Le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon ont appelé à une manifestation
nationale à Paris, le dimanche 5 mai 2013. « Alors que le pays s’enfonce
dans la crise, il est urgent de rompre avec les politiques d¹austérité en
France comme en Europe, d’en finir avec le dogme de la réduction des
dépenses publiques qui appauvrit les peuples et la domination des
actionnaires qui licencient pour accroître leurs profits. Il faut donner la
priorité à l¹emploi, aux services publics et au partage des richesses pour
répondre aux besoins sociaux et environnementaux. »
L’anxiété du plus grand nombre fera sans doute un succès de cette
manifestation pour « la VIe République », contre « les intérêts de la
finance », « les délocalisations », « l¹Europe autoritaire », « l¹oligarchie
», etc. Ce succès n¹en repose pas moins sur le mensonge et les fausses
promesses. Mensonges et fausses promesses d¹un retour à l’Etat social et au
plein emploi des « Trente glorieuses ».
Ce retour est impossible pour au moins quatre raisons :
1) Il faudrait qu¹une « bonne guerre » détruise la France et l¹Europe,
ouvrant des marchés et des chantiers fructueux pour 30 ans de
reconstruction. (Voir ³C’est une bonne guerre qu’il nous faut², sur
piecesetmaindoeuvre.com)
2) Il faudrait abolir les machines, les robots, l¹automatisation et
l¹informatique qui ont permis les « gains de productivité » depuis 50 ans –
c¹est-à-dire la mise au rancart de la main d¹¦uvre humaine.
3) Il faudrait qu¹il y ait encore des « richesses à partager », c¹est-à-dire
des ressources naturelles, des matières premières à piller, en France ou
ailleurs.
4) Il faudrait qu¹une Terre à l¹agonie puisse survivre à un nouveau choc
industriel et technologique (nanotechnologies, biotechnologies, etc.)
Pour franchir ces obstacles, Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche
promeuvent « l¹écosocialisme » et « la planication écologique » :
c¹est-à-dire le communisme des technocrates. Ainsi retrouvent-ils leurs
origines, communistes et/ou trotskystes, Mélenchon à l’OCI (Organisation
Communiste Internationaliste), Martine Billard au groupe Révolution, mais
l¹on pourrait multiplier les exemples dans la filiation et le personnel
dirigeant du Parti de gauche, du Front de gauche – et du PC évidemment, qui
n’a jamais renié son bureaucratisme industriel.
Parmi une multitude de projets « écosocialistes » destinés au « redressement
industriel », à la croissance et à l¹emploi, le Front de gauche défend la
candidature d’Annecy aux Jeux olympiques d¹hiver, le TGV Lyon-Turin, le
méga-canal Seine-Nord-Europe, la construction d’Iter à Cadarache et la
colonisation des fonds marins.
« Les limites nécessaires à la préservation de la vie seront calculées et
planifiées centralement par des ingénieurs écologistes, et la production
programmée d¹un milieu de vie optimal sera confiée à des institutions
centralisées et à des techniques lourdes. C’est l’option technofasciste sur
la voie de laquelle nous sommes déjà plus qu¹à moitié engagés. » (André
Gorz, Ecologie et liberté, 1977)
Cela méritait bien cette « Critique de la planification écologique » (à lire
ici :
http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=416),
contre ce leurre du Front de Gauche pour pêcher l’écolo écoeuré de
l’arrivisme des Verts et de leur projet de capitalisme vert.
Cette critique figure à la suite de L¹Enfer Vert. Un projet pavé de bonnes
intentions (édition revue et corrigée), publiée le 15 avril 2013 aux
Editions L’Echappée (126 p., 9 euros)
Merci de faire circuler.
Pièces et main d’oeuvre.