Intervention au Sanitas : la vidéo trahit les policiers


http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/Faits-divers-justice/n/Contenus/Articles/2012/04/28/Intervention-au-Sanitas-la-video-trahit-les-policiers
( vu dans la NR )
Le tribunal a longuement examiné, jeudi, les vidéos concernant une
interpellation au Sanitas. Les images contredisent la version des policiers.

C’était le 15 octobre dernier, dans un bar de la place Saint-Paul à Tours.
Confronté à un client fortement alcoolisé, le patron de l’établissement
avait appelé la police.

La suite de l’intervention, les policiers l’ont relatée dans leurs
procès-verbaux. Ils décrivent leur arrivée dans le bar, face un individu
prêt à en découdre avec eux.
L’homme refusant, selon eux, de les suivre, ils auraient alors été obligés
de sortir leur bâton de défense. Un coup destiné initialement aux bras
aurait malencontreusement atteint le crâne. Puis, dans leurs
procès-verbaux, les policiers indiquent avoir été confrontés *« à une foule
hostile d’une cinquantaine d’individus » *Un d’entre eux, un jeune
intérimaire de 26 ans, comparaissaient jeudi pour outrage, menaces de mort
et provocation à la rébellion.
Il conteste formellement les faits et son avocat a fait valoir les bandes
vidéos sur lesquelles sont enregistrées les scènes liées à cette
intervention de police. Le tribunal a d’abord tenu à visionner les images
de l’arrivée des policiers dans le bar. Et manifestement, la vidéo
contredit la version des hommes de la brigade anticriminalité.
Contrairement à ce qu’indiquent les policiers, on y voit le client
alcoolisé lever les bras dès leur arrivée et se laisser emmener sans
difficulté. On distingue aussi clairement le moment où un des policiers
assène au client déjà menotté un coup de matraque. *« Le tribunal*,
indiquait alors la présidente, *soulève d’emblée la nullité du
procès-verbal des policiers »*.
Il n’en reste pas moins que l’intérimaire était quand même poursuivi pour
« injures, outrage et provocation à la rébellion ». *« Moi, je ne suis pas
d’accord*, précisait le jeune homme. *Quand je suis arrivé sur place, j’ai
vu ce monsieur à terre, la tête en sang. J’ai voulu lui porter assistance.
Je l’ai d’ailleurs accompagné jusqu’à l’ambulance des pompiers »*. Le
tribunal a donc examiné ensuite les bandes de vidéosurveillance relatant la
scène. Là aussi, les images ont laissé les magistrats perplexes.
Le procureur de la République, Vincent Filhol, admettait d’ailleurs dans
ses réquisitions que *« les images ne correspondent pas totalement aux PV
et il faudra que parquet en tire les conséquences »*. Il a requis la relaxe
envers le jeune homme pour ce qui est de la provocation à la rébellion.
Mais il a cependant considéré qu’il devait être condamné pour outrage et
menaces à trois mois de prison ferme.
L’avocat du jeune homme, Me Jean-Raphaël Mongis, a d’abord soulevé la
nullité de la procédure au motif qu’il manque *« douze minutes aux vidéos
retraçant la scène »*.* « Nous avons réclamé ces douze minutes mais on nous
a répondu qu’elles avaient été effacées*, précise l’avocat. *Si mon client
avait été jugé en comparution immédiate, il aurait automatiquement été
condamné sur la foi des PV des policiers »*. Le tribunal a mis son jugement
en délibéré au 24 mai.
Caroline Devos

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