Voici les deux lettres écrites par des prisonnières :
« Seysses, le 10 mai 2013,
Incarcérée à la prison de Seysses, quartier femmes, je souhaiterais alerter
l’opinion publique sur les conditions de détention qui nous sont infligées.
Des exemples concrets de propos diffamatoires, méprisants, condescendants
tenus par les surveillantes sont légion. Nous avons alors tenté de prévenir
la direction mais il semble que nos courriers n’arrivent jamais dans le
bureau, nos lettres étant interceptées par les surveillantes. À bout de
nerfs, épuisées par ces conditions de détention rythmées par la répression,
les brimades et les pressions, nous avons entrepris aujourd’hui unE action
afin de tenter de faire bouger les choses.
En effet, depuis 10 jours, il y a eu 5 tentatives de suicide au quartier
femmes et aujourd’hui, alors que nous avons voulu avoir un entretien avec
la directrice, celui-ci nous a été refusé. Après maintes menaces de la part
du personnel pénitentiaire, trois d’entre nous, poussées dans leur dernier
retranchement ont avalé des cachets, moi-même je me suis auto-mutilée. Ces
gestes de désespoir ne traduisent que le climat exécrable qui règne ici.
Par ce courrier, nous souhaiterions dénoncer le harcèlement et les
pressions psychologiques que nous subissons de façon répétée. Pourriez-vous
S.V.P. lire notre courrier à l’antenne d’une part et alerter les médias
pour nous. Nous craignons que l’une d’entre nous ne se fasse plus de mal
que de raison. Nous vous en remercions.
Détenues de Seysses, Quartier femmes »
* *
« MAF de Seysses, le jeudi 30 mai 2013,
Madame, Monsieur de la radio
Je viens à vous pour dénoncer les maltraitances que l’on subit à la MAF de
Seysses, que ce soit en tant que spectatrice qu’en tant que persécutée.
Tout d’abord, il y a 4-5 jours, une détenue basque espagnole que les
surveillantes provoquent très souvent verbalement ! Donc notre collègue
détenue Iti a demandé gentiment aux surveillantes de ne pas la tutoyer, que
le respect doit être dans les deux sens, enfin voila le ton est monté et
Iti a été passée à tabac, coups de pieds dans le ventre, etc. De là il
l’ont jetée comme un chien au mitard (cellule disciplinaire). Il y fait
très froid dans cette cellule, elle a réclamé une couverture et ils ne lui
ont pas donné. Aussi, le lendemain Iti a été vue par le médecin à qui elle
a fait part qu’elle était indisposée et qu’elle n’a rien, ni serviette ni
papier toilette. Le médecin lui a donné de l’essuie-tout, ne serait-ce que
pour l’hygiène, et en la remontant au mitard les surveillantes lui ont
confisqué l’essuie tout. Iti a fait part de son mécontentement et, hélas,
les surveillantes l’ont repassée à tabac. Résultat ils lui ont mis 25 jours
de mitard dans des conditions inhumaines, sans hygiène, elle a froid, et
pour faire valoir ses droits la pauvre Iti fait la grève de la faim avec
une amie qui elle aussi fait une grève de la faim.
Et pour les détenues qui ont tout entendu ou qui ne sont tout simplement
pas d’accord avec leur façon tortionnaire, les détenues qui font un refus
de plateau (de prendre le manger aux heures de repas), les surveillantes
nous font comprendre qu’on a pas intérêt, elle nous dissuadent en nous
faisant comprendre qu’il vaut mieux pas s’en mêler.
Madame, monsieur de la radio il faut faire quelque chose et vous aussi
chers auditeurs, auditrices, aidez-nous à ce que les choses changent. Les
surveillantes se comportent pire que les détenues, elles nous mettent la
pression, l’humiliation, elles jouent avec nous.
Par exemple, hier, une maman était venue voir sa fille, et parce que cette
vieille dame sonnait au portique à cause de son soutien-gorge — cette dame
a même proposé d’enlever son soutien-gorge — malgré ça ils lui ont fait
faire demi-tour et rentrer chez elle. Cette dame n’a pas de voiture, elle
prend le bus, et la prison est à plus d’1h30 de la ville.
Il y a aussi une jeune yougoslave qui a fait une fausse couche et qui n’a
pas eu les soins adéquats, il y a aussi une détenue qui a été fouillée
abusivement, elle l’a ressenti comme un viol et cela trois fois dans une
pièce différente en interrompant son parloir. Je peux citer beaucoup
d’autres abus. Nous sommes des détenues, pas animaux !
Il faut sincèrement que l’on nous aide. Nous, on ne peut rien faire du fond
de notre cellule. Voilà pourquoi je vous demande de nous aider pour que nos
conditions de détentions soient justes. Merci de m’avoir écouté, j’espère
que ma lettre va pouvoir nous aider grâce à vous. Merci. »
Transmis par le collectif Papillon emissionpapillon@riseup.net,
6 juin 2013
https://juralib.noblogs.org/2013/06/06/manif-devant-la-prison-de-seysses-toulouse-samedi-8-juin/