Retour sur quelques idées reçues

*«Le pacifisme ça marche»*

Les luttes pacifiques de Gandhi ou Luther King s’inscrivaient à l’intérieur
de contextes où des actions plus radicales s’effectuaient et sans
lesquelles rien n’aurait abouti. Quant à la prétendue ‘Révolution
Tranquille’ du Québec, elle n’était pas tranquille du tout: c’est le
pouvoir qui voudrait qu’on pense que le Québec progressiste est fondé sur
une culture du changement social sans violence.

*«La ministre négociera quand la paix sociale sera rétablie, lorsqu’elle
trouvera des interlocuteurs sérieux, de bons élèves respectueux de l’État
de droit et qui obéissent aux lois»*

La ministre ne négocie pas par choix mais parce qu’elle le doit, parce
qu’un rapport de force l’y oblige, parce que nous persistons dans la lutte.
Ses appels au calme trahissent simplement le fait que la situation est
devenue, pour l’État, intenable. Il n’y a pas de paix sociale à rétablir,
ni à maintenir, pas d’État pacifique lorsque la légitimité de ses décisions
est remise en question. Notre mobilisation en est la preuve: nous répondons
à une attaque à l’éducation, l’État nous envoie ses chiens de garde.

*«L’opinion publique est le nerf de la guerre: l’objectif est de gagner à
notre cause ‘les gens à la maison’, par l’entremise de médias neutres, pour
faire flancher le gouvernement sous le poids des sondages. Pour cela, nous
devons multiplier les actions créatives, considérer la manif parfaite comme
celle où il ne se passe rien – et espérer que les médias en parlent.»*

Mais voyez-vous le gouvernement flancher devant l’opposition générale aux
gaz de schiste, au Plan Nord? Croyez-vous encore que Charest et ses
ministres oeuvrent dans l’intérêt de la population plutôt que dans le sien
et celui de ses « amis »? Quant aux médias, ce serait être naïf de croire
qu’ils sont neutres et qu’ils cherchent avant tout à relayer fidèlement «
notre message ». Il n’en restera toujours que ce qui, une fois traversé le
filtre du bête sens commun, pourra aussi servir leurs objectifs de profit
et de contrôle social. Et on voudrait remettre notre « victoire » entre
leurs mains?

*«Être gentil devant les flics « ça marche »: faire des signes de peace,
scander « S’il vous plaît, tassez-vous » à une ligne anti-émeute, leur dire
bravo merci bonne nuit après la manif’, s’habiller en blanc-pacifiste et
s’asseoir par terre pour pas être arrêté quand les boeufs nous rentrent
dedans.»*

Les dernières semaines nous ont rappelé que face à la foule, la police
frappe sans discrimination: lorsqu’elle le décide, elle matraque, gaze et
judiciarise sans égard à la soumission des personnes qu’elle rencontre sur
son chemin. Si par chance le fait de s’asseoir par terre, se vêtir de blanc
ou émettre des bouuu devant les bureaux des Forces armées canadiennes aux
vitres éclatées permet au pacifiste de sauver sa propre peau, elle mettra
surtout en danger ceux qui ne suivront pas son geste, que ce soit par
conviction ou non.

*«Si les flics interviennent, c’est la faute aux casseurs professionnels
qui infiltrent les manifs»*

D’abord, on ne gagne pas sa vie à faire partie d’un Black Bloc: il ne
s’agit pas d’une profession, ni même d’un passé temps rigolo, mais bien
d’une tactique qui s’accompagne d’une pensée politique. Ces « casseurs »
sont bien souvent, d’ailleurs, des étudiants, des étudiantes, avec qui vous
partagez cours, jobs de merde, etc. Quoi qu’il en soit, qu’on soit d’accord
ou non avec leurs actions, la police trouve toujours des raisons pour
intervenir lorsqu’elle le souhaite, du moment où on représente une menace
pour le projet politique auquel on s’oppose ou pour l’ordre normal des
choses.

On ne dit pas que la seule bonne stratégie c’est de péter des vitres. Mais
on avance que le pacifisme qui se manifeste généralement en ce moment
représente surtout une posture morale superficielle et confortable. Elle
n’est rien d’autre que la stratégie que le gouvernement désire qu’on
adopte, pour bien que le mouvement se pacifie, se divise, se rende lui-même
inopérant et contrôlable, cesse de représenter une menace réelle et se
perde dans les marasmes de l’image, inoffensive.
*LES PACI-FLICS
Veux-tu vraiment être…
le Stool de la Classe?*

Il faut être naïfs pour ne pas se rendre compte de la stratégie
ridiculement simple du gouvernement, celle de « diviser pour mieux régner
», et céder à l’appel de l’Etat: « manifestants « pacifiques »,
super-citoyens, faites preuve de civisme, dénoncez-vous entre vous! »

Ces derniers jours, on a vu des prétenduEs « pacifistes » tabasser une
fille qui aurait brisé une vitre du bureau des forces armées, prendre des «
casseurs » en photo pour les publier sur Facebook, ou carrément les livrer
aux flics.

Au nom de quel principe de non-violence frappe-t-on quelqu’un qui ne casse
qu’une vitre, le livre-t-on à la police au risque non seulement de créer un
climat de méfiance généralisée, mais, très concrètement, de mettre des
camarades en cage?

Il faut prendre conscience que les arrestations mènent à la
judiciarisation, qu’elles ont des conséquences désastreuses sur la vie des
personnes que vous sacrifiez sur l’autel de votre bonne conscience.

C’est déjà assez navrant de voir une foule de milliers de personnes rester
impassible devant l’arrestation de camarades, veut-on vraiment passer de la
passivité à la collaboration pure et simple?

Des flics infiltrés, y’en a déjà pleins nos manifs on a pas besoin de venir
grossir leurs rangs!

C’est une posture valable de simplement faire partie de la foule qui
protégé les camarades. Les pacifistes sont pas-si-flics quand ils sont pas
collabos.

Ne tombez pas dans le panneau, ne jouez pas le jeu de l’État, y’a moyen
d’être pacifiste sans être paci-flic!

http://www.sabotagemedia.anarkhia.org/2012/07/du-pacifisme-retour-sur-quelques-idees-recues-les-paci-flics/#more-2517

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