Deux groupes de musique punk (Broken et Arsenicum) ont été interdit de
concert suite à de multiples pressions de la mairie de Tours et des flics.
Toutefois l’arrêté municipal n’a pas pu empecher les gens de se réunir et
de faire la fête.
Par les nouveaux rapports que nous voulons vivre et créer, la fête
est pour nous un lieu hautement politique. Finalement comme en toute
chose, nous vivons la musique, la culture et son corolaire la
contre-culture, en tant que lutte… Une lutte qui échappe et ne
peut se réduire à son sens sclérosé, normé, qui reproduit et
hiérarchise, qui diverti pour mieux nous séparer de nos ressentis
personnels.
Tous celles et ceux qui connaissent bien les lois du marché-culturel
savent que la censure est en soi une forme de récompense. Eh ! Bien
soit, le Sénateur-Maire de Tours, pourtant si laconique en matière de
mesures sociales, nous a gratifié d’un magnifique arrêté, interdisant
une simple soirée-concert.
Vendredi 24 Février à 19 heures, c’est à dire 2 heures avant le
concert, la police municipale est venue remettre officiellement les
papiers et occuper le lieu du concert pour en filtrer les entrées.
Une fois annulé, tout le monde en a joyeusement profité pour
commencer à discuter et se rencontrer. En soi, ce fut une excellente
soirée, avec son lot d’improvisations.
Une deuxième offensive a eu lieu un peu plus tard, sur dénonciation
du directeur du cabinet du préfet. Mais le concert ayant été
réellement annulé, les flics nationaux ont été quelque peu déconcerté
d’avoir été appelés en si grand nombre… pour rien.
Cette forme de harcèlement grotesque et manifestement démesurée a
trouvé un écho hilarant dans la lecture de l’arrêté interdisant la
soirée pour cause de concert de la « mouvance anarcho-punk » et du
public susceptible d’y venir en raison de leurs « comportements
violents ». Cela n’est pas sans rapeller les démocraties populaires,
où dans les années 70-80 on enfermait les punks dans les asiles. Il
est des choses qui ne s’oublient pas quand on est socialiste.
La fête est la manifestation concrète de notre volonté de vivre
pleinement l’émulation collective, le temps du jeu et de la mise à
sac de l’ennui, de la triste normalité. Au final, ce n’est pas tant
dans la joie que l’on trouve les « sources » de ces comportements
incriminés, mais bien plus dans le néant provoqué par son absence.
Cette censure s’insrcrit dans un cadre de repression qui au lieu de
disperser, nous entraine à multiplier les initiatives.
Ce monde laisse peu de place à nos désirs, d’autant qu’il n’a de
cesse de les caricaturer ou de les condamner comme déviants. La
culture marchande est asservie, consensuelle dans son sens le plus
vulgaire. L’Artiste a beau jeu de se donner un rôle inoffensif dans
une société aseptisée, où seule la violence quotidienne et légitime
de l’État est tolérée.
Notre rupture nous la vivons dans la construction du refus de la
séparation spectateurs/acteurs, des gros cachets, de l'(im)posture du
statut d’Artiste et de ses Chefs-d’oeuvre. Nous voulons faire tomber
l’art dans le présent et le bien commun… Avec tout ce que cela
entraine.
Tout de même… le quotidien d’un Maire de gauche doit être salement
ennuyeux pour qu’il en soit réduit à contrôler ainsi chaque micro,
chaque événement, à réprimer chaque exutoire. Que dire alors du fait
que le directeur du cabinet du préfet se déplace en personne sur son
temps libre, pour vérifier que l’événement est bien annulé et
rencontre finalement une « bande de jeunes » en train de s’éclater
malgré tout. On peut comprendre sa rage…
BROKEN: http://asso-no.com/
ARSENICUM: http://punxrezo.net/pg/profile/Arsenicum