Dans bon nombre de villes, le secteur social est entrain de craquer,
notamment les dispositifs d’hébergement d’urgence. Tours n’y échappe
pas. Une cinquantaine d’enfants, d’hommes et de femmes, bien qu’ayant
appelé le 115, restent tous les soirs à la rue. Certains n’appellent
même plus.
En novembre 2012, les salariés du 115 ont fait valoir leur de droit de
retrait. Le service n’a pas fonctionné pendant plusieurs jours. Ces
salariés ne supportent plus de devoir répondre « non » à la plupart des
appels de personnes en détresse.
Le fonctionnement du dispositif d’accueil d’urgence est devenu
intolérable tant pour les usagers que pour les salariés du secteur
social. Bien souvent les familles sont accueillies dans des hôtels
infâmes, ou dans une salle à manger d’hôtel transformée en dortoir avec
15 matelas à même le sol, sans qu’aucune intimité ne soit respectée.
Cette « salle commune » (dixit le directeur de la Direction
Départementale de Cohésion Sociale) qui existe depuis 1 an devait être
fermée officiellement le 19 novembre. Or, des femmes et des enfants y
sont encore hébergées. Récemment, un logement a été loué pour accueillir
une quinzaine de femmes et d’enfants. Dans quelques jours, les conjoints
et pères de ces familles devraient passer la nuit dans un bus garé près
de ce lieu d’hébergement. Quotidiennement, des familles sont séparées :
lorsqu’il y a de la place, la mère et ses enfants sont hébergés ; le
conjoint et père reste à la rue. Bon nombre demandeurs d’asile n’ont que
le ciel pour toit.
Si l’Etat appliquait la législation qu’il est censé faire respecter,
plus personne ne resterait à la rue contre son gré.
Il en va de même pour les collectivités territoriales, notamment le
Conseil général et la mairie.
Quelques exemples
* En février 2012, le Conseil d’Etat, dans un arrêt, a institué le droit
à l’hébergement comme étant une liberté fondamentale. Cela signifie que
toute personne appelant le 115 doit pouvoir être hébergée le soir même.
* Dans bon nombre de foyers d’urgence, le nombre de nuits d’hébergement
est limité. A Tours la règle des 3 nuits est appliquée en toute
illégalité. Le Code de l’action sociale et de la famille précise que
« toute personne accueillie dans une structure d’urgence doit pouvoir
bénéficier d’un accompagnement personnalisé et y demeurer… jusqu’à ce
qu’une orientation lui soit proposée… vers une structure d’hébergement
stable ou de soins ou vers un logement… »
* Toute femme ayant au moins un enfant de moins de 3 ans doit être prise
en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance, qui dépend du Conseil Général,
comme l’impose le Code de l’action sociale et de la famille. Ainsi si
elle est à la rue, elle doit être hébergée avec ses enfants.
* Le Conseil D’Etat stipule dans 3 arrêts que l’Etat est obligé
d’assurer l’hébergement, la vêture et la nourriture pour tous les
demandeurs d’asile. La préfecture de la région Centre a imposé un
dispositif d’urgence totalement illégal. Après 7 nuits d’hébergement
ceux-ci sont jetés à la rue si les autorités préfectorales le décident.
* le maire et/ou le préfet peuvent réquisitionner des logements vides
lorsque des personnes ne peuvent se loger.
Etc., etc.
Sous prétexte que les finances se réduisent, on ne peut plus accepter
qu’on bafoue les droits des usagers et que l’on dégradent les conditions
de travail des salariés du secteur social.
Des moyens, il y en a ! Il n’y a pas assez de places d’hébergement.
Pourquoi le Préfet et/ou le maire ne réquisitionnent-ils pas des locaux
ou des logements vides pouvant accueillir dignement des personnes à la
rue, alors que la loi l’autorise ? Il y en aurait 5000 à Tours selon
l’INSEE.
Comme tous les ans, la préfecture a déjà un dispositif hivernal de prêt
proposant des conditions d’hébergement insatisfaisantes. Comme tous les
ans, elle attend une significative de la température pour qu’il soit mis
en œuvre.
Plusieurs associations du secteur social se mobilisent pour obtenir des
locaux afin d’ouvrir des places d’hébergement d’urgence supplémentaires.
Elles organisent une nuit de la solidarité le 5 décembre à partir de 19
heures, place de la Préfecture.
La lutte pour obtenir des moyens supplémentaires est une condition
nécessaire mais non suffisante pour le respect de la dignité des usagers
et l’amélioration des conditions de travail des salariés du secteur social.
Si la dignité des usagers n’est pas respectée, il y a tout lieu de
craindre que ce nouveau dispositif conduise encore une fois à générer
des conditions inhumaines envers les usagers. Les travailleurs sociaux
seront toujours en contradiction avec les deux piliers qui fondent leur
profession : l’aide à la personne et le respect des droits des usagers
en les aidant à les faire valoir.
Nous exigeons que :
toute personne, quelque soit son statut administratif, sollicitant le
115 puisse être hébergée dans des conditions respectant sa dignité et
ses droits
toute personne hébergée en urgence puisse bénéficier d’un accompagnement
social et qu’une orientation réelle et concrète lui soit proposée ; il
faut en finir avec le turn-over fondé sur le nombre limité des nuits
d’urgence
les familles ne soient plus séparées
toute femme ayant au moins un enfant de moins de 3 ans soit prise en
charge avec ses enfants par l’ASE
les hôtels infâmes ne soient plus des lieux d’hébergement.
NOUS APPELONS LE 5 DECEMBRE A 19 H PLACE DE LA PREFECTURE
A SE MOBILISER POUR :
LE RESPECT DE LA DIGNITE ET DES DROITS DES USAGERS ET DES SALARIES
L’OBTENTION DE MOYENS SUPPLEMENTAIRES
NOTAMMENT L’OUVERTURE DE LOCAUX POUR DES HEBERGEMENTS DIGNES
CONFERENCE DE PRESSE MERCREDI 28 NOVEMBRE 2012 A 15 H
dans les locaux de Sud Santé (hôpital Bretonneau)
299 rue Victor Hugo 37 000 Tours (face aux locaux de SOS Médecins)
Tours, le 29/11/2012
Sections syndicales SUD, FSU et CGT et des salariés de l’Entr’Aide Ouvrière