[Marre des miettes] Offense au Président


AU PAIN SEC ? Des miettes qui offensent le chef de l’Etat

C’étaient les miettes de trop. Afin d’interpeller le président de la
République sur leurs conditions de vie et leur pauvre retraite, d’anciens
agriculteurs de l’Aisne lui ont envoyé des lettres remplies de miettes de
pain. Une initiative qui n’a pas eu l’heur de plaire au chef de l’Etat :
les expéditeurs font aujourd’hui l’objet d’une enquête du parquet de
Paris. Le chef d’accusation ? Offense au président de la République, un
délit prévu par l’article 26 de la loi sur la liberté de la presse de
1814. Ils encourent jusqu’à 45 000 euros d’amende.

A 73 ans, Henri Carton, président de section des anciens exploitants
agricoles de l’Aisne, ne pensait pas provoquer l’ire de la République.
Après une première interpellation lors de la campagne présidentielle, le
retraité avait enjoint les membres de son association à réitérer l’action.

« ON PENSAIT METTRE DU PAIN SEC MAIS C’ÉTAIT UN PEU COMPLIQUÉ »

« Et c’était pour se rappeler à son bon souvenir, que début novembre
l’association départementale des anciens exploitants agricoles de l’Aisne
avec le feu vert de leur délégation nationale a décidé d’envoyer 500
lettres au président de la République,explique Henri Carton à France 3.
L’idée des miettes c’est pour dire que lorsque le gâteau est partagé, il
ne reste que les miettes pour les retraités. »

« Comme symbole, c’était pas mal, le pain sec et les miettes. Au départ, on
pensait mettre uniquement du pain sec mais c’était un peu compliqué. Donc
avec nos doléances il n’y a eu que des miettes dans les lettres », ajoute
Henri Carton.

UN DÉLIT REMIS AU GOÛT DU JOUR PAR SARKOZY

Si les anciens exploitants agricoles trouvent la réaction du chef de
l’Etat un peu exagérée, ils se félicitent de la médiatisation de leur
cause. Sans ces miettes de la discorde, les lettres n’auraient sûrement
pas été remarquées.

Bon point pour les agriculteurs, mais faux pas pour l’Elysée, qui fait là
preuve d’une erreur de communication. Tombée en désuétude depuis une
annonce de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, l’offense au chef de l’Etat
avait refait surface sous la présidence de… Nicolas Sarkozy, comme le
soulignait Raphaël Meltz, cofondateur de la revue Le Tigre, en mars 2012.
Une occasion manquée de se distinguer de son prédécesseur à la présidence
de la République.

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