Thanks for the future : Une expulsion, dix ouvertures, mille aventures…

Depuis 2007 à Tours, une maison appelée « Thanks For The Future »
située dans une friche industrielle réhabilitée en locaux artistiques
est occupée. Ses habitants y ont développé un projet collectif en
organisant notamment des projections vidéo, des festivals de cinéma,
des concerts, un espace de mise à disposition et de redistribution de
matériel, de nourriture…

Nous n’en sommes pas à notre première expérience du genre, nous avons
déjà ouvert le Pied de biche, la Victoire, les Noms-lieux. En raison
de projets immobiliers qui n’ont pour la plupart jamais abouti, ces
lieux de vie ont tous pourtant été expulsés.

La mairie nous refait le coup, Jeudi 20 septembre, la police
accompagnée d’un huissier a fait irruption dans notre lieu. Après
quelques contrôles d’identités, ils nous ont informé d’une procédure
judiciaire d’expulsion en cours…

Les propriétaires, la SEMIVIT entreprise semi publique semi privée
(dont le capital est détenu à 51% par la mairie de Tours) ont prévu de
longue date un projet immobilier, qui vient mettre fin à cette
expérience. Nous partageons le lieu avec des compagnies artistiques
regroupées sous l’appellation « Projet 244 ». Certaines d’entre elles
devraient être relogées, d’autres resteront également sur le carreau.

Ainsi nous serons les premiers à nous faire expulser, sûrement en
raison de l’esprit d’indépendance qui nous animent à l’égard de la
mairie et de toutes formes d’institutionnalisation.

Le tri semble déjà s’opérer pour démarquer d’un coté les associations
dites « responsables » à qui on laissera le temps de se reloger et les
autres. L’ironie du sort, c’est que le projet immobilier sensé
justifier notre expulsion, a pour but la construction d’habitats
sociaux et collectifs…

La précipitation de la procédure judiciaire, alors que les premiers
travaux ne sont pas prévus avant 2014 montre clairement la volonté de
nous marginaliser et d’entraver toutes solidarités. Nous manquons déjà
suffisament de lieu, d’espace de liberté où l’on puisseconcrétement
remettre en cause son quotidien.

Nous expulser ne réglera en rien notre volonté qu’il existe de tel lieu.
N’hésitez pas à manifester votre solidarité à travers toutes formes
qui vous sembleront appropriées ( interpellations, actions, relais
d’informations… )

Repas collectif de solidarité

le samedi 29 septembre 2012 à 19H30,

au 244 rue Auguste Chevallier à Tours

 
Notre contact :
thanksforthefuture@yahoo.fr

Leurs contacts :
a.bosch@ville-tours.fr ( Arlette Bosch adjointe du logement à la marie et
présidente de la SEMIVIT)
projet244@hotmail.fr

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L’obscurantisme beauf

http://lmsi.net/L-obscurantisme-beauf#nh9
L’obscurantisme beauf
À propos du tête-à-queue idéologique de Charlie Hebdo

par  Mona Chollet
20 septembre 2012

              
Nous reproduisons, avec son autorisation, l’excellent texte que Mona Chollet a
consacré en 2006 à la lamentable dérive de Charlie Hebdo. Une dérive qui a fait d’un
hebdomadaire satirique de gauche, de tradition libertaire, une espèce de Crapouillot
[1]
républicaniste, de plus en plus complaisant avec les classes
dominantes, leurs médias, leurs intellectuels organiques, et de plus en
plus hautain, méprisant, voire haineux à l’égard des classes populaires,
des Arabes et des musulmans.
Mercredi 19 novembre 1997, sous le titre « Les perroquets du pouvoir »,
Philippe Val consacrait la quasi-intégralité de son éditorial de
Charlie Hebdo à l’enthousiasme délirant que lui inspirait la parution
des Nouveaux chiens de garde de Serge Halimi. Il y évoquait les « BHL, Giesbert,
Ockrent, Sinclair », etc., tous « voguant dans la même croisière de milliardaires
qui s’amusent », et qui « n’ont aucune envie de voir tarir le fleuve de privilèges
qui prend sa source dans leurs connivences ou leurs compromissions ». Il jugeait
certains passages « à hurler de rire », en particulier le chapitre « Les amis de
Bernard-Henri », qu’il conseillait de « lire à haute voix entre copains ».

Six mois plus tard, mercredi 27 mai 1998, sous le titre « BHL, l’Aimé Jacquet de la
pensée »
(c’était juste avant la Coupe du monde de football), il volait encore
au secours du livre de Halimi, contre lequel toute la presse n’en
finissait plus de se déchaîner. Il épinglait le chroniqueur du Point
pour avoir, dans son « Bloc-notes », assimilé Bourdieu à Le Pen. Et le
futur défenseur du « oui » à la Constitution européenne se désolait :

« Penser que le désir d’Europe sociale des uns est de même nature
que le refus nationaliste de l’Europe des lepénistes ne grandit pas le
penseur… »

En 2005, Philippe Val comparerait l’attitude des partisans du « non » à celle de
Fabien Barthez crachant sur l’arbitre.

Mercredi 1er mars 2006. Continuant d’exploiter le filon providentiel des caricatures
danoises, Charlie Hebdo publie à grand fracas un « Manifeste des Douze » (hou, hou !
morte de rire !) intitulé « Ensemble contre le totalitarisme islamique » (sur la
prolifération actuelle du mot « ensemble » et sa signification, lire l’analyse
d’Eric Hazan dans LQR, La propagande du quotidien, [2],
signé notamment par Philippe Val, Caroline Fourest (auteure de
best-sellers sur la menace islamique et membre de la rédaction de Charlie Hebdo),
Salman Rushdie, Taslima Nasreen, et… Bernard-Henri Lévy. « L’Aimé Jacquet de la
pensée »
a droit, comme les autres signataires, à sa notice biographique (moins
longue que celle de Caroline Fourest, quand même, hein ! Faut pas
déconner !), qui commence ainsi :

« Philosophe français, né en Algérie, engagé contre tous les
« ismes » du XXe siècle (fascisme, antisémitisme, totalitarisme et
terrorisme). »

Ce coup des « ismes », le journal nous le refait dans son
« manifeste » foireux, qui semble avoir été torché en cinq minutes sur
un coin de table en mettant bout à bout tous les mots creux et pompeux
dont se gargarisent en boucle, sur les ondes et dans la presse, les « perroquets du
pouvoir » :

« Après avoir vaincu le fascisme, le nazisme et le stalinisme, le
monde fait face à une nouvelle menace globale de type totalitaire :
l’islamisme. »

Les opprimés ont une manière
tout à fait malséante
d’exprimer leur désespoir

Il en manque pas mal, des « ismes », dans cette liste : colonialisme,
impérialisme, racisme, libéralisme… Autant de notions qui, à une
époque, avaient pourtant droit de cité dans les colonnes de Charlie.
Balayer d’un revers de main, ou ne même pas voir, depuis son pavillon
cossu de la banlieue parisienne, les conditions de vie et les
spoliations subies par les perdants du nouvel ordre mondial ;
s’incommoder de ce que les opprimés, décidément, aient une manière tout à
fait malséante d’exprimer leur désespoir, et ne plus s’incommoder que
de cela ; inverser les causes et les conséquences de leur
radicalisation (il n’y a pas d’attentats en Israël parce qu’il y a une
occupation, mais il y a une occupation parce qu’il y a des attentats),
et, au passage, accorder sa bénédiction à la persistance de toutes les
injustices qui empoisonnent le monde ; parer l’Occident de toutes les
vertus et l’absoudre de tous ses torts ou ses crimes : non, il fut un
temps où on n’aurait jamais trouvé  dans ce journal une pensée aussi
odieuse.

Mais c’était à une époque où Charlie vivait et prospérait en
marge du microcosme médiatique, qu’il ne fréquentait pas, et qu’il
narguait de sa liberté de ton et de ses finances florissantes – quand il
ne lui adressait pas de splendides bras d’honneur. L’équipe, dans sa
grande majorité, se satisfaisait parfaitement de cette situation….
Mais pas Philippe Val, à qui la reconnaissance du méprisable ramassis de
gauchistes que constituait à ses yeux le lectorat du journal suffisait
de moins en moins – avant de finir par carrément l’insupporter. Son
besoin de voir sa notoriété se traduire en surface médiatique devait le
pousser d’abord à nouer un partenariat avec Libération, en
convenant d’un échange d’encarts publicitaires entre les deux journaux.
Pour justifier la chose aux yeux d’un lectorat très hostile à la
publicité, il se livra à des contorsions rhétoriques dont la mauvaise
foi fut impitoyablement disséquée par Arno sur Uzine.

Philippe Val, qui, par un hasard facétieux, venait justement d’être
connecté à Internet, tomba sur l’article, et piqua une crise de rage
dont ses collaborateurs se souviennent encore. Le mercredi suivant [3], les lecteurs
de Charlie purent découvrir un édito incendiaire intitulé : « Internet, la
Kommandantur libérale »,
qui fut suivi d’un autre, tout aussi virulent, quinze jours plus tard.
On y lisait notamment que, si Internet avait existé en 1942,

« les résistants auraient tous été exterminés en six mois, et on
pourrait multiplier par trois les victimes des camps de concentration et
d’extermination ».

Il faut le savoir : contredire Philippe Val est aussi grave qu’envoyer un résistant
en camp de concentration. Bien sûr, le « Kim Il-Sung de la rue de Turbigo »,
comme le surnomme aimablement PLPL, ne faisait nulle part mention de
l’article d’Arno (il expliquait avoir choisi de traiter ce sujet cette
semaine-là parce qu’on lui demandait souvent pourquoi Charlie
n’avait pas de site !), et ne précisait pas que la seule forme de
négationnisme à laquelle il avait été personnellement confronté dans ce
repaire de nazis virtuel ne remettait en cause que son propre génie.

Flatter les plus bas instincts des masses
tout en se prenant pour Jean Moulin

S’étant peu à peu aliéné son lectorat d’origine, et ayant vu ses ventes baisser
dangereusement, Charlie Hebdo
en est désormais réduit, pour exister, à multiplier les coups de pub
aussi lucratifs qu’insignifiants et à développer le « cobranding » tous
azimuts. Après d’innombrables tentatives infructueuses pour créer un
« buzz » médiatique autour du journal, comme en témoignaient semaine
après semaine les titres d’un sensationnalisme maladroit étalés dans
l’encart publicitaire de Libération, avec les caricatures danoises, enfin !
ça a pris. Le créneau ultra-vendeur de l’islamophobie, sur lequel surfe
déjà sans vergogne l’écrasante majorité des médias, permet de copiner
avec les puissants et de flatter les plus bas instincts des masses tout
en se prenant pour Jean Moulin : bref, c’est idéal. Sauf que, en s’y
précipitant comme sur une aubaine, le journal achève sa lente dérive
vers un marécage idéologique dont la fétidité chatouille de plus en plus
les narines.

Dans son éditorial de ce fameux numéro publiant les caricatures danoises, Philippe
Val écrit doctement que

« le racisme s’exprime quand on rejette sur toute une communauté ce que l’on
reproche à l’un des membres »

Ce qui lui permet de conclure que

« quand un dessinateur danois caricature Mahomet et que dans tout
le Moyen-Orient, la chasse aux Danois est ouverte, on se retrouve face à
un phénomène raciste comparable aux pogroms et aux ratonnades »).

Or, « rejeter sur toute une communauté ce que l’on reproche à l’un des membres »,
c’est exactement ce que fait le dessin danois représentant Mahomet avec
un turban en forme de bombe. Par une amère ironie du sort, Charlie Hebdo, ancien
journal du combat antiraciste, a donc érigé en symbole de la liberté d’expression
une caricature raciste. Dans Le Monde diplomatique de mars 2006, Alain Gresh cite
le journaliste Martin Burcharth :

« Nous, Danois, sommes devenus de plus en plus xénophobes. La
publication des caricatures a peu de relations avec la volonté de voir
émerger un débat sur l’autocensure et la liberté d’expression. Elle ne
peut être comprise que dans le climat d’hostilité prégnante à tout ce
qui est musulman chez nous. » Il précise aussi que le quotidien
conservateur Jyllands-Posten, qui a fait paraître les caricatures de
Mahomet, « avait refusé, il y a quelques années, de publier une
caricature montrant le Christ, avec les épines de sa couronne
transformées en bombes, s’attaquant à des cliniques pratiquant
l’interruption volontaire de grossesse ».

Et c’est dans ce journal-là que Charlie Hebdo vient de publier la version anglaise
de son « manifeste » [4] !

Mais peu importe, car le créneau islamophobe a un autre avantage,
qui, dans le cas de nos amis, s’avère particulièrement précieux : il est
tellement en phase avec la bien-pensance majoritaire qu’il permet de
raconter plein de conneries, ou de recourir au terrorisme intellectuel
le plus éhonté, sans jamais être discrédité ou sérieusement contesté.
S’il en allait autrement, Val pourrait-il affirmer par exemple à la
télévision que, si on fait l’amalgame entre islam et terrorisme, c’est
de la faute des terroristes islamistes – un peu comme si on rendait
responsables du vieux cliché sur les juifs et l’argent, non pas les
antisémites, mais les juifs riches ?! Ou pourrait-il se féliciter, dans
son édito, de ce que le dessin avec le turban en forme de bombe ne soit « pas très
bon », car cela permet « d’exclure du débat sa valeur esthétique pour le recentrer
sur la question de la liberté d’expression »
– un sophisme qui, comme toutes ces pirouettes dont il est coutumier et
dont il semble retirer une fierté sans bornes, est remarquablement
débile ?

Sur ce dernier point, d’ailleurs, Caroline Fourest donne une version
un peu différente de celle de son patron. Dans la page de publicité
gratuite offerte par Libération [5] à ce numéro spécial de Charlie, elle commentait :

« On ne s’est pas lâché cette semaine. Le dessin qui nous a fait
le plus rire n’est pas passé. C’était trop facile, gratuit et sans
message derrière. »

Parce que, derrière le turban en forme de bombe, il y a un « message » ? Tiens donc
! Et lequel ? (Au passage, cet article de Libération était cosigné par Renaud Dély,
qui est, ou en tout cas a été, chroniqueur politique à Charlie Hebdo
sous un pseudonyme : le cobranding, ça marche !) Il semblerait qu’on
rie beaucoup aux dépens des Arabes – pardon, des « intégristes » – à Charlie Hebdo
en ce moment.

Ça ne date d’ailleurs pas d’hier : il y a quelques années, quand Nagui était arrivé
sur Canal Plus pour présenter Nulle part ailleurs, Cabu l’avait caricaturé en Une de
Charlie Hebdo
en chameau des publicités Camel. Canal Plus avait alors fait livrer par
coursier à la rédaction un montage dans lequel, au-dessus de ce dessin,
le titre « Charlie Hebdo » avait été remplacé par « National Hebdo ».

« Esprit des Lumières »
ou bombe éclairante ?

Le plus comique, c’est peut-être les tentatives désespérées de l’équipe pour nous
faire croire que, malgré tout, elle reste de gauche. Dans son dernier opus, La
tentation obscurantiste,
consacré à l’épuration de la gauche telle qu’elle la rêve (168 pages
avec que des listes de noms, un livre garanti sans l’ombre du début
d’une idée dedans !), Caroline Fourest se désole parce que, dans un article,
j’ai osé douter de sa légitimité à prétendre incarner la « vraie »
gauche (par opposition à celle qui refuse de partager ses fantasmes
d’invasion islamique).

Outre le fait que la pensée qu’on a décrite plus haut, et que propage désormais
Charlie,
est une pensée d’acquiescement passionné à l’ordre du monde, ce qui
n’est pas très « de gauche », nos vaillants éradicateurs devraient
examiner d’un peu plus près le pedigree de leurs nouveaux amis. Caroline
Fourest et Fiammetta Venner – elle aussi « journaliste » à Charlie – sont adulées
par Le Point  et L’Express
(lequel publie lui aussi le « manifeste »), deux titres, comme chacun
sait, furieusement progressistes. Elles sont copines avec Ayaan Hirsi
Ali, députée néerlandaises, amie de Théo Van Gogh intronisée en
politique par le très libéral Frits Bolkestein, qui
« fut le premier [aux Pays-Bas] à déclarer incompatibles, au début
des années 1990, les valeurs des immigrés musulmans et celles de son
pays » [6]
– Ayaan Hirsi Ali a elle aussi signé le « manifeste ». Fiammetta Venner
ne voit aucun problème à donner une interview à un site répondant au
doux nom de « Primo-Europe », créé par des « citoyens
qui considèrent que l’information sur le Moyen Orient est, en Europe en
général et en France en particulier, diffusée en fonction de préjugés
manichéens où le commentaire l’emporte sur le fait », et sur lequel elle figure aux
côtés d’un Alexandre Del Valle, par exemple.

Mieux : comme l’a relevé PLPL, Venner et Fourest écrivent désormais aussi dans le
Wall Street Journal, « organe de Bush, des néoconservateurs américains, de la droite
religieuse et de Wall Street » ; elles s’y alarment de l’« incapacité des immigrants
arabes à s’intégrer » et de la « menace pour les démocraties occidentales » de les
voir rejoindre des « cellules terroristes islamistes » [7]. La tribune dont sont
extraites ces lignes s’intitule « War on Eurabia »,
« Eurabia » (« Eurabie ») étant l’un des termes de prédilection
d’Oriana Fallaci (dont le livre avait d’ailleurs été encensé dans les
colonnes de Charlie par Robert Misrahi).

Quant à Philippe Val, la même page de PLPL nous apprend qu’en août 2005, un hommage
lui a été rendu dans un discours par un dirigeant du MNR de Bruno Mégret : `

« Les musulmans sentent bien la force de leur nombre, ont un
sentiment très fort de leur appartenance à une même communauté et
entendent nous imposer leurs valeurs. En ce moment, des signes montrent
que nous ne sommes pas seuls à prendre conscience de ce problème. (…)
J’ai eu la surprise de retrouver cette idée chez un éditorialiste qui
est à l’opposé de ce que nous représentons, Philippe Val, de Charlie
Hebdo, dans un numéro d’octobre 2004. »

Commentaire perfide du mensuel :

« Il y a dix ans, Philippe n’avait qu’une idée : interdire le
Front national, dont Mégret était alors le numéro 2. Désormais, Val
inspire certains des chefs du MNR. »

Enfin, le 2 mars 2006, dans Libération, Daniel Leconte vient d’offrir à ses amis une
tribune d’une page intitulée « Merci Charlie Hebdo ! ». Le présentateur-producteur
d’Arte [8] y rend hommage à ses confrères qui ont « refusé de céder à la peur »,
et se répand au passage en lamentations sur l’injustice dont la France a
fait preuve à l’égard des Etats-Unis après le 11-Septembre, et sur les
errements dont elle s’est rendue coupable lors de la guerre d’Irak, en
les isolant devant le Conseil de sécurité de l’ONU et en « laissant entendre que, de
victime, ils étaient devenus les fauteurs de troubles ».
On se demande effectivement où on a bien pu aller chercher une idée
pareille. Il conclut en réclamant sans rire le prix Albert-Londres pour Charlie
Hebdo, estimant que le journal a défendu un « esprit des Lumières » qu’il confond
visiblement avec la lueur des bombes éclairantes de l’armée américaine.

Cadeau un brin empoisonné que cette tribune. On commence par
prétendre ne faire que critiquer la religion musulmane, opium de ces
pouilleux d’Arabes, en se prévalant de son passé de bouffeurs de curés,
et on finit intronisé journal néoconservateur par des faucons à
oreillette ! Mince, alors ! Quelque chose a dû merder en chemin, mais
quoi ? Les voies de l’anticléricalisme sont parfois impénétrables.

Tu la sens, ma défense de la démocratie ?

Leconte se félicite de ce que Charlie ait témoigné de ce que « la France n’est pas
seulement cet assemblage de volontés molles ». Déjà, la déclaration de Luz
(attribuée par erreur à Philippe Val) selon laquelle la rédaction de Charlie, dans
son choix des caricatures qu’elle allait publier, avait « écarté tout ce qui était
mou de la bite », avait mis la puce à l’oreille du blogueur Bernard Lallement :

« Toute la tragédie est là. Faire, comme du Viagra, de
l’islamophobie un remède à son impuissance, expose aux mêmes effets
secondaires indésirables : les troubles de la vue ; sauf, bien sûr, pour
le tiroir caisse. »

La volonté agressive d’en découdre, de « ne pas se dégonfler »,
suinte de partout dans cette affaire. Val affirme que ne pas publier les
dessins serait aller à « Munich » – comme le faisait déjà Alain
Finkielkraut, dont il partage la paranoïa identitaire, lors des
premières affaires de voile à l’école. On n’est pas dans la défense des
grands principes, mais dans cette logique d’escalade haineuse et
guerrière, « œil pour œil dent pour dent », qui constitue le préalable
indispensable de tous les passages à l’acte, et les légitime par avance.
Tout le monde, d’ailleurs, fait spontanément le rapprochement entre les
dessins danois et certains feuilletons antisémites diffusés par des
chaînes arabes, admettant ainsi implicitement qu’ils sont de même
nature. Le journal allemand Die Welt a par exemple publié les caricatures en les
assortissant de ce commentaire :

« Nous attacherions plus d’importance aux critiques musulmanes si
elles n’étaient pas aussi hypocrites. Les imams n’ont rien dit quand la
télévision syrienne, à une heure de grande écoute, a présenté des
rabbins comme étant des cannibales buveurs de sang. »

Une telle attitude dénote en tout cas une mentalité à des
années-lumière de la sagesse philosophique dont voudrait par ailleurs se
parer le Bourgeois gentilhomme du marigot médiatique parisien. Répéter
toutes les deux phrases, d’un air sinistre et pénétré, le mot magique de
« démocratie », suffit peut-être à Philippe Val pour se faire adouber
par ses compères éditorialistes, mais, pour prétendre au statut de
penseur, il faudrait peut-être commencer par envisager le monde d’une
manière un peu moins… caricaturale.

En témoigne le tableau grotesque qu’il nous brosse du Danemark,
merveilleuse démocratie peuplée de grands blonds aux yeux bleus qui
achètent un tas de livres, ont une super protection sociale et ont
refusé de livrer leurs ressortissants juifs aux nazis, tandis que le
monde musulman se réduirait à un grouillement de masses incultes et
fanatiques qui n’ont même pas la carte Vitale. Peu importe si par
ailleurs la presse regorge d’articles sur la prospérité du racisme et
l’actuelle montée de l’extrême droite au Danemark (bah, si on a sauvé
des juifs pendant la guerre, on a bien le droit de ratonner un peu et de
profaner quelques tombes musulmanes soixante plus tard, tout ça n’est
pas bien méchant !). Et si on nous rappelle ici et là que le Danemark
est un pays où l’Eglise n’est pas séparée de l’Etat :

« Il existe une religion d’Etat, le protestantisme luthérien, les
prêtres sont des fonctionnaires, les cours de christianisme sont
obligatoires à l’école, etc. » [9].

Mais notre va-t-en guerre des civilisations ne s’encombre pas de tels
détails. Lors de l’éclatement de la seconde Intifada, déjà, il avait
décrété que Charlie devait défendre la politique israélienne,
parce qu’Israël était une démocratie et parce que tous les philosophes
importants de l’Histoire étaient juifs, tandis que son équipe effarée –
il faut dire que sa composition était alors assez différente – tentait
d’évaluer en un rapide calcul le nombre d’erreurs grossières, de
raccourcis vertigineux et de simplifications imbéciles qu’il était ainsi
capable d’opérer dans la même phrase. Pour ma part, abasourdie de
devoir en arriver là, je m’étais évertuée à le persuader qu’il existait
aussi des « lettrés » dans le monde arabe ; je m’étais heurtée à un mur
de scepticisme réprobateur. Prôner la supériorité de sa propre
civilisation, et faire preuve, par là même, d’une vulgarité et d’une
inculture assez peu dignes de l’image qu’on veut en donner : c’est le
paradoxe qu’on avait déjà relevé chez Oriana Fallaci, qui écrivait dans La rage et
l’orgueil :

« Derrière notre civilisation il y a Homère, il y a Socrate, il y a
Platon, il y a Aristote, il y a Phidias. (…) Alors que derrière
l’autre culture, la culture des barbus avec la tunique et le turban,
qu’est-ce qu’on trouve ?… »

Eh bien, je ne sais pas, moi… Ça, par exemple…?

Comme on le disait à l’époque, en voilà, un argument hautement
« civilisé » : « Dans ma culture il y a plein de génies alors que chez
toi il n’y a que des idiots, nana-nè-reu ! » Les civilisations n’ont
rien à s’envier les unes aux autres, ni du point de vue des
connaissances, ni de celui des valeurs.  Comme écrivait le prix Nobel
d’économie Amartya Sen :

« Tenter de vendre les droits de l’homme comme une contribution de
l’Occident au reste du monde, n’est pas seulement historiquement
superficiel et culturellement chauvin, c’est également contre-productif.
Cela produit une aliénation artificielle, qui n’est pas justifiée et
n’incite pas à une meilleure compréhension entre les uns et les autres.
Les idées fondamentales qui sous-tendent les droits de l’homme sont
apparues sous une forme ou une autre dans différentes cultures. Elles
constituent des matériaux solides et positifs pour étayer l’histoire et
la tradition de toute grande civilisation. »

Non seulement le discours des Val et des Fallaci témoigne d’une
méconnaissance crasse des autres cultures, mais il néglige aussi le fait
que, comme n’a eu de cesse de le rappeler un Edward Saïd, aucune
civilisation n’a connu un développement étanche, et toutes se sont
constituées par des apports mutuels incessants, rendant absolument vain
ce genre de concours aux points.

Défendre la démocratie,
ne serait-ce pas plutôt
refuser la logique du bouc émissaire,
si utile aux démagogues
qui veulent la subvertir à leur profit ?

Par les temps qui courent, raisonner à partir de telles
approximations, en se contentant de manier des clichés sans jamais
interroger leur adéquation au réel, peut s’avérer rien moins que
meurtrier. Il est stupéfiant que, dans un « débat » comme celui suscité
par les caricatures danoises, tout le monde pérore en faisant
complètement abstraction du contexte dans lequel il se déroule : un
contexte dans lequel un certain nombre d’instances de par le monde
tentent de dresser les populations les unes contre les autres en les
persuadant que « ceux d’en face » veulent les anéantir. En Occident, ces
instances sont celles qui tentent de faire du musulman le bouc
émissaire de tous les maux de la société, la nouvelle menace permettant
d’opérer une utile diversion.

Dès lors, de deux choses l’une : soit on adhère à cette vision, et
alors on assume sa participation active à cette construction, avec les
responsabilités que cela implique ; soit on la récuse, et on estime que
la nécessité de l’enrayer – ou d’essayer de l’enrayer – commande
d’observer la plus grande prudence. Laquelle prudence ne signifie pas
qu’on est « mou de la bite », mais plutôt qu’on a peu de goût
pour les stigmatisations déshumanisantes, sachant à quoi elles peuvent
mener. Le courage ne commanderait-il pas plutôt de résister aux préjugés
majoritaires, et la véritable défense de la démocratie, de refuser
cette logique du bouc émissaire si utile aux démagogues qui veulent la
subvertir à leur profit ? Ce qui est sûr, c’est qu’en aucun cas on ne
peut se dédouaner en écrivant, comme le fait Philippe Val, que

« si la Troisième Guerre mondiale devait éclater, elle éclaterait
de toute façon », et que « l’amalgame entre racisme et critique de la
religion est à peu près aussi cohérent que l’était, à l’époque de
Franco, l’amalgame entre critique du fascisme et racisme anti-ibérique »

Voilà vraiment ce qui s’appelle jouer au con.

En décembre dernier, toujours pour essayer de faire parler du journal, les
caricaturistes de Charlie Hebdo
avaient postulé par dérision à la succession de Jacques Faizant.
Qu’ils se rassurent, ils ont toutes leurs chances : en matière
d’ethnocentrisme rance, ils n’ont déjà plus rien à envier au défunt
dessinateur du Figaro. Ils ont seulement un peu modernisé le trait…

P.-S.
Ce texte est paru en mars 2006 sur le site Périphéries. Sur « l’affaire des
caricatures danoises », lire aussi Domenico Joze, « Quand des médias caricaturaux
pérorent sur des caricatures »

Notes

[1] Le Crapouillot
fut un journal anticonformiste fondé au début du 20ème siècle, et qui a
connu, à partir des années 60, une dérive droitière voire d’extrême
droite

[2] E. Hazan, LQR, La propagande du quotidien, Raisons d’agir

[3] 17 janvier 2001

[4] Pour lire cette version, cliquer ici

[5] Le 9 février 2006

[6] Lire l’article d’Alain Gresh, « Bernard Lewis et le gène de l’islam »

[7] Fourest, Wall Street Journal, 2 février 2005

[8] lire « Quand Arte dérape », paru dans Le Courrier, 10 mai 2004

[9] Alain Gresh dans Le Monde Diplomatique de mars

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[Ton corps ce champ de bataille]: CAS-Libres nouvelel formule


CAS-libres change de « formule » !

Tous les premiers jeudis du mois, l’équipe de CAS-libres vous propose
désormais 2 heures de direct de 20h à 22h avec des nouvelles rubriques,
des reportages, des discussions autour des questions de Corps, Amours et
Sexualités (C.A.S)

Cas Libres, c’est surtout une antenne libre, alors appelez nous !
Pour vos témoignages, petite question technique ou grand doute
existentiel, envie de débattre ou de raconter, colère ou joie…
c’est un plaisir de vous accueillir au 04 76 09 09 09 le premier jeudi de
chaque mois entre 20h et 22h !

Pour nous faire des retours sur les émissions des 3 dernières années, et
peut-être ainsi nous aider à peaufiner notre nouvelle « formule », il est
toujours possible de nous écrire à cas-libres (à) poivron.org

CAS Libres est une émission de radio « libre antenne » , en direct, sur
les questions de Corps, Amours et Sexualités (et bien d’autres choses
encore !). Les objectifs de cette émission sont de créer un espace
d’expression et d’écoute sur des questions intimes et de proposer une
alternative aux émissions de radio existantes sur ce sujet, qui nous
donnent l’illusion d’une liberté sexuelle tout en nous offrant une vision
réduite et normative des rapports affectifs et sexuels. Nous souhaitons
que chacun·e puisse se ré-approprier l’espace intime si souvent rempli par
des « experts » et des « spécialistes », qu’ils ou elles soient médecins,
psychologues…

Cas Libres
cas-libres[at]poivron.org
http://cas-libres.poivron.org/


CAS Libres — Antenne libre sur radio Kaléidoscope
http://cas-libres.poivron.org/      

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[Des Papiers pour touTEs] Appel DNSI37


Prochaine Réunion DNSI37 <https://dnsi37.thefreecat.org/> : lundi 24
septembre, 18h30 à la FOL
(Fédération des Oeuvres Laïques, 57 Bd Heurteloup, 37000 Tours)

Nos réunions de travail unitaires et ouvertes à toutes et tous –
signataires ou non de l’appel local qui nous
identifie
<https://dnsi37.thefreecat.org/2012/04/appel-local-dailleurs-nous-sommes-dici-37/>-
sont l’occasion de
*débattre des différents thèmes et sujets* liés à notre combat contre le
racisme institutionnel, et d?*organiser les initiatives* à travers
lesquelles nous décidons de porter notre mobilisation dans l?espace public.

Lors de notre réunion de rentrée (voir présentation ci-dessous),
plusieurs *pistes
d’interventions à court et moyen termes* ont ainsi été (ré-)ouvertes** :

– L’une *autour du Collectif des Travailleurs Sans Papiers d’Indre et Loir**
e*, dont il serait *souhaitable qu’elle puisse intervenir le plus
rapidement possible*** (*lundi dernier, nous évoquions le 06/10, mais cette
date est à revoir car elle ferait doublon avec une autre importante
initiative militante positionnée au même endroit*). Cette action pourrait
prendre la forme d’un rassemblement avec animations type « portage de
paroles ».

– L’autre *sur la question des contrôles d’identité abusifs, autour de
la campagne
« Stop le contrôle au faciès » <http://stoplecontroleaufacies.fr/>*
<http://stoplecontroleaufacies.fr/>: nous reprenons le principe de la
diffusion de l’information auprès des personnes concernées, d’une part à
travers la poursuite des « maraudes » de rue préconisées par le Collectif
Stop le CAF, mais aussi à travers une proposition d’évènement festif avec
animations et débats autour de cette thématique, à intervenir à moyen terme
(agenda à préciser avec la ou les structures intéressée-s).

Nous poursuivrons le travail sur ces perspectives en fonction des retours
que nous feront les commissions ou personnes s’étant précédemment chargées
de préciser les contenus, et de prendre les contacts nécessaires.

*Si vous souhaitez nous rejoindre, que ce soit régulièrement,
ou plus ponctuellement, sur la préparation d’une initiative précise,
mais sans toutefois pouvoir participer à notre prochaine réunion,
n’hésitez pas à nous l’indiquer et à nous transmettre vos éventuelles
suggestions ou propositions par retour de courriel.*

Munia Ewanjé Epée Boggio (pour DNSI37)
*—*
*D’ailleurs Nous Sommes d’Ici 37 : https://dnsi37.thefreecat.org/
**D’ailleurs Nous Sommes d’Ici :**http://dailleursnoussommesdici.org** **
*

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[La NR on s’en faout on veut plus de torchon du tout]

François Bluteau doublé par Olivier Pouvreau, pour le grand prix de la
presse de merde.

Alors qu’on croyait que le prix de l’article le plus nauséabond serait
remporté par François Bluteau, grand reporter de la nouvelle
répugnante, pour sa prose immonde sur le devenir « des Roms du pont aux
oies » la semaine dernière,
(http://mediatours.noblogs.org/2012/09/la-perlouze-de-la-semaine-par-francois-bluteau/)
voilà que notre reporter favori, Olivier Pouvreau, lui vole la
vedette.

C’était pas évident pourtant de faire quelque reportage que ce soit, plus
gerbant que ceux que réalise  Bluteau. On se souvient que ce dernier
avait, entre autre, filmé (et commenté avec une analyse
politico-sociologique
toujours extrêmement fine) la Gay Pride de Tours en 2011.

Rappelons nous : cette Gay Pride avait « dégénéré » selon notre journaleux
local, à cause bien sûr de quelques « militants d’extrême gauche »
incontrôlables « qui se sont invités à la Gay Pride »
(http://videos.lanouvellerepublique.fr/video/iLyROoafz5aA.html )

Cette  fameuse vidéo signée François Bluteau (ne parlons pas des
articles qui suivirent), a servi de « preuve » ensuite dans le
procès (fantasmatique faut il le préciser?) de cette femme  que l’on voit
sur les images, se faisant matraquer par  un mec de la BAC, et qui s’est
ensuite, faite condamner , pour lui avoir mis, non pas un mais deux coups
de
boule (n’entraînant bien sûr aucune interruption temporaire de travail, ni
aucune trace corporelle pour ce flic, alors qu’elle avait une ITT de
plusieurs jours).

« la vidéo montre bien mademoiselle, que vous agressez le policier »

Tout le monde au tribunal à commencer par la juge, avait déjà entériné
l’issue ce procès puisqu’il y avait « la preuve par l’image ».

La preuve par l’image de la vidéo de Bluteau!! qui a filmé, mais qui
n’a rien vu….

Cette petite histoire a permis au flic, d’arrondir ses fins de mois,
tranquillement en faisant condamner par ce tribunal de branques,  cette
fille, qui n’a jamais pourtant porté de coups à personne ce jour là.
Soyons clairs, si cela avait été le cas, loin de la juger, nous aurions
compris ce geste comme il se doit, un geste de révolte plutôt saine, face
à la violence et la provocation policière dont on ne parle jamais dans la
NR.

Des dizaines de témoins ont tenu à répondre à une convocation de la
police de Tours à la suite de cette petite affaire, ayant du mal à avaler
que la femme soit accusée, alors que c’est précisément elle qui
s’était faite violenter par la police…

Mais, voyez vous et c’est sans surprise aucune, au tribunal des flagrants
délires, ces témoignages avaient à peu de choses près la valeur d’un tas
de merde, comparé à la parole de ce flic véreux. Parce que tout le monde,
les keufs d’abord, suivis par le tribunal, tout le monde « avait
vu » dans cette vidéo hautement journalistique de Bluteau, ce qu’il voulait
voir, malgré l’absence de faits matériels corroborant le mirage du
policier solitaire.

la preuve par l’image….
Alors, c’était sûr dans ces conditions que Bluteau remporterait le
grand prix du chien galeux lèche cul du pouvoir avec sa prose et ses
films.

Et bien pas du tout!

Parce que hier matin voilà qu’Olivier Pouvreau nous pond, non  pas un,
mesdames messieurs, mais deux billets sur la visite de Jean Marie Le Pen
en
Touraine dimanche dernier!
Deux articles de Ouf!!!!!

Le premier il est là :
http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/Politique/n/Contenus/Articles/2012/09/17/Avec-le-vieux-lion-du-FN
et il est balaise déjà, mais regardez bien, sur le site de la nouvelle
répugnante vous pouvez cliquer sur « pour aller plus loin » !!!!!!!
Trop comique!!!

Pour aller plus loin dans la connerie, on peut!
Et c’est là, précisément qu’on décerne le prix du plus grand reporter
de merde à Pouvreau.

Parce que faire une demi page sur la venue de Le Pen sans parler de ce
qu’il venait faire, de son programme politique, des idées qu’il
diffuse et en le faisant passer pour un Papi sympa et rigolo (et vas y
pour la « crinière rouge éclatante », le « monument », le « bon mot pour
l’ouverture de la chasse », « papa Le Pen chantonnant ses airs favoris »,
et vas y que « les petits enfants viennent l’embrasser »……..) c’était
déjà pas mal.
Mais pour redorer le blason du vieux raston minable qu’est Le Pen,
Pouvreau, lui il pond deux articles.
Et pis une vidéo aussi! Une vidéo qui s’intitule « quand Le Pen amuse les
siens ». On sent la prise de position et l’objectivité journalistique
propre à ce torchon qu’est la Nouvelle République.

Mais c’est pas tout! On en reparle le lendemain, en Une (vous en
reprendrez bien une grosse couche) avec « Le Pen, la vidéo qui fait le
buzz », le courrier des lecteurs et tout le toutim pour montrer qu’à la
NR, on est démocrate, on écoute tout le monde, on interroge les deux
parties, pour être impartial!!

Alors, faire la promo des magouilleurs socialistes tourangeaux,
maquilleurs d’histoire genre Arlette Bosch la semaine dernière, c’était
grand.
C’était du grand Bluteau.

Mais deux méga perles de Pouvreau sur le vieux porc (oups pardon,
c’est dégueu pour les cochons) du FN avec le petit « pour aller plus
loin », la vidéo qui va bien avec, et la deuxième couche du lendemain, on a
subitement drôlement hésité pour savoir à qui la refiler, la palme d’or du
plus gros reporter vendu de la région.

Mais on a choisi! Cela dit, faudrait surtout pas croire que c’est parce que
la perlouze de ce matin ou d’hier parle de Le Pen, que son auteur tout mou
du bulbe, détient le césar de la pourriture médiatique locale. Le
Discours de Le Pen n’est pas plus dégueulasse que celui de Valls ou de
ses potes socialistes de Touraine!

Pour le prochain Grand Prix , on avait pensé à la palme d’or du discours
anti-islam en se faisant passer pour un défendeur de la laïcité, mais y
avait tellement de monde au portillon que ça devenait difficile de
choisir…. et vraiment trop chiant à lire.

LA NOUNOU ON S’EN FOUT, ON VEUT PLUS DE TORCHON DU TOUT!

Des VéNèrEs du Bocal

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Rassemblement antinucléaire devant le Vinci, jeudi à 19h.

Bonjour,

Le collectif Touraine sans nucléaire sera présent devant le Centre international du
Vinci, jeudi 20 à 19h, afin d’accueillir les élus de collectivités territoriales
participants au séminaire d’EDF http://www.vinci-conventions.com/.
Nous dénonçons la propagande ainsi orchestrée par EDF à destination des élus des
collectivités, qui on l’espère ne se laisseront pas berner pas les arguments
fallacieux autour d’un maintien du nucléaire ou de la prolongation de la durée de
vie des réacteurs au delà de 40 ans. A moins qu’il ne s’agisse d’implanter un centre
enfouissement de déchets radioactifs en Touraine ?  Nous appelons les citoyens à la
plus grande prudence face à l’organisation de ce type de « séminaire » en direction
des élus, et participerons à un rassemblement devant le Vinci à 19h jeudi avec
banderoles antinucléaires, combinaisons blanches, et tracts.

Cordialement,
Touraine sans nucléaire
Rémi Filliau: 06 30 13 35 30.
                                               

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Res communis ou res nullius ?


http://cettesemaine.free.fr/spip/article.php3?id_article=5315

(Le 16 septembre 2012)

Res communis ou res nullius ?
C’est désormais devenu un refrain
récurrent, inévitable, quasi obsessionnel. Il pointe son nez dans chaque
 discours, il prend place dans tous les débats, il est conjugué à toutes
 les sauces. Partout où il y a une situation de lutte, une lueur de
dissensus, une étincelle de conflit, vous pouvez être certains que
quelqu’un commencera à vous parler de bien commun.
Au début, ce mot réexhumé (et d’origine catholique, comme on l’a déjà
vu) ne servait qu’à indiquer un élément naturel comme l’eau. Puis,
lorsque quelques uns se sont rendus compte combien ce refrain
fonctionnait, à quel point il était en mesure d’attirer l’attention et
de grimper au hit parade du consensus politique, tout s’est rapidement
transformé en « bien commun ». Pour le défendre, des comités et des
listes électorales citoyennes prolifèrent un peu partout.
C’est le citoyennisme dans sa
quintessence même, c’est-à-dire la récupération des tensions subversives
à des fins réformistes. Ce qui nous entoure n’est plus perçu et
présenté comme le fruit empoisonné (c’est-à-dire à refuser) d’un système
social infâme (et qui pour cela doit être détruit). De nos jours, il
est davantage perçu et présenté comme s’il s’agissait de la richesse de
tous (donc à accepter) mise danger par quelques-uns (et qui doit donc
être protégée). Avec la lutte pour le « bien commun », on est ainsi
passé petit à petit sans s’en rendre compte, de la sauvegarde de ce que
la nature nous offre généreusement, à la sauvegarde de ce qui nous est
odieusement imposé par l’Etat.
Avec un peu de fantaisie macabre, la
métropole n’est plus cet agglomérat urbain « tentaculaire », pensé et
construit pour répondre aux exigences du contrôle et de l’exploitation,
anéantissant toute liberté en embourbant les individus qui l’habitent
dans l’aliénation. Non, même la métropole est désormais devenue un bien
commun. L’université n’est plus le centre de dressage des jeunes
cerveaux, l’antichambre de l’esclavage salarié, la rampe de lancement
d’une carrière synonyme d’abjection. Non, l’université est devenue un
bien commun. Le travail n’est plus l’exploitation de l’être humain, la
pire des polices, la version pudique de la prostitution. Non, même le
travail est désormais devenu un bien commun. La démocratie n’est plus
cette forme d’oligarchie qui justifie l’autoritarisme niché dans tout
pouvoir avec l’hypocrisie de l’inexistante volonté de la majorité,
l’alter ego (en forme de carotte) de la dictature (en forme de bâton).
Non, la démocratie est elle aussi devenue un bien commun. Avec un zeste
de ridicule, n’en est-on pas venus à décréter comme un bien commun
jusqu’au tourisme, cette industrie du temps libre ?
Comme on le voit, ce qui devrait être
remis radicalement en question et refusé est, à travers la rhétorique
citoyenniste, incorporé comme sien et accepté. Ceci fait, il ne reste
alors qu’à s’en prendre à une mauvaise administration à laquelle
adresser des reproches « légitimes » et des plaintes, renforçant ainsi
la conviction que l’horizon institutionnel est le seul imaginable. Mais
qu’on ne pense pas que les chiens de garde de l’existant sont les seuls à
tresser les louanges du bien commun. Mais non ! Certains subversifs
sont aussi restés enchantés par l’opposition théâtrale entre bien commun et bien
public.
Le bien commun est ce qui appartient à tous, tandis que le bien public
est ce qui appartient à l’Etat. C’est ce qui explique les invitations
militantes à se mobiliser, à prendre parti pour défendre le premier,
qu’il s’agit d’étendre, contre l’arrogance du second, qu’il s’agit de
réduire.
Désormais, on se trouve face à une
véritable fraude idéologique. La distinction entre bien commun et bien
public est une distinction juridique qui garde rigoureusement à la marge
de son discours le négatif : le bien de personne, la res nullius. Dans le langage
du droit antique, on entendait par res nullius tout ce qui n’était propriété de
personne, et donc à la libre disposition de tous. C’était là la différence avec la
res communis, le bien commun. La res nullius
était hors du droit, et dans un certain sens en attente de sa
réglementation ; la chose en question était à tous parce qu’il n’avait
pas (encore) été établi à qui revenait le titre de propriété. La res communis était
à l’intérieur du droit, la chose appartenait à tous parce que c’est ce qui avait été
décrété par la loi.
Que la gauche agonisante courre derrière la pensée catholique pour
revendiquer une mise en commun légale et institutionnelle des richesses,
on comprend bien pourquoi. Mais que ceux qui aspirent à bouleverser ce
monde, ceux qui voudrait se passer de toutes les lois, si jamais ils
voulaient utiliser un tel langage, ne devrait-on pas s’attendre à ce
qu’ils défendent la res nullius plutôt que la res communis ?
Les produits de ce monde, reflets de son
ordre mortifère, ne nous appartiennent pas et nous ne voulons pas les
revendiquer. Ils nous dégoûtent, « à l’image et à la ressemblance » de
leurs maîtres. Ce que nous voulons, ce que nous désirons, est
complètement différent de ce monde infesté de travail et de métropole,
de démocratie et d’université. Quant aux trésors de la nature, ou même
au génie de l’être humain, s’ils sont à la libre disposition de tous en
général c’est parce qu’ils n’appartiennent à personne en particulier.
Ils sont la chose de personne, en dehors de la loi, sans titre de
propriété. Res nullius, justement.
Laissons donc les prêtres et les
militants de gauche se démener pour étendre et revendiquer une
reconnaissance juridique. Contre tout réalisme politique, nous visons à
la supprimer du tout au tout.
Traduit de l’italien par nos soins de Finimondo, 15/09/12

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Boris Vian – Ah si j’avais un franc cinquante

Boris vian Ah ! Si j’avais un franc cinquante

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Le fascisme ne passera pas




http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/
Politique/n/Contenus/Articles/2012/09/14/
Le-Front-s-organise-et-s-enrichit
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[Nos médias] Timult n° 6 – septembre 2012


                                Bonjour !
La 6e moisson de Timult fait son foin !
Elle arrive dans les bacs dès le 17 septembre.

Cette édition thématise les frontières, la violence, les sexualités,
corps, territoires &  solidarités radicales, … articulés de façon
transversale au fil des articles.
Nous vous faisons part de son sommaire
pour vous donner envie de le commander  pour le lire et pour le
diffuser, à vos collègues, amant.es, camarades, vos oncles perdus ou
voisines de pallier averties, dans vos infokiosques ou sous les
comptoirs.
Contactez-nous vite par mail pour que nous sachions combien d’exemplaires
vous
désirez et quel sera le meilleurs moyen de les acheminer jusqu’à vous!
xx Les timultiennes

SOMMAIRE
INSTANTANÉ
Frontières

Les frontières visibles et celles qui sont camouflées, racontées par O.
STRATÉGIES
L’idéologie de la non-violence en question

Critique de la non-violence à partir de luttes historiques et d’une
analyse de
dominations.
Pratiques sexuelles, Territoires, Corps, Luttes et Imaginaires

Invitation à se refuser au spectacle de l’appartenance, sortir du choc des
cultures,
déconstruire les évidences.
FRAGMENTS ET RACONTARS
Tout pour tou.tes ! Solidarités radicales en galères de logement

L’histoire d’un gang de femmes qui dessine, souvent laborieusement et,
dès que possible, avec joie, les moyens de disposer de pouvoirs
collectifs.
Notre histoire(s)

Quelles puissances trouver dans le souvenir et l’analyse ? Quelle forme
donner à un travail de mémoire collectif ? Appel à contribution.
MON CORPS EST UN CHAMP DE BATAILLE
Dire non n’est jamais anodin

Récit de situations de domination sexuelle ordinaire en relations
hétérosexuelles.
ÉROTICO-POLITIQUE
Carnet de bord d’un cowboy parasexuelle
NOTES DE LECTURES ET EXTRAITS
BRÈVES

TIMULT

Une revue qui parle de luttes sociales et d’aspirations à changer le monde.

Une revue qui explore de nouvelles façons de faire de la théorie
politique, en imbriquant les récits de vie, les émotions et les
analyses, en expérimentant des manières d’écrire, d’inviter à l’écriture
(ateliers et écritures collectives…).

Une revue pour être plus fort.es et plus habiles faces aux oppressions, et
aussi
pour nous faire plaisir !
TIMULT, 15 rue Jacquet, 38100 Grenoble
Mailing, 12 septembre 2012

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