http://fr.contrainfo.espiv.net/2013/03/04/sur-la-solidarite- dans-la-repression-sur-laffinite/
Une fois j’ai entendu un vieil anarchiste qui avait vécu la révolution et
la guerre et qui avec la sagesse que donne l’expérience et un petit sourire
sur le visage disait :” les anarchistes ce qui nous plaît le plus c’est de
nous disputer”, et il n’avait pas tort. Il y a mille et une divergences
connues au sein du mouvement : cénétistes vs. cégétistes,
anarchosyndicalistes vs. insurrectionnalistes, mais même au delà de ça, au
sein de l’idéologie, de chaque groupe, de chaque famille émergent des
divergences et les débats explosent avec passion, parce qu’en plus d’envie
de se disputer une autre chose que nous avons l’habitude d’avoir, nous les
anarchistes, c’est une passion pour ce que nous croyons, et cette passion
nous envahit à chacun de nos pas, à chaque décision que nous prenons, à
chaque risque que nous assumons. Cette “richesse” qui donne la variété
d’opinions est la conséquence du refus que personne ne te dise ce que tu
dois penser ou ce que tu dois faire, le refus des dirigeants qui tracent
une ligne politique à suivre, la raison d’être de l’importance et la
responsabilité individuelle face à la soumission devant un leader, un
programme, un parti, etc … Évidemment nous ne prendrons pas le palais
d’hiver mais ce que nous faisons, les décisions que nous prenons, seront la
conséquence d’une analyse personnelle que chacun de nous assumera
individuellement.
L’affinité dans nos groupes est quelque chose de fondamental, la libre
association fait que cette affinité est agglutinante du groupe, et même,
cette affinité en plus de politique devient nécessairement personnelle car
l’honnêteté envers les compagnons devient un ciment sur lequel construire
n’importe quel projet politique à venir.
Jusqu’ici tout ceci se fait plus ou moins naturellement dans les conditions
normales. Mais lorsque la répression se jette sur nous tout cela devient un
déchaînement de passions, de peurs, d’adrénaline débridée, de nerfs … La
répression est un coup dur auquel nous ne nous habituerons jamais, d’autant
plus lorsque ça te touche de près. C’est dans ces moments que toute cette
passion que nous portons dans nos discussions se débride et devient un
problème. Thessalonique, Milan, Turin, sont des exemples de comment la
répression creuse les divergences, éclatent les vieilles rancœurs et les
vieilles querelles et finissent par se déchaîner en une spirale d’attaques
et vendettas auto-destructives totalement inutiles et décourageantes pour
le reste des groupes et individus en affinité qui observent ça de loin. La
ligne fine qui sépare la divergence politique ou méthodologique de
l’attaque personnelle ne devrait jamais être dépassée, encore moins dans
des moments d’attaques répressives de la part du système, ceci devrait être
une maxime gravée au feu entre compagnons. Isoler un compagnon blessé et
séquestré entre les griffes du capital est largement contraire à l’idéal de
solidarité et d’entraide auquel nous pensons croire fermement.
Lorsque le système s’acharne à mort contre un compagnon ça n’est pas le bon
moment pour faire émerger de vieilles rancœurs et l’attaquer avec des
reproches sur des vieilles questions, c’est plutôt mesquin et cruel.
Lorsque la répression s’acharne sur des compagnons engagés qui,
divergences, colères, disputes et affrontements verbaux mis à part, ont
largement prouvé leur implication, courage, engagement et dévouement, la
solidarité doit être indiscutable. Bien entendu la solidarité ne doit pas
amener à une attitude acritique, les différences politiques, idéologiques
et méthodologiques sont acceptables et nécessaires, mais la solidarité doit
passer au dessus des divergences lorsque la gravité de la situation
l’exige. C’est aussi facile que : ” je ne partage pas tes méthodes, ton
approche de l’affrontement, ta méthodologie, mais tu peux compter sur mon
soutien et solidarité maintenant que la machinerie coercitive et
destructrice du système s’acharne sur toi”.
La solidarité entre acrates ne devrait pas être juste des mots sur du
papier.