Mariage, mariage : Le mariage pour tou-tes reconnaîtra aux homos le
droit de fonder une famille respectable de bons citoyens, sur le même
modèle que les hétéros. Nous voulons avoir le droit au mariage, même si
c’est pour ne pas s’en servir.
Se marier c’est quoi ? Intégrer une institution symbolique forte,
sacrée pour certain-es.
Un lieu d’enfermement, de travail pour les femmes.
Créer une solidarité économique privilégiée entre conjoint-es et
descendant-es.
Officialiser une vie commune aux yeux de l’État.
Avoir un statut juridique protecteur.
Théoriquement ça donne une citoyenneté première classe. Concrètement, ça
parle de vie, de mort, de papiers, de sous, de place dans la société, de
qui on aime, de comment on baise et comment on gère tout ça.
Les homophobes disent des choses toujours plus violentes, stupides
et dangereuses depuis des semaines. Plusieurs manifs anti-mariage ont
vu des violences contre des LGBT et des féministes qui protestaient.
La propagande homophobe déferle et fait des dommages dans les média et
dans les vies des personnes concernées. Au choix, on nous prend pour des
mineur-es, des autres bizarres ou des non-humain-es.
On nous prend pour des mineur-es : on ferait un caprice quand on veut
élever un enfant, parce qu’on n’en serait pas capable, on pourrait les
traumatiser. On ne serait pas digne de transmettre des héritages
dans les mêmes conditions que les familles traditionnelles, comme si
on ne pouvait pas gérer notre mémoire et notre argent. Puis, ce qu’on veut
ce serait stupide, nos revendications ne seraient pas légitimes.
Pourtant, nous trans, gouines, pédés sommes des êtres majeurs,
responsables de nos vies et de nos choix.
On nous prend pour des mineur-es :On nous traite comme des Autres : c’est une spécialité de l’égalité à
la façon-révolution-française. On est tous égaux mais avec des
restrictions parce qu’on est gouines, pédés, trans, féministes,
parfois pas blanc-hes, des fois handicapé-es.
Finalement, on se trouve repoussé-es en marge de l’humanité. Nous
entendons dire que l’humanité, c’est l’hétérosexualité. Puis, les
homophobes nous disent que nous n’avons pas choisi notre homosexualité,
que nous la subissons, telle une maladie, une tare. À ce titre nous
sommes sujets au rejet, à la compassion ou à la tolérance. Nous sommes
ramené-es à un état d’incapacité face à des hétéros qui seraient
pleinement humains et totalement capables.
Alors à ces homophobes on répond que nous avons choisi d’être homos, en
tout cas nous avons choisi de le vivre bien et d’en être fier-es et
épanoui-es. Tout le monde sait ce que c’est que l’hétérosexualité et il
n’y a de raison de s’la raconter ! Nous n’avons aucune raison de vouloir
vous ressembler ! C’est nous qui devrions vous tolérer.
Nous savons très bien que les homophobes n’ont jamais été capables de
gérer les méfaits de leur modèle hétéro-traditionnel-patriarcal : les
millions de femmes battues et tuées par leurs maris, les millions
d’inceste, la maltraitance sur les enfants. Mentir aux enfants, c’est
leur dire que la famille c’est sacré, puis quelques années plus tard les
jeter à la rue ou les maintenir à bonne distance lorsqu’ils sont pédés,
trans, gouines ou autres non-conformes. Alors, les hétéros, qu’ils
s’occupent de résoudre leurs problèmes, plutôt que d’attaquer d’autres
formes d’organisation collective et de les rendre illégitimes.
Aux pro mariage et au PS nous voulons dire : Le modèle hétéro ne nous
fait pas mouiller ! Cette loi est une arnaque. Le déferlement
d’homophobie qu’occasionne le débat autour du mariage et de l’adoption
nous oblige à nous impliquer pour un projet de loi qui ne correspond pas
à nos priorités de luttes. Nous nous retrouvons projeté-es en avant,
alors que cette loi ne changera probablement pas beaucoup nos vies
quotidiennes.
Du changement à la mode socialiste, c’est un peu les électrodes sans
l’électricité. Les socialistes se croient ouverts et progressistes,
mais au vu de leurs déclarations publiques, ils se révèlent réacs et
manipulateurs. La proportion que prend ce débat est hallucinante.
On ne veut pas servir de caution à la politique civilisatrice du PS,
et en général des pays occidentaux. On veut nous fait croire que les
droits assurent notre égalité, que l’État protège notre liberté et les
frontières notre sécurité. Légiférer sur nos existences ne nous
intéresse pas, les possibles ne doivent être décidés ni par l’État, ni
par le capitalisme.
Nous voulons inventer des formes d’alliances alternatives au modèle
familial traditionnel ou homoparental, afin de garantir et
développer nos formes de solidarités.
Par exemple, les solidarités financières envisagées uniquement au
sein de couples ou de familles ne nous conviennent pas. « Cette morale
ne nous convient pas. L’héritage avec nous c’est foutu, y’en a plus ! »
Nous imaginons d’autres manière de répartir notre argent et de
transmettre nos biens, au sein de réseaux de solidarités. Nos vies ont
à perdre d’être régentées par un État. Pour qu’elles soient celles que
nous désirons, nous tentons de contourner, de chercher des failles. Nos
vies sont plus folles, plus collectives : on tente de travailler le
moins possible, de récupérer le plus possible, les clés de nos
maisons sont sous le paillasson, les repas sont partagés, mais quand on
sort dans la rue on est trop souvent maté-es. Ça nous donne envie de nous
marier à quatre, d’adopter nos ami-es, d’avoir six référent-es pour nos
enfants…
Nos formes d’organisation affinitaire dérangent. Elles sont perçues
comme illégitimes, inexistantes, voire dangereuses. Finalement
depuis Ménie Grégoire (« l’homosexualité ce douloureux problème »,
1971), la société n’a pas beaucoup changé, les homosexuels sont toujours
une menace !
Pour des alliances sans conditions, sous toutes les formes possibles.