http://nantes.indymedia.org/article/27265
voici le tract diffusé ce jour à la prison de la santé.
Le vendredi 15 février, un détenu de 19 ans est mort à la maison d’arrêt de
la santé. Alors qu’il demandait des soins, les matons l’ont laisser
agoniser toute la nuit seul dans sa cellule. Encore une personne tuée par
la taule, c’est au moins le dixième depuis le début de l’année. Des
témoignages sortis de l’intérieur mettent en évidence la responsabilité de
l’Administration pénitentiaire.
« On était en promenade tout simplement. Il a eu un malaise. Au moment du
malaise, il avait les deux mains dans les poches. C’est à dire qu’il est
tombé directement à la renverse. D’une intensité tellement forte que tout
le monde s’est retourné au moment du choc entre son crâne et le sol. De là
il y a une partie de la promenade qui s’est mise à taper à la porte pour
appeler les secours.
Il y a une autre partie de la promenade qui s’est occupée de lui et l’ont
mis en position latérale de sécurité.
Le temps que les secours arrivent il s’est passé un petit quart d’heure.
Pendant ce quart d’heure je vais vous dire ce qu’il s’est passé. Il y a le
chef de la division qui est venu avec le directeur donc ils ont dit aux
détenus de le porter jusqu’à la porte. Certains détenus ont dit au
directeur
« Mais attendez monsieur le directeur vous voyez bien qu’il est très mal
le jeune homme. Il est gris, il est vraiment gris, on peut pas le
déplacer, on
attend les secours dans la promenade. »
Donc le directeur il dit « non non
il y a personne qui rentre dans la promenade ramassez moi ça ». Déjà on
était choqué, mais on obéit pour le bien du jeune homme. On le transporte à
3, et on l’amène jusqu’à devant la porte de la promenade. Entre la
promenade et le bâtiment, il y a un couloir. Donc on le dépose dans le
couloir. De là on pensait qu’il allait être pris en charge. Mais en fait il
est resté dans le couloir. Il y a d’autres gens qui venaient du parloir et
qui ont vu la scène. Le médecin est venu et l’a ausculté sur place. Donc il
est jamais parti à l’infirmerie. C’est vraiment super grave, car je
voudrais préciser qu’il avait un hématome de la taille d’un ?uf. Donc le
médecin, il voit si il est inconscient. Il était inconscient… Quelques
minutes plus tard il reprend un peu ses esprits.
Donc le médecin, qui
s’appelle docteur Isidore, mais nous à la santé on l’appelle docteur
Strauss en référence à la série H, car ce médecin c’est vraiment un
boucher. Il lui donne 2 dolipranes, et lui dit« écoute, monte en cellule,
mange bien, tu as juste fait une petite perte de connaissance.
De là il retrouve un peu ces esprits, mais il s’est vomi dessus. Donc il
remonte seul, sans accompagnement en cellule, arrivé en cellule, il demande
à un surveillant tout gentiment : « Est ce que je peux aller prendre une
douche ? » ce qui est refusé.
Là on est vers 18-19H, il commence à se
plaindre de maux de tête. Tous les soirs vers 20h il y a la première ronde.
La ronde passe s’aperçoit qu’il n’est pas bien, ouvre la porte, mais sans
plus « tu dois avoir une migraine, attend demain matin. », lui dit « non je
vais vraiment mal ». Face à ça d’autres détenus qui sont au courant de ce
qui s’est passé en promenade ils disent « écoutez ce jeune homme il ne fait
pas de cinéma. Il est vraiment malade. Il est tombé, si il vomit c’est
vraiment grave donc ça vous coûte rien d’appeler le 18. Au moins vous vous
déchargez de ce qui se passe et puis pour son bien ça coûte rien du tout.
Donc à partir de là les surveillants ils refusent d’appeler, le chef des
surveillants il dit « non j’appelle rien c’est juste une migraine ».
Deuxième ronde ils voient que c’est un peu plus sérieux. Qu’est ce qu’ils
font ? Il est 22h ? 23H du soir, entre temps le jeune il n’arrêtait pas de
se plaindre. Il criait le pauvre, de ma cellule je l’entendais, « j’en peux
plus, ma tête elle va exploser, j’ai mal ! » Donc en fait il agonisait au
pied de sa porte, ils ne le prennaient toujours pas au sérieux.
Et donc si je me rappelle bien il y a une troisième ronde, ils lui ont dit
« on va repasser », mais en fait ils ne sont jamais repassés. Donc il
agonisait dans sa cellule jusqu’à 3h30 ; de ma cellule je l’entendais
pleurer.
Normalement il y a une ronde vers 5h, ce jour là bizarrement il n’y a pas
eu de ronde.
Ce qui se passe après c’est que le premier problème c’est que le médecin ne
l’a pas ausculté donc il n’y a pas eu de suivi. Le deuxième chose les
surveillants ce soir là ils ne voulaient pas se prendre la tête ce soir ils
s’amusaient, on les entendait rire dans le couloir entre eux.
Et pour finir à 7h du matin, comme tous les matins, on nous ouvre la porte
pour nous annoncer si c’était le premier tour ou le deuxième tour. En fait
lui il s’est retrouvé allongé devant sa porte, il n’était pas dans son lit.
Et normalement à 5h du matin dès qu’ils passent, ils allument la lumière
ils regardent juste si on est sur notre lit ou pas. Donc ce matin là à 5h
ils ne sont pas passé donc ils n’ont pas pu donner l’alerte.
Donc à 7h du matin, il est allongé devant la porte. La surveillante ouvre
la porte, appelle l’intervention pour que d’autres surveillants viennent,
et au lieu de rester près de lui et de s’occuper de lui. Elle déclenche
l’alarme et madame continue à faire sa ronde comme si de rien n’était.
[…]On est seul en cellule, car on est en division, à la une.
Nous on en a parlé un peu avec tout le monde et on est vraiment choqués.
Depuis samedi le soir, ils passent vraiment et sont vraiment à cheval sur
la surveillance. Nous ce qu’on a fait, on a bloqué une heure symbolique
pour dire « ça doit pas arriver ». Au lieu de remonter à 5h en promenade on
est remonter vers 6-6h30. Mais bon le mal est fait, donc il y a pas grand
chose à faire d’intelligent donc on est remonté.
Il y a une enquête qui est en cours, les policiers sont venus et ils ont
interrogé plusieurs personnes ici, des témoins. Ils ont interrogés ceux qui
étaient près de lui à la promenade avec les caméras. »
Je voudrais revenir sur ce qui s’est passé à la promenade, quand le chef et
le directeur ils ont dit « ramassez moi ça ! », mot pour mot « ramassez moi
ça ! » Vous voyez un peu la connotation de ce qu’on est pour eux.
« ramassez moi ça ! ». Ça nous a tous choqué même à l’heure d’aujourd’hui
tout le monde en parle. « ramassez moi ça ! », donc on n’est même plus des
êtres humains… on n’est même pas des numéros d’écrous on n’est rien quoi.
Il était en détention provisoire, mais maintenant en France la présomption
d’innocence elle existe pas du tout. On n’est pas là pour juger, mais nous
en tant que détenus nous ce qu’on a ressenti, c’est que c’était quelqu’un
de respectueux, qui prend la tête à personne, qui rigole, un grand sportif,
donc qu’il meurt dans cette circonstance c’est vraiment désastreux, c’est
grave.
Après il faut imaginer la famille… quand il meurt en prison comme un
chien ! Car c’est comme un chien. C’est grave.
Nous ce qui nous a choqué c’est que les majors, ils ont dit qu’il s’était
battu en promenade, pour camoufler l’affaire. Pour faire croire que c’était
pas leur faute. Mais il est vraiment tombé seul. On essaye de se mobiliser
pour que ça arrive pas aux autres. On essaye de faire bouger les choses à
notre niveau. »
Face aux journaux qui ne font que justifier la prison en revenant sur le
profil du détenu.
Face aux mensonges de l’administration pénitentiaire qui prétend une
bagarre et occulte sa responsabilité.
Face à la justice qui a ouvert une instruction, dont nous savons par avance
qu’il n’y a rien à en attendre.
Il est nécessaire que des témoignages comme celui-ci circulent. *
Mobilisons-nous pour briser le silence et l’isolement ! Luttons contre
l’enfermement.
Par le biais de l’envolée par exemple :
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