Voici un communiqué sorti du centre de détention de Neuvic, par des
prisonniers qui y sont en isolement. Malgré les conditions difficiles
auxquelles ils font face, ils sont solidaires, et restent en lutte au
quotidien face à l’administration pénitentiaire (AP). Ils souhaitent que
ces informations circulent, et appellent à la solidarité à l’extérieur.
Centre de détention de Neuvic ( Dordogne)
Nous sommes 4 actuellement à l’isolement, tous ici pour les mêmes raisons :
demande de transfert pour rapprochement familial.
Le motif de cet isolement est sécuritaire, c’est l’excuse de l’AP pour nous
isoler du reste de la détention, les prétextes trouvés sont les suivants ;
avoir bouché un œilleton, avoir insulté un maton, refus de rentrer en
cellule ou tout simplement grande gueule.
A l’isolement les surveillants sont en toute puissance, pour un rien un
rapport tombe, tu as tapé dans la porte : rapport, tu as parlé avec un
autre détenu : rapport, tu râles : rapport, etc, etc…
Pour bien nous faire comprendre que nous ne sommes rien et que eux sont
tout ils n’hésitent pas à utiliser la force physique, des menaces, ils
détournent le courrier des cantines pour qu’on en ait pas, nous privent de
téléphone, de sport ou de promenade à leur guise.
Ils justifient que le mercredi, jour du prétoire on ne peut pas sortir de
cellule parce que l’on pourrait croiser d’autres détenus en détention.
Le lundi c’est la réunion avec la direction, donc pas de chef ou de gradés
aux isolés, ce qui inclut qu’il n’y a aucun mouvement aux isolés. Si l’un
de nous est au sport ou à la douche, les autres ne peuvent pas sortir de
cellule, justement pour aller à la douche, ou au sport ou au téléphone.
Des fois on appelle les surveillants pendant des heures et pour seule
réponse on a le droit « on peut pas ouvrir seul la cellule question
sécurité, alors vous attendez qu’on soit plus nombreux »et cette réponse
est dite d’une façon très agressive et parfois même insultante ( tu vas la
fermer ta putain de gueule sale merde ? )
L’agression des surveillants sur les détenus est routinière et surtout pour
nous aux isolés et au mitard, si tu râles c’est intervention des robocops,
qui te demandent de te coucher sur ton lit, sur le ventre et les mains dans
le dos, la tête tournée vers le mur, si tu refuses ils referment la porte
et reviennent pas de la journée, ils te donnent pas ton repas et te collent
un nouveau rapport, histoire de prolonger ton mitard ou t’envoyer à
l’isolement.
Aussi parfois si on se rebelle, ils nous punissent en bloquant le téléphone
ce qui nous permet plus de téléphoner, et ça peut durer plusieurs jours de
suite.
Certains détenus aux isolés sont là depuis 2 ans alors qu’ils sont à 800
kilomètres de chez eux et réclament leur transfert.
Le directeur Monsieur Laurent ne transmet pas les dossiers de demande de
transfert des isolés et sûrement d’autres, mais ça nous on peut pas le
savoir en étant isolés du reste de la détention.
Il n’y a pas un jour où il n’y a pas d’altercation avec un ou plusieurs
surveillants. Pour les parloirs c’est pareil, on a toujours des soucis,
fouilles avant d’y aller, et la tentative de nous mettre en hygiaphone,
alors que les hygiaphones n’existent plus, sauf pour des raisons
exceptionnelles dont nous ne faisons pas partie.
Aussi les parloirs commencent régulièrement 10 minutes après le début et on
vient nous chercher 10 minutes avant la fin.
Dans les cellules il nous est interdit de faire à manger, pas de plaque
chauffante, pas de chauffe à l’huile sous peine de rapport, on est obligés
de manger la bouffe dégueulasse de Sodexo, nous perdons tous du poids à
vitesse grand V. On a fait une demande pour avoir du pain en plus, ce qui
nous a été refusé, malgré nos demandes réitérées, on a essuyé que des
retours négatifs.
On a pas de fenêtres dans les cellules, ce qui nous est fort désagréable,
on ne peut jamais voir l’extérieur, on regarde que des murs chaque jour, le
seul moment où on peut voir le ciel c’est lorsqu’on nous conduit au parloir.
Mais ça dure le temps de traverser un couloir, quelques secondes.
Pour toutes ces raisons et bien d’autres, nous réclamons nos transferts,
mais aussi la fermeture du quartier d’isolement / quartier disciplinaire /
quartier strict régime fermé, la démission de l’ensemble de la direction.
Pour cela il nous faut un soutien massif de l’extérieur pour rendre public
et créer un rapport de force. Nous, nous restons en lutte malgré les coups
portés par les porcs de la pénitentiaire, pour qu’enfin on danse sur les
ruines de cette porcherie.
Nous vous espérons nombreux et actifs afin de briser la répression
carcérale.
Des détenus du quartier d’isolement de Neuvic sur l’Isle.
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[Publié sur Indy Nantes http://nantes.indymedia.org/article/27873 le 30
juin 2013]