Monsanto engage l’infâme firme de mercenaire Blackwater pour traquer les militants à travers le monde

Swat-Gun-Weapon
Certaines séries télévisés,reprenant des thèmes abordés par les écrivains de SF nous mettaient en gardecontre une collusion entre de très grosses firmes
et des boites de sécurité privées.Quand ces étranges associationsqui ne vivent qu’aux crochets des états et de leurs guerres
décideront d’organiser eux même la politique de leurs nations il sera trop tard!(jericho
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jericho_%28s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e%29)
D’ailleurs a bien y regarder il eut peut être fallu réagir avant. le
comité de redaction, fraction des hippies bouffeurs de graines paranoïaques et sérivores.

https://nidieuxnimaitrenpoitou.wordpress.com/2013/05/27/monsanto-engage-linfame-firme-de-mercenaire-blackwater-pour-traquer-les-militants-a-travers-le-monde/
https://nidieuxnimaitrenpoitou.wordpress.com/2013/05/27/monsanto-engage-linfame-firme-de-mercenaire-blackwater-pour-traquer-les-militants-a-travers-le-monde/

Monsanto engage l’infâme firme de mercenaire Blackwater pour traquer les
militants à travers le monde https://nidieuxnimaitrenpoitou.wordpress.com/2013/05/27/monsanto-engage-linfame-firme-de-mercenaire-blackwater-pour-traquer-les-militants-a-travers-le-monde/

Vous rappelez-vous l’armée de mercenaires Blackwater qui avait causé un tel
émoi en Irak lors d’une attaque non provoquée en 2007?

Apparemment, Monsanto et la société de sécurité controversée continuent de
fricoter, décrit par le blogueur Randy Ananda comme «une entreprise
mort-tech épouse une équipe à succès. » À ce stade, vous demandez peut-être
pourquoi, dans le monde du géant des semences GM a besoin des services
d’une «armée fantôme»? Il semble que la société a jugé nécessaire de passer
des contrats avec Blackwater afin de recueillir des renseignements sur les
militants anti-Monsanto ainsi infiltrer leurs rangs.

Opposants contre Monsanto, traqués par Blackwater
Célèbre pour le massacre de la place Nisour en irak, Blackwater « a créé un
réseau de plus de 30 sociétés fictives ou de filiales pour obtenir des
millions de dollars en contrats du gouvernement américain après que la
compagnie de sécurité ait subi de vives critiques pour sa conduite
imprudente en Irak », rapporte le New York Times. L’une de ces filiales est
devenue Intelligence Total, la société contractée par Monsanto entre
2008-2010 pour recueillir des renseignements sur les militants contre les
cultures OGM et les autres activités de Monsanto.

Comme le raconte le journaliste Jeremy Scahill State dans  La nation:

«… Entités étroitement liées à la sécurité privée, Blackwater  fourni des
services de renseignement, de formation et de sécurité pour les
gouvernements américains et étrangers ainsi que plusieurs multinationales,
dont Monsanto, Chevron, la Walt Disney Company, Royal Caribbean Cruise
Lines et les géants bancaires Deutsche Bank et Barclays, selon des
documents obtenus par La Nation, le travail de Blackwater pour les sociétés
et les organismes gouvernementaux a été contracté avec deux sociétés
détenues par le propriétaire et fondateur de Blackwater, Erik Prince:..
Total Solutions pour le  renseignement et le Centre de recherche sur le
terrorisme (TRC) Prince est cotée comme le président de deux sociétés dans
des documents internes de l’entreprise, qui montrent comment le web des
entreprises fonctionne comme une opération hautement coordonnée.  »

Un porte-parole représentant Monsanto admet que la société a engagé Total
Intelligence pour information « … sur les activités de groupes ou
d’individus qui pourraient poser un risque pour le personnel de
l’entreprise ou des opérations à travers le monde qui ont été développés
par des rapports de suivi des médias locaux et d’autres renseignements
accessibles au public. Total Intelligence s’interesse aux renseignements
concernant les incidents terroristes en Asie ou enlèvements en Amérique
centrale à la numérisation du contenu des blogs et sites militants.  »

Cependant, ce dont le porte-parole ne tient pas compte, c’est que selon les
documents déposés par Scahill, Monsanto était prêt à payer une somme
considérable (jusqu’à 500.000 dollars) pour les agents de Blackwater à
infiltrer des organisations anti-Monsanto.

Comme l’intrigue continue à s’épaissir en ce qui concerne la tactique de
domination de Monsanto, Ananda note avec justesse:

« … Monsanto, par l’embauche d’une armée de mercenaires et d’anciens agents
de la CIA sur le terrain, est très sérieux au sujet de la protection de ses
produits mortels. Pourtant, ce contrat discrédite davantage l’entreprise.
Le public peut désormais dresser un portrait encore plus sombre de la
société quiutilise l’Agent Orange, PCB, STbr, le DDT, l’aspartame et,
maintenant, des tueur à gages.  »

mal traduit par nos soins depuis natural
news http://www.naturalnews.com/040492_GMO_activists_Monsanto_blackwater.html
Les sources de cet article :

http://www.thenation.com

http://digitaljournal.com/article/297701

http://foodfreedom.wordpress.com

http://naturalsociety.com

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Promme de juin de l’étincelle à Angers

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Samedi 8 juin 14h
conférence, débats, projection sur l’Actualité du syndicalisme
révolutionnaire quelles perspectives ? animé par le comité syndicalistes révolutionnaires
20h30 concert prix libre, en soutien à la lady fest
http://ladyfestembarquement.wordpress.com/
trashley dancepunk de paris
http://trashleydancepunk.blogspot.fr/
sieur & dame
duo dark et lyrique
http://www.sieuretdame.fr/

lundi 10 juin
concert 19h30 prix libre

mymanmike fastcore coréen
http://mymanmike.bandcamp.com/

stregesti punk polonais
http://stregesti.bandcamp.com

escarres  hxc crust salsa
http://escarres.bandcamp.com

samedi 15 juin 20h30 prix libre concert de soutien à la zad
horny wakers garage punk dangers
http://hornywackers.free.fr/
+rudy’s back sound anti-système

samedi 22 juin 20h30 prix libre
concert en soutien aux faucheurs volontaires et à l’étincelle
Rotskar (rock)
mystikal+guest mix vinyl
(reaggae/dubsystem)

http://letincelle.over-blog.org/article-programme-de-juin-118205381.html

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La sodomie ouvre l’esprit…ou peut être pas assez

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[Anti-repression] : Appel contre le fichage Adn et mobilisation autour de F.

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Refusons le fichage Adn !
Appel et Rendez-vous.
En solidarité à F, poursuivie pour son refus de prélèvement.

Par le Comité de soutien 37 contre le fichage Adn

Soutenu par : Alternative Libertaire 37, Collectif Antifasciste, Collectif
des Faucheurs Volontaires 36 et 37, Les Désobéissants Touraine, Les Fous
gèrent, LDH 37, NPA37, Pas de bavure, Roulement à Bill, Soif d’Utopies

Touche Pas à mon ADN !
Si tu te fiches du fichage, tu seras fiché !

Refusons le fichage de la population !
7 mois après condamnation, F. connue pour ses engagements sociaux, a été
convoquée le 30 Octobre dernier pour « prélèvement de matériel
biologique ». Le Procureur de la République « l’invitait » à donner son ADN
à la police pour l?intégrer au Fichier National Automatisé des
Empreintes Génétiques (FNAEG).
Pour rappel, le 8 mars 2012, F. passait devant les juges tourangeaux.
Elle était accusée d’avoir mis deux coups de tête à un policier de la
BAC au cours de la Gaypride 2011. F. a été rendue coupable par la
Justice, de Rébellion et Violences sur agent, alors que c’est elle qui
avait été violentée (8 jours d’ITT) par le policier en question. Elle a
été condamnée à 3 mois de prison avec sursis + 800 ? de dommages et
intérêts + 500 ? de frais d’avocat (celui du policier).
Accompagnée par son comité de soutien, F. a refusé le prélèvement Adn.
Ce choix la conduira une nouvelle fois devant les tribunaux le 17 juin
2013.

Répression, à qui le tour ?
Les poursuites judiciaires envers les militants s’accumulent : faucheurs
volontaires d’OGM (procès le 26/11/12), les 4 de Tours impliqués dans la
solidarité avec les sans-papiers (toujours poursuivis par le Ministère
de l?Intérieur depuis 2009), syndicalistes SUD/PTT (local
perquisitionné, passage devant juge d?instruction le 16/05/13), …
La pratique du fichage au FNAEG se généralise, concernant des milliers
d’anonymes poursuivis en Justice ou interpellés.

Stoppons le règne de la suspicion et du contrôle généralisé !
Une fois encore l’exception devient dangereusement la norme. Le FNAEG
est un fichier informatisé créé en 1998 soit disant pour lutter contre
les crimes sexuels. Or au 31/08/12, plus de 2,2 millions de personnes y
étaient fichées en France (25000 prélèvements/mois en 2006-2008 et ça ne
faiblit pas !). Les motifs (crimes, délits simples, soupçons) sont
extrêmement variés (en sont exclus les délits financiers…). Durée de
fichage ? 25 ans pour les ?mis en cause?, 40 ans pour les condamnés.
La volonté d’étendre le fichage aux personnes politiquement actives ne
fait plus aucun doute. Citons par exemple en France les cas des
militants syndicaux de Goodyear, de squatters, d’opposants au projet
d’aéroport de ND des Landes, ou des écologistes anti-OGM. On a pu
entendre parler de ces cas parce que certains d’entre eux ont refusé
d’être prélevés.

Ce fichage de la population, l’utilisation de l’ADN comme preuve
juridique et scientifique, et l’informatisation des informations que
peuvent fournir l’ADN sur la population, sont largement critiquables et
ont de quoi inquiéter.
Il est donc grand temps de mettre un coup d’arrêt à ces prélèvements !

Pour pouvoir prendre l’Adn d’une personne, il faut qu’elle soit
« volontaire » (sauf pour certains crimes) ! Hypocrisie de plus, le refus
constitue un délit, et les poursuites judiciaires conduisent surtout à
des condamnations. À toutes les étapes, les pressions sont fortes pour
que les individus s’y soumettent. Mais face à l’injonction de donner
leur Adn, des personnes bloquent la banalisation du fichage en opposant
leur refus. 10% de refus suffirait à encombrer conséquemment les
tribunaux.

Participons à ce refus du contrôle généralisé de la population, en nous
mobilisant autour de la camarade qui a décidé de refuser le prélèvement !
Informez-vous, faites part de vos témoignages sur le sujet,… Nous
pouvons maintenant rassembler nos forces afin de dénoncer efficacement
les poursuites et l’utilisation de l’ADN !

Jeudi 6 Juin 20h Projection-Débat « L’ADN pour ficher la population ? » au
Cinémas Studio rue des Ursulines
Samedi 8 Juin 14h Lecture Collective « Adn Superstar ou superflic ? » Rdv
bar Chez Colette, 57 quai Paul Bert
Lundi 17 Juin 2013 à 13h au TGI de Tours (place J Jaurès) soutien à F.
jugée pour son refus

http://pasdebavure.eklablog.net/

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[Bons Baisers d’Istanbul] Des arbres, pas des projets urbains…

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https://www.facebook.com/photo.php?v=10151606714993851&set=vb.686248850&type=2&theater

http://berthoalain.com/2013/06/01/projet-urbain-emeute-a-istanbul-31-mai-2013-les-videos/

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[Passes ta BAC d’abord !] : Des étudiants à Bologne-Italie 27 mai 2013

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Infos du collectif NDDL37

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[nddl37] Recherche outils de jardinage et plants pour le 08 Avril

Le samedi 8 JUIN le collectif organisera la création d’un potager
collectif sur une friche dans Tours – l’appel sera bientôt relayé – pour
cette journée de réappropriation de l’espace public nous aurions besoin
d’outils de jardinage (prêt) et de plants ou graines pour le terrain. Si
vous avez du matériel à nous prêter/donner merci de nous répondre avant lundi soir pour l’organisation.

 

 

[nddl37] Départ en vélo pour la ZAD en août
Le collectif contre l’aéroport de nddl et son monde organise un départ en
vélo de Tours jusqu’à Notre Dame Des Landes. Le but est d’arrivé sur place
le vendredi 2 août au soir pour le week end organisé sur place
http://notredamedeslandes2013.blogspot.fr/. Le trajet se ferait en 4/5
jours avec des escales, si possible où l’on rencontrerait les autres
collectifs le long de la loire. Il est bien sur possible de ne faire
qu’une partie du voyage.

Si vous êtes intéressé-e-s écrivez nous pour l’organisation.

contact: nddl37@riseup.net

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[Enjoy] Cyclope, 1984

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[Z] Pour en finir avec les ouvrieristes et autres colabos du capital

 

Du prolétaire à l’individu http://lecridudodo.noblogs.org/post/2013/05/11/du-proletaire-lindividu/

 [Ce texte, écrit en 2005, est extrait de l’essai « The network of
domination » (soit « le réseau de la domination« ) écrit par Wolfi
Landstreicher, et qui est une contribution à la revue anarchiste
insurrectionnaliste américaine « Wilful Desobedience« . Nous traduisons et
publions ce texte pour sa critique de l’ouvriérisme et du travaillisme,
leurs origines -ainsi que les idéologies qui tentent de les ressusciter-,
l’image d’Epinal de l’ouvrier et sa conception centraliste de la classe
ouvrière industrielle […]

quils_se-méfient-de-nos-sourire

Car cette conception, en plus de relever d’une analyse de classe biaisée et
partiale, et d’être obsolète, ne rend absolument plus compte de la réalité
et de la diversité de ce qu’on peut encore aujourd’hui appeler le
prolétariat, en basant un projet unifié sur une identité sociale de classe
fantasmée. Une classe d’exploitéEs dont la composition et les conditions
sont plus que jamais fractionnées et complexes –  mais qui est bien réelle,
et dont ce texte aborde aussi les contours]
Du prolétaire à  l’individu Pour une interprétation
anarchiste de la classe

Les relations sociales de classe et d’exploitation ne sont pas chose aisée.
Les conceptions ouvriéristes, basées sur l’idée d’une classe objectivement
révolutionnaire qui est définie par les termes de sa relation au mode de
production, ignorent la masse de celles et ceux partout dans le monde dont
les vies sont volées par l’ordre social existant mais qui ne trouvent pas
de place dans le procès de production.  Ainsi, ces conceptions en arrivent
à présenter une interprétation biaisée et simpliste de l’exploitation et de
la transformation révolutionnaire.  Afin d’envisager une lutte
révolutionnaire contre l’exploitation, nous devons développer une
interprétation de la classe telle qu’elle existe aujourd’hui dans le monde
sans rechercher aucune garantie.

Dans ce qu’elle a de plus fondamentale, la société de classes en est une
dans la mesure où il y a des dirigeants et des dirigéEs, des exploiteurs et
des exploitéEs. Un tel ordre social ne peut émerger que lorsque les gens
perdent leur capacité à déterminer les conditions de leur propre existence.
Ainsi, la qualité essentielle partagée par les exploitéEs est leur
dépossession, la perte de leur capacité à prendre des décisions de base
concernant leurs propres vies et à les appliquer.

La classe dominante se définit dans les termes de son propre projet
d’accumulation de pouvoirs et de richesses. Même si il existe évidemment
des conflits significatifs au sein de la classe dominante en termes
d’intérêts spécifiques et de compétition réelle pour le contrôle des
ressources et du territoire, ce projet global de domination vise au
contrôle du pouvoir et de la richesse sociales, et ainsi de la vie et des
relations de tout être vivant, fournissant ainsi à cette classe un projet
positif unifié.

La classe exploitée n’a aucun projet positif qui la définisse.  Elle est
bien plutôt définie dans les termes de ce qui lui est fait, et de ce qui
lui est pris.  DéracinéEs des chemins de la vie qu’ils et elles ont connuEs
et crées avec leurs semblables, la seule communauté qui est laissée à cette
population, qui constitue cette classe hétérogène est celle que lui fournit
le Capital et l’Etat – la communauté du travail et de l’échange de
marchandises décorée par quelque constructions idéologiques
sous-culturelle, raciale, ethnique, religieuse, nationaliste – via
lesquelles l’ordre dominant créent les identités au sein desquelles il
canalise l’individualité et la révolte. Le concept d’une identité
prolétarienne positive, d’un projet prolétarien positif, unifié et
singulier n’ont aucune base dans la réalité matérielle puisque ce qui
définit la situation de prolétaire est précisément que sa vie lui a été
volée, et qu’elle a été transformée en un rouage dans les projets de ses
maitres.

La conception ouvriériste du projet prolétarien trouve ses origines dans
les théories révolutionnaires d’Europe et des Etats-unis (particulièrement
certaines théories marxistes et syndicalistes). A la fin du 19e siècle,
aussi bien l’Europe que l’est des Etats Unis ont pleinement suivi le chemin
de l’industrialisation. L’idéologie dominante du progrès associait alors
développement technologique et libération sociale. Cette idéologie se
manifesta dans la théorie révolutionnaire dans l’idée que la classe
ouvrière industrielle était objectivement révolutionnaire parce qu’elle
était en position de s’emparer des moyens de productions développés dans le
capitalisme (qui en tant que produits du progrès, étaient présentés comme
émancipateurs en soi) et les détourner au service de la communauté humaine.

En ignorant la majeure partie du monde (ainsi qu’une partie significative
des exploitéEs dans les zones « développées »), les théoriciens
révolutionnaires ont ainsi pu inventer un projet positif pour le
prolétariat, une mission historique objective. Le fait qu’elle se soit
fondée sur l’idéologie bourgeoise du progrès a été complètement occulte. À
mon avis, les luddites étaient beaucoup clairvoyants, reconnaissant que
l’industrialisation était un autre des outils des maîtres pour les
déposséder. Avec raison, les luddites ont attaqués les machines de
production de masse.

Le processus de dépossession a depuis longtemps été achevé en occident
(même si bien sûr il s’agit d’un processus qui se reproduit à tout moment,
même ici), mais il est dans la plupart des pays du Sud, dans le reste
monde, encore à ses balbutiements. Depuis le début du processus en occident
cependant, il y a eu des changements importants dans le fonctionnement de
l’appareil productif.  La position d’ouvrierEs qualifiéEs d’usines a en
grande partie disparu, et voici ce qu’on réclame d’unE travailleur-euse
aujourd’hui : de la flexibilité, la capacité d’adaptation, en d’autres
termes, la capacité d’être un rouage interchangeable dans la machine du
Capital. En outre, les usines ont tendance à requérir  beaucoup moins de
travailleur-euse-s pour prendre en charge le processus productif, à la fois
en raison de l’évolution de la technologie et des techniques de gestion (ou
de managment) qui ont permis un processus de production plus décentralisé
et parce que de plus en plus, le type de travail nécessaire dans les usines
consiste en grande partie en un simple travail de surveillance et de
maintiens des machines (ou appareils productifs – ndt).

Sur le plan pratique, cela signifie que nous sommes tous, toutes, en tant
qu’individu-e-s, des consommables dans le processus de production, car nous
sommes touTEs remplaçables – le bel égalitarisme capitaliste dans lequel
tout le monde est égal à zéro. En occident, ceci a eu pour effet de pousser
un nombre croissant de ceux et celles qui sont exploitéEs dans de plus en
plus d’emplois précaires : travail journalier, travail temporaire, emplois
dans le secteur des services, le chômage chronique, le marché noir et les
autres formes d’illégalité, l’itinérance et la prison. La stabilité de
l’emploi avec sa garantie d’une certaine stabilité dans *sa vie* -même si
« sa vie » n’est pas vraiment « la sienne »- a cédé la place à un manque de
garanties tel que les illusions fournies par un consumérisme modérément
confortable ne peuvent plus cacher bien longtemps le fait que la vie sous
le capitalisme est toujours vécue au seuil de la catastrophe.

Dans le tiers monde, les gens qui ont été capables de parvenir à se créer
des moyens d’existence, souvent si difficilement, voient leurs terres et
leurs autres moyens d’y parvenir se dérober sous leurs pieds à mesure que
les machines du Capital envahissent littéralement  leurs maisons et rongent
toutes possibilités de continuer à vivre directement de leur propre
activité. ArrachéEs à leurs vies et à leurs terres, ils sont obligés de se
déplacer vers les villes où il y a peu d’emplois qui les attendent. Les
bidonvilles se développent autour des villes, souvent avec des populations
supérieures à la ville proprement dite. Sans aucune possibilité d’emploi
stable, les habitantEs de ces bidonvilles sont contraintEs à former une
économie parallèle de marché noir pour survivre, mais cela sert aussi
toujours les intérêts du capital. D’autres, en désespoir de cause,
choisissent l’immigration, risquant l’emprisonnement dans des camps de
réfugiéEs et des centres pour étrangerEs en situation irrégulière dans
l’espoir d’améliorer leur condition.

Donc la dépossession, la précarité et la flexibilité (le fait d’être
jetable) sont de plus en plus les traits communs de ceux et celles qui
composent les classes exploitées dans le monde entier. Si, d’une part, cela
signifie que cette *civilisation* crée en son sein une classe de
barbares qui n’ont vraiment rien à perdre en la renversant (et pas de
la manière imaginée par les anciens idéologues opéraïstes), d’autre part, ces traits
en eux-mêmes ne fournissent pas une base pour un projet positif de
transformation de la vie. La rage provoquée par les conditions misérables
d’existence que cette société impose peut facilement être canalisée dans
des projets qui servent l’ordre régnant ou au moins l’intérêt spécifique de
l’un ou l’autre des dirigeants. Les exemples de situations durant les
dernières décennies au cours desquelles la rage des exploités a été
détournée pour alimenter des projets nationalistes, racistes ou religieux
qui ne servent qu’à renforcer la domination, sont trop nombreux pour qu’on
puisse les compter. La possibilité de la fin de l’ordre social actuel est
plus grande désormais qu’elle l’a jamais été, mais la foi en son
inéluctabilité ne peut plus faire semblant d’avoir une base objective.

Mais pour vraiment comprendre le projet révolutionnaire et commencer
projeter de trouver comment le réaliser (et élaborer une analyse de la
manière dont la classe dirigeante parvient à détourner la colère de celles
et ceux qu’elle exploite pour ses propres fins), il est nécessaire se
rendre compte que l’exploitation ne se contente pas de se produire en
fonction de la production capitaliste, mais aussi en termes de reproduction
des rapports sociaux. Quelle que soit la position de n’importe quel
prolétaire particulier dans l’appareil productif, il est dans l’intérêt de
la classe dirigeante que tout le monde ait un rôle, une identité sociale,
qui sert à la reproduction des rapports sociaux. Race, sexe, origine
« ethnique », religion, orientation sexuelle, sous-culture – toutes ces
choses peuvent, en effet, tenir compte de différences très réelles et
importantes, mais toutes sont des constructions sociales pour canaliser ces
différences dans des rôles utiles pour le maintien de l’ordre social
existant. Dans les zones les plus avancés de la société actuelle où le
marché définit la plupart des relations, les identités en viennent
principalement à être définies en les termes des marchandises qui les
symbolisent, et l’interchangeabilité devient à l’ordre du jour dans la
reproduction sociale, comme elle l’était déjà dans la production économique
. Et c’est précisément parce que l’identité est une construction sociale et
de plus en plus un produit vendable qu’elle doit être traitée avec sérieux
par les révolutionnaires, a analyser avec soin dans sa complexité, dans le
but précis de se déplacer au-delà de ces catégories, au point que nos
différences (y compris ceux que cette société pourrait définir en termes de
race, de sexe, d’ethnie, etc…) sont le reflet de chacunE de nous comme
individus singuliers.

Parce qu’il n’y a pas de projet commun positif à trouver dans notre
condition de prolétaires – comme exploitéEs et dépossédéEs – notre projet
doit être la lutte pour détruire notre condition prolétarienne, pour mettre
un terme à notre dépossession. L’essence de ce que nous avons perdu n’est
pas le contrôle des moyens de production ou de la richesse matérielle, ce
sont nos vies elles-mêmes, notre capacité à créer notre existence en
fonction de nos propres besoins et désirs. Ainsi, notre combat trouve son
terrain partout, en tout temps. Notre but est de détruire tout ce qui
maintient la séparation entre notre vie et nous : le capital, l’Etat, le
complexe technologique industriel et post-industriel, le travail, le
sacrifice, l’idéologie, toute organisation qui tente d’usurper notre lutte,
bref, tous les systèmes de contrôle.

Dans le processus même qui consiste mener à bien cette lutte, de la seule
façon que nous pouvons le réaliser, – c’est-à-dire en dehors et contre
toute formalité et institutionnalisation – nous commençons à développer de
nouveaux modes de relations basées sur l’auto-organisation, une communauté
basée sur les différences uniques qui définissent chacunE de nous comme des
individuEs dont la liberté se développe avec la liberté de l’autre. Et
c’est là que commence la révolte contre notre condition prolétarienne, là
où nous trouvons ce projet positif commun qui est différent pour chacunE de
nous : la lutte collective pour la réalisation individuelle.

Wolfi Landstreicher , in “the network of domination”

Source : The Anarchist Library

http://theanarchistlibrary.org/library/wolfi-landstreicher-the-network-of-domination#toc4

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[Hakim Bey]Qu’est-ce que l’anarchisme?

http://flegmatique.net/2013/04/27/quest-ce-que-lanarchisme/

Une réponse qui en vaut la peine: celle de Hakim
Bey http://en.wikipedia.org/wiki/Peter_Lamborn_Wilson,
auteur de la célébrissime Zone d’autonomie
temporaire http://www.lyber-eclat.net/lyber/taz.html
.
picnic

Le Prophète Mahomet a dit que tous ceux qui vous saluent par «Salam!»
(paix) doivent être considérés comme musulmans. De la même manière, tous
ceux qui s’appellent eux-mêmes «anarchistes» doivent être considérés comme
des anarchistes (à moins qu’ils ne soient des espions de la police) –
c’est-à-dire, qu’ils désirent l’abolition du gouvernement. Pour les soufis,
la question «Qu’est-ce qu’un musulman?» n’a absolument aucun intérêt. Ils
demandent, au contraire, «Qui est ce musulman? Un dogmatique ignorant? Un
coupeur de cheveux en quatre? Un hypocrite? Ou bien est-ce celui qui tend à
expérimenter la connaissance, l’amour et la volonté comme un tout
harmonieux?»

«Qu’est-ce qu’un anarchiste?» n’est pas la bonne question. La bonne
question c’est: «Qui est cet anarchiste? Un dogmatique ignorant? Un coupeur
de cheveux en quatre? Un hypocrite? Celui-là qui proclame avoir abattu
toutes les idoles, mais qui en vérité n’a fait qu’ériger un nouveau temple
pour des fantômes et des abstractions? Est-ce celui qui essaye de vivre
dans l’esprit de l’anarchie, de ne pas être dirigé / de ne pas diriger – ou
bien est-ce celui qui ne fait qu’utiliser la rébellion théorique comme
excuse à son inconscience, à son ressentiment et à sa misère?»

Les querelles théologiques mesquines des sectes anarchistes sont devenues
excessivement ennuyeuses. Au lieu de demander des définitions (des
idéologies), posez la question: «Qu’est-ce que tu sais?», «quels sont tes
véritables désirs?», «que vas-tu faire à présent?» et, comme Diaghilev le
dit au jeune Cocteau: «Étonne-moi!»

Qu’est-ce que le gouvernement?

Le gouvernement peut être décrit comme une relation structurée entre les
êtres humains par laquelle le pouvoir est réparti inégalement, de telle
manière que la vie créatrice de quelques-uns est réduite pour
l’accroissement de celle des autres. Ainsi, le gouvernement agit dans
toutes les relations dans lesquelles les intervenants ne sont pas
considérés comme des partenaires à part entière agissant dans une dynamique
de réciprocité. On peut ainsi voir à l’œuvre le gouvernement dans des
cellules sociales aussi petites que la famille ou «informelles» comme les
réunions de voisinage – là où le gouvernement ne pourra jamais toucher des
organisations bien plus grandes comme les foules en émeute ou les
rassemblements de passionnés par leur hobby, les réunions de quaker ou de
soviets libres, les banqueteurs ou les œuvres de charité.

Les relations humaines qui s’engagent sur un tel partenariat peuvent, au
travers d’un processus d’institutionnalisation, sombrer dans le
gouvernement – une histoire d’amour peut évoluer en mariage, cette petite
tyrannie de l’avarice de l’amour ; ou bien encore une communauté spontanée,
fondée librement afin de rendre possible une certaine manière de vivre
désirée par tous ses membres, peut se retrouver dans une situation où elle
doit gouverner et exercer une coercition à l’encontre de ses propres
enfants, au travers de règles morales mesquines et des reliquats d’idéaux
autrefois glorieux.

Ainsi, la tâche de l’anarchie n’est jamais destinée à perdurer qu’à court
terme. Partout et toujours les relations humaines seront concrétisées par
des institutions et dégénéreront en gouvernements. Peut-être que l’on
pourrait soutenir que tout cela est «naturel»… Mais quoi? Son opposé est
tout aussi «naturel». Et s’il ne l’était pas, alors on pourrait toujours
choisir le «non-naturel», l’impossible.

Cependant, nous savons que les relations libres (non gouvernées) sont
parfaitement possibles, car nous en faisons l’expérience assez souvent – et
plus encore lorsque nous luttons pour les créer. L’anarchiste choisit la
tâche (l’art, la jouissance) de maximiser les conditions sociales afin de
provoquer l’émergence de telles relations. Puisque c’est ce que nous
désirons, c’est ce que nous faisons.

Et les criminels ?

Les considérations ci-dessus peuvent être comprises comme impliquant une
forme d’«éthique», une définition mutable de la justice dans un contexte
existentiel et situationniste. Les anarchistes ne devraient probablement
considérer comme «criminels» que ceux qui contrarient délibérément la
réalisation des relations libres. Dans une société hypothétique sans
prison, seuls ceux que l’on ne peut dissuader de telles actions pourront
être livrés à la «justice populaire» ou même à la vengeance.

Aujourd’hui, cependant, nous ferions bien de réaliser que notre propre
détermination à créer de telles relations, même de manière imparfaite et
utopique, nous placera inévitablement dans une position de « criminalité »
vis-à-vis de l’État, du système légal et probablement de la «loi non
écrite» du préjugé populaire. Depuis longtemps être un martyr
révolutionnaire est passé de mode – le but présent est de créer autant de
liberté que possible sans se faire attraper.

Comment fonctionne une société anarchiste ?

Une société anarchiste œuvre, partout où deux ou plusieurs personnes
luttent ensemble, dans une organisation de partenariat original, afin de
satisfaire des désirs communs (ou complémentaires). Aucun gouvernement
n’est nécessaire pour structurer un groupe de potes, un dîner, un marché
noir, un tong (ou une société secrète d’aide mutuelle), un réseau de mail
ou un forum, une relation amoureuse, un mouvement social spontané (comme
l’écosabotage ou l’activisme anti-SIDA), un groupe artistique, une commune,
une assemblée païenne, un club, une plage nudiste, une Zone Autonome
Temporaire. La clé, comme l’aurait dit Fourier, c’est la Passion – ou, pour
utiliser un mot plus moderne, le désir.

Comment pouvons-nous y parvenir? En d’autres termes, comment maximiser la
potentialité que de telles relations spontanées puissent émerger du corps
putrescent d’une société asphyxiée par la gouvernance? Comment pouvons-nous
desserrer les rênes de la passion afin de recréer le monde chaque jour dans
une liberté originelle du «libre esprit» et d’un partage des désirs? Une
question à deux balles – et qui ne vaut réellement pas beaucoup plus
puisque la seule réponse possible ne relève que de la science-fiction.

Très bien. Mon sens de la stratégie tend vers un rejet des vestiges des
tactiques de l’ancienne «Nouvelle Gauche» comme la démo, la performance
médiatique, la protestation, la pétition, la résistance non-violente ou le
terrorisme aventurier. Ce complexe stratégique a été depuis longtemps
récupéré et marchandisé par le Spectacle (si vous me permettez un excès de
jargon situationniste).

Deux autres domaines stratégiques, assez différents, semblent bien plus
intéressants et prometteurs. Le premier est le processus résumé par John
Zerzan dans *Elements of Refusal* – c’est-à-dire, le refus de mécanismes de
contrôle étendus et largement apolitiques inhérents aux institutions comme
le travail, l’éducation, la consommation, la politique électorale, les
«valeurs familiales», etc. Les anarchistes pourraient tourner leur
attention vers des manières d’intensifier et de diriger ces « éléments ».
Une telle action pourrait bien tomber dans la catégorie traditionnelle de
l’«agitprop», mais éviterait la tendance «gauchiste» à institutionnaliser
ou «fétichiser» les programmes d’une élite ou avant-garde révolutionnaire
autoproclamée.

L’action dans le domaine des «éléments du refus» est négative, «nihiliste»
même, tandis que le second secteur se concentre sur les émergences
positives d’organisations spontanées capables de fournir une réelle
alternative aux institutions du Contrôle. Ainsi, les actions
insurrectionnelles du «refus» sont complétées et accrues par une
prolifération et une concaténation des relations du «partenariat original».
En un sens, c’est là une version mise à jour de la vieille stratégie wobbly
d’agitation en vue d’une grève générale tout en bâtissant simultanément une
nouvelle société sur les décombres de l’ancienne au travers de
l’organisation des syndicats. La différence, selon moi, c’est que la lutte
doit être élargie au-delà du «problème du travail» afin d’inclure tout le
panorama de la «vie de tous les jours» (dans le sens de Debord).

J’ai essayé de faire des propositions bien plus spécifiques dans mon essai
Zone Autonome Temporaire (Autonomedia, NY, 1991) ; donc, je me restreindrai
ici à mentionner mon idée que le but d’une telle action ne peut être
désigné proprement sous le vocable de «révolution» — tout comme la grève
générale, par exemple, n’était pas une tactique «révolutionnaire», mais
plutôt une «violence sociale» (ainsi que Sorel l’a expliqué). La révolution
s’est trahie elle-même en devenant une marchandise supplémentaire, un
cataclysme sanglant, un tour de plus dans la machinerie du Contrôle – ce
n’est pas ce que nous désirons, nous préférons laisser une chance à
l’anarchie de briller.

L’anarchie est-elle la Fin de l’Histoire ?

Si le devenir de l’anarchie n’est jamais «accompli» alors la réponse est
non – sauf dans le cas spécial de l’Histoire définie comme
auto-valorisation privilégiée des institutions et gouvernements. Mais,
l’histoire dans ce sens est déjà probablement morte, a déjà «disparu» dans
le Spectacle, ou dans l’obscénité de la Simulation. Tout comme l’anarchie
implique une forme de «paléolithisme psychique», elle tend
traditionnellement vers un état post-historique qui refléterait celui de la
préhistoire. Si les théoriciens français ont raison, nous sommes déjà
entrés dans un tel état. L’histoire comme l’histoire (dans le sens de
récit) continuera, car il se pourrait que les humains puissent être définis
comme des animaux racontant des histoires. Mais l’Histoire, en tant que
récit officiel du Contrôle, a perdu son monopole sur le discours. Cela
devrait, sans aucun doute, travailler à notre avantage.

Comment l’anarchie perçoit-elle la technologie ?

Si l’anarchie est une forme de « paléolithisme », cela ne signifie
nullement que nous devrions retourner à l’Âge de la pierre. Nous sommes
intéressés par un retour au Paléolithique et non en lui. Sur ce point, je
crois que je suis en désaccord avec Zerzan et le Fifth Estate [3] ainsi
qu’avec les futuro-libertariens de CaliforniaLand. Ou plutôt, je suis
d’accord avec eux tous, je suis à la fois un luddite et un cyberpunk, donc
inacceptable pour les deux partis.

Ma croyance (et non ma connaissance) est qu’une société qui aurait commencé
à approcher une anarchie générale traiterait la technologie sur la base de
la passion, c’est-à-dire, du désir et du plaisir. La technologie de
l’aliénation échouerait à survivre à de telles conditions, alors que la
technologie de l’amélioration survivrait probablement. La sauvagerie,
cependant, jouerait aussi nécessairement un rôle majeur dans un tel monde,
car la sauvagerie est le plaisir. Une société basée sur le plaisir ne
permettra jamais à la techné d’interférer avec les plaisirs de la nature.

S’il est vrai que toute techné est une forme de médiation, il en va de même
de toute culture. Nous ne rejetons pas la médiation per se (après tout,
tous nos sens sont une médiation entre le «monde» et le «cerveau»), mais
plutôt la tragique distorsion de la médiation en aliénation. Si le langage
lui-même est une forme de médiation alors nous pouvons « purifier le
langage de la tribu » ; ce n’est pas la poésie que nous haïssons, mais le
langage en tant que contrôle.

Pourquoi l’anarchie n’a-t-elle pas marché auparavant ?

Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? Elle a marché des milliers, des
millions de fois. Elle a fonctionné durant 90 % de l’existence humaine, le
vieil Âge de la pierre. Elle marche dans les tribus de chasseurs/cueilleurs
encore aujourd’hui. Elle marche dans toutes les « relations libres » dont
nous avons parlé auparavant. Elle marche chaque fois que vous invitez
quelques amis pour un piquenique. Elle a « marché » même dans les «
soulèvements ratés » des soviets de Munich ou de Shanghai, de Baja
California en 1911, de Fiume en 1919, de Kronstadt en 1912, de Paris en
1968. Elle a marché pour la Commune, les enclaves de Maroons, les utopies
pirates. Elle a marché dans les premiers temps du Rhodes Island et de la
Pennsylvanie, à Paris en 1870, en Ukraine, en Catalogne et en Aragon.

Le soi-disant futur de l’anarchie est un jugement porté précisément par
cette sorte d’Histoire que nous croyons défunte. Il est vrai que peu de ces
expériences (sauf pour la préhistoire et les tribus primitives) ont duré
longtemps – mais cela ne veut rien dire quant à la valeur de la nature de
l’expérience, des individus et des groupes qui vécurent de telles périodes
de liberté. Vous pouvez peut-être vous souvenir d’un bref, mais intense
amour, un de ces moments qui aujourd’hui encore donne une certaine
signification à toute votre vie, avant et après – un « pic d’expérience ».
L’Histoire est aveugle à cette portion du spectre, du monde de la « vie de
tous les jours » qui peut aussi devenir à l’occasion la scène de l’«
irruption du Merveilleux ». Chaque fois que cela arrive, c’est un triomphe
de l’anarchie. Imaginez alors (et c’est la sorte d’histoire que je préfère)
l’aventure d’une importante Zone Autonome Temporaire durant six semaines ou
même deux ans, le sens commun de l’illumination, la camaraderie, l’euphorie
– le sens individuel de puissance, de destinée, de créativité. Aucun de
ceux qui ont jamais expérimenté quelque chose de ce genre ne peut admettre,
un seul moment, que le danger du risque et de l’échec pourrait
contrebalancer la pure gloire de ces brefs moments d’élévation.

Dépassons le mythe de l’échec et nous sentirons, comme la douce brise qui
annonce la pluie dans le désert, la certitude intime du succès. Connaître,
désirer, agir – en un sens nous ne pouvons désirer ce que nous ne
connaissons déjà. Mais nous avons connu le succès de l’anarchie pendant un
long moment maintenant – par fragments, peut-être, par flashes, mais réel,
aussi réel que la mousson, aussi réel que la passion. Si ce n’était pas le
cas, comment pourrions-nous la désirer et agir peu ou prou à sa victoire?

(Pour d’autres traductions de Hakim Bey, rendez-vous sur
Kasophorus http://www.kaosphorus.net/.)

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