Mardi 28 août, 6h00 : plus de 200 agent-e-s des forces de l’ordre
puisé-es dans les différents corps de sécurité de l’Etat (Police,
Gendarmerie, CRS, CRS de Montagne, GIPN…) forcent l’entrée du centre
social autogéré. Quatre habitants se réfugient sur les toits pour faire
face à l’expulsion. Seul l’un d’entre eux est attaché mais au bout d’une
poutre à 22 mètres du sol.
Trois heures plus tard, après avoir été violentés (l’un tazé 5 fois)
ils se font descendre, tête la première, arrêter puis emmener en garde à
vue pour : outrage, rebellion et violence sur Agent de la Force
Publique.
Un an et demi après son ouverture, le bâtiment est saccagé, puis muré
jusqu’à nouvel ordre.
Les soutiens rassemblés à l’extérieur tentent de ralentir la fermeture
mais se font disperser à grand coup de matraques (plusieur-e-s
blessé-e-s légers).
Trois des camarades postés sur le toit sont maintenus en Garde à Vue
jusqu’en début de soirée, et finalement relâchés avec risque de
poursuites judiciaires.
La préfecture, sortant de son mutisme habituel, déclare dans un élan
mensonger sa volonté de prendre en compte les situations personnelles et
d’établir un dialogue avec les habitant-e-s du Centre Social Autogéré.
Tout au long de la journée, des actions sont menées en protestation et
en soutien, dans le centre-ville de Toulouse.
Le soir même, une assemblée d’urgence réunit plus de 200 personnes pour
organiser la suite du mouvement. Une manifestation de nuit s’organise
qui dénonce toutes les politiques d’expulsions (locatives, campements
stigmatisés Roms, déplacement des quartiers populaires mais aussi
d’étranger-e-s…). Au cours de la marche, le cortège prend de
l’ampleur. Les forces de l’ordre réagissent et tentent de mettre fin à
la manifestation en harcelant les participant-e-s, ils cherchent à
interpeller certaines personnes. Malgré la crainte de la violence
policière, le cortège continue et ne se dispersera que plus tard.
Profitant de ce moment, les forces de l’ordre frappent, fouillent et
contrôlent à tour de bras sans arriver à mettre la main sur les
personnes recherchées.
Le lendemain, toujours en réaction à cette expulsion mais aussi aux
déclarations mensongères de la Préfecture, le mouvement (pour la
Réquisition, l’Entraide et l’Autogestion) et ses soutiens décident
d’occuper l’antenne locale du Ministère des Affaires Sociales et de la
Santé, propriétaire du bâtiment expulsé : la Direction Régionale de la
Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale. Cette occupation a pour
but de faire remonter les revendications suivantes aux responsables de
la situation : la réouverture immédiate du CSA, la reconnaissance de
l’utilité des centre sociaux et du caractère mensonger du communiqué de
la Préfecture ainsi que l’arrêt de toute forme d’expulsion.
Le bâtiment est donc occupé par une soixantaine de personnes. La
directrice adjointe prétend accepter une rencontre tout en appelant le
cabinet du préfet. Alors que la délégation est reçue, les forces de
l’ordre se déploient et délogent le reste du rassemblement qui se
retrouve à l’extérieur. Le préfet donne l’ordre d’interrompre la réunion
tandis que des policiers « raccompagnent » la délégation. Bilan : deux
personnes blessées (7 points de suture au visage et une côte fêlée, sans
compter les nombreuses ecchymoses), cinq interpellations et aucune
solution proposée.
Quatre des personnes interpellées sont relâchées dans la soirée, dont
une avec une date de procès en poche, la cinquième sortira après 22h de
garde à vue.
Sans aucun doute, l’Etat ne lésine pas sur les moyens employés pour
remettre les gens à la rue, les réprimer, lorsqu’ils ou elles contestent
sa légitimité, et tente d’enfermer celleux qui pensent qu’il est une
partie du problème et non pas la solution. Confonté-e-s à la férocité
policière, que certain-e-s vivent quotidiennement, nous ne nous faisons
toujours aucune illusion sur les changements promis : coups de matraque,
arrestations, inculpations imaginaires, misères et injustices sociales.
Face à ces réalités, nous continuons de penser que quels que soient les
partis au pouvoir, les intérêts défendus sont ceux des riches et des
dominants. Nous les combattons en tant que tels. Seule-s l’organisation
collective, l’autogestion, l’entraide et le vivre ensemble nous
permettent de trouver les moyens de nous émanciper de la servitude du
travail, des rapports marchands et de toutes les formes d’emprisonnement
(prisons, sexisme, racisme, domination de classe…).
Nous exigeons dès à présent :
– La réouverture du centre social autogéré
– L’arrêt de toutes les expulsions (expulsions de squats, locatives,
des étrangers…)
– L’arrêt immédiat des poursuites engagées contre des habitants du CSA
et des membres de la Campagne « Zéro personne à la rue »
– La reconnaissance de l’utilité des centres sociaux autogérés
– Le démenti officiel par la préfecture de la Haute-Garonne, les
ministère des Affaires Sociales et du Logement des mensonges relayés à
l’égard du CREA.