Madame, Monsieur,
Veuillez trouver ci-joint et ci-dessous le communiqué de presse concernant
la convocation au commissariat mardi 25 juin de toute la famille
Jasarevic. Cette convocation au contenu limpide, annonce une expulsion du
territoire, contre laquelle les associations et organisations signataires
s’insurgent, eu égard à ce qui attend cette famille Rom au Kosovo.
Merci d’en informer le public.
Contact en fin de communiqué.
L’Association Chrétiens-Migrants, le Réseau Education Sans Frontières
d’Indre-et-Loire (RESF37)
Le Collectif Soif d’Utopies, le DAL 37, communiquent :
Langage direct, pour expulsion express
Ils sont 8, les 2 parents et leurs 6 enfants, Roms originaires du Kosovo
arrivés en France en octobre 2011 et demandeurs d’asile. Les parents,
Vladimir Jasarevic et son épouse Dalija Bejtula, viennent de recevoir une
convocation au commissariat de police de Tours pour mardi prochain 25
juin. Il leur est enjoint de se présenter avec leurs 6 enfants, précisant
: « pour examen de votre situation administrative sur le territoire
français, dans le cadre de la mesure d’éloignement dont vous êtes l’objet
».
On ne pourra pas dire que c’est là une « convocation piège »… encore qu’il
aurait pu être spécifié : « N’oubliez pas vos bagages »… sauf que ce
langage sans fioriture fait fi des droits de cette famille, puisqu’il
s’agit, comme on l’aura compris, de les expulser directement vers le
Kosovo, un pays où il est notoire que les droits des minorités sont
bafoués chaque jour, et où les Roms sont en première ligne des
discriminations et des persécutions.
Les parents ont engagé deux procédures de recours qui sont toutes les deux
encore à l’étude, l’une auprès de la Cour Nationale du Droit d’Asile
depuis mars 2013, l’autre auprès du Tribunal administratif d’Orléans,
contre la mesure d’expulsion du territoire ordonnée par la Préfecture en
avril dernier. Aucune de ces juridictions n’a encore statué. Mais la fin
de l’année scolaire arrive, période propice à l’expulsion des familles
d’enfants scolarisés. Ramo, 14 ans, est au Collège de la Vallée Violette à
Joué. Ses frères Seit, 12 ans, et Lecir, 9 ans, sont à l’école primaire
George Sand ; leur sœur Fatima, 5 ans, est à l’école maternelle Marie
Curie. La petite Devaira, 3 ans et demi, et l’aînée Vésira, 16 ans,
gravement handicapée, ne sont pas scolarisées. Alors, puisque l’année
scolaire est bientôt finie, pourquoi l’administration préfectorale
s’embarrasserait-elle d’attendre les décisions de justice ? Pourquoi se
préoccuperait-elle du sort qui attend ces enfants et leurs parents dans un
pays hostile ? Pourquoi s’empêcherait-elle de réaliser un si beau coup
pour la statistique : 8 personnes expulsées d’un coup ! Manuel Valls en a
donné la consigne à ses préfets en mars dernier : les demandeurs d’asile
dehors,
et sans trop de frais !
Le gouvernement français, sous la présidence de Hollande, fera-t-il fi des
recommandations du Haut Commissariat aux Réfugiés (placé sous la tutelle
de l’ONU) ?
Celui-ci, prenant en compte la situation faite aux Roms au Kosovo, les a
placés sous sa protection. Il recommande donc de limiter au maximum le
retour des Roms au Kosovo, tant en raison de la situation économique
désastreuse dans ce pays, que parce que « les relations interethniques et
la gouvernance sont aussi problématiques» (site web du HCR, Kosovo 2013).
En clair, cela signifie que le HCR n’est pas en mesure d’assurer sa
mission de protection des Roms au Kosovo. Dans ces conditions, comment
Valls peut-il garantir que les exactions quotidiennes qu’y subissent les
Roms n’ont plus lieu ; que le racisme à leur égard n’a plus cours ? Quand
on sait comment il les traite en France même, on « comprend » que leur
sort là-bas lui soit
indifférent.
Ce discours et ces pratiques sont dignes du gouvernement précédent. Même
l’habillage « humaniste » de Hollande sur le respect et la dignité des
personnes a disparu. Les étrangers (quand ils sont pauvres) sont des
indésirables qu’il faut pourchasser sans trêve. De cette politique
xénophobe qui broie les plus fragiles, nous ne voulons pas ! La Préfecture
doit renoncer à son projet d’expulsion. Les enseignants des enfants
demandent au Préfet de leur permettre de poursuivre leur scolarité ici.
C’est ici que toute la famille Jasarevic doit pouvoir reconstruire sa vie.
Tours le 23-06-2013
Contact : Chrétiens-Migrants, 02 47 61 69 56