C’est chiant qu’à chaque fois qu’il y a des meufs qui s’organisent
entre elles, y’a plein de gars qui tirent à boulet rouge dessus, en
particulier sur Rebellyon.
Les gars, vous êtes fatigants. Chaque fois c’est la même, depuis des
années.
Réponse au débat ayant eu lieu en forum de l’article : Halte aux violences sexistes
! Dénonçons la domination masculine !
Voir aussi l’article Attention, danger : Masculinisme !
Si vous emmerdez les luttes féministes, alors vous êtes des ennemis politiques, dites-le
clairement. Dans ce cas-là, merci de laisser ce site internet aux
personnes qui se battent pour leur libération, et écrivez ailleurs.
Si les luttes féministes vous emmerdent, alors fermez-la et ne vous battez pas
contre elles.
Si vous croyez faire partie des luttes féministes, ça montre une
certaine bienveillance et on pourra peut-être discuter, mais alors il
va falloir être sincères, vraiment. Pas passer par 4 chemins et se
chercher des excuses, ni se victimiser. Surtout écouter, écouter,
écouter…
On va commencer par le début : j’suis un gars aussi, hétéro, et
pendant longtemps j’ai pensé être féministe, connaître cette lutte.
Juste parce qu’être de gauche c’est lutter contre la domination
masculine. Maintenant, on va faire la part des choses.
C’est pas moi qui me fait siffler dans la rue.
C’est pas moi qui me fait violer ; si ça arrive, y’a très peu de chances que ce
soit une meuf qui passe à l’acte sur mon corps.
C’est pas à moi qu’on coupe la parole, ou alors ce sont des gars.
C’est pas moi qu’on ignore quand je parle.
C’est pas moi qui lave les chiottes (aujourd’hui, dernier exemple en date).
C’est pas moi qu’on aborde en disant « tu me fais bander », « t’es belle », « t’es
bonne », « t’es moche »…
C’est pas moi qui flippe de rentrer seul, régulièrement depuis de nombreuses
années.
C’est pas moi qui prends la pilule.
C’est pas moi qui vais chez un médecin (homme le plus souvent) 1 ou 2 fois par an
faire un frottis.
C’est pas à moi qu’on a appris à me taire et à réprimer ma colère…
Y’en a plein d’autres comme ça.
La domination masculine, ce n’est pas moi qui la subis au quotidien
depuis que j’ai quelques mois, ou quelques jours seulement. Je n’en
ai pris conscience qu’après avoir longuement discuté avec les
copines, lu aussi, et pour la grande majorité des choses c’était tout
récemment.
En revanche,
C’est moi qui ai longtemps pensé que la maison n’est pas si sale.
C’est moi qui ai violé plusieurs copines dans le cadre de relations de couple.
C’est moi qui ai lancé et participé à de nombreuses et violentes joutes
verbales.
C’est moi qui cherche le regard des filles dans la rue, à défaut de mater les
seins.
C’est moi qui ne fais pas trop gaffe quand je mets une capote (et
quand elle craque, c’est « ma » copine qui court à la pharmacie
chopper une pilule qui lui retourne le ventre).
C’est moi qu’on écoute quand je parle en réunion, et encore plus en AG.
C’est moi qui suis muet dès qu’il s’agit de parler de mes relations affectives…
Y’en a plein d’autres comme ça.
Tout ça, je ne m’en suis pas rendu compte tout seul… ou quand je
m’en suis rendu compte, je ne l’ai pas admis, accepté, comme faisant
partie de mes comportements. Y’a des copines qui me l’ont dit, qui
me l’ont répété, qui se sont énervées contre moi ou devant moi, sur des
comportements sexistes. Alors j’les ai écoutées, observées, et je
me suis rendu compte qu’elles me confrontaient grâce aux moments
non-mixtes qu’elles partageaient entre elles.
C’est grâce à la force qu’elles avaient que je me suis vraiment remis
en question. Alors, de voir des gars qui critiquent, condamnent la
non-mixité femmes (ou gouines, ou trans, ou pédés, ou personnes
racialisées, ou…) ça m’énerve.
Ça m’a fait aussi comprendre une chose : des fois, je suis inutile. Pire, je suis
nuisible :
je ne fais pas partie de la communauté de vécus des copines. Je n’ai
pas cette expérience. Je suis celui qui leur a fait vivre ça. Pas tout
ça, individuellement à chacune d’entre elles, mais j’en ai fait
vivre assez, à un assez grand nombre, pour que je fasse partie de la
classe des oppresseurs. Et avec un agresseur dans la salle, ce n’est
plus possible de partager une communauté de vécus en tant que
dominées (et si ça l’est pour certaines femmes, dans certaines
situations ou toute la vie, ça n’enlève pas que pour de nombreuses
copines ça marche pas).
Quand j’étais à la fac, je ne voulais pas de profs ou de président.e
d’université dans les grèves et les AG ; et tout le monde était
d’accord, au moins pour limiter fortement leur présence…
Les personnes qui se battent contre leur propre oppression ont
besoin d’espaces d’où les gens qui les oppressent sont exclues. Ce
raisonnement fonctionne partout, alors cessons de le remettre en
cause pour la lutte féministe.
Je n’ai aucun conseil à
donner aux luttes féministes, les femmes n’ont pas besoin de moi pour
se battre pour leur libération.
Du coup, en tant que gars bio, hétéro, je ne serai jamais féministe.
Parce que je ne serai jamais attaqué en tant qu’homme. Je le serai en
tant que pédé, péquenot (de la campagne), pauvre, étranger,
non-universitaire blabla, ouvrier, racialisé… Plein de trucs qui
sont aussi sociaux, mais qui portent des noms (ou pas) :
hétérosexisme, racisme, capitalisme, xénophobie, … Mais une chose
est sûre, ce n’est pas la domination masculine, ce n’est pas le
patriarcat. Parce que j’en suis une cause, parce que je l’exerce, parce
que je fais partie du problème. (Même si je veux changer et je fais plein
d’efforts sur moi.)
La seule chose que je peux faire, c’est me remettre en question, et
remettre en question les gars qui m’entourent. Ça commence par
écouter ce que les féministes ont à dire aux gars en général, et à
moi personnellement sur la merde que je fais. Ça continue par
accepter que les féministes ont besoin d’espaces non-mixtes pour
combattre l’oppression que j’exerce et que je symbolise.
Accepter qu’il existe des espaces où
je ne suis pas le bienvenu ; que je ne m’exprime pas sur tout, en
toutes circonstances ; que je ne suis pas légitime partout.
Et aussi, des fois c’est vraiment dur d’être un gars… Pitchoune.
Il faut être fort, parler bien, bander 24h/24, se la jouer devant les
copains, réprimer ses émotions et draguer les filles. Bon, c’est
coller à des attentes de la société, c’est adopter un rôle, celui
qu’on a appris depuis tout petit. Là ça se complique un peu, mais rien
n’est simple. Ce rôle de gars, c’est celui qui permet d’entrer dans la classe
dominante.
Le système qui m’impose ce rôle-là, c’est le genre, un système de
pouvoirs qui dit qu’il y a 2 sexes et que l’un est supérieur à
l’autre. Pas du tout une raison de se victimiser ou de monopoliser
l’attention une fois de plus. Contre le genre, en tant que gars, on
peut faire un truc : Déserter, arrêter d’être un homme.
Parler de nos émotions aux copains ; considérer les femmes comme
d’autres êtres humains et non comme des proies sexuelles ; écouter
quand quelqu’un.e parle ; s’habiller avec des vêtements non
masculins ; essayer de mater des gars dans la rue ; écouter les
« non » dans nos relations sexuelles et affectives en général ;
occuper moins d’espace… on peut en trouver plein, c’est à chaque
instant de la vie.
Et j’pense faut aussi épargner aux copines nos chagrins de mec en
déconstruction, c’est lourd :
Par exemple, c’est moi qui ne parle qu’à des copines de mon flippe
depuis que je me suis fait cracher dessus (une fois) parce que je suis
en jupe dans la rue.
Ramener les copines à leur rôle de femme-confidente-qui-rassure-les-gars, ça fait
partie de la domination masculine.
Quelques ressources sur la non-mixité :
Les émissions de Lilith, Martine et les
autres, http://blogs.radiocanut.org/lilithmartineetlesautres/
radio non-mixte féministe sur Radio Canut (essaie de te rappeler de
la dernière fois dont tu as parlé de ces thèmes avec tes potes gars, ou
que des copines les ont abordé simplement et en toute liberté devant
toi).
Les émissions de On n’est pas des cadeaux,
http://blogs.radiocanut.org/onestpasdescadeaux/ radio non-mixte trans, gouines,
pédés sur Radio Canut.
Christine Delphy sur la non-mixité : « La non-mixité : une nécessité politique ».
(http://lmsi.net/La-non-mixite-une-necessite)
Christine Delphy sur les hommes qui se pensent féministes : « Nos amis et nous.
Fondements cachés de quelques discours pseudo-féministes »
http://lmsi.net/Nos-amis-et-nous
Non-mixité femmes, recueil de textes, RéSISTE ! ÉDITIONS 2003 (brochure, à
dénicher dans les infokiosques qui traînent…)
http://rebellyon.info/Aux-gars-par-un-gars-ce-que-la-non.html