Tarente


Depuis Virgile et Les Géorgiques, Tarente était un lieu commun des poètes.
Un jardin au bord de mer. Des fruits, des fleurs et des dauphins. En 60 ans,
la société industrielle a fait de cette ville des Pouilles un enfer : la
plus grande aciérie d¹Europe, l¹Ilva, une base de l¹OTAN, une banlieue
mortifère. 70 000 morts prématurées en vingt ans – du cancer, surtout. la
poussière d¹acier de l¹Ilva, qui sature la ville.

TomJo, rédacteur à La Brique, un journal lillois, en a pourtant ramené un
reportage qui n¹est pas complètement lugubre ni désolé (à lire ici :
http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=390 )

Il y a une différence entre les ouvriers de l¹Ilva, à Tarente, et ceux
d¹Arcelor-Mittal, à Florange, en Lorraine. A Tarente, des habitants et des
ouvriers, menés par un « Comité de citoyens et travailleurs libres et
conscients », se battent contre l¹emploi, pour la fermeture de l¹usine. Vous
avez bien lu : ces gens pensent que leur vie vaut plus que l¹emploi.
Scandaleux, non ? Ce n¹est pas à Là-bas si j¹y suis, l¹émission quotidienne
du Front de Gauche sur France Inter, qu¹on entendrait des syndiqués tenir
des discours aussi révoltants.

Justement, ces ouvriers se battent aussi contre les syndicats. Quand leurs
dirigeants nationaux sont venus à Tarente, cet été, le 2 août 2012, des
ouvriers les ont hués, chassés, et ont pris la tribune. C¹est que les
syndicats se battent pour l¹Ilva, pour l¹usine et l¹emploi, dont ces
ouvriers ne veulent plus. Les syndicats se battent pour le salaire et,
parfois, pour l¹amélioration des conditions de travail des ouvriers. Non
pour la disparition de la classe ouvrière. S¹il y avait eu des syndicats
d¹esclaves, ils auraient combattu de toutes leurs forces l¹abolition de
l¹esclavage. Or, la meilleure chose qui puisse arriver à la classe ouvrière,
c¹est de disparaître. Pour devenir quoi ?

A Tarente, certains pensent l¹après-Ilva, les activités à venir, le
gagne-pain, restaurer la vieille ville et les ruines grecques, retourner à
la mer… Dans le Manifeste du Parti communiste, Marx et Engels critiquent
ces briseurs de machines qui attaquent « non seulement les rapports bourgeois
de production », mais « les instruments mêmes de production » ; « ils
anéantissent les marchandises étrangères en concurrence, ils cassent les
machines, ils mettent le feu aux usines, ils cherchent à reconquérir la
position périmée de l¹ouvrier du Moyen-Age. »

Il n’y a rien de plus périmé aujourd’hui que la société industrielle – dont
les ravages menacent l’humanité jusque dans sa survie – sinon les souteneurs
du parti industriel : libéraux ou communistes.

Nous n’avons d¹autre avenir que sur la ruine de la société industrielle.

Nous, luddites et libertaires, nous sommes du côté de l’avenir.

Merci de faire circuler,
Pièces et main d¹oeuvre

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