« Bashing back as a life-long project »
Il y a quelques mois, trois militant-e-s queer anarchistes étasunien-ne-s
du collectif Bash Back étaient présent-e-s à la Mutinerie, bar
féministe-gouine-trans-queer de la rue Saint-Martin à Paris, pour une
soirée de rencontre avec le public.
NOTES
Bash Back a été fondé à Milwaukee. Le réseau s’est développé en 20
sections (« chapters »).
Toute attaque/action était préparée en amont.
Les 20 groupes étaient très différents dans leur organisation. On peut
donc dire que le mode d’organisation même est queer, par opposition aux
structures hiérarchisées, straight. Par exemple, le groupe de Chicago
organisait beaucoup de fêtes queer, alors que d’autres groupes
fonctionnaient plutôt comme des gangs de rue. Une telle souplesse dans la
structure permet de résister à la stagnation (stagnancy) des organisations.
Nous critiquons le fait de s’organiser pour « la justice sociale » et
préférons parler de « vengeance ». Nous ne nous voyons pas comme membres
d’un projet utopique pour un « meilleur monde ». Nous ne faisons pas de «
sacrifice pour les autres », nous nous battons pour nous et pour celleux
que nous aimons.
Nous avons organisé une action contre le Mount Hope Mega Church. Une méga
église qui organise une messe télé-retransmise et qui finance des projets
détestables comme les « straight camps », camps pour rendre les jeunes
queer hétéros. Les abus physiques, psychique et sexuels y sont
institutionnalisés. Cette Mega Church finance aussi des Hell Houses,
maison de l’enfer. Dans ces lieux, des expos photos représentent des
femmes ayant avorté, dans des positions de grande souffrance, et des pédés
qui meurent du sida. Des jeunes femmes, pédés, gouines, queers, sont
forcé-e-s à visiter ces expos photos.
Nous nous sommes introduit-e-s dans cette Mega Church pendant une messe en
distribuants des flyers et des capotes et en nous embrassant, etc. Des
chrétien-ne-s du public ont alors été pris-e-s de convulsions.
Nous avons attaqué (l’association LGBT) HRC qui a des liens financiers
avec Wells Fargo, qui fait du profit sur les prisons privées.
Nous avons défoncé des locaux et des voitures de police suite à
l’assassinat de Duanna Johnson, une femme trans? africaine-américaine, par
un policier. Les attaques ont été revendiquées en son nom. Nous avons
envoyé un cercueil à l’adresse du flic qui l’a tuée, et nous avons défoncé
les vitres et les pneus de sa voiture pendant la messe.
Nous préférons les cocktails Molotov au « théâtre de rue » pour nous
opposer à Wells Fargo. Nous pensons que cela a été plus efficace pour que
l’entreprise retire son sponsor de la Pride.
Nous utilisons des bombes lacrymogènes et des matraques électroniques
(stun guns).
Nous aimons la fête, nous organisons des fêtes de rue et des sex parties.
Lors du sommet du G20 à Chicago en 2009, il y a eu des émeutes
anticapitalistes, dans la lignée de ce qui s’est passée en 1991 à San
Francisco ; des queers ont mis le feu au State Building.
Les anarchistes straight ont largement ignoré ces émeutes queer.
Nous différons du mouvement Occupy car nous ne sommes pas « non-violents ».
Les violences d’Etat sont invisibilisées ou légitimées.
Bash Back refuse le débat violence / non-violence car nos
simples existences sont irrationnelles (our very existences are irrational).
Ultraviolence permet de ne pas être dans une posture où on se justifie.
Il y a eu des White Night Riot après la mort d?Harvey Milk.
Avec la crise, beaucoup de gens retournent vivre chez leurs parents. Nous
voulons prendre soin les unes des autres sans la famille.
Il y a une pénurie alimentaire, de logement et de travail. Celles d’entre
nous qui travaillent dans l’industrie de la restauration piquent de la
bouffe à leur boulot et la rapportent au collectif.
Si nous regardons l’histoire de la lutte contre le sida, nous voyons que
les activistes n’ont pas hésité à utiliser leur propre sang come arme, ou
à jeter les cendres de leurs amant-e-s sur la Maison Blanche. Ou encore à
piller des pharmacies pour obtenir des traitements.
[Pour aller plus loin] :
https://infokiosques.net/IMG/pdf/QueerUltraViolence-cahier.pdf