A propos de la zone de gratuité organisée au tanneurs

A propos de la zone de gratuité organisée au tanneurs, mercredi et jeudi, qui fut une véritable réussite.

Préambule quant aux détracteurs et récupérateurs : La zone de gratuité est
une pratique réappropriable par tous et toutes et s’inscrit dans une lutte
globale contre les inégalités sociales, raciales, économique etc…
Ainsi elle consiste à récupérer et partager toutes sortes de biens
(livres, vêtements, mobilier, vaisselles, informatique etc…) et les
mettre à disposition de tous (sans aucune distinction sur la base d’une
identité « communautaire ») gratuitement. Ainsi c’est un espace de partage
non marchand et anticapitaliste où chacun donne ou prend en fonction de
ses besoins et de ses envies. Une telle démarche n’est donc pas à
confondre avec un autre type d’action qu’elle soit humanitaire,
charitable, nationaliste (comme le souhaiterait nos fascistes
tourangeaux), ou institutionnel puisque les organisateurs n’en retirent
aucun bénéfice, ni matériel ni symbolique.

Voici un texte qui explicite la logique dans laquelle s’inscrit cette zone
de gratuité pour éviter toute forme de confusion et de récupération
politique :

 

Zone de gratuité
ou comment en finir avec l’Argent et la Marchandise

« La plupart des idées fausses sur le monde archaïque ont pour fondements
l’éternisation des catégories marchandes, et la croyance en leur
naturalité. Ce que l’homme moderne croît être, il croit aussi que tous les
hommes du passé l’ont été, à cette nuance près que ceux-ci l’auraient été
moins parfaitement » (Tiqqun, de l’économie considérée comme magie noire).

C’est dans l’optique de mettre directement en place des zones
non-marchandes que nous avons organiser cette zone de gratuité. Il s’agit
en effet, en proposant à quiconque de déposer et de prendre ce qu’il veut,
de mettre en commun ce dont les gens disposent et n’ont plus besoin.
Histoire de sortir des logiques de profit et de rentabilité propre à
l’économie marchande, nous affirmons que les échanges doivent être
structurés et orientés vers la gratuité et ainsi rompre à notre échelle
avec ces impératifs de production et de consommation qui sont devenus
l’alpha et l’oméga de l’Ordre du Travail et de ce que l’on nomme
béatiquement la fin de l’histoire : le Capitalisme.
Nous pensons que dans l’acte de consommation, auquel l’on souhaiterait
voir nos vies réduites, nous construisons notre propre prison. L’argent
n’est pas simplement moyen d’échange (vente ou achat) comme forme
d’équivalence, mais mesure du degré d’exploitation sociale qu’une société
a pu atteindre. Il est aussi ce qui nous lie en tant qu’étranger et ce qui
nous rend étranger à nous-mêmes, aux autres et au monde, ce qui nous
isole. La médiatisation de chaque instant de nos vies par l’argent, jusque
dans les rapports affectifs, se considérer soi même comme un produit à
plus ou moins haute valeur ajoutée, comme un capital à gérer et investir,
c’est confirmer que la marchandise est l’abolition de tout partage et le
partage de cette abolition : la production du néant et d’un désert.

C’est comme critique du monde de la marchandise autoritaire et de l’empire
policier et gestionnaire qui l’accompagne qu’il s’agit de multiplier ces
expériences, sortir de la galère et de la débrouille individuelle, de
l’isolement, tout en créant un rapport de force positif et offensif face à
une aliénation insensible et indolore : celle qui naît du conditionnement
où l’on devient soi-même des produits sur pattes s’échangeant et
s’aliénant pour le plus grand profit des patrons. Il faut partir de chaque
initiative d’auto-organisation, qui porte en soi une forme d’intensité
politique propre, et les solidariser pour les rendre efficace. Faire
converger les luttes, les résistances, les forces, pour libérer des lieux
et du temps, pour en faire des espaces de vie et de lutte collective, pour
les partager et les restituer à l’usage commun : par les assemblées
populaires, la récup’, l’auto-réduction, le squat.

Nous devons donc constituer une force irréductible et offensive à la
marchandisation et à la privatisation du monde, organisons-nous!
Construisons partout des communautés de vie et de lutte !

De la zone de gratuité au squat, c’est la communauté et l’insurrection qui
viennent.
Pour la formation de zones d’autonomie définitives, habitées et libérées
du Capitalisme et de l’État.

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