[Police Partout] Poitiers la police au lycée


A Poitiers les inspections pédagogiques des profs de philo se font
dorénavant par la police

Communiqué, DAL86, Répression, Sans logis 7 novembre 2012 de DAL86

Droit Au Logement Vienne (86)

Manque de moyens dans l’Education Nationale :
A Poitiers les inspections pédagogiques des profs de philo se font
dorénavant par la police.

JF est un prof de philo bien connu des services de police pour ses
engagements politiques. Le 10 mai dernier, il a eu l’outrecuidance
d’illustrer le propos de l’un de ses cours sur la question de l’État en
faisant visionner à ses élèves un document vidéo sur l’expulsion brutale
par la police, le 2 avril dernier, d’un campement de sans logis et mal
logés mis en place depuis le 30 mars sur le parvis de Notre Dame à
Poitiers.
Juste après le bac il a été convoqué par son chef d’établissement qui l’a
informé qu’il y aurait une plainte de parent(s) d’élève(s) auprès du
rectorat. Il fut tout étonné d’apprendre que lors de la projection du
document, il aurait fait des arrêts sur image et donné le nom des
policiers qui expulsaient violemment le campement des sans-logis et
mal-logés. Ses élèves auraient reconnu le père d’une élève et seraient
allés « faire des remarques désobligeantes » à cette dernière.

Comme il fallait s’y attendre, l’enquête administrative a tourné court
puisque deux élèves ont témoigné que, si le document avait bien été
diffusé, c’était dans le cadre du cours et que l’enseignant n’avait ni
fait des arrêts sur image ni donné les noms des policiers. D’ailleurs il
n’aurait pas eu besoin de le faire puisque, le hasard faisant bien les
choses, c’étaient ces deux élèves qui avaient reconnu le policier car ils
étaient à l’époque, pour l’un le petit ami, et pour l’autre, l’ex-petit
ami de sa fille. Il lui ont bien sûr dit qu’ils avaient vu son père sur la
vidéo, ce qu’elle avait dû lui répéter.

Mais l’affaire ne s’arrête pas là. La police visiblement insatisfaite de
ce dénouement est en train de convoquer pour les auditionner, tous les
élèves de cette classe (soit 32 !). Cerise sur le gâteau digne des
meilleurs polars, comme la proviseur ne voulait pas fournir à la police la
liste des élèves et l’adresse de leurs parents, elle a été saisie au Lycée
lors d’une perquisition.

Les convocations qui se sont enchaînées n’ont fait apparaître aucun motif.
Ce n’est que quand les élèves, enfin surtout leurs parents affolés,
téléphonaient à l’Officier de Police Judiciaire qu’ils ont été informés
que « des parents ont été choqués que soit projeté ce document à leurs
enfants et ont porté plainte »… Certes mais pourquoi l’ont-ils fait ?
Comment est qualifié le délit ? Personne ne le sait et rien de plus n’est
précisé au début des auditions.

Ces dernières qui duraient près d’une heure et demie pour les premiers
élèves convoqués, durent à la fin à peine 20 minutes. Ce qui témoigne
peut-être de la lassitude des policiers. Les questions portent bien sûr
sur le document incriminé. Y a-t-il eu des arrêts sur image ? Le prof
a-t-il donné les noms des policiers ? Et sur le cours en question : quelle
était sa teneur ? Comment ça s’est passé ? Mais elles vont bien au delà et
peuvent figurer une nouvelle forme d’inspection pédagogique digne des
républiques les plus bananières. Comment le prof se comporte-t-il en
classe tout au long de l’année ? Quelle est sa pédagogie ? Quels sont ses
engagements associatifs ? Une vraie enquête de moralité ! Le prof évalué
par la police et noté par ses élèves, c’est dans l’air du temps ! Et puis
quel Inspecteur Pédagogique Régional pourrait passer une cinquantaine
d’heures (au bas mot) à évaluer un seul prof alors que la moyenne du temps
entre deux inspections (qui ne durent que deux ou trois heures, rapport
compris) est de 7 longues années.

Mais il y a plus. Pourquoi une telle débauche de moyens et un tel
acharnement ? D’abord, il n’est pas anodin que ce soit un document vidéo
sur l’expulsion du campement de sans-logis et mal-logés du 2 avril dernier
qui soit à l’origine de l’affaire. Car si cette expulsion était légale,
elle était loin d’être légitime. Comment arriver à justifier moralement de
s’en prendre si violemment à des « gens en souffrance, au parcours de vie
difficile », selon les propres mots du maire de Poitiers ? Comment arriver
à continuer à avoir bonne conscience lorsqu’on a fait expulser, ou
soi-même expulsé brutalement et violemment, des sans-logis et mal-logés
qui avait des revendications, qui étaient elles, non seulement très
légitimes mais aussi légales, puisqu’ils demandaient un logement décent
pour tous, c’est à dire le respect de la loi ? Comment arriver à continuer
de se regarder dans une glace quand on use de violence envers des gens qui
résistent passivement, quand on leur arrache et confisque des biens de
première nécessité et que l’on conduit six de ces personnes (cinq hommes
et une femme) en garde à vue, dont cinq (les cinq hommes comme par hasard)
ont été traînés au tribunal pour outrages et rébellion violente ? Et ce
n’est pas tout. Peut-on garder sa bonne conscience quand deux de ces cinq
personnes ont pris deux mois de prison fermes et qu’en tant que policier
on se sont fait payer des dommages et intérêt (1200€. en tout ; 500€. pour
le policier qui s’est offusqué de la diffusion de la vidéo en cours et qui
a porté plainte contre JF…) et ce par des personnes notoirement fragiles
et démunies ? Ne voudrait-on pas que personne ne le sache, surtout pas nos
proches, et ne serions-nous pas honteux si un prof de philo diffuse cette
forfaiture dans une classe dans laquelle certains élèves nous connaissent
? Ne serions-nous pas honteux au point de reporter la faute sur lui ?

Ne nous trompons pas de cible ce n’est pas de passer cette vidéo en classe
qui est scandaleux mais bien d’avoir évacué de la sorte ce campement de
sans-logis et mal-logés, d’avoir menti et de les avoir accusé injustement
et pour finir d’avoir touché des dommages et intérêts indus.
Il y a une autre raison qui motive un tel acharnement. Le DAL86 écrivait
en mai dernier, « la répression à Poitiers vient de passer un cap. Ce ne
sont plus les personnes qui ont eu le toupet de relever la tête et qui se
se sont engagées dans une lutte politique en particulier pour la défense
de leurs droits, mais les militants de terrain qui les soutiennent, qui
subissent dorénavant la répression. Ce ne sont pas des jeunes, des
sans-logis et mal-logés, des pauvres qui sont ciblés mais des
quinquagénaires, ayant un travail et connus pour leurs engagements
associatifs et politiques au sein de la cité. »

Henri Queuille, président du conseil entre les deux guerres, n’avait-il
pas raison de dire : « La politique, ce n’est pas de résoudre les
problèmes, c’est de faire taire ceux qui les posent. » ?

Les Flics (préfecture, police, justice et… mairie) veulent nous faire
taire. Nous ne nous tairons pas ! On continue !
Flics hors de nos vies, hors de nos villes !
Rendez-vous vendredi prochain 9 novembre à partir de 9h devant le palais
de justice pour exiger la relaxe des militants réprimés. Jean-Baptiste
Eyraud, porte parole de la Fédération Droit au logement, Mgr Jacques
Gaillot, différents comités DAL, ont déjà répondu présent.
Relaxe générale pour le Procès en appel du campement du 30 mars

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