Entends-tu ?
Il n’existe pas d’échappatoire à la réalité. Cette réalité totale qui se
prétend définitive, et qui tente d’empêcher tout écart et toute déviation
du sens unique imposé par le pouvoir politique et économique. Cette
réalité qui ramène toute perspective aux tristes paraboles de
l’augmentation des budgets ou des sondages d’opinion. Cette réalité qui a
infesté chaque recoin de la vie avec des checkpoints et des caméras de
vidéosurveillance, des sirènes d’alarme et des limites de sécurité. Mais
ce monde misérable dont on ne peut s’évader est en train de se décomposer
sous nos yeux. Et quand l’air se remplit de tensions, il suffit d’une
petite étincelle pour provoquer une explosion. Voilà pourquoi l’Etat se
voit aujourd’hui contraint de réprimer quiconque vient à le contester, et
même parfois jusqu’à ceux qui osent à grand peine lui reprocher sa
mauvaise administration. Parce que chaque contestation, même la plus
banale, est une allumette qui s’enflamme.
Et aucun gouvernement, aucun parti n’est en mesure de contrôler le vent.
Si des ouvriers licenciés, des victimes de tremblement de terre déçues ou
des bergers affamés sont bastonnés, alors à quoi peuvent bien s’attendre
les ennemis de toute autorité, celles et ceux qui sont persuadés qu’il
existe un autre jeu au-delà de celui de la bourse, un autre regard au-delà
de celui policier, une autre vie au-delà de cette survie où chaque
individu annule sa propre singularité dans la valeur d’échange ? Et plus
encore, tous ceux qui ne pensent pouvoir savourer la vie qu’à travers la
destruction de ce monde scélérat ?
La réponse de l’Etat a été donnée une fois de plus le 13 juillet dernier,
avec l’opération Ardire, et par la suite avec de nouvelles enquêtes : des
dizaines d’anarchistes incarcérés, mis en examen et perquisitionnés. Un
avertissement pour tous, parce que les têtes doivent rester baissées, les
bouches bâillonnées et les yeux fermés. Mais c’est un avertissement que
nous suivrons jamais. Au milieu des prisonniers de ce monde, nous tirons
notre force de la non-participation, de la désertion, de l’abstention face
à toutes les obligations qu’ils nous invitent à respecter, et du conflit
permanent avec les institutions. Et nous continuerons à défendre que, si
on ne peut pas s’échapper de cette réalité, on peut cependant l’attaquer à
travers ses innombrables rides d’expression. Seuls ou en bonne compagnie,
de jour comme de nuit, par les faits et par les mots.
Vous entendez ? C’est le vent qui est en train de se lever…
“En vérité, il n’est pas indispensable de se sentir anarchiste pour être
séduit par l’ensemble des prochaines démolitions. Tous ceux que la société
flagelle dans l’intimité de leur être veulent d’instinct les revanches
aiguës. Mille institutions du vieux monde sont marquées d’un signe fatal.”
Pas besoin d’espérer de lointains jours meilleurs, nous connaissons un
mode sûr pour cueillir la joie dès maintenant : DETRUIRE PASSIONNEMENT !
[Traduit de l’italien, affiche qui tourne en Italie depuis mi-août 2012]