[ScientiFreaks] Fabrique du mort-vivant


Bonjour,

Geneviève Fioraso, aujourd¹hui ministre de l¹Enseignement supérieur et de la
recherche, a rendu en février 2012 un long, lourd et filandreux « Rapport
sur les enjeux de la biologie de synthèse ». Frédéric Gaillard, l¹un de ses
rares et méritants lecteurs, nous rend ici
(http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=395 )
son rapport sur le rapport. C¹est encore pire quand c¹est clair, bref et
direct.

Voici donc la plus récente création des laboratoires de l¹horreur. Cette
monstruosité verbale ­ biologie de synthèse – répond à la monstruosité de
cette innovation.

Le bios, le vivant, c¹est ce qui nait ­ d¹où le mot de nature -, et non pas
ce qu¹on fabrique, artefacts, artifices, parce que faits de l¹art. Ce qu¹on
fabrique ne vit pas, mais fonctionne.
L¹expression « biologie de synthèse » est donc un oxymore, une escroquerie
forgée pour accréditer la possibilité d¹une impossibilité ­ ailleurs que
dans les cauchemars et la fiction d¹épouvante dont Frankenstein reste le
type. Mais nos scientifiques ne sont pas des littérateurs et ils plient donc
la réalité à leur démence machinique. C¹est possible si l¹on prend
l¹alchimie verbale au pied de la lettre, si l¹on réduit par exemple la
tomate à un automate programmé. Alors elle ne vit plus, elle ne pousse plus,
elle fonctionne. Il suffit de filer la métaphore pour faire d¹un artefact de
l¹INRA, d¹un automate chimico-informatisé, une « tomate de synthèse » ou
« artificielle », de la « viande de culture » (Le Monde, 23 juin 2012), en
attendant la production/reproduction de « l¹humain » en série ou sur mesure
­ mais c¹est plus cher.

Si l¹on accrédite l¹idée du vivant-machine, on peut la pousser à bout,
jusqu¹à la « machine vivante », ce stade supérieur de l¹humanité auquel
aspirent post et transhumanistes, promoteurs de la « biologie de synthèse »
et autres « technologies convergentes ». Certes, c¹est du faux-vivant, du
pseudo-vivant, du simulacre, mais qu¹importe puisque le consommateur ne
demande pas mieux. En fait, il ne demande qu¹une chose : « Ne pas voir la
différence. » Ce qui s¹obtient sans peine par la suppression de l¹original,
de l¹authentique et par la disparition de ceux qui l¹ont connu.

On ne fabrique pas l¹humain, il naît. Les détraqués du matérialisme qui
croient mettre leurs pas dans ceux de La Mettrie, l¹auteur de L¹Homme
Machine, ignorent généralement un autre de ses exercices de style, L¹Homme
Plante, encore une métaphore développée, ni plus ni moins pertinente. Du
reste, on n¹incite personne à se transformer en philodendron. Ces
« philosophes » et « artistes » avec leurs poses « rebelles post-modernes »
et leur rage de destruction de la nature fournissent l¹habillage idéologique
et communicationnel du complexe scientifico-industriel.

Malgré leurs manipulations de sens spécieuses, les scientifreaks ne
produisent pas, et ne produiront jamais du « vivant artificiel » mais bel et
bien du mort vivant, de la nécrotechnologie de synthèse. On en a vu, on en
verra d¹autres, « géo-ingénierie », ravages des abysses et des pôles,
neurotechnologies, etc. Dans la situation in extremis où nous a plongés leur
politique de la terre brûlée en deux siècles de société industrielle, leur
extrémisme n¹envisage qu¹une issue : la fuite en avant macabre. Et c¹est
nous, le vivant, la nature, les hommes, qu¹ils consument comme énergie et
matière de leur machine.

Merci de faire circuler,
Pièces et main d¹oeuvre

***
Prochains débats avec Pièces et main d¹oeuvre :

Mercredi 14 novembre 2012 à Toulon : projection-débat, ³Des
nanotechnologies à la société de contrainte²
    à 18h30 à l¹université du sud Toulon Var, campus de La Garde (amphi K18)

Jeudi 22 novembre à Aubenas : débat ³De la société de contrôle à la
société de contrainte²
    à 20h au Grand café français

Samedi 1er décembre à La Laupie (26) : projection-débat ³Mouton 2.0, la
puce à l¹oreille²
    à 16h à la Salle des Fêtes

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