[montée du fascisme ?] : Radiographie d’un régime

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Dans le pays où nous sommes nés, il n’y a rien de libéré ni de libre. En
Italie comme un peu partout, on est en train d’assister à un « tournant
autoritaire » sans précédent qui va impliquer tous les aspects de notre
vie. On se trouve face à un appareil de contrôle et de propagande
totalitaire et totalisant, un système qui nous écrase et nous paralyse,
qui nous rend sourds et aveugles à notre souffrance et à celle des autres,
résignés et habitués à la « captivité ». Dans la tragédie, il y aurait
paradoxalement encore quelque réconfort à pouvoir affirmer que le cynisme
a pris le dessus, mais la réalité est bien pire : ce qui a cours est un
processus de déshumanisation des individus, c’est l’antichambre de la
barbarie.
Nous, produits modernes, ne refusons pas la douleur et les injustices,
nous les incorporons comme norme. Elles ne nous sont pas étrangères, elles
ne sont pas quelque chose de distant ou à dépasser. Elles sont
inéluctables, font partie de nous et sont en somme la représentation d’un
monde qui ne peut pas être différent. Nous sommes les épouses promises à
la société, et c’est en tant que telles que nous allons résignées au
mariage, accomplissant notre devoir sans amour et sans espoir, sachant
uniquement que c’est comme ça, qu’il n’y a rien à faire, que c’est ainsi
qu’ont fait nos mères, nos grand-mères, toutes. L’amour et le bonheur ne
sont pas pris en compte. Ils n’existent pas, parce qu’on ne les connaît
pas, parce que le sens de ces mots est vide, relégué à la rhétorique,
mort.

L’homme déshumanisé est l’enfant légitime de la société totalitaire. Il
n’est pas complice de l’autorité en tant qu’esclave, il devient l’autorité
parce qu’esclave. L’esclave cesse d’être tel lorsqu’il se rend compte de
ses propres chaînes, au moment où il tente de s’en libérer, les nuits où
il rêve de fuite : l’homme déshumanisé ne perçoit plus les chaînes, n’a
pas de rêve qui brise son rôle, ne pense pas à fuir parce qu’il ne réussit
pas à penser à un ailleurs, à un autre endroit, à un autre monde.
Ce processus de dépossession des individus est la plus grande extension de
l’autorité, c’est le sommet dans lequel le pouvoir arrive à son
accomplissement total, l’utopie de tout régime jamais entièrement
atteinte. On pourrait défendre que le dénominateur commun de cette époque
est l’incapacité à se reconnaître soi-même, à s’abstraire de l’aliénation
sociale comme individus – ne serait-ce qu’un instant. Etouffés par le
quotidien, et enterrés sous la norme, nous anesthésions l’entièreté de
notre capacité à sentir, aussi bien nous-mêmes que ceux qui nous
entourent. Il ne s’agit donc pas d’un simple manque d’empathie, mais de
l’annulation totale du moi, de la tension personnelle au bonheur.

L’Etat a depuis toujours adapté les moyens et l’exercice de l’autorité aux
exigences de la politique et de l’économie. Il n’est pas séparé du marché
et de la finance, pas plus qu’il n’en est uniquement le bras armé. L’Etat
étant inhérent à l’économie et vice et versa, les diviser en différents
degrés de responsabilité n’a donc aucun sens. De même, les formes
idéologiques que les gouvernements ont dû et voulu se donner dans
l’histoire reflètent pour beaucoup le degré de conflictualité sociale
possible ou réelle. En bref, au-delà des lignes de principes et des idées
politiques des puissants, l’Etat doit se préserver et préserver le
fonctionnement de la machine étatique et économique en se faisant
médiateur et pompier du conflit social. Les « rêves » du pouvoir et les
idéologies que les politiciens ont imposées ont toujours dû s’adapter – et
ont toujours été intrinsèquement liées – aux exigences de la gestion
politique : lorsque la température de l’affrontement social tend à
s’élever, les mailles de la répression et du contrôle se resserrent. De
plus, en regardant le passé, on peut remarquer comment les idéologies
mêmes ont été créées, déterminées et ont évolué à partir de l’expérience
de la conflictualité préexistante.

A observer ce qui est rhétoriquement nommé démocratie et la route qu’elle
emprunte, on se rend facilement compte de la nature intrinsèque de l’Etat
: les gouvernements savent bien que les conditions sociales actuelles
iront en s’empirant et qu’en même temps les foyers de la colère ne peuvent
que se diffuser. Il devient donc urgent de prendre des mesures
préventives.
Nous sommes face à un changement rapide du système législatif et coercitif
qui vise non seulement à réprimer, mais aussi à mesurer le degré et la
force de la conflictualité sociale, à évaluer la limite de tolérance de la
population, à l’habituer à une condition d’urgence permanente. La crise
actuelle ne fera pas de cadeaux aux classes subalternes, tandis que la
peur et le désespoir qui se développent porteront inévitablement à la
radicalisation de l’affrontement et à une situation de « bordel » diffus.
Dans un tel contexte, il reste à l’heure actuelle une inconnue : nous ne
savons pas, et ne pouvons pas savoir, si le futur proche sera un futur de
guerre civile ou de guerre sociale. La seule chose certaine est la guerre.
Conscients de cela, et à la différence de leurs sujets, les gouvernements
sont en train de se préparer. Il ressort clairement des rapports de l’OTAN
une préoccupation et une perspective de guerre interne ou, plus
précisément, de différents foyers de guerres civiles qui enflammeront les
rues européennes ces prochaines années. Les politiciens ayant besoin de
militariser le territoire afin d’habituer les personnes à une condition de
guerre et de les accoutumer à la répression, c’est ainsi que l’Italie est
devenue officiellement un des terrains principaux à partir duquel
commencer l’expérimentation.
Il n’y a donc aucune urgence fasciste dans ce pays. Les lois qui serrent
toujours plus la vis et la militarisation des quartiers, la propagande
raciste et les « urgences sécurité » permanentes ne sont pas le fruit des
cerveaux d’une poignée de gouvernants populistes italiens. Il s’agit d’un
projet bien plus vaste qui concerne au moins tous les pays de l’Alliance
Atlantique.

A partir des spécificités italiennes, on peut formuler l’hypothèse que
l’illusion comportant la participation des sujets à la détermination du
pouvoir a finalement été dévoilée. La démocratie a été un « miroir aux
alouettes » pour renforcer la politique de la séparation et de l’exclusion
dans une situation pacifiée. A présent que la situation ne l’est plus, la
forme démocratie montre ses limites et se voit simplement remplacée dans
les faits par des formes plus ouvertement autoritaires.
Entendons-nous bien, nous ne sommes pas en train de nous lamenter du
manque de démocratie, certainement pas. Le fait que l’Etat montre plus
clairement sa vraie nature est également à notre avantage.
Certes, la démocratie continue à être agitée dans le vocabulaire, dans la
langue politique, dans la rhétorique de gouvernement. Il n’est pas
concevable que la langue du pouvoir s’adapte en permanence à ses praxis,
mais l’histoire nous enseigne de toute façon que les mots du monde
contemporain sont désormais vidés de leur propre sens. Aucune nostalgie
pour la démocratie, donc, elle n’était que représentation de l’autorité et
cause d’oppression et d’exploitation comme n’importe quelle autre forme de
gouvernement. Sa fonction, c’est-à-dire l’inclusion – même symbolique –
des sujets aux décisions des classes dominantes, a simplement été
dépassée. A travers le mécanisme de la délégation parlementaire, le
pouvoir réussissait à se perpétuer en gérant la dialectique de classe. A
présent qu’une telle dialectique a disparu, enterrée par les modifications
productives et les nouveaux modèles d’exploitation, il semblerait n’y ait
plus aucun besoin de représentation. Le fait que la personne aux plus
hautes fonctions de l’Etat puisse se permettre de dire ouvertement que «
le parlement est inutile », sans susciter aucune réaction, illustre que le
temps des diatribes politiques et des « deux fronts » est définitivement
dépassé. Cela indique surtout que le rôle aussi bien idéologique que
pratique de « gendarme du prolétariat » que la gauche italienne a toujours
tenu n’est plus nécessaire.
Avec ce qui ressemble toujours plus à une abolition officieuse de la
représentation, qui donnait l’illusion de pouvoir compter pour quelque
chose, on est paradoxalement parvenu à une participation réelle aux
décisions. C’est précisément dans le fait de s’en remettre absolument au
pouvoir et de renoncer à toute dialectique que s’exerce un choix réel, et
non pas symbolique : la « volonté populaire » d’une dictature. Dans une
société où le pouvoir est en train de parvenir à atteindre l’utopie de
priver les sujets de leurs rêves, de leurs raisons et de leurs idées, le
présupposé d’une délégation a disparu, laissant place au fait de s’en
remettre complètement à l’arbitraire de l’autorité.

C’est à partir de ces prémisses qu’on doit comprendre la « crise »
italienne actuelle ou, mieux encore, l’agonie de la gauche. Dans
l’expérimentation en cours, le progressisme social-démocrate n’a plus sa
place. Il a été dépassé par les événements en perdant son rôle de «
tribune de la plèbe ». Le scandale archaïquement démocratique selon lequel
l’Italie ne serait pas un pays pluraliste vu qu’elle est privée d’une
représentation de la gauche au parlement, ne sert pas à grand chose : la
réalité est que la gauche ne sert plus pour gérer cette société. Plus
précisément, les positions « de gauche » à l’italienne (liées à l’Etat
social, au respect de la légalité, à la lutte contre les mafias) ne sont
d’aucune manière adaptées à l’évolution de la politique et de l’économie
actuelles. Ce n’est par exemple pas un hasard si la contestation du
pouvoir se fait entre différentes factions qui portent substantiellement
le même programme, y compris avec des mots d’ordre différents. Parvenu à
ce niveau, l’Etat n’a aucune intention ni aucune possibilité de revenir en
arrière. Comme dans toute situation « de passage », de « crise » ou de
restructuration sociale ou économique, peu importe quel nom on lui donne,
le pouvoir a tout intérêt à appuyer sur l’accélérateur de l’autoritarisme,
de la militarisation. Il ne fait aucun doute que la débâcle économique et
la chute drastique du pouvoir d’achat des classes subalternes ne peuvent
être évitées ni par des « amortisseurs sociaux » (que les comptes publics
et le déclin productif ne permettent pas) ni par une « décroissance »
débridée. Il paraît évident à ce point que même l’hypothèse de
social-démocratie la plus « aventureuse » ne s’inscrit qu’à l’horizon de
l’utopie. Ajoutons à tout cela la particularité italienne d’avoir eu et
d’avoir, aussi bien dans le système politique qu’économique, une gestion
clientéliste et mafieuse de toutes ses structures. De fait, le phénomène a
pris une telle ampleur qu’elle empêche de la traiter comme de la simple «
corruption », vu que cela signifierait l’existence d’une partie « saine »
qui n’existe pas. Ce développement de l’économie souterraine n’est que
l’une des nombreuses manières dont le capitalisme s’est servi pour se
consolider, et c’est d’ailleurs pourquoi il n’est évidemment pas
concevable qu’elle soit éradiquée d’un seul coup : c’est un système en
tant que tel, avec ses passages et ses changements, qui se restructure et
se modifie à partir d’exigences et non pas de lignes idéologiques ou de
principes légalistes.

Il n’y a donc aucune démocratie à réexhumer, ni aucun fascisme aux portes.
Nous ne sommes pas soumis à une banale dictature, un régime autoritaire
qui imposerait exclusivement son joug par la force brute : nous sommes
face à une forme de domination qui ne comporte pas de parallèle possible
dans l’histoire. Nous sommes confrontés à une société érigée à l’image
d’un camp de concentration hypertrophié, où les hommes sont déshumanisés
et éliminés à grande échelle.
Ces dernières années, nous avons assisté à l’érosion des vieilles
possibilités de rupture. Nous avons vu la défiance envers l’étranger
devenir haine raciale. Nous avons subi l’offensive d’un Etat qui a frappé
tous les pauvres de manière indiscriminée. Nous avons vu les restes de la
lutte de classe se dissoudre dans la barbarie. On est en train d’assister
à une attaque contre les classes subalternes provenant de toute parts, une
attaque contre laquelle bien peu de personnes tentent de s’opposer jusqu’à
présent, une attaque à laquelle une partie des exploités participe de
façon masochiste. Autour de nous, on rencontre dans le « meilleur » des
cas des pleurnicheries invoquant la démocratie, une indignation passive
devant la prolifération et les descentes de groupes d’extrême-droite
organisés (soutenus par le gouvernement et les forces de l’ordre), un
scandale hypocrite et embarrassé à propos de la politique mafieuse qui
pille toutes les ressources. Le gros des citoyens se tait ou applaudit le
travail du gouvernement, les maigres oppositions tendent à se confiner à
la sphère symbolique, incapables de sortir des séparations qui empêchent
de lire l’oppression dans sa complexité. Les quelques luttes présentes en
Italie restent alors ensablées dans une critique partielle et cantonnées à
la spécificité d’un thème. Une telle approche, certainement utile dans un
contexte pacifié ou de reflux, devient contre-productive à une époque où
une nouvelle forme de régime est en train de s’affirmer dans toute sa
force.
L’urgence de la situation conduit trop souvent les quelques individus en
lutte à construire leur propres positions – et les pratiques qui en
découlent – en se définissant négativement par rapport aux projets de
l’ennemi, plutôt qu’en développant et en diffusant les leurs.
Un bon exemple à cet égard est la réexhumation du cadavre de
l’antifascisme, drapeau sous lequel les morts vivants de la gauche se
regroupent au nom d’une urgence démocratique. Passent alors à la trappe
toutes les critiques qui affirment que les ratonneurs fascistes et
l’idéologie même du fascisme n’étaient et ne sont qu’une des multiples
formes dont se dote le capitalisme à certains moments particuliers pour
faire face à ses propres exigences et à sa propre défense.
Le fait que le phénomène néo-fasciste est absolument secondaire à la
démocratie (et son allié utile) et que la nouvelle forme de totalitarisme
montant va bien au-delà du problème des ratonneurs, est une chose qui ne
semble guère toucher la gauche moribonde. Du reste, pour les petits-fils
de Lénine et Togliatti [dirigeant historique du Parti Communiste italien],
l’urgence du fascisme est l’unique argument qui leur donne encore une
visibilité et un rôle – même symbolique. Que la gauche joue sa dernière
carte pour exister et alimente  comme elle l’a toujours fait  la
séparation de la critique et la compartimentation des luttes, n’a rien
d’étrange. On en vient pourtant à se demander : pourquoi les anarchistes
et les libertaires devraient-ils l‘aider dans cette tâche ?

Certes, nous sommes « antifascistes », dans le sens où nous sommes ennemis
du fascisme, mais nous sommes également ennemis de la démocratie et de
toute autre forme de gouvernement et d’Etat. Cela pourrait sembler banal,
mais à l’époque de l’Anti et du Non à qui deviennent une idéologie et une
praxis politique, il vaut peut-être mieux le rappeler. Les
révolutionnaires devraient plutôt développer un projet qui frappe la
domination dans son ensemble, et ne pas se limiter à la critique de ses
aspects secondaires et utilitaristes. Dans un tel projet, il est
évidemment nécessaire que la critique théorique et pratique frappe
également le fascisme et le racisme, mais cela ne doit pas nous faire
perdre de vue l’objectif de la subversion générale de la société. Ce sera
peut-être plus ardu, vu que rester en dehors de la rhétorique et de
l’idéologie de la Résistance est un chemin plus difficile à entreprendre
qu’exploiter les lieux communs, mais le pouvoir est en train de jeter le
masque pour la première fois, et ce n’est pas le moment de laisser filer
l’occasion pour transformer la critique partielle en une critique
révolutionnaire. D’autant plus qu’en ce qui nous concerne, nous unir avec
des ennemis de la liberté pour en affronter d’autres, outre d’être un
choix « discutable », ne nous a jamais « porté chance » à travers
l’histoire.

Imaginons un instant avoir vécu sous les régimes de Staline ou de Hitler :
nous serions-nous battus contre l’antisémitisme ? Bien sûr que oui. Mais
nous serions-nous battus uniquement contre l’antisémitisme, ou en
aurions-nous fait notre mot d’ordre ? Sûrement pas. Notre critique et
notre action se seraient certainement dirigées – comme l’ont fait nos
compagnons d’alors – contre l’ensemble des rapports déterminés par le
régime et contre le régime lui-même (dont la persécution des Juifs n’était
qu’un des aspects). Mêmes les franges du mouvement libertaire dans
lesquelles l’habitude de la compartimentation était la plus solide ont
compris en de telles occasions (où le Capital et l’Etat ont eu besoin de
se doter de systèmes de gouvernements particulièrement autoritaires) que
le temps n’était plus à la partialité, qu’il fallait mettre en route une
critique incluant toute la structure de la domination et qu’il fallait
même au prix d’être seul au départ – jeter les bases d’une future
libération.
Si ce raisonnement était valable à propos des dictatures du passé, il
devrait l’être encore plus face au totalitarisme d’aujourd’hui (toujours
plus « mondialisé ») et à ce qui nous attend dans un futur proche.

L’habitude anarchiste bien ancrée de se poser exclusivement en « négatif
», soit de s’opposer à tel ou tel projet de la domination, et dans le
meilleur des cas à la domination elle-même, a été fort louable. C’est une
tension qui a préservé (au moins une partie du mouvement) du risque de la
chute dans les merdes de la politique et qui a développé une tension «
sainement destructrice ». Ces arguments étaient en particulier valables
dans les moments de reflux que nous avons vécus ces 20/25 dernières
années. Mais dans le contexte actuel où des prémisses nous font entrevoir
plutôt clairement l’extension de la guerre civile, il devient crucial de
courir le risque de développer une projectualité qui dépasse à nouveau la
seule critique en négatif.
Un risque, parce que les projectualités et les perspectives sont toutes à
inventer. Parce que les transformations politiques et économiques, et avec
elles les rapports sociaux, ont été malheureusement si importantes qu’il
est bien difficile de puiser dans le passé, dans « notre » histoire. Il ne
nous reste donc plus qu’à errer, qu’à tenter de nous préparer à affronter
les situations présentes et futures en étant conscients que, dans chaque
cas, nous n’avons que deux choix à notre disposition : on peut subir la
guerre civile ou bien contribuer à « déplacer l’axe », être des
protagonistes de la guerre sociale.
Dans tout moment de « crise » ou de restructuration, les Etats ont
toujours déchaîné le pire d’eux-mêmes : régimes autoritaires et
populistes, guerres, propagande raciste, terreur. Dans ces situations, les
hommes se sont souvent placés où on le leur disait, ont combattu sur
différents fronts, mais sous le seul drapeau des exigences de l’Etat et du
marché. Pour nous, il n’y a toujours eu que deux « fronts » : celui qui va
vers l’autorité et celui qui va vers la liberté. Continuons à combattre de
notre côté de la barricade, pour la libération.

Le caractère non réformable de l’existant est une évidence. Excepté si
l’on se résout à laisser tout tomber jusqu’à l’anéantissement final,
l’hypothèse révolutionnaire revient donc inévitablement sur le devant de
la scène.
Il ne s’agit plus ici de sensibiliser les classes subalternes sur les
différents malheurs du monde, mais de commencer à pratiquer et à
construire les possibilités insurrectionnelles. Si l’attaque provient de
toutes parts et qu’il faut répondre de toutes parts, c’est à partir de
cela, de cette sorte d’autodéfense qu’il faut commencer à pratiquer à la
fois l’auto-organisation et l’affinement d’une éthique dans la rupture.
S’il est vrai qu’il n’y a plus d’espaces et de rapports libérés à
l’intérieur de la société totalitaire, il n’en est pas moins vrai qu’il
est possible de conquérir ces espaces et ces rapports en s’insurgeant. Ces
derniers temps, nous avons vu à plusieurs reprises que des soulèvements se
manifestent toujours plus souvent dans différentes villes d’Europe et du
monde, mais nous avons également vu qu’il existe des limites objectives à
la diffusion de la « rupture » et à la préservation de la « durée du
conflit ». A la question « comment parvenir à la révolte ? », il faudrait
ajouter « comment agir pour faire que la révolte s’élargisse et ne
s’arrête pas ? », et surtout « comment est-il possible de réussir à
conserver un territoire, une fois qu’il est libéré ? Comment faire pour
avoir le temps, le temps suffisant pour que la subversion des rapports
devienne irrécupérable ? ». Enfin, « comment faire en sorte que les
contenus prennent le pas sur les formes et que l’éthique l’emporte sur la
politique ? ». C’est le moment de ressortir de l’armoire l’antique dilemme
révolutionnaire : vers où voulons-nous aller ?
Et voilà que cet horizon se rapproche. Sans vouloir pécher par optimisme,
surtout lorsque les risques de guerre civile restent bien présents,
l’habitude de vivre dans la pacification sociale est telle qu’on est
désemparé pour penser à « l’hypothèse révolutionnaire » ou qu’on la
discrédite comme abstraite ou avant-gardiste. A présent que l’histoire et
le délire capitaliste nous « offrent » (à travers la dualité guerre
civile/guerre sociale) la possibilité d’expérimenter l’insurrection, les
mouvements révolutionnaires payent la sclérose de trop d’années
d’attentisme et d’attente.
Ne pensez pas trouver ici des hypothèses lancées en l’air au nom d’une
urgence, mais uniquement l’urgence de formuler des hypothèses. Ce sera la
pratique de chacun d’entre nous qui les formulera, dans l’espoir et la
détermination à « ne pas rater le train une fois de plus » ; dans la
conviction retrouvée – viscérale et non pas idéologique – que tout est
possible parce que nous pouvons tout.

L.

http://acorpsperdu.wikidot.com/radiographie-d-un-regime

France

A Corps Perdu
21ter, rue Voltaire
75011 Paris

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[Retour en image] Ni F-haine ailleurs comme à tours

Vu sur la permanence du F-haine à Tours le 24 avril

2013-04-24 03.35.37

2013-04-24 03.35.23

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[Tours, samedi 4 mai] Comment agir et lutter face à la montée de l’extrême-droite en temps de crise sociale ?

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[Lénine et Marx n’ont jamais baisé comme nous] Queer ultra violence QUEER ULTRA VIOLENCE

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Ceci est une traduction d’extraits du livre « Queer Ultra Violence : Bash
Back ! Anthology » publié en 2011 par Ardent Press aux États- Unis,
anthologie du mouvement queer insurrectionnaliste Bash Back !, compilée
par Fray Baroque et Tegan Eanelli. Si les cellules Bash Back ! n’ont été
actives qu’entre 2007 et 2010, avant leur auto-dissolution face à la
menace de récupération, le mouvement anarcho-queer insurrectionnaliste est
plus que jamais vivant en Amérique du nord, rampant de la côte Est à la
côte Ouest, s’immisçant dans les mouvements sociaux, respirant l’air de la
baie de San Francisco et de la commune d’Oakland, explosant lorsqu’un
nombre suffisant de visages qui le portent se rassemble dans une même
ville, comme pour un 1er mai.
Les communiqués et les essais compilés dans le livre parlent de
transpédégouines, de luttes contre nos ennemis et contre l’assimilation,
de vengeance, de mode, de beauté, de criminalité, de flamboyance, de
solidarité et de tant d’autres choses, mais ils abordent surtout la
question de la violence.
« Les queers sont marquéEs comme des victimes tandis que la violence n’est
jamais vue que comme l’outil des maîtres. Le projet anarcho-queer incarné
par Bash Back ! est avant tout un refus du statut de victime et une
réappropriation de la violence qui nous a été enlevée par l’idéologie
progressive et utilisée contre nous par nos agresseurs et par l’État. Le
tournant opéré par Bash Back ! lors de sa rupture avec celleux qui ont
refusé de reconnaître l’importance de cette réappropriation a été crucial.
Il a permis de solidifier et de construire la cohérence de la tendance
queer insurrectionnelle autour de la question de la violence… »
Parce que l’anarchie totale passe par l’anéantissement de
l’hétéropatriarcat et de la rigidité du genre et de la sexualité, un crew
de trois transpédégouines fabuleuses, Lip Stitchiz, Snappy Bitch et Tranny
Doggy, ont traduit les textes qui suivent pour les partager avec vous, et
travaillent encore à la traduction du livre dans son in- tégralité, pour
votre plus grand plaisir.

Violemment vôtre,
La Bande à Cris-tea
(labandeacristea at riseup point net)
septembre 2012

http://infokiosques.net/lire.php?id_article=1021

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[Lutte vs l’homophobie] : Appel à la manifestation anti-lgbt-phobie de Lille

bottled
Le collectif des chômeur-se-s et précaires de Lille participera et appelle
à participer à la « manifestation en faveur de l’égalité des droits et
contre les LGBT-phobies ». Le CCPL59 n’a pas pris position sur le mariage
pour tous. La présence du PS d’un côté de l’UMP de l’autre, montre assez
que cette agitation sert à distraire les gens du bilan catastrophique du
précédent et de l’actuel septennat.

Cependant Le CCPL59 est antifasciste et combat toutes les discriminations
liées aux genres, aux classes, aux origines.

Cependant les fascistes assumés « Gamin » « Bubsy » ou Yohann qui ont
attaqué le bar gay lillois le Vice Versa sont les mêmes (ou sont les
complices habituels de ceux ) qui nous ont également attaqués au local de
la CNT qui nous héberge, ou à la ferme de Prémesques où nous manifestions
notre solidarité avec les travailleurs précaires roms qui y habitaient. Ce
sont les mêmes qui diffusent des contre vérités infâmes sur le net, qui
veulent faire croire qu’on gagne plus au RSA qu’au SMIC, surtout quand on
est étranger !

Cependant le CCPL59 est solidaire des chômeurs et précaires LGBTIQ dont la
précarité est souvent aggravé par la discrimination, comme il est
solidaire des chômeurs et précaires étrangers ou d’origine étrangère,
sans-papiers ou avec, des femmes, des personnes sans domicile, des
nomades, des hommes et des femmes exclu-e-s de la culture dominante, de
tous ceux et celles qui sont prédestiné-e-s par leur naissance ou leur
choix de vie à la précarité.

Nous reproduisons donc ici l’appel à la manifestation de demain, bien que
nous n’ayons pas été conviés à le signer. Nous n’avons rien de commun avec
la plupart des organisations bourgeoises qui le signent. Les autres, aux
côtés de qui nous avons déjà lutté, se reconnaîtront ! Nous ne cautionnons
pas non plus les soutiens sollicités par les organisateurs. Notamment la
Ville de Lille, très mal classée dans un récent classement des villes gay
friendly et la Région Nord-Pas de Calais où Roubaix Tourcoing et
Dunkerque, villes socialistes, sont situées parmi les plus homophobes de
ce même classement. Nous n’oublions pas par ailleurs que ces récents mais
des altersexuels sont les mêmes qui ont laissé partir à Montpellier les
plus importantes archives LGBTIQ francophones et assassiné le festival Gay
Kitsch Camp et la librairie GKC/question de genres.

« A l’occasion du vote solennel de la loi sur le mariage pour tous, un
collectif d’associations, de commerçants, de syndicats et de partis
politiques appelle à fêter cet évènement, à manifester en faveur de
l’égalité des droits et contre les LGBT-phobies.

Nous convions touTEs les citoyenNEs progressistes, solidaires, à nous
rejoindre nombreuses, nombreux, avec sifflets, cornes de brume et tout ce
qui fait du bruit, car nous devons être vus et entendus…. N’oubliez pas
de vous parer de vos plus belles couleurs !

RDV Place de l’Opéra à 18h00, départ à 18h30 pour une manifestation dans
les rues de Lille et une arrivée « surprise ».

A l’appel des associations…

Aides Nord/Pas-de-Calais, APGL Grand Nord, Chti rando’s, CRSH, David &
Jonathan, Homovert-e-s, J’En Suis J’Y Reste, L’Egide, Les Flamands Roses,
LGPLille, Le Planning familial de Lille, Osez le féminisme Lille, Sida
Info Service et SOS Homophobie.

…des syndicats :

CFDT 59/62, CGT 59, FSU 59/62, SNEG, Solidaires 59/62 et UNEF.

…des partis politiques :

EELV NPdC, Front de Gauche Lille, Les Jeunes écologistes de Lille, MJS
Nord et Parti Pirate NPdC.

…des commerces :

Le Privilège (Lille), Le Vice&versa, Le Tchouka Club (Lille), Le Pïed
Marin (Dunkerque), Le Lokal (Lille), Les Bains (Lille).

Avec le soutien de Nordikmag
Avec le soutien de la Mairie de Lille et du Conseil Régional. »

http://ccpl59.over-blog.com/appel-%C3%A0-la-manifestation-anti-lgbt-phobie-de-demain-mardi

Source :
http://juralib.noblogs.org/2013/04/23/lille-mardi-23-avril-manif-anti-lgbt-phobie/

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[Nucléaire Ta Merde] : 1er mai : Hommage aux victimes dunucléaire

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Les premières victimes du nucléaire sont les travailleurs du nucléaire.
Lors de la « fête du travail » du 1er mai à Tours, le collectif Touraine
sans nucléaire tient à rendre hommage aux victimes du nucléaire: Anciens
militaires et populations civiles victimes de essais nucléaires en
Polynésie en Algérie et ailleurs, travailleurs du nucléaires et notamment
sous-traitants travaillant dans des conditions déplorables et souffrant
de maladies telles que les leucémies et autres cancers à cause du manque
de protection face aux radiations.

 RDV 10h place de la Liberté (au niveau de l’Hotel Ibis) le 1 mai.

Touraine sans nucléaire
Contact: 06 30 13 35 30

http://www.facebook.com/events/613423725351594/

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[blois] Notre ami Nezif est en grève de la faim à Fresnes depuis le 13 avril

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LE PRISONNIER POLITIQUE NEZIF ESKI EST EN GRÉVE DE LA FAIM DEPUIS LE 13  MARS 2013 POUR LUTTER CONTRE LES FOUILLES CORPORELLES DÉSHONORANTES! Le  gouvernement français a emprisonné Nezif Eski dans le seul but de satisfaire les accords passé avec l’état fasciste turc. L’État français essaie aujourd’hui de le priver de son identité en utilisant pour son
plaisir des pratiques inhumaines et humiliant son honneur, au sein même
de son établissement pénitentiaire de Fresnes. Le tribunal administratif
de Melun (Seine-et-Marne) a suspendu vendredi 29 mars la fouille
corporelle intégrale pour les détenus accédant au parloir, instituée par
votre prison. Résister face à cette torture et à cette atteinte à
l’honneur de l’être humain est un droit naturel et… légitime. La
prison de Fresnes ne respecte pas les lois ! Nezif ESKI est un
prisonnier politique!

NEZIF ESKI N’EST PAS SEUL! FIN A LA FOUILLE
DÉSHONORANTE! LES PRISONNIERS POLITIQUES NE SONT PAS SEULS!

Camille Sardon

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[Squat toujours] : Une semaine de grosse répression contre la CREA + Fête des 2 ans

Une semaine de grosse répression contre la CREA
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Cette semaine, la Préfecture de Haute-Garonne, la Mairie, l’Office
Français de l’Immigration et de l’Intégration (OFII) ont lancé une
offensive jamais vue contre la Campagne de Réquisition, d’Entraide et
d’Autogestion (CREA).
Lundi matin, plus de 150 flics en compagnie de la Sous-Direction de
l’Information Générale (SDIG) sont venus expulser deux personnes d’un
bâtiment de la CREA.
Le mercredi s’est tenu au tribunal administratif le procès du bâtiment
appartenant à l’OFII dans lequel sont logés 34 adultes et 16 enfants de la
CREA. Au cours de ce procès étaient présents deux agents de la SDIG pour
mettre la pression aux juges, n’hésitant pas au passage à photographier et
filmer des membres de la CREA.
Vendredi, le tribunal administratif a rendu sa décision dans le procès de
l’OFII : expulsion sans délai de tout-e-s les habitant-e-s.
Le même jour, la Mairie de Toulouse a assigné quarante personnes habitant
au centre social autogéré situé 2 rue du faubourg bonnefoy et leur a
commandé de quitter les lieux.
Pendant ce temps-là, au Tribunal de Grande Instance, les juges ont fait un
exemple à la demande du procureur contre trois membres de la CREA : un
mois de sursis chacun, 2400 euros d’amende et 5 années de mise à l’épreuve
pour de prétendues dégradations qui couvraient en réalité une expulsion
illégale d’une maison réquisitionnée en novembre dernier.
Au même moment, au Tribunal d’Instance, des familles avec enfants vivant
au 42 rue du faubourg bonnefoy passaient en procès au cours duquel le
propriétaire a demandé l’expulsion sans délai. On s’attend au même verdict
que celui du tribunal administratif car depuis plusieurs mois, le tribunal
d’instance se refuse à accorder les délais légaux aux personnes vivant
dans les bâtiments de la CREA.
Le soir, une autre maison de la campagne où vivent quatre adultes et deux
enfants est aussi assignée devant le tribunal d’instance.
En une semaine, plus de 120 personnes ont été expulsées ou sont menacées
d’expulsion. Les semaines précédentes, ce sont aussi une vingtaine de
personnes, dont trois enfants qui se sont fait sortir de leurs maison.
Face à cette vague de répression, la CREA continuera de s’organiser et
invite toutes les personnes à rejoindre le mouvement pour se défendre et
se battre pour des formes de vie collectives et s’émanciper ensemble.

http://creatoulouse.squat.net/une-semaine-de-grosse-repression-contre-la-crea/

+ Fête des 2 ans : https://juralib.noblogs.org/files/2013/04/058.jpg

Source :
http://juralib.noblogs.org/2013/04/22/toulouse-une-semaine-de-grosse-repression-contre-la-crea/

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[Droit à la terre] : Venue de Lilly Kutty à Tours, invitée par Peuples Solidaires 37, le CIMAHT, le CCFD

Venue de Lilly Kutty , invitée par Peuples Solidaires 37, le CIMAHT,  le
CCFD
Lillykutty
Ils ont été 50.000 personnes à marcher ensemble pendant 15 jours, venant de
toute l’Inde  le dernier mois d’Octobre pour avoir accès à la terre..

4 ans de préparation avec des rencontres dans tous les états de l’Inde

Suite  à cette marche , le gouvernement fédéral indien a accepté
l’application en 10 points de la réforme agraire.

. Lilly Kutty coordonnatrice pour le droit à la terre d’EKTA PARISHAD,
mouvement indien non violent qui rassemble des centaines de milliers de
personnes rendra compte de cette marche, des accords obtenus et de
l’avancement de leur mise en oeuvre.

Lilly  fait aussi partie de la branche féminine de Ekta Parishad : Ekta
Malia Manch

 La rencontre aura lieu

Le Jeudi 25 avril à 20 h ,

au 120 salle des halles place Gaston Paillhou

Entrée C
[Pour aller plus loin] :
http://www.peuples-solidaires.org/

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[Feu aux CRA] : Nouvelles et témoignage depuis la prison pour sans-papiers de Vincennes 18 avril 2013

[Vincennes] Nouvelles et Témoignage depuis la prison pour étranger 18
avril 2013

Masperook

Ces dernières semaines, nous avons eu des nouvelles de l’intérieur du
centre par le biais d’une personne enfermée dans le cra 2 qui a appelé sur
le téléphone de l’émission de radio Sans papiers ni frontières. Il a
malheureusement été expulsé aujourd’hui, sûrement vers l’Algérie (il est
Tunisien).

Malgré la difficulté de mettre en oeuvre des réponses pratiques face à ce
genre d’appels, c’est important que le numéro continue de tourner et que
les infos sortent de l’intérieur, en ne désespérant pas d’être capables de
construire des formes de solidarité plus concrètes à l’avenir. Je rappelle
le numéro, à diffuser largement : 06.50.07.52.32

En ce moment, et comme souvent, la colère ressentie par certains retenus
se mélange à un fort sentiment d’impuissance. Les expulsions ont l’air de
battre leur plein, et notamment grâce à la complaisance du consulat
algérien qui semble délivrer des laisser-passer à tour de bras pour tous
les ressortissants du nord de l’Afrique, peu importe leur nationalité. Les
flics usent toujours des mêmes sales méthodes. Le 13 avril, deux retenus
refusent un vol. L’un en est à 22 jours de rétention, l’autre à 44 jours.
Quand ils réintègrent leur chambre, les flics viennent chercher celui qui
en est à 44 jours pour lui demander de “venir signer un papier”. Quand il
sort de la chambre, ils lui sautent dessus et le scotchent pour le mettre
dans l’avion. De leur côté les juges font fonctionner l’abattoir
judiciaire et collaborent avec la préfecture, avec l’aide des avocats
commis d’office qui, comme d’habitude, n’ont “rien à dire” pour la défense
des retenus.

« Y’a des gens qu’ont des maladies graves comme l’hépatite C, y’a trop de
maladies. Là le médecin, j’ai parlé avec lui. Pour les gens qui sont
malades vraiment, il a parlé avec la préfecture, il a dit « ce monsieur il
est malade, vous n’avez pas le droit de le garder, de renvoyer une
personne comme ça avec une hépatite C . Le médecin il envoie trois
certificats médicaux pour la préfecture, la préfecture n’est pas d’accord,
ils ont renvoyé cette personne. On dit il y a la loi de l’homme, mais moi
j’ai pas trouvé la loi de l’homme, la préfecture elle fait ce qu’elle
veut. Les gens ils sont malades, ils les envoient pas à l’hôpital. Ils
font là le traitement, toute la journée on est défoncé, on n’arrive pas à
parler, on arrive à faire rien du tout. Vraiment y’en a marre. On est tout
fatigués, on est tout faibles. On n’a pas le droit au médecin pour examen,
mais pour le valium, le seresta, les médicaments qui sont trop forts tu
vois, pour les gens qui consommaient de la drogue… Ils nous ont envoyé au
juge, il nous laisse même pas la chance de parler, même pas un mot. Le
juge il parle il dit : « tu veux être libérer, ramène ton passeport, je te
libère ». On a donné le passeport pour le juge, il donne le passeport à la
préfecture, ils renvoient ce monsieur direct. Ca c’est pas correct qu’un
juge il dit « bon, ramenez pour moi votre passeport, je vous promets je
vais vous libérer ». Tu donnes le passeport, il le donne direct à la
préfecture, demain il a l’avion. Ils ont renvoyé deux mecs marocains, un
du cra 1 et un avec nous du cra 2, ils les ont renvoyés en Algérie, sans
passeport, sans laisser-passer, sans rien du tout. Ils ont pris trois mois
de prison en Algérie. Y’a personne qu’a un passeport, y’a personne qu’a
une pièce d’identité, y’a rien du tout. Moi j’ai pas parlé un mot avec le
consul, ni en Français, ni en Arabe, comment il retrouve quelqu’un qui n’a
même pas parlé avec lui ?!»

Liberté pour tous et toutes !

http://lechatnoiremeutier.wordpress.com/2013/04/22/nouvelles-et-temoignage-depuis-la-prison-pour-sans-papiers-de-vincennes-18-avril-2013/

Dont la source est : http://sanspapiersnifrontieres.noblogs.org/

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