[25 ans de subversion carabinée] Pour l’échange de bons procédés

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Nous célébrons le vingt-cinquième anniversaire de l’Anthologie de la
subversion carabinée de notre cher Noël Godin. Pendant vingt-cinq
semaines, des auteurs choisis au hasard dans le sommaire du livre sont ici
proposés, avec un ou deux extraits pris au hasard dans le chapitre à chacun
consacré. L’exercice est gratuit, paresseux et purement incitatif. Pour le
reste, démerdez-vous. Réimprimée plusieurs fois, l’*Anthologie* est encore
en vente libre (éditions de l’Âge d’homme), grâce à elle c’est Noël tous
les matins. Achetez-la, volez-la, donnez-la ou partagez-la, mais lisez-la.

Aujourd’hui : Félix Fénéon (1861-1944)
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Pour l’échange de bons procédés (1893)

« Décidément, le respect de l’autorité et le prestige de l’uniforme ne se
manifestent plus guère qu’en de pauvres cervelles. À Argenteuil, un
gendarme a été rossé d’importance par un particulier sans doute tracassé et
malmené naguère par le soudard pour un simple délit de chasse. Qu’importe
le motif de représaille: l’essentiel est que Pandore a été corrigé et qu’il
eût été impitoyablement occis sans un de sa bande arrivé juste à temps pour
le dégager. Le plus regrettable c’est que Grimban – le courageux agresseur
à qui nous adressons notre franche sympathie – n’a pu, malgré son énergie,
résister aux deux sbires qui purent le ficeler et traîner à la gendarmerie,
où certainement, dans un coin, il dut être assommé par toute la brigade
sonnée à cet effet. Ce qui stupéfie les feuilles soumises racontant
l’histoire, c’est que durant la lutte, nulle intervention ne se produisit
de la part des deux cents personnes qui faisaient cercle autour des deux
adversaires. Cette indifférence est déjà de bon augure pour nous, mais
c’eût été plus réjouissant encore si la foule avait délivré le prisonnier.
Ça viendra ! »

« Le compagnon Liard, de Bordeaux, vient d’être condamné à quatre mois de
prison pour avoir tenté d’empêcher un ouvrier de trahir ses camarades
grévistes en se vendant à vil prix au patron; Gustave Mathieu à un an, pour
avoir rendu service à une mégère suspecte en lui déménageant des tonneaux
de vernis qu’elle voulait sauver des griffes de créanciers menaçants. Comme
les capitalistes et leurs magistrats à gages sont maladroits dans leur
défense lorsqu’ils croient annihiler les propagandistes en les captivant !
Liard et Mathieu ne font que changer de milieu et prêcheront la Révolte à
leurs codétenus avec d’autant plus de succès que les réprouvés qu’on
enferme n’ont plus rien à espérer de la Société. Dehors, nos amis ne
réussissaient peut-être qu’à faire de lamentables grévistes ou de
discutables insoumis. En prison, il prépareront des destructeurs. »

« Les feuilles publiques racontent qu’un journalier ne trouvant plus à se
vendre s’est jeté dans la Seine, abandonnant trois enfants malades, dans le
plus complet dénuement. Le respect de la propriété est idiot. On ne peut
voler que ce qui appartient à autrui. Or, rien n’étant à personne, c’est
faire le Mal que de se détruire en laissant les siens dans l’impossibilité
de se subvenir, alors qu’il y a partout surabondance de produits. Et il est
vertueux de déposséder quelqu’un pour satisfaire plusieurs. […] »

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