CONTRE LES FASCINATIONS DE TOUT ORDRE

Trouvé sur les pavés

Contre les fascinations de tout ordre

extrait:

APPENDICE(S)

(…) La relation qui s’établit entre rhétorique du parasite et violence promise apparaît dans son aveuglante clarté. « Parasite » a été, au XX siècle, l’un des sésames les plus efficaces de toutes épurations, les bruyantes comme les silencieuses. La coagulation de sens qui s’opère dans l’emploi politique du terme en démultiplie les effets, et en fait dans la mêlée des discours, une redoutable machine de guerre. (…) La prolifération d’un discours du parasite et du parasitisme en demi-teinte, s’agence sur des dispositifs d’amputations « allégés » : le refoulement, l’expulsion, le rejet plutôt que la mise à mort ; plutôt que de parasites, on parlera « d’en situation irrégulière », d’illégaux, de clandestins ; la neutralité du langage administratif vient masquer la brutalité des pratiques de séparation avec l’indésirable, comme la suggestivité de l’expression empruntée à la biologie venait intensifier et exalter les pratiques d’épuration et de nettoyage mises en œuvre par les défenseurs de la pureté du sang.

(…) Là où se sont retirés, ont perdu leur substance stratégique et leur souffle historique, les grands modèles (politiques) de l’affrontement massif et direct ( classe contre classe… ), de la bataille ou de l’insurrection qui impose la décision, là où la figure de la résistance, orpheline de sa majuscule, est conduite à se redéployer sur un mode non-héroïque, moléculaire davantage que molaire, de nouvelles tactiques, de nouvelles intensités sont appelées à se nouer autour du parasite et du parasitisme – ceci dans l’horizon général d’un indispensable redéploiement général de l’entendement politique. (…) Le devenir-parasite engage les subjectivités individuelles mais en appellent aussi à la formation de collectifs. En fait si l’on regarde de prés, les formes de résistance, de conduites de défection, de diversion, de ralentissement ou d’entrave, qui se déploient sur le versant du parasitisme (vol, coulage, refus de travailler, mendicité… ) font toujours revenir le sauvage au cœur même du monde civilisé, par quelque biais, elles passent toujours par des conduites d’ensauvagement.

Alain Brossat, Nous sommes tous des voleurs de poules roumains !

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