[Rien a déclarer] Pourquoi nous refusons de participer à notre propre répression

kikass

Cela fait maintenant deux ans qu’une enquête pour *« diffamation publique
envers des fonctionnaires publics »* et *« incitation à la commission d’une
atteinte à la personne non suivie d’effet »* est ouverte, et ce contre le
tract Correspondants de nuit : des agents de proximité de la guerre aux
pauvres <http://nantes.indymedia.org/article/21769>, publié fin 2010 sur *
Indymedia* et repris ensuite sur plusieurs sites, dont Non
Fides<http://www.non-fides.fr/?Qui-sont-ils>

et Retour à
Belleville<http://retourabelleville.blogspot.fr/2010/10/correspondants-de-nuit-des-agents-de.html>,

mais surtout diffusé massivement dans plusieurs quartiers du Nord-Est
parisien.

Dans le cadre de cette enquête, nous avons reçu de nombreuses convocations
(courriers simples puis recommandés et appels de la police judiciaire sur
les téléphones portables) que nous avons choisi d’ignorer, des proches ont
également été convoqués et interrogés.

Suite à ces refus de collaborer au boulot des flics, ceux-ci décident de
procéder à deux perquisitions, d’abord chez Dan le 15 mai

2012<http://www.non-fides.fr/?Paris-un-compagnon-perquisitionne>,

puis chez Olivier le 22 janvier

2013<http://www.non-fides.fr/?Paris-enieme-coup-de-pression>,

lors desquelles ils nous ont volé ordinateurs, clés USB et disque dur
externe. Jusque-là, nous n’étions pas mis en examen, mais aujourd’hui, la
juge Maïa Escrive nous convoque pour une « première comparution en vue
d’une mise en examen ».

Olivier est accusé d’avoir publié le tract sur *Non Fides*. Dan de l’avoir
publié sur *Non Fides* et sur *Retour à Belleville*, et d’en être l’auteur.

Un cérémonial cousu de fil blanc auquel nous refusons de participer, et ce
pour plusieurs raisons :

• Tout d’abord, parce que cette juge et son bras armé de la
BRDP

<http://www.non-fides.fr/?+-La-BRDP-fait-son-sale-travail-+>,

font régulièrement équipe dans toutes sortes d’affaires de diffamation
concernant de misérables people et autres racistes patentés, tant de cas
dans lesquels la question de la « liberté d’expression » revient sans
cesse. Mais que les choses soient claires : en tant qu’anarchistes nous ne
sommes pas intéressés par ce débat, car pour nous la liberté n’est pas une
question de concession du pouvoir, sous la forme du droit, ni la liberté au
sens libéral et bourgeois du terme, conjugable, négociable et divisible à
l’infini.

En somme, il est tout a fait hors de question pour nous de discuter avec un
juge de ce que nous aurions ou non le droit d’écrire ou de diffuser.

• Ensuite, nous savons très bien de quoi cet interrogatoire serait fait :
des questions juste pour la forme, et un refus de répondre à quoi que ce
soit. Nous n’avons rien de plus à dire à une juge que ce que nous avons à
dire aux flics, à savoir : « rien à déclarer ».

• Aussi parce que nous savons que cette affaire n’est qu’un prétexte de
plus pour les flics et la justice de nous emmerder, après nous avoir
jetés quelques mois en prison en 2011

http://www.non-fides.fr/?Trois-compagnons-arretes-a

pour une autre affaire, et quelques trois années de divers contrôles
judiciaires quasi-ininterrompus, qui font que nous ne pouvons théoriquement
ni nous voir, ni sortir du territoire, que nous devons en principe pointer
chaque semaine au commissariat et payer une rançon de 4000 € à l’Etat.

Toutes ces mesures (qui nous touchent nous comme elles ont frappé d’autres
camarades avant nous et des dizaines de milliers de personnes un peu
partout) ont pour objectif de nous briser, en nous isolant l’un de l’autre
et en nous isolant d’un mouvement, mais aussi de casser des dynamiques de
lutte.

Tout cela alors qu’un jugement, notamment pour « destructions ou
dégradations par l’effet d’une substance explosive, d’un incendie ou de
tout autre moyen de nature à créer un danger pour les personnes »,
« dégradations de biens en réunion » (et sa cohorte de refus de
signalétique et de prélèvements biologiques) menace toujours de tomber d’un
jour à l’autre, procès qui visera au total une bonne dizaine de personnes,
dans le cadre de la lutte contre la machine à expulser à Paris.

• Enfin, il serait dégradant, à chaque fois que nous sommes sifflés à la
niche « Palais de Justice », d’accourir servilement en remuant la queue.

Pour toutes ces raisons-là, nous ne nous présenterons pas à la convocation
prévue pour ce 13 mars au TGI de Paris, en tout cas pas de notre plein gré.

Ces quelques lignes n’ont pas pour but de soulever l’indignation, ni de
crier à la répression de « nos médias libres », ni de pointer les
projecteurs sur quiconque.

Ce modeste tract, nous nous foutons bien de savoir qui l’a écrit, nous
laissons cette vilaine tâche aux assassins qui gouvernent, qu’ils soient en
costard, en soutane, en toge ou en uniforme, mais nous en partageons le
contenu et la volonté de le diffuser. Comme nous affirmons notre volonté de
diffuser toute invitation à la révolte contre les rapports de domination
qui régissent ce monde, car nous refusons de laisser la guerre sociale à
ceux qui la mènent contre nous.

Vive l’anarchie.

Le 6 mars 2013,
Olivier et Dan.

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