La victoire est à nous

Retour sur l’ouverture et l’expulsion au 28-30 place de la victoire , du squat de la Victoire le 9 juin 2008

Ouverture le 9 juin 2008, par des gens et des associations

 

Cela faisait des années que les bâtiments étaient abandonnés, il n’aura fallut que quelques minutes pour le réhabiter

 

Extrait du journal créé pour l’occasion: Les Echos de la Victoire

 » 2000 logements vides, 2000 victoires possibles !

Sur Tours, la lutte pour le droit au logement est récurrente : bien que la mairie se targue d’avoir 35% de logements sociaux, des gens dorment à la rue. Depuis 2006, des militants du DAL et du CSDASP 37 (collectif de soutien aux Demandeurs d’Asile et Sans Papiers) menèrent une lutte pour demander la réquisition des logements vides : il y en aurait 2000 au dire même du Maire ! À de nombreuses reprises une tente rouge a été installée devant des bâtiments vides… Puis en octobre 2007, ils réquisitionnent un local au 244 rue Chevalier, où une 10aine de personnes sont hébergées. Ce lieu tient, en partie parce qu’il est éloigné de la ville (cachez ces pauvres que je ne saurais voir !) mais la place commence à manquer. Alors cet été la lutte s’est intensifiée et radicalisée, en voici un historique, tout à fait personnel.

Le 9 juin 2008 des sans logis accompagnés de militants du DAL ouvrent un lieu situé sur une place en plein centre ville de Tours : le 28/30 place de la Victoire (re)naît. Le bâtiment vide depuis au moins de 5 ans comporte, aux étages, des appartements avec salles de bains où il est possible de loger une dizaine de personnes, une grande pièce commune en rez de chaussée, et un ancien pressing en vitrine qui sera vite transformé en salle collective, acceuillant assos, collectifs et aussi expos et infokiosks. L’eau n’est pas coupée et avec quelques fusibles, l’électricité fonctinne !
Rapidement le lieu s’organise au sein du collectif de la Victoire, regroupant habitant-e-s & soutiens (collectif La rue meurt, Collectif de soutien aux Demandeurs d’Asile et Sans Papiers, Comité anti répression, Groupe sans voix sans visage de la Fédération anarchiste et des individus sans étiquette)  et lutte pour réclamer des logements pour tous, la réquisition des logements vides, le droit de vivre ici et maintenant sans barrières sociales ni culturelles. Désireux de s’organiser collectivement, de se prendre en main, sans hiérarchie ni aucune autre forme d’autorité, le Collectif de la Victoire a vite fait d’évincer le « responsable juridique du DAL de Tours » comme il aime tant à se nommer… Sans chef, la fête est plus folle !

La Victoire est à nous

Des activités se mettent en place dans le local, en plus des réunions des différents collectifs, des ateliers guitare, écriture hip hop, danse indienne, théâtre magique… voient le jour mais aussi des ateliers confection de banderolles, écriture de tracts et du journal Les Echos de la Victoire, préparation d’actions à l’extérieur (comme par exemple l’attaque du petit train par les pirates de la Victoire, il nous narguait aussi à défiler sur la place, promenant ses touristes !).
La situation géographique du lieu, hyper centre, nous est propice : beaucoup de monde passe aux permanences pour s’informer et pour apporter son soutien : des meubles (c’est l’époque des déménagements), des fringues, des sous, des adresses de locaux vides près de chez eux, de la bouffe, des histoires de vie… Le travail fait par rapport au voisinage est positif, les bars & resots prennent nos affiches, les commerçants sont en majorité peu hostiles à notre présence, et ceux qui le sont ne se manifesteront que le jour de l’expulsion ! Tous les weeks ends, il y a une brocante sur la place de la Victoire et les vendeurs nous donnent trop de trucs, au bout de 3 semaines, on dirait qu’on est installés depuis 3 ans !
Le WE avant l’expulsion, ils nous donneront même consciemment des planches, et autres choses improbables pour agrémenter notre barricade !
Sur cette place, on trouve aussi d’autres personnages, bien moins sympathiques, les flics, ils rôdent en permanence, ils attendent un faux pas de notre part, ne pouvant pas nous virer avant la décision de justice et ça les démange ! Ils sont présents à chacune de nos sorties, en nombre, bien supérieur au notre, nous tournent autour dès que nous nous installons notre camp convivial avec tables et canapés sur la place, mais il y a trop de monde et trop de visibilité pour une bavure! »

Deux bâtiments et une salle commune, qui permettaient d’héberger une dizaine de personnes, mais aussi un espace stratégique au coeur du Vieux Tours où se côtoyé les riverains, les sdf, les artistes, les associations  ou organisations politiques et les curieux.

La salle de réunion, de création, d’exposition et surtout de rencontre

 

Emission A Bout de Souffle, diffusé à la même époque : rencontre.

Reportage collectif de la victoire I

Tout au long de cette aventure des actions ont été menées contre la Mairie ( PS)

Reportage collectif de la victoire II

 

 

Extrait des Echos de la Victoire

« Justice de classe !

Nous serons restés 1 mois et demi dans ce lieu mais il nous a été difficile de nous organiser sur le long terme : la Justice de classe nous a perturbé la vie toutes les semaines, le jeudi, avec ses procès.
Au 1er procès du 4 juillet, nos contradicteurs, la S.A. La Tourangelle office d’HLM qui détient le 28/30 place de la Victoire, ont omis de verser certaines pièces au dossier : des actes de vente du lieu… Un début de soupçons s’installe, notre avocate demande un report.
Au 10 juillet, une nouvelle pièce est versée au dossier : un courriel d’un policier adressé à la présidente du tribunal jugeant l’occupation « illicite » et lui demandant de traiter l’affaire en priorité « pour que les services de police puissent plus efficacement gérer » les manifestations à suivre. Belle ingérence policière, non ? Au cours de l’audience, il apparaît : que l’adjointe au Maire, chargée de la question du logement est aussi vice-présidente de la société La Tourangelle : ça s’appelle être juge et partie ! Que La Tourangelle ne peut pas justifier de sa propriété sur le 28 : peux-t-on expulser quelqu’un d’un local dont on est pas propriétaire ? Et que La Tourangelle a acheté 2 fois le n°30, en 196 puis rebelote en 2003 : à qui profite ces transactions ? Le délibéré est attendu pour la semaine d’après.
Nos visites à la Mairie et à La Tourangelle se sont toutes faites accueillir à coup de vigiles ou de policiers, les différents partis de la majorité municipale n’ont pas répondu à nos demandes de prise de positions de leur part, et aucun des médias locaux ne s’est mouillé dans cette affaire manifeste de magouilles. Et la justice bourgeoise donne son verdict le 17 juillet : dehors les pauvres

Aux barricades :

Les derniers jours dans le lieu sont consacrés à l’installation des barricades, dedans et dehors, et au chahutage final de la mairie et de La Tourangelle, à coup d’envahissement de leurs locaux avec drapeaux noirs et pétards (ceux qui restent du 14 juillet bien sûr…). Les flics trépignent et rôdent de plus en plus souvent, tous leurs passages sont accompagnés d’un « A bas l’Etat, les flics et les patrons et les propriétaires ! » qui vient de loin !
Le 22 juillet à 9h du mat, n’en pouvant plus d’attendre de virer ces pirates, et prétextant donc un vol de matériel urbain (barrières de chantier et grilles héras, poubelles et plots : on ne fait pas de barricades avec du papier mâché non plus !), la BIVP défonce la vitrine et scie le rideau de fer intérieur, un quart d’heure avant l’arrivée de l’huissier annonçant l’expulsion « officielle ». une vingtaine de policiers nationaux et municipaux sont présents et jubilent, interdisant aux quelques soutiens présents de s’approcher (la place de la Victoire n’est plus une place publique pendant une opération de police), embarquant une camarade qui faisait des photos (elle aura droit à 1 baffe tout en étant menottée et 2h de garde à vue pour contrôle d’identité). Les 3 squatteurs sortent menottés également , l’un d’entre eux fait durer le plaisir en s’installant quelques temps sur le toit, puis ils sont emmenés au commissariat. Ils en sortiront au bout de 10h avec une peine de « rappel à la loi ». Pendant ce temps là, le lieu est vidé, nettoyé au kärcher et muré, en à peine 2h.

Squatt toujours !

Mais tous les squatteurs n’étaient pas en-barricadés au 28/30 Place de la Victoire, où sont-ils donc ? C’est ce qu’aimerait bien savoir les flics, qui mettent la pression en arrêtant à plusieurs reprises des camarades de la rue : de simples contrôles d’identités se finissent au poste en interrogatoires. Un flop ! Ils mettront une bonne semaine à nous retrouver (il faut donc arrêter de paranoïer en pensant qu’ils savent tout, qu’ils entendent tout, blabla…), alors que depuis la veille de l’expulsion, un autre lieu est investi : une maison de 2 étages avec une cour, parfaite pour accueillir les sans logis et le Collectif de la Victoire ! Le propriétaire est apparemment parti aux Etats-Unis depuis 10 ans, les voisins ont l’air sympathique, l’électricité a été remise, on s’attache à y remettre l’eau, les murs commencent à prendre des cours (rouge et noir), à nouveau la vie et la résistance s’installent. »

La Victoire, après un procès douteux sera expulsée le 21 juillet, mais l’aventure ne s’arretera pas là, car le jour même un autre squat sera ouvert: le Pied de Biche

reportage ministère des sans III

 

Après une mois et demi, les 28-30 place de la Victoire, se sont de nouveau vidés, menacés de destruction , il reste toujours dans le paysage de Vieux Tours.

La Victoire aujourd’hui

La Victoire rêve général

 

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