre jusque dans les moindres instants de sa vie.
À la fac de tours, depuis quelques années ce sont de nombreux sites qui se voient ainsi affublés de dispositifs de contrôle ; sans que l’on sache ni pourquoi, ni qui en décide, ni encore combien ça coûte, et ce dernier point alors que pour des motifs budgétaires de nombreux cours, voir certaines filières sont supprimées. On trouve ainsi des cameras au CRL, dans L’extension des tanneurs ou encore sur le site des deux lions, ainsi que dans les halls des cités universitaires, on peut également trouver un lecteur de cartes magnétiques similaire à celui installé sur le site françois clouet en train de filtrer les entrées toutes la journée à polytech’ tours, ou à l’entrée du bâtiment rue émile zola.

Outre le fait de pouvoir servir potentiellement à exercer un contrôle et une surveillance permanente sur les gens qui utilisent ces bâtiments. Cela sert aussi à prévenir tout événement impromptu, qui pourrait venir mettre un peu de vie dans cette fac morbide. C’est surtout une manière d’habituer les étudiants à la présence de ces dispositifs dans leur quotidien, et à se soumettre à leur contrôle sans poser de question.

Nous affirmons qu’il convient de lutter contre l’invasion de nos vies par ces techniques sécuritaires. Il faut noter que même si la technique n’est pas mauvaise en soi, son développement ( ce progrès technique qui serait nécessaire et bon, contre lequel s’opposer serait faire preuve d’obscurantisme ), ainsi que son application dans la construction de l’existant ; sont soumis à la logique marchande des industries de l’armement et de la sécurité. Il sera donc de bon aloi de manifester une méfiance impitoyable face a tout ce qui se présentera dans l’avenir comme un progrès technique, et de juger par nous même ce que nous y gagnerons au regard de ce que nous perdrons.
Car au fur et à mesure que les dispositifs techniques deviennent le média, quand ce n’est pas l’assistant de nos existences ; ils en viennent à former la structure de ce monde, et la base de l’organisation sociale. Chaque individu n’étant au final qu’un opérateur interchangeable. Il ne décide plus de ce qu’il fait mais au contraire se voit obligé d’obéir à la machine et d’assurer son bon fonctionnement.
C’est là un bien beau  moyen d’enchaîner tout le monde dans une existence misérable, en masquant les chaînes de chacun par le spectacle d’une machinerie bien huilée. Tout les problèmes liés à l’individu et aux collectifs qu’il peut former étant réduits à des problèmes techniques, qui ont des solutions techniques ; elles mêmes confisquées par des experts, dont l’expertise se justifie par des discours « scientifiques » dont la portée échapperait au commun des mortels.

À propos du boîtier qui constitue l’objet de notre désappointement, on nous dira que c’est pour la sécurité de tous, bien ultime auquel on devrait pouvoir aspirer dans ce monde où la misère existentielle s’est imposée comme le quotidien de chacun-e. À chaque fois on dit  « les honnêtes gens veulent être rassurés »,  « imaginez si cela peut empêcher quelque horrible crime », «  De toute manière il n’y a que ceux qui ont des choses à cacher que cela gène ». Discours creux qui ne fait que masquer l’évidence que le contrôle généralisé n’a jamais pacifié aucune société, mais qu’il est une guerre totale et permanente contre chaque individu. L’idéal de zéro crime, zéro délit que l’on  nous fait miroiter, qui justifie toutes les intrusions dans la vie privée de chacun-e et toutes les restrictions des libertés n’est qu’un mirage. Ce qui est visé en réalité c’est l’acceptation par chacun-e de la dépossession de son temps et des ses désirs.
Tout le monde à quelque-chose à cacher, il y a toujours des choses que l’on veut pas montrer à tout le monde, et quelques crimes qu’on ne pourra jamais empêcher. Ceux qui sont prêt à sacrifier leur liberté pour un peut plus de sécurité, n’auront pas plus de sécurité et tout le monde y perdra sa liberté.
Renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa capacité à affronter, surmonter et résoudre les conflits qui s’imposent à chacun. C’est faire place à la spécialisation policière qui revendique le monopole de la gestion des conflits ainsi que celui de la violence, et qui par l’instauration du droit dépossède chacun de son droit à s’occuper de ses affaires ; elle est en réalité la garante de l’ordre marchand où notre temps va se perdre dans la consommation d’ersatz et dans l’insatisfaction permanente des passions falsifiées.

Les dispositifs de contrôle automatisés ne sont malgré tout pas autosuffisant. Il ont besoin que chacun-e s’y soumette, et joue le jeu de la transparence. En collaborant a son propre contrôle, on contribue à l’imposer a tous. Mais il reste pour chacun-e la possibilité de se révolter contre la machine qui s’impose, et de se battre pour rester maître de ses actes et de l’environnement propice a son épanouissement, dans la mesure du possible. Le contrôle a besoin du consentement de chacun-e, comme le souverain a besoin de sujets pour exercer son pouvoir. Il appartient à chacun de choisir de rester maître de sa vie, d’attaquer l’existant et les techniques qui le soutiennent lorsqu’elle se font oppresseuses.

Contre l’état et le capitalisme, contre toute autorité
Contre la banalisation du flicage quotidien
Ni cartes magnétiques, ni cameras, ni flics ,ni vigiles.
Les techniques de contrôle n’ont pas leur place ni a la fac ni dans nos vies.

 

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