Lecture collective

Dans la lutte contre toute forme d’autorité, la capacité d’abstraction
permet de prendre du recul, de ne pas être prisonnier d’une conception
idéologique du monde.
Non qu’il s’agisse pour chacun de devenir une bibliothèque ambulante ou
pire un philosophe, avant de prétendre pouvoir s’attaquer à l’autorité.
Mais l’absence de recul, un certain spontanéisme, une conception de la vie
où les affects et les désirs se placent au centre sans pouvoir être remis
en question font autant de mal à nos luttes que la lourdeur de la pensée
idéologique.

Il s’agit de se réapproprier la pensée, quand le spectacle à mis au pas
les affects, et les raisonnements. Il est nécessaire de revitaliser nos
cerveaux atrophiés par la falsification du langage, le renversement de la
logique et la glorification de la médiocrité intellectuelle pour enfin
pouvoir espérer briser les images qui nous tiennent enchaînés.

Nous sommes conscient que les classes dominantes ont confisqué la culture,
et que tout le monde n’est pas égal face au média écrit. C’est pour cela
que nous proposons une lecture collective à des fins subversives. Il
s’agira de partager et de discuter de textes lus à haute voix de manière
horizontale, de manière à ce que chacun puisse s’approprier le contenu de
celles-ci.

Dimanche 14 octobre au projet de 244 à 16h lecture de «  le diable au corps »

Recueil de textes subversifs  issus de la revue italienne du même nom.

Présentation de l’ouvrage par mutines séditions :
Certes, la domination ne s’effondrera pas toute seule, et nous ne sommes
pas en train de dire qu’il faudrait attendre on ne sait quelle masse ou
majorité pour agir. Mais ce qui fait en réalité toujours plus défaut dans
la guerre sociale, c’est la capacité à redonner du sens à une liberté pour
tous basée sur l’individu, au-delà du simple accompagnement plus ou moins
critique des formes toujours plus ambiguës qu’emprunte l’antagonisme
social. Cette petite sélection de textes souhaite y contribuer à sa
mesure, sans rien promettre ni proposer d’autre que de tout interroger,
afin que nos mouvements désordonnés aillent enfin « toucher toutes les
profondeurs ».
Nous pensons toujours que l’arme de la critique peut inspirer de joyeux
révoltés, et que les idées peuvent nourrir des pratiques, et vice-versa,
en un mélange explosif.

Adresse :Maison thanks for the future
244 rue auguste chevalier Tours        https://mediatours.noblogs.org

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Gulabi


Tout a déjà été dit ailleurs sur l’ignominie de la justice tunisienne
poursuivant une jeune femme victime de viol par des policiers, sur
l’attitude des flics tunisiens persécutant les femmes en dehors de
toute légalité mais en fonction de critères islamistes. Les femmes
tunisiennes ont une longue tradition de lutte et elles ne vont pas se
laisser faire.
On se permettra ici, en signe de solidarité, de leur signaler
l’existence en Inde du Gulabi Gang, ainsi dénommé d’après la couleur
de leur sari (« gulabi » en hindi signifie « rose »), originaire de Banda
dans l’Uttar Pradesh. Fondé en 2006 par une mère de cinq enfants
ancienne assistante sociale, le Gulabi Gang rend visite aux maris qui
tabassent leur femme et leur rend la monnaie de leur pièce à coup de
laathis, le bâton de bambou, elles se battent aussi contre les
coupures d’électricité chez les plus pauvres, les mariages d’enfants
et l’analphabétisme. « Quand je me promène avec un bâton, c’est pour
que les hommes me craignent. Je ne l’utilise pas toujours mais ça aide
à changer d’avis les hommes qui croient être plus puissants que moi »,
déclare Sampat Pal Devi, la fondatrice.
On espère aussi que les femmes égyptiennes, face aux mauvais tours que
leur prépare la Constituante, prendront exemples sur ces ouvrières
d’une usine près d’Alexandrie, qui avaient chassé les salafistes à
coups de savate.

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[DégenréEs] Bis,Bisexuel.le.s, Bisexualité…


http://blogs.radiocanut.org/onestpasdescadeaux/
bis, bisexuel.le.s, bisexualité

Dans cette émission, les bisexuel.le.s
prennent la parole. C’est dans un
silence généralisé  que
 le 23 septembre s’est passée la journée internationale de la biphobie.
Souvent des alliées dans les luttes lgbt, féministes et/ou
transpédégouines, leur vécu et leur identité reste la plupart du temps
invisibilisée.

Bisexuel.le.s, pansexuel.le.s, queer;
Trans FtoU, MtoU, intersexe… Liens avec le féminisme, la communauté
lgbt, transpédégouine, quelles sont les alliances possibles et les
limites?

Y a t-il une spécificité de la biphobie? Quelle serait une identité
politique bi?

Bonne écoute!
http://blogs.radiocanut.org/onestpasdescadeaux/files/2012/09/%C3%A9missionBisexualit%C3%A9.mp3

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[C.L.A.P33] République – Anti-Cagoule : Qui avance masqué ?

Le collectif Contre Les Abus Policier – Bordeaux (C.L.A.P33) communique le
4 septembre 2012.

République – Anti-Cagoule : Qui avance masqué ?

Le communiqué en ligne :
http://clap33.over-blog.com/article-republique-anti-cagoule-qui-avance-masque-110875538.html

Été 2012, la République se dévoile. Atteinte en France au droit de
manifester masqué et à la liberté d’expression, c’est la loi visant à
interdire le port du niqab qui est appliquée et non le décret anti-cagoule

DECRET ANTI CAGOULE Décret n°2009-724 du 19 juin 2009

*La République vous accuse*

*de dissimulation illicite du visage à l’occasion de manifestations sur la
voie publique*

*Est puni d’une amende maximale de 1500 euros, 3000 euros en cas de
récidive,* le fait pour une personne, au sein ou aux abords immédiats d’une
manifestation sur la voie publique, de dissimuler volontairement son visage
afin de ne pas être identifiée dans des circonstances faisant craindre des
atteintes à l’ordre public.

Non applicable aux manifestations conformes aux usages locaux ou lorsque la
dissimulation du visage est justifiée par un motif légitime.

Il reste possible de dissimuler son visage lors d’une manifestation si la
personne masquée accepte de se dévoiler en cas de contrôle des forces de
l’ordre, le simple fait de dissimuler son visage n’est pas suffisant pour
constituer l’infraction (froid, lacrymo?). Il faut le faire avec
l’intention d’échapper à toute identification et en agissant de telle
manière que les autorités puissent craindre un trouble à l’ordre public.

*LOI n° 2010-1192 du 11 octobre 2010 entrée en vigueur le 11 avril 2011*

Radicalisation par le burqamouflage ou quand la dignité des femmes sert
d’emballage à une loi sécuritaire qui supprime les libertés (et racole à
l’extrême-droite en bonus) :

*La République vous interdit*

*Nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler
son visage*

Où ? Partout où le public accède librement : la voie publique d’abord mais
aussi les services publics (tribunaux, hôpitaux, bureaux de poste, mairies,
préfectures?), les commerces et centres commerciaux, les restaurants, les
salles de spectacle, les enceintes sportives… L’interdiction s’applique
également aux locaux professionnels ou associatifs accessibles au public.

*Amende de 150 euros et/ou un stage de citoyenneté encourus.*

La police nationale et la gendarmerie nationale doivent être en mesure de
vérifier l’identité de toute personne.
L’existence d’une intention est indifférente : il suffit que la tenue soit
destinée à dissimuler le visage. Ainsi, une personne dissimulant
volontairement son visage lors d’une manifestation pourra-t-elle se voir
condamnée

*La République se vit à visage découvert affirme la campagne
gouvernementale : Été 2012, comment vit-on la république dans la rue ?*

*À Marseille, les manifestants pro Pussy Riot terminent au poste.*
Venus protester pacifiquement contre le sort réservé aux Pussy Riot,
encagoulés en clin d’oeil, 7 manifestants marseillais, 5 poètes, un éditeur
et Christian Poitevin, embarqués (dans un camion de CRS toutes sirènes
hurlantes !) au commissariat à Marseille car ils portaient des cagoules sur
la voie publique. « On est venu ici pour défendre la liberté d’expression en
Russie et on se retrouve arrêté en France ! », se désole une retraitée.
*Lire ici :*
http://clap33.over-blog.com/article-marseille-les-manifestants-pro-pussy-riot-terminent-au-poste-109262873.html

*Août 2012, pour la première fois, 5 militants ont écopé d’amendes en
raison du port du célèbre masque signe de ralliement de tous ceux qui se
réclament des idées du collectif Anonymous* lors d’une manifestation près
de l’église de scientologie. Habitués aux contrôles, les Anonymous
pensaient qu’ils n’auraient qu’à montrer leurs cartes d’identité. Mais les
policiers ont eut recours au décret dit «anti-cagoule».

*Nous voulons retrouver notre droit de manifester masqué, notre droit de
porter nos masques d’affiliation, de protection, de caricature : les
pro-Pussy Riot, les Anonymous, les stagiaires, les prostituées, les clowns,
les artistes, les infirmiers anesthésistes, les enseignants, les
déconneurs, et tous les autres que nous sommes ou qui nous incarnent.*

*Qui avance masqué ?*

Données biométriques <> Reconnaissance faciale <> Prélèvements ADN <>
Vidéo-contrôle?>> Création d’un fichier national biométrique jugé
anticonstitutionnel en mars 2012 : jusqu’à quand ? Puces RFID <>
Surveillance électronique <> Drone? Masque de Protection de notre identité
? et la protection de notre Liberté ?

*« Si vous n’avez rien à vous reprocher, vous n’avez rien à craindre »
REFUSEZ d’être présumé suspect ou coupable !*

*Vos commentaires sur cet article :*
Attention, la liberté d’expression sur le net même public se fait sans
masque même si vous vous sentez protégé derrière votre écran : )

*La police recrute, le CLAP aussi, rejoignez-nous !*
collectif.clap33@gmail.com
http://clap33.over-blog.com/

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le CRS mélomane

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Familles à la rue nouvelles…


Hébergement 115 pire qu’hier et moins que demain!

Le nombre de refus du 115 est de 55 ce soir ,à cela il faut ajouter
celles et ceux pour qui chrétiens-migrants appelle le 115 et pour qui il
n’y a rien (environ 30).Ce soir encore des gens « dormiront » dans le
hall,d’autres à gauche à droite.
De nouvelles familles,des personnes seules ;ici comme dans d’autres
villes; arrivent presque chaque jour.
Le système d’hébergement est saturé,le turn over appliqué avec zèle par
Emergence fonctionne à plein régime.Des mineurs ne sont pas pris en
charge par l’ASE;des mères isolées n’ont droit qu’à des « contrat »
d’hébergement de 7 jours.
Pire qu’hier et moins que demain!

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Relance du site Copwatch Nord-Paris IDF. Valls, nous revoilà.

L’adresse https://copwatchnord-idf.org n’existe plus,
Désormais, le site totalement decensuré sera accessible à cette adresse «
définitive »

https://copwatchnord-idf.info

Des nouvelles bases de données sont à la disposition de tous,
https://copwatchnord-idf.info/?q=node/150
https://copwatchnord-idf.info/?q=node/148
https://copwatchnord-idf.info/?q=node/149

Les bases de données sont en pleine restructuration et le site reprendra
sa vitesse de croisière d’ici quelques jours.
Valls, nous ne lacherons jamais le terrain.

FLICS, NOUS VOUS IDENTIFIERONS TOUS UN A UN.

Le collectif.

Ps : Nous demandons à tous et à toutes de bien vouloir transmettre cette
nouvelle adresse autour de vous.

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L’imprévu

(Le 2 octobre 2012)

L’imprévu
      Parfois, on en vient à penser qu’il est
vraiment dommage que la révolution de “référence” pour les anarchistes
soit celle survenue en Espagne en 1936. Une révolution née comme
réaction rageuse, déterminée et consciente à un coup d’Etat. Une
révolution qui pouvait compter sur une grande organisation anarchiste
spécifique, qui a son tour influençait le plus grand syndicat du pays.
Une révolution qui a vu des anarchistes entrer au gouvernement et
accepter la militarisation au nom de l’urgence des choses, des
nécessités tactiques du moment. Trois éléments, contenus dans une seule
expérience qui, à force de passer pour un modèle historique, ont
enraciné dans l’esprit de nombreux anarchistes l’idée que la révolution a
 besoin : a) d’une soi-disant motivation idéale d’ordre supérieur ; b)
d’un appui populaire quantitativement significatif ; c) d’un
opportunisme agile et attentif, prêt à se débarrasser de n’importe quel
principe jugé trop encombrant. Un vrai malheur, car là où ces trois
éléments sont absents, ou même si on n’en refuse un seul, il ne reste
pour beaucoup que la résignation ou la lutte entendue comme duel privé.
Et pourtant…
On peut prendre acte autant qu’on veut
de l’actuelle absence, au sein de la société, d’une aspiration qui aille
au-delà d’une survie pacifique au milieu des marchandises, alors qu’il
suffirait de regarder avec attention l’histoire des révolutions (ou
celle des émeutes) pour remarquer que celle d’Espagne, avec sa noble
cause, constitue plutôt une exception. Dans les autres cas, on était
presque toujours en présence d’une situation de mécontentement
généralisé, de fortes tensions sociales, qui ont éclaté à l’improviste
pour une raison futile. En 1871 en France, la Commune naît après un
litige sur le déplacement des canons disposés pour défendre la capitale,
dans une nation en guerre et déjà défaite. En 1913 en Italie, la
Semaine Rouge commence lorsqu’un carabinier un peu trop nerveux confond
des pétards avec des coups de feu, et appuie à son tour sur la gâchette.
En 1918 en Allemagne, le prétexte fut la ration périmée donnée aux
marins sur les navires de guerre. Il s’agissait de périodes où la
question sociale était de toute façon à l’ordre du jour ? C’est vrai.
Mais à Los Angeles en 1992, ce fut à cause de l’absence de condamnation
de policiers violents filmés par hasard pendant qu’ils faisaient ce que
tous les policiers font quotidiennement dans n’importe quel pays. En
Albanie en 1997, ce fut à cause de l’énième spéculation financière. Et
ainsi de suite, jusqu’à aujourd’hui, jusqu’aux récents soulèvements
arabes déclenchés par le suicide ardent d’un vendeur à la sauvette
tunisien. Tous ces événements ne constituent bien sûr pas les raisons
qui ont déchaîné révolutions ou soulèvements, parce que leurs racines
plus profondes sont et seront toujours résumables à l’absence d’une vie
digne d’être vécue. Il s’agit de prétextes. Et les prétextes sont,
justement, presque toujours banals.

En réalité, la généralisation de la conscience qu’on appelait dans
le temps “conscience de classe”, n’influence pas tant que cela la genèse
des soulèvements et des révolutions, parce qu’ils n’en ont pas besoin
pour exploser. Los Angeles en 1992, l’Albanie en 1997 ou la Tunisie en
2010 étaient-elles remplies de groupes subversifs avec une assise
populaire puissante ? Non, elles étaient seulement pleines de rage, de
frustration et de désespoir. Et cela suffit. Lorsqu’elle existe, la
présence de subversifs joue, ou peut jouer, sur le cours des événements,
sur l’effet de la déflagration sociale, sur les possibilités et les
perspectives qui s’ouvrent. Une révolution privée de voix anarchiste
aura certainement plus de difficulté à se rapprocher de l’anarchie, à
expérimenter des formes d’auto-organisation et d’auto-gestion à
l’intérieur de rapports sociaux sans ordre hiérarchique, laissant le
champ libre aux solutions autoritaires qui en constituent tout
l’horizon. Voilà pourquoi il est important de se préparer, théoriquement
et pratiquement, à ce qui pourra surgir. Voilà pourquoi il est
fondamental de tenter de diffuser dès maintenant l’aversion contre tous
les partis, la haine de toute autorité, la nécessité de l’autonomie.
Mais le manque de diffusion préventive du virus subversif n’est de fait
pas synonyme en soi d’absence de possibilités insurrectionnelles. Cela
reviendrait à tomber dans l’erreur selon laquelle il ne peut y avoir de
révolution sans théorie révolutionnaire. Si on ne voit pas autour de soi
les masses descendre dans la rue au son de l’anarchie ou du communisme,
faut-il en déduire qu’il vaut peut-être mieux rester chez soi ?
Evidemment pas. Au fond, ce qui est arrivé à Bakounine, qui a quitté la
France quelques mois avant le début de la Commune en décrétant la fin de
toute possibilité révolutionnaire dans ce pays, aurait du nous
apprendre quelque chose. Par exemple, qu’il n’existe pas de science
révolutionnaire mesurable et programmable, avec ses règles d’airain à
appliquer. Qu’une des forces qui détermine la révolution, comme le
rappelait le bon Galleani, est l’imprévu. Que seule
la paix sociale la plus absolue en creuse la tombe. Et donc
qu’aujourd’hui, nous nous trouvons en permanence face à des occasions,
souvent dues au hasard, qu’il s’agit de savoir prendre au vol et de
bouleverser, pour en faire l’usage qui nous convient. Berceuse
consolatrice ? Pas tant que ça, parce que ce faisant, on déplace
l’attention en allant d’un mécanisme extérieur objectif qui nous
console, vers une détermination individuelle aujourd’hui bien démodée.
S’il est une chose qui devrait
caractériser les anarchistes, c’est bien le refus de la tyrannie du
nombre, le refus de la politique. L’individu avant tout. Quel sens cela
a-t-il de rechercher un soutien de masses dont on sait bien qu’elles
sont changeantes, produites non par un choix, mais par une humeur qui
peut se retourner en son contraire d’un moment à l’autre ? Veut-on
réellement entrer en compétition en matière de démagogie avec les
différents rackets politiques, en pensant être les plus rusés sur ce
terrain absurde ? On l’a déjà dit, les révolutions explosent aussi sans
les subversifs. Ce n’est pas la croissance quantitative du mouvement
révolutionnaire spécifique ou le pourcentage de sympathies populaires
qu’il recueille qui les provoque. De plus, il n’est pas dit que le
soutien populaire soit synonyme de victoire, comme les anarchistes
espagnols s’en sont rendus compte. Les deux millions de personnes qui
ont suivi le cercueil de Durruti n’ont pas empêché quarante années de
dictature franquiste. Ce soutien peut plus ou moins exister, et qui plus
est en étant momentané ; alors pourquoi devrait-il être le souci
permanent et le point de référence de toute action ? Uniquement parce
que si les exploités n’ont pas besoin des anarchistes pour se révolter,
les anarchistes ont besoin des exploités pour se rapprocher de
l’anarchie ? Comme on dit, ce ne sont pas trois chiens pelés anarchistes
qui font la révolution.

C’est vrai, la force de choc du nombre est nécessaire, sans aucun
doute, mais qui a dit que ce nombre n’existe qu’en allant courtiser
chacune de ses unités singulières ? Là encore, le hasard et l’imprévu
jouent un rôle fondamental. La perspective d’une force numérique obtenue
parce qu’on a réussi à fasciner d’autres individus avec ses propres
idées et pratiques -et qui pour cela ont besoin d’être uniques et de se
détacher du marasme revendicationiste de gauche- est bien plus
enthousiasmante, par rapport à celle d’une force numérique obtenue en
allant mendier des consentements ça et là, en se présentant partout sous
un beau jour, le chapeau à la main  et les rêves cachés au fond des
poches. Un soutien populaire a priori ne peut faire saliver que ceux qui
ont des envies de pouvoir, ceux qui brûlent d’envie d’ “organiser les
masses” parce qu’ils se considèrent évidemment plus compétents que
l’Etat et les intéressés eux-mêmes (c’est-à-dire les êtres humains qui
le composent). Quant à ce qui pourrait se créer au cours d’une
révolution, c’est-à-dire dans le feu de la mêlée, comment pourrait-on le
prévoir ? Il est arrivé de nombreuses fois que des idées et des
pratiques complètement inconnues soient découvertes ou réévaluées d’un
coup, sans qu’il y ait eu besoin d’un processus promotionnel ou
pédagogique antérieur. Puis qu’elles soient reprises, diffusées et
perfectionnées sans aucun contact entre leurs différents protagonistes.
Comme si la révolte s’étendait non pas par contagion directe, mais par réverbération
indirecte. Plutôt que de serrer des mains à droite à gauche, mieux vaut donc tenter
de vibrer intensément.

Au fond, tout est une question de comprendre ce que nous voulons. La
généralisation d’une perspective qui nous tient à coeur, ou la
reconnaissance personnelle ? Que toujours plus d’individus soient
hostiles à l’autorité et décident pour leur propre compte comment vivre
en dehors et contre les institutions, ou que toujours plus de personnes
pendent à nos lèvres et viennent applaudir nos projets d’organisation
sociale libertaire ?
Une des critiques les plus impitoyables
contre les anarchistes espagnols fut celle d’un célèbre communiste
anti-stalinien, lui aussi présent sur le champ de bataille de 1936. Dans
les articles qu’il  a par la suite consacré aux événements, il n’a pu
se retenir de se moquer de ces anarchistes, fiers ennemis de l’Etat à la
veille de la révolution, pour devenir ensuite ministres lorsqu’elle a
éclaté. Et qui non seulement ont contredit leurs idées, en les reniant
dans leur essence même, mais l’ont fait en plus pour voler au secours de
la bourgeoisie ! Face à une telle misère, il vantait la franchise et la
cohérence de ses pairs communistes qui disent ce qu’ils veulent faire,
et tentent de faire ce qu’ils disent : prendre le pouvoir pour l’exercer
contre tous leurs ennemis. Point barre. A ceux qui lui faisaient
remarquer que les compromis des anarchistes espagnols étaient dus au
caractère exceptionnel de la situation, c’est-à-dire une guerre qui
menaçait la révolution, ce communiste répondait, sourire aux lèvres,
qu’il n’existe pas de révolution qui se déroule dans des conditions
normales. La révolution est l’exception. Si on met
en pratique au moment des faits le contraire exact de ce qu’on a
toujours théorisé, on devient pathétique et ridicule. Mieux vaut alors
prendre acte de son erreur, être sincère et changer de pavillon, plutôt
que de bredouiller des excuses.

Comment lui donner tort ? On ne peut pas s’en sortir. Ou bien on
pense que les idées anarchistes sont non seulement théorisables lors de
périodes calmes, mais également praticables aux moments de bourrasque,
ou bien on s’abandonne au vieux bon sens, selon lequel une chose est ce
qu’on dit, une autre ce qu’on fait. Dans le premier cas, l’anarchisme
reste avant tout une tension éthique. Pensée et action vont d’un même
pas, non par respect d’une identité idéologique empruntée à l’extérieur,
mais pour affirmer son individualité intérieure. Et alors, aucun
compromis, aucun opportunisme n’est possible. Parce qu’il est,
littéralement, inimaginable. Dans le second cas en revanche, c’est la
politique qui prend le pas sur l’éthique. Mais alors, quel sens cela
a-t-il de défendre la nécessité de l’action directe, le courage de ses
propres idées, le refus de toute forme d’intégration politique, si on se
précipite ensuite -à la lumière du calcul stratégique- pour faire tout
le contraire ? C’est comme se vanter de son intégrité en l’absence de
tentations, pour s’en débarrasser à la première occasion.

Et laissons s’il vous plaît tomber les bonnes intentions, inutile
d’en parler. Elles ne sont pas en cause. Personne ne pouvait et ne peut
aujourd’hui avoir de doutes sur la générosité d’un Juan García Oliver,
un des plus proches compagnons de Durruti. Mais qu’il est atroce de voir
un anarchiste des Solidarios, ex-bagnard et
expropriateur de banques, finir ministre de la Justice. Et à ce titre,
ordonner le “cessez-le-feu” à la population de Barcelone insurgée contre
le coup de main stalinien de mai 37.
Inutile de tourner autour du pot : si un
certain anarchisme “extrémiste” n’a jamais mené à la révolution, comme
aiment à le répéter les réalistes les plus réalistes, l’anarchisme
“politique” a toujours mené au collaborationnisme avec les forces
autoritaires, gage de trahison et de défaite. Il faut donc vraiment
abandonner tout modèle et étudier nos potentialités, si on veut réussir
dans ce qui a toujours failli. Mais alors, défi pour défi, pourquoi cela
ne devrait-il pas se produire pour donner enfin de la force à ses
propres aspirations, plutôt que pour faire fructifier pour la première
fois une affaire politique ?
Traduit de l’italien de finimondo, 7/9/12
http://cettesemaine.free.fr/spip/article.php3?id_article=5340

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Artistes, parasites et autres profiteurs… thanks for the future : un lieu-commun


Tu crois avoir le
temps,tu repousses certaines questions,
mais quand on vient te réveiller
pour la énième fois avec le
« debout, c’est la police ! »,
tucomprends vite pourquoi
ce temps est précieux.

Quand en 1996, H .
reste dans ces appartements et occupe le 244 rue Auguste Chevalier à
Tours, son premier but est sans aucun doute de trouver un endroit
pour vivre. Mais quand l’espace représente environ 6000m² de
surface habitable, il est aussi certain qu’il y a de quoi le
partager. Ainsi débutent les prémisses du Projet 244, une personne
puis dix, et ainsi de suite, une maison, trois hangars pour y faire
sa vie, travailler, créer, ou tout simplement pour prendre du bon
temps. La SEMIVIT, entreprise d’économie mixte, nouvellement
propriétaire des lieux à l’époque, veut y mettre fin. Il est
évident qu’un projet immobilier serait beaucoup plus rentable
qu’une quelconque nécessité.

Des compagnies artistiques
invitées et occupant la place depuis 1999, ont alors rapidement émis
le souhait de régulariser leurs situations, et ont signé une
convention avec la municipalité de Tours (principal actionnaire
de la SEMIVIT). Durant l’été 2007, le DAL 37 (Droit Au Logement)
s’installe également dans les lieux et décide d’insuffler un peu de
vie dans une maison laissée à l’abandon : peinture fraîche,
réparations diverses ; il noue des liens avec les compagnies
artistiques présentes… Ainsi le DAL, puis d’autres par la suite,
ont pu développer en toute indépendance un lieu social de
relogement et d’activités collectives, où de nombreuses personnes
ont vécu jusqu’à ce jour.

Pour notre part, cela fait
plusieurs années que nous cherchons à créer des espaces de vie
collective et de lutte, la Victoire, le Pied de biche, etc… Autant
de lieux nécessaires pour expérimenter et créer, pour mettre en
place des réseaux d’entraide et de solidarité, tout en permettant à
d’autres de se les réapproprier. Un lieu collectif se définit pour
nous par la possibilité d’y vivre à plusieurs, et aussi, de
s’émanciper tout en y développant des réflexions critiques sur nos
quotidiens. Un espace dans lequel les normes sociales se font moins
oppressantes et nous permet ainsi d’expérimenter de nouveaux désirs.
Plus qu’un simple espace à se partager, il s’agit pour nous de
mettre en perspective des communs envisageables.

S’extirpant
peu à peu du chaos de la précarité, cette maison fut renommée
« Thanks for the future ». C’est parce que nous avons
pris nos distances avec les rôles et les contraintes, auxquels toute
notre vie on nous a astreint, que l’existence de notre lieu a été
menacée. Interdiction de concerts « de la mouvance
anarcho-punk, susceptibles de faire venir un public aux comportements
violents », ronde et occupation des lieux par la police,
coupure d’eau et d’électricité… De ces lieux qui sont trop rares
où se confrontent la précarité et la possibilité, la répression
est une réalité quotidienne à laquelle il faut faire face.

Aujourd’hui, c’est une expulsion qui nous pend au nez. Un
huissier est venu nous apporter une ordonnance sur requête, qui fait
état d’une « maison sauvagement ouverte » dont les
propriétaires (la SEMIVIT) « viennent juste d’être avisés ».
Il y aurait donc « urgence à faire cesser cette occupation ».
Après plus de 5 ans, l’urgence ne nous semble pas aussi évidente
que la mauvaise foi de nos propriétaires semble le suggérer.
L’ordonnance fait également mention d’un litige qui nous a opposé
au Conseil d’Administration du Projet 244, lorsque ce dernier avait
pris la décision de nous couper l’eau et l’électricité. Cette
situation est désormais résolue et nous fournissons même
l’électricité à l’une des compagnies installées sur le lieu.

À
différents degrés, la municipalité a toujours cherché à
instrumentaliser l’art, et donc ses artistes ; c’est pourquoi
elle a pris la décision de ne sélectionner qu’une partie d’entre
eux, afin de les reloger. Comme bon nombre de ceux qui à défaut de
lieux adéquates ne pourront faire perdurer leurs activités, nous
restons ouvert à toutes propositions de relogement, et même si certains
n’hésitent
plus à désigner ouvertement cette procédure, comme le début
d’un « grand nettoyage ». Cette expulsion a pour but de
couper court à tous liens et toutes solidarités possibles. Nous
continuons d’affirmer notre volonté et la nécessité qu’il y ait
des lieux, des îlots de liberté, dans lesquels nous puissions
exister pleinement, dans lesquels les exigences absurdes d’uniformité
et de conformisme laissent place à la libre créativité de chacun.
Des lieux dans lesquels la dimension collective n’est pas une
contrainte, mais un tremplin, une incitation à la rencontre. Des
promesses d’un changement à venir…

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244 rue Auguste Chevalier à Tours

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ProtestSong

ProtestSong
La chanson contestataire dans l’Amérique des sixties
Yves Delmas

La décennie des turbulentes sixties a amené bien des
transformations tant sur les plans économiques, sociaux et culturels.
L’histoire s’était comme accélérée. La révolution musicale qu’a
provoquée le rock en est l’un des faits marquants, « parce que première à
être vraiment globale et populaire ».

Ce livre étudie la révolution musicale et sociale des sixties à travers
le prisme de la chanson contestataire américaine. Il s’ouvre sur
l’arrivée de Bob Dylan à New-York en 1961 et se referme en 1972, alors
que JoanBaez chante sous les bombes américaines, à Hanoï. Entre temps,
les auteurs nous auront plongé dans l’évolution des bandes-son qui
accompagnèrent toutes les revendications (droits civils, pacifisme,
féminisme, nouvelle gauche, droits des amérindiens, etc.), depuis le
revival folk,où le texte primait, jusqu’aux explosions de la guitare
électrique, devant lesquelles le texte s’efface peu à peu, en passant
par la british invasion et ses apports.

Les auteurs, Yves Delmas et Charles Gancel, donnent une vision libre et
documentée des faits, des textes, des sons et des
messages qui ont bouleversé la planète. Cette nouvelle édition de
ProtestSong est augmentée d’une conclusion qui permet d’apprécier cette
folle décennie au regard de notre époque.

Par un singulier paradoxe, une génération entière a adopté cette musique
comme univers sonore de ses propres révoltes et, ce faisant, a contribué
docilement à l’expansion culturelle de l’empire le plus dominateur du
moment, les États-Unis. Là où certains pensaient que la révolution
s’exportait en musique, des réseaux de ventes se formaient, une industrie
se constituait et, imperceptiblement, transformait ceux qui se croyaient
compagnons d’armes en consommateurs fidèles.

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