« La reconnaissance que j’appelle de mes voeux serait de voir la justice
française condamner les crimes industriels à la mesure de leurs
conséquences, pour qu¹enfin la prévention devienne réalité ». C¹est en ces
termes qu’Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche à l’Inserm,
spécialiste de la « santé au travail », a refusé le 31 juillet 2012 la
légion d’honneur proposée par la ministre Duflot. Le parti industriel et les
tenants de la réindustrialisation française, les sections CGT d’Arkema, de
Peugeot et du volailler Doux n’ont pas réagi.
Nous profitons de ce geste de décence minimal quoique exceptionnel de la
part d’une chercheuse en santé publique pour rappeler cette évidence :
l’emploi tue, mais c’est en son nom que toutes les forces « progressistes »,
écolo-techniciennes, syndicalistes, « de gauche » réclament le «
redressement productif » du pays. Quitte à se couvrir parfois d’une
opportune conversion à la décroissance, sans jamais s’attaquer au tabou de
l’emploi ni à la course à l’innovation c¹est-à-dire à la destruction de
nos vies – que celui-ci exige.[1] Or chacun sait, grâce à Michel Destot, le
maire PS-CEA de Grenoble que « à travers [l’innovation] apparaît le
développement des activités économiques qui génère lui-même des emplois pour
l’ensemble de nos concitoyens. Il y a là une véritable mine d’or, prenons-en
conscience. »[2]
Depuis trente ans, Annie Thébaud-Mony documente ce que nous avons résumé par
la formule « Nos emplois valent plus que nos vies ». En 2007, elle écrit : «
Le chômage, perçu comme principal problème social, a tendance à masquer les
atteintes à la santé liées au travail. (Š) En France, le travail tue, blesse
et rend malade, à raison de deux morts par jour dus à des accidents, de huit
morts par jour dus à l’amiante, de deux millions et demi de salariés exposés
quotidiennement à des cocktails cancérigènes, de millions d’hommes et de
femmes constamment poussés aux limites de ce qu¹un être humain peut
supporter, moralement et physiquement. »[3]
(…)
Pour lire la suite de l’article (et le courrier adressé par A. Thébaud-Mony
à C. Duflot) :
http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=382
Merci de faire circuler,
Pièces et main d¹oeuvre