C’est où, ce bled là ? C’est pas dans le Loir-et-Cher. C’est loin, à
350 km du pré où nous broutons.
C’est pas aussi loin que le Mali qui , du temps des colonies, s’appelait
Soudan, sauf la capitale qui n’a pas changé de nom.
Avez-vous entendu parler de la ligne TGV Lyon-Turin qui ne
dessert pas le Loir-et-Cher ? La construction de l’EPR et d’ ITER, ça
vous dit quelque chose ? Pas plus que le projet d’une deuxième sortie
d’autoroute pour Blois, avec bétonnage de terres agricoles en perspective.
Et ces fous qui réclament un aéroport international dans le Loir-et-Cher
à Chambord, pour lequel ils ont même trouvé un nom : Aéroport
François I (ou I I , en pensant à not’ bon président)
C’est beau, le productivisme et le redressement économique et politique de
ce beau pays, qui porte haut au travers de l’Afrique « notre » drapeau
tricolore.
‘ Et si quelqu’un venait à y toucher,à y toucher nous serions là pour
mourir à ses pieds, et à ses pieds ‘… Des armes, du béton et des chansons
: nous vous l’avions bien dit que c’était une bonne guerre qu’ i l nous
faut !
Et NDDL (Notre-Dame-Des-Landes) ? Est- ce juste une question d’aéroport
inutile de plus, un sac de magouilles entre le bétonneur Vinci et le PS ?
Comme à la joyeuse époque du financement du PS par les bureaux d’études
bidon type ‘Urba ‘ , pendant que les valises de billets envahissaient la
mairie de Paris avec Chirac.
C’est quand même beau, la corruption et le productivisme, avec tous ces
ronds-points sur nos routes, jackpot des entreprises du BTP, financés par
les politiques, de droite comme de gauche.
La corruption et les travaux nuisibles ne sont pas une fatalité et à ce
titre, NDDL est en première ligne. Ceux de la ZAD (Zone à Défendre) ont
fait le choix de vivre sur l’emplacement choisi par les politiques pour
construire un aéroport international sur 1 650 ha (*) de terres agricoles.
Ils ont clairement exprimé leur détermination. Les habitants de la
ZAD (Zadistes) ont déjà payé un lourd tribu face à la répression militaire
et policière : plus d’une centaine de blessés et des militants en prison
avec des dizaines de procès sur le gaz.
Ne nous y trompons pas : si quelques centaines de Zadistes n’avaient pas
fait le choix de résister physiquement aux opérations militaires de la
gendarmerie, plus personne ne parlerait de NDDL et de son aéroport.
L’enjeu dépasse largement le simple cas de ce projet nuisible et
pharaonique. Les Zadistes se battent, pour nous autant que pour eux.
C’est, à notre connaissance, la première fois que s’exprime aussi
clairement et aussi massivement le refus de cette société productiviste
et de son monde.
Nous ne nous faisons pas d’ illusion sur les partis politiques et les
syndicats globalement silencieux sur ce qui se déroule près de Nantes. I ls
ont tous approuvé le projet de bétonner plus de 1 000 ha (*) de
terres agricoles. Il faut bien qu’ ils assument la répression policière et
son cortège de blessés et d’embastillés.
Jusqu’au premier mort ? Cette bataille de NDDL peut être le prélude
à une autre façon de vivre ensemble si elle aboutit à un retrait définitif
de ce projet nuisible.
Dans le cas contraire, si les forces coalisées du productivisme imposaient
par la violence et l’arbitraire cet aéroport, les perspectives de
résister, même sur de petits sujets, deviendraient vite très difficiles.
C’est ce qui se joue à NDDL !
Personne n’a décrété que cette bataille était plus importante que
toutes les autres. C’est le pouvoir, en mobilisant plus de 3000 gendarmes
et policiers, en utilisant des hélicoptères et des armes de guerre
comme les grenades de désencerclement, qui en a fait une
ligne de front.
Les déclarations du Premier Sinistre, ancien maire de Nantes, et de son
Sinistre de l’ Intérieur, confirment que c’est là que va se jouer la
crédibilité de ce gouvernement ; et après la phase enfumage d’une énième
commission- bidon, nous allons voir revenir en
force les grenades lacrymogènes et le bruit des bottes de l’armée des
gendarmes-militaires.
Qu’on le veuille ou non, ce qui se déroule sur ces 2000 ha (*) de terres
humides agricoles dépasse, de loin, l’enjeu d’un aéroport de plus ou en
moins.
Nous ne lâcherons rien jusqu’au retrait définitif de ce projet !
LES AMIS DE L’ÉGALITÉ
( *) C’est fou ce que les chiffres
peuvent être élastiques !