Il faut bien souvent partir de l’Ordre, pour rendre perceptible la
rupture qui en découle… Toute forme de vie est par nécessité astreinte
aux cadres que lui impose la société. Désormais nous le savons que trop
bien, et c’est pourquoi nous nous retrouvons assignées en procès le 18
Octobre,
au tribunal d’instance de Tours,pour défendre notre lieu de vie et
d’activités.
Ouvrir un lieu collectif, une maison, un squat,est pour nous un moyen
d’agréger et de mettre en action les différentes volontés et désirs qui
souhaitent s’extraire d’un corps social devenu inhabitable. Libérer
de l’espace, c’est reprendre en main ce qui a été séparé et laissé à
l’abandon dans la sphère de la propriété. C’est une recherche également de
communs qui au delà de la simple réunion et du constat de quotidiens
réprimés et blasés,permet de repenser et de recréer de nouveaux rapports.
Face à la crise organisée du logement, ou à la pénurie de toute forme
d’entraide et de solidarité, nous manquons cruellement d’espaces de
liberté, d’ilots collectifs. La légitimité à vivre et à faire vivre un
lieu, un squat, est pour nous l’expression de ces possibilités concrètes.
L’illégalité et les expulsions auxquelles nous devons faire face, ne sont
que les sinistres réactions d’un ordre qui ne tolère aucune remise en
question, aucun échappatoire.
D’un coté, créer du commun ne peut se faire sans perturbations de
l’espace et des dispositifs qui le contrôlent. De l’autre la misère
est une contrainte à laquelle nous refusons de nous faire
intégrer… Expulser pour contenir… Réprimer pour gagner du
temps… Que ce soit à Toulouse avec le CREA, en Espagne, en Italie,
ou en Allemagne, cette logique absurde est partout la même et elle
se répétera, jusqu’à ce qu’on parvienne à l’enrayer.
Heureusement pour nous, toute joie finit par avoir ses débordements. Si le
processus est lent, notre passion n’en est pas moins négociable.
Nous avons besoin de lieux et de temps pour expérimenter, pour pouvoir
prendre la parole librement, échanger et confronter nos désirs. Nous
expulser, ne ferait que renforcer notre détermination à ce qu’existent de
tels lieux.
Nous organisons un « Week End de lutte contre leurs Méga-ptrojets »,
le 20 et 21 Octobre à Tours, au 244 rue Auguste Chevalier, avec des
ateliers, des débats et projections. Nous appelons également à un
rassemblement de soutien à 9h30, Jeudi 18 octobre au tribunal
d’instance (35 rue Édouard Vaillant à Tours).