La mutilation nucléaire

Fukushima, au Japon, il y a un an et demi. Après un tsunami, une centrale
nucléaire ne tient pas le coup. Les réacteurs nucléaires surchauffent, une
partie des parois de protection se rompent. Des milliers d’eau radioactive
sont versées dans l’océan. Un territoire d’au moins 60 kilomètres autour de
la centrale est contaminé. Tous les responsables du secteur nucléaire en
Belgique essayent de nous rassurer. Ici, une chose pareille ne serait pas
possible. L’Europe met sur pied quelques « stress tests » pour démontrer
que tout va bien.

Entretemps à la centrale nucléaire de Doel. Lors d’une révision, des
irrégularités sont constatées. Une erreur de fabrication dans une cuve de
réacteur (la couche protectrice supposée de contenir toutes radiations)
pourrait engendrer des fissures et ainsi avoir de graves conséquences. Ce
réacteur a été construit il y a 40 ans. L’erreur de fabrication, ça fait
donc 40 ans qu’elle est là. La même entreprise qui a construit ce réacteur
du Doel 3 en a construit 20 autres du même type partout dans le monde. Et
il y en a aussi un à Tihange.

Entretemps à la centrale nucléaire de Tihange. Un rapport précis que depuis
6 ans, du liquide radioactif fuit dans le sol. Chaque jour, c’est deux
litres qui fuient. Selon Electrabel, il n’y a aucun souci.

Entretemps à Fleurus. Dans un zoning industriel, un tas de déchets
radioactifs est abandonné depuis un an et demi dans un bâtiment de bureaux.
L’entreprise qui y siégeait, a fait faillite entretemps. Le temps de
l’enlèvement de ces déchets radioactifs est estimé à deux ans de boulot.
Ensuite, la démolition du bâtiment contaminé prendra encore cinq ans. Et il
faut encore trouver un nouvel endroit pour stocker ces déchets.

C’est depuis la construction des premières centrales nucléaires que les
gestionnaires de l’existant jouent avec la peur des conséquences
imprévisibles d’une catastrophe nucléaire. Ceux qui habitent autour des
centrales (et en Europe, c’est en fait tout le monde) dépendent des
constructeurs de cette catastrophe technologique pour se protéger contre le
déchaînement d’une telle catastrophe. Ses spécialistes et sa structure de
commandement deviennent alors incontournables pour la gestion du nucléaire.

Les centrales nucléaires produisent l’énergie pour le progrès technologique
auquel le capitalisme est adonné. Les centrales produisent l’énergie qui
détermine les stratégies géopolitiques (comme le font aussi le pétrole et
le gaz), modelant ainsi la concurrence et la collaboration entre Etats.
Elles produisent la dépendance des gens de leurs oppresseurs. Elles
produisent la soumission aux hiérarchies qui gèrent et maintiennent ce
monde. Elles produisent la paix sociale.

La destruction du nucléaire est alors nécessaire sur le chemin vers la
liberté.

[ Extrait du journal *Hors Service*
<http://journalhorsservice.blogspot.fr/>n°29 ]

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