Emploi, industrie, redressement productif et moral C’est une bonne guerre qu’il nous faut

À l’appel de la Fédération européenne de l’industrie et de la CGT, nous
manifesterons le 9 octobre 2012 pour l’industrie, pour l’emploi et pour
des mesures de relance exceptionnelles
à Lyon à 11h place Jean Macé – comme à Paris, Bordeaux, Marseille, Epinal,
Rennes, Toulouse.

La France et l’Europe traversent une crise sociale et économique sans
précédent. Chômage de masse, précarité, dette publique, écroulement des
services publics, désindustrialisation : si rien n’est fait, c’est tout
notre modèle de développement qui s’écroulera, repoussant pour longtemps
la perspective d’un retour durable de la croissance.

Pourtant on connaît la voie à suivre :  « un emploi dans l’industrie
génère 3 à 5 emplois dans les services et la sous-traitance qui
permettent, par la consommation des salariés, d’alimenter l’économie, donc
le
développement industriel et l’emploi »  (CGT  Isère).

Pour  que  l’homme  soit  véritablement  au  service  de
l’économie, il faut des mesures de relance industrielle à la hauteur de la
crise actuelle.

Nous devons tirer les leçons de l’Histoire. Il y a un siècle, l’économie
française a connu un formidable bond en avant, son industrie une véritable
révolution. Voyez l’essor de la région grenobloise dans les années
1915-1916 :
aménagements hydroélectriques, boum dans la construction mécanique,
floraison des sites électro-chimiques.
Matériel électrique, explosifs, coton nitré, papier à cartouche, obus,
chlore et phosgène comme gaz de combat, magnésium pour l’artillerie. Que
seraient devenus la métallurgie de Bouchayer et Viallet, le chimiste
Progil, les usines Bergès, les pâtes Lustucru, les biscuits Brun sans la
Première guerre mondiale ?

Les statistiques sont formelles :  « En 1914, Grenoble compte 15 000
ouvriers ; en 1931, le nombre aura plus que doublé : 31 000.
La guerre aura eu un effet stimulant. »

Toulouse, autre technopole aujourd’hui à la pointe de l’innovation, a
connu le même phénomène : l’effort de guerre « a suscité la création de
toutes pièces de puissants complexes industriels » dont les fleurons
actuels de
l’aéronautique ou de la chimie sont les descendants directs.

Même stimulation bienfaisante pour l’innovation, l’industrie nationale et
l’emploi en 1939-45. À Grenoble, les laboratoires  –  ferromagnétisme,
aérodynamique,  hautes  fréquences,  électrostatique,  etc  –  servent  le
complexe militaro-industriel pour le profit des salariés. Ne l’oublions
jamais : c’est grâce à la collaboration des chercheurs
avec l’armée, dans les années 1940, que la capitale des Alpes est
aujourd’hui la Silicon Valley française, et offre
à des milliers d’ingénieurs, techniciens, cadres, opérateurs de salle
blanche, un emploi et un avenir.

Six années de conflit pour Trente Glorieuses.

Tandis que notre croissance agonise, il faut rappeler cette vérité :
l’économie et la guerre ne sont que la poursuite incessante, infinie et
réciproque de l’une par l’autre.

C’est pourquoi nous lançons aujourd’hui un appel solennel aux forces
vives, aux progressistes, au mouvement social.

Pour nos emplois et ceux de nos enfants, pour la réindustrialisation de la
France, pour son redressement productif et moral, c’est une guerre qu’il
nous faut.

Le « redressement productif » ne suffira pas  –  pas  plus que le New Deal
en son temps. Rappelons que le programme du président Roosevelt dans les
années 1930 fut un échec économique. Malgré l’interventionnisme de l’Etat
(grands travaux, contrôle des banques, subvention de l’agriculture,
soutien aux syndicats  et  aux mouvements de consommateurs, protection
sociale),  17 % de la population active américaine pointait au chômage en
1939.

« La production industrielle ne repartira qu’en 1940. Au moment où les
Etats-Unis se réarmeront pour préparer leur entrée en guerre. » (L’Usine
nouvelle, 2012)
Voyons les choses en face. Au sein de l’Union européenne, l’Allemagne
méprise la solidarité entre membres, favorisant ses intérêts nationaux
contre les autres pays. La Grèce est à genoux, l’Espagne, le Portugal et
l’Italie au bord du gouffre, et l’impérialisme allemand impose sa
politique d’austérité qui nous conduit à la catastrophe.
Jusqu’à quand subirons-nous ce diktat ?

De son côté, la Chine nous inflige un dumping social insupportable,
bafouant les droits des travailleurs comme ceux de la propriété
industrielle et de la concurrence. Délocalisations, contrefaçon,
exploitation : allons-nous tolérer davantage les abus sans limite des
Chinois ?

Contre la Chine, avec nos alliés de l’OTAN, ou contre l’Allemagne, avec la
Grèce, un conflit est envisageable.
Ce ne sont ni les motifs, ni les occasions qui manquent.
Songez aux retombées économiques ! La tentative du président Obama de
renouveler l’expérience du New Deal – rebaptisée Green New Deal pour
intégrer les nouvelles contraintes environnementales – est vouée à
l’échec.

Les énergies renouvelables, l’isolation des bâtiments, les biocarburants,
la voiture électrique, s’ils permettront la création certaine d’emplois,
ne fourniront pas l’électrochoc nécessaire à l’économie. Comme en 1939-45,
seul l’effort de guerre relancera l’industrie. Avec Mélenchon pour le
Rafale, avec Montebourg pour le patriotisme économique, soutenons la seule
relance véritable !

Grenoble, dont  les  « nombreux laboratoires, centres de recherches et
universités […] constituent une source inépuisable d’innovations dans
laquelle la Direction Générale pour l’Armement pioche régulièrement
»serait à la pointe de la mobilisation, avec des milliers d’emplois à la
clé.

Chez Thales, soumis aux menaces de fermetures, on retrouverait le bénéfice
d’être « leader mondial des hautes technologies sur les marchés de
l’aéronautique, de l’espace, de la défense, des transports et de la
sécurité » : un conflit offrirait des débouchés à nos armements de pointe.
Imaginez les performances de Scorpion, le programme de numérisation du
théâtre d’opérations que le groupe pilote pour l’armée française ! Sans
oublier ses systèmes d’identification biométrique, de cryptage de données,
de contrôle d’accès made in France.

Nos fleurons high-tech donneraient leur pleine mesure. STMicroelectronics,
le CEA et les start-up de micro et nanoélectronique équipent déjà nos
troupes (programme Félin – Fantassin à équipements et liaisons intégrés)
et les systèmes de communication et de traçabilité (RFID, capteurs,
poussières intelligentes) ; Memscap fournit les meilleurs capteurs de
pression à l’Eurofighter et au Super Puma 1, et des Mems pour le guidage
des armes ; les détecteurs infrarouges de Sofradir, qui équipent l’armée
française, ne manqueraient  pas d’être déployés, de
même que les biopuces d’Apibio pour détecter les attaques bactériologiques.

Qu’on songe aux salariés de Rio Tinto, en Maurienne, d’Ascométal au
Cheylas, et à toute la filière aluminium, à qui un cycle
guerre/reconstruction redonnerait l’espoir d’un véritable redressement
productif.

Pensez aux chantiers par dizaines ! Une aubaine pour les salariés du BTP
et de Caterpillar, aujourd’hui menacés.

Enfin le renouvellement urbain ! Une vraie chance de reconstruire la ville
sur la ruine, de bâtir des smart cities avec des éco-quartiers connectés
et intelligents, de moderniser les réseaux de transports et d’énergie, de
remplacer les compteurs électriques par des Linky ! de donner un nouvel
élan au programme nucléaire français (surgénérateurs, ITER), de propulser
la ville globale dans le XXIe siècle !

Quant à nos soldats et aux civils touchés par la guerre, nos
neurotechnologues les prendront en charge. Les mutilés testeront les
nouvelles interfaces homme-machine et les exosquelettes mis au point à
Clinatec, notre clinique du cerveau unique au monde. Leurs souffrances
permettront les progrès de la bionique. Clinatec pourra tester ses
implants neuro-électroniques contre la dépression et les troubles de
l’humeur à grande échelle : quelle meilleure image pour nos savoir-faire
locaux, dans le monde entier !

Chacun doit se convaincre que l’économie n’est pas faite pour l’homme,
mais l’homme pour l’économie, et se demander ce qu’il peut faire pour
celle-ci. Nous invitons tous ceux qui croient au redressement productif de
la France à se joindre à la manifestation du 9 octobre, à signer et à
diffuser cet appel.

Le 27 septembre 2012
Premiers signataires
* Les Amis de l’Egalité (Blois – lesamisdelegalite.org)
* Les Bas-Côtés (cantine-librairie – lesbascotes.blogspot.fr)
* Libellud (Libertaires et Luddites de Grenoble)
* Pièces et main d’œuvre (atelier de bricolage pour la construction d’un
esprit critique – piecesetmaindoeuvre.com)

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